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10° La Manifestation de l'esprit de vérité, par Alexis | lée : Du pain! cri du peuple, par Léon de Chaumont; Dumesnil. Violent appel au régime de la communauté et la seconde, la Voix de la famine, par l'abbé Consau nom du christianisme. J'ai au surplus particulière- tant, ces écrits m'ayant paru exciter les mauvaises rement rendu compte à Votre Excellence de cette bro- passions du peuple contre la classe riche et faire appel chure le 27 novembre dernier. à la révolte. J'ajouterai que ce dernier pamphlet a été saisi par ordre du ministère public, le 6 décembre dernier.

11 Le deuil de la Pologne; protestatien de la démocratie française et du socialisme universel, par l'abbé Constant. Dans cette brochure, que j'ai signalée au procureur du roi le 10 décembre dernier, le sieur Constant excite les peuples à lever l'étendard du socialisme, et à confondre dans une commune extermination les rois et les valets de la propriété qui sont leurs complices.

12° Essai sur la Liberté, considérée comme principe et fin de l'activité humaine, par Daniel Stern (comtesse d'Agout), satire passionnée de la société et des institutions sur lesquels elle repose; tableaux exagérés de la misère des classes laborieuses, qui ont d'autant plus droit au bien être sur la terre, que l'auteur leur refuse toute compensation dans une autre vie.

130 L'Eglise et le Pouvoir, par Simon Granger. L'auteur, qui fait profession de matérialisme, attaque l'Église et le Pouvoir, qu'il représente comme se prêtant un mutuel appui pour écraser le peuple sous le double joug de la superstition et de la tyrannie.

Quant aux écrits purement politiques, je citerai d'abord le Pandemonium, cet odieux pamphlet du légitimiste Eugène Blanc, contre la personne du roi et la famille royale dont j'ai, dans le temps, entretenu Votre Excellence, et qui a valu à son auteur le 30 avril dernier, une condamnation en cour d'assises à un an de prison et 4,000 francs d'amende.

Le sieur Constant Hilbey a, dans les mêmes circonstances, fait réimprimer le discours de Marat au peuple, extrait de l'Ami du Peuple, du 18 septembre 1789; mais ayant fait annoncer cet écrit incendiaire par des affiches qui contenaient un sommaire politique, je le signalai pour ce fait au procureur du roi, et il a été condamné le 9 du courant par la cour d'assises de la Seine, à quinze jours de prison et 100 fr. d'amende.

Enfin le parti légitimiste a cru devoir exploiter la circonstance du mariage de M. le duc de Bordeaux, pour appeler de nouveau l'attention sur ce prince. Deux brochures intitulées : l'une Mariage de Henri · de France, relation populaire, et l'autre Mariage de Henri et Louise de France, par M. Alfred Nettement, ont été successivement publiées pour mêler, selon l'habitude des écrivains légitimistes, aux insinuations perfides et injurieuses contre la dynastie actuelle, les louanges du prince dont ils rèvent le retour en France.

De toutes les publications que je viens d'énumérer à Votre Excellence, celles qui sans contredit méritent une attention particulière et la plus active répression de l'autorité judiciaire, sont, je le répète, les écrits des socialistes. S'ils ne s'accordent pas dans le but qu'ils veulent atteindre, du moins en apparence, ils attaquent et ébranlent la société par les mêmes moyens. Tous la Les événements politiques qui se sont accomplis représentent comme livrée en proie à l'anarchie et à dans le courant de l'année dernière, ont donné lieu à l'exploitation, et cherchent à égarer la classe ouvrière la publication de quelques brochures plus ou moins tout à la fois par le tableau exagéré de ses misères et hostiles contre le pouvoir. Ainsi, les élections ont fait par la peinture du bonheur dont elle serait appelée à naître plusieurs pamphlets aujourd'hui presque ou-jouir par une rénovation sociale. Il est facile de.combliés, et parmi lesquels on citera: le Manuel réfor-prendre tout le crédit que peuvent obtenir de semblables miste, par M. de Genoude; l'Ordre du jour sur la corruption électorale et parlementaire, par Timon; un Examen de conscience en matière politique, par P. H. de Montenon; Galerie des Pritchardistes, par le National; Diogène aux élections, par un chien incensé, etc.

Les fauteurs de troubles ne devaient pas négliger la crise des subsistances qui agite en ce moment la France, et j'ai dû, ainsi que j'en ai particulièrement donné avis à Votre Excellence, signaler à l'attention de l'autorité judiciaire, deux brochures, l'une intitu

écrits sur l'esprit facile et inculte d'ouvriers dont on flatte d'ailleurs tous les appétits matériels. Là est la véritable plaie de l'époque, et on doit reconnaître que chaque année elle fait de nouveaux progrès. Un pareil état de choses me paraît de nature à éveiller la haute sollicitude du gouvernement.

Veuillez, monsieur le ministre, agréer l'hommage de mon respect,

Le Pair de France, Préfet de police.
G. DELESSERT.

MÉLANGES.

IV.

[On a lu précédemment, n° III, page 45, une lettre, en date du 14 avril 1847, signée Béchameil, dans laquelle ce capitaine de vaisseau, député de la Charente, sollicitant pour M. de Verdilhac, la place de juge de paix de Confolens, le recommandait à M. Guizot dans les termes suivants : « M. de Verdilhac est celui qui «nous donne des renseignements secrets sur les menées du parti légitimiste. Je lui ai conseillé d'y rester; <«< il ne nous en sera que plus utile. »>

On nous a communiqué une très-longue lettre de M. Béchameil, datée du 25 avril 1848, et adressée au journal le Siècle, lequel s'est refusé à en insérer la partie apologétique du correspondant plein de tact de M. Guizot. Nous n'en reproduirons nous aussi que le début :

« N'ayant point gardé copie de mes correspondances, je ne sais si les expressions sont textuelles. Seulement j'affirme que M. de Verdilhac, homme d'honneur s'il en fut, ne m'a jamais fourni le moindre renseignement « sur le parti légitimiste pas plus qu'aux ministres d'alors, et l'on peut s'en convaincre. Je ne lui en ai même « jamais demandé; un zèle imprudent, et plus encore, l'indignation que me causaient les mille calomnies <«< accumulées contre lui, par ceux-là même qui auraient dù s'abstenir, m'engagèrent à une démarche, dont je « reconnais, mais trop tard, tout le danger. J'ai eu tort envers M. de Verdilhac, mais envers M. de Verdilhac « seul; car c'est lui seul que j'ai compromis, et cependant il s'était abstenu de toute demande. >>

31 deux choses dans cette déclaration. Il y a l'aveu que son auteur avait dit le contraire de la vérité Y a en présentant M. de Verdilhac comme un espion, mais qu'il avait cru ce moyen le meilleur sans doute pour faire obtenir à son protégé une position de magistrat, et qu'il ne l'a calomnié que pour le mieux venger d'antres calomnies, Nous n'examinerons pas la délicatesse et l'efficacité de ces moyens.

Mais il y a en même temps comme une espèce de doute jeté en passant sur l'exactitude textuelle de la reproduction des deux lettres de M. le capitaine de vaisseau Béchameil. Pour le mettre à même de se livrer à tout examen, nous déposons aujourd'hui les deux originaux aux archives du ministère de la marine et des colonies.]

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CORRESPONDANCE DES MINISTRES DE LOUIS-PHILIPPE AVEC LUI (4),

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Roi pensera qu'excepté les agents secrets envoyés au dehors par le ministre de l'intérieur, aucune mission. ne doit être donnée à l'extérieur par mes collègues sans se concerter préalablement avec moi. Je ne connais au surplus que M. de Salvandy qui ait eu l'idée de faire autrement. Je suis obligé en conscience de le dire au Roi : c'est un inconvénient grave dans un cabinet, d'ailleurs aussi parfaitement uni que le nôtre, que d'avoir un de ses membres par lequel tout se divulgue, se répète, et qui, allant tout seul à l'aventure, compromet sans cesse par ses actes la commune responsabilité. Je verse tout cela dans le sein du Roi. Quelques conseils donnés à M. de Salvandy, avec cette bonté que le Roi a pour tous ceux qui le servent, pourraient peutêtre modifier son ministre de l'instruction publique.

Je suis, avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et fidèle sujet.

MOLÉ,

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Demain soir j'irai prendre congé de S. M. le roi des Belges; et, si Votre Majesté le permettait, je resterais avec elle ensuite pour l'entretenir de nouveau de cette grave question de la dissolution, qui doit faire l'objet du conseil de samedi.

Je ne sais ce que le Roi aura pensé du traité offert par Damrémont à Achmet-Bey. Ou je m'abuse, ou ce traité renferme des dispositions inacceptables. Il est évidemment rédigé avec l'intention de donner une leçon à Bugeaud, et de lui montrer qu'on sait mieux. garder sa dignité que lui. Je suis bien fàché que la lettre écrite hier par monseigneur le duc d'Orléans ne soit pas arrivée avant cette démarche.

Je joins à cette lettre une dépêche de Bois-le-Comte, que le Roi communiquera sans doute au roi son gendre. Elle prouve, sire, que vous aviez beaucoup mieux apprécié que moi la dépêche précédente.

Je suis, avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et

Lundi, 11 heures du soir, 26 juin 1837. fidèle sujet.

J'ai vu ce matin lord Granville qui m'a laissé voir une grande surprise de ce que nous avions adressé au général Sébastiani ses lettres de créance et envoyé le général Baudrand pour complimenter, avant qu'il ait fait la notification officielle de la mort du roi et de l'avénement de la jeune reine. Il attend encore la notification de Londres et me préviendra du moment où il l'aura reçue. Quant à ses lettres de créance, il croit qu'elles se feront encore attendre. En pareille circonstance, lord Stuart de Rothsay ne les eut qu'après quinze jours.

J'ai écrit à M. de Latour-Maubourg que l'intention du Roi était qu'il retourne tout de suite à Madrid. J'espère que s'il en appelle à Sa Majesté elle-même, elle voudra bien lui réitérer l'ordre que j'étais chargé de lui transmettre. Les circonstances peuvent devenir si graves à Madrid, que la présence de l'ambassadeur du roi m'y paraît bien nécessaire.

Je suis, avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et fidèle sujet.

MOLE.

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Je mets sous les yeux de Votre Majesté les deux lettres de Bresson, qui m'ont été apportées par Horace Vernet. Il est remarquable que Bresson, le 7 juin, ne connût pas encore le changement de langage de l'Angleterre. M. Vernet m'a demandé si je pensais qu'il pût se présenter à Neuilly, devant Votre Majesté, et il s'y présentera, je crois, demain soir.

Je reviens de la Chambre des pairs, où il est à craindre qu'il ne se vote, bon gré mal gré, un projet de loi sur l'état-major. J'espère encore cependant qu'il pourra en être autrement. En tout cas, la Chambre des pairs nous fera achever laborieusement la session.

Je suis, avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et fidèle sujet.

MOLÉ.

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sultat du conseil de lundi. Deux heures après j'en ai reçu la lettre ci-incluse, et deux heures encore après, une lettre pour le Roi. J'adresse le tout à Votre Majesté, qui avisera dans sa sagesse.

Le conseil s'est réuni ce matin chez moi pour examiner cette audacieuse brochure bonapartiste (1). On va la saisir, mais il faut décider si la poursuite aura lieu devant la cour des pairs ou devant le jury. Nous | demandons au Roi de nous accorder un conseil à ce sujet, demain jeudi à onze heures et demie du matin, nous prenons la liberté de le demander aux Tuileries, à cause de la nécessité où nous sommes d'être au Luxembourg à une heure, et de recevoir de bon matin, chacun chez nous, les députés qui partent. Nous désirons aussi un profond secret jusqu'à ce que la résolution soit prise. Il est pressant de la prendre, et elle ne saurait s'ajourner à vendredi; je pars pour m'en entretenir avec M. Pasquier, et je crains bien qu'il ne me soit impossible ce matin de profiter du séjour de monseigneur le duc d'Orléans aux Tuileries.

Je suis, avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et fidèle sujet.

AU ROI.

MOLÉ.

6 heures du soir, mercredi 20 juin 1838. Sire,

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Le ministre des finances m'a dit hier que les réparations nécessaires à l'hôtel Duchâtelet s'élevaient à 130,000 francs, et qu'il n'avait que 10,000 francs à y employer. Voilà une difficulté déplorable. Il faut absolument trouver le moyen de la surmonter. Je prie le Roi d'en parler lundi au plus tard au conseil; cela a de l'importance et devient pressant.

Notre poursuite devant la cour des pairs réjouit les bons, irrite les autres. Le duc de Broglie, auteur de la loi dont nous demandons l'application, fait mine de vouloir nous blâmer plus encore que nous entraver. Il est bien malheureux que nous ne puissions pas nous-mêmes nous soutenir et nous défendre.

Je suis avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et

Dans l'inexprimable presse où je suis, j'envoie du moins à Votre Majesté cette dépêche, où elle verra que je ne m'étais pas trompé, comme elle paraissait quel-fidèle sujet. quefois le croire, sur la nature et la portée de la dépêche de lord Palmerston que lord Granville m'avait communiquée. Je demanderai au Roi de lire demain au conseil la dépêche de Bresson, que j'ai l'honneur de lui adresser.

La Chambre des députés a fini; celle des pairs continue à discuter la conversion. M. Humann a prononcé un discours très-remarquable. Nous nous réunissons ce soir à neuf heures chez M. Pasquier qui est enrhumé, pour examiner avec les magistrats les plus influents de la Chambre la question de la compétence pour la brochure saisie. Je partage vivement l'opinion du Roi et j'espère fort que la conférence y sera favorable. Demain, si le Roi le permet, nous reparlerons au conseil du baron de Talleyrand.

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Je suis, avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et fidèle sujet.

(1) La brochure de M. Laity.

MOLÉ.

Sire,

MOLÉ.

5 heures et demie, mercredi 27 juin 1838.

AU ROI.

La lettre de Votre Majesté me paraît tout dire en peu de mots. Elle achèvera de dissiper des illusions dangereuses, s'il en était resté. Je ne crois pas qu'il fût à propos d'en dire davantage. Je suis occupé en ce moment à lire d'importantes dépêches d'Alexandrie que je vais envoyer au Roi. Elles prouvent à quel point M. de Metternich se trompait en croyant que la menace de Mehemet-Ali n'avait rien de sérieux. La lettre du Roi ne m'a plus trouvé au Luxembourg, et je me hâte de finir pour ne pas le faire attendre.

Je suis avec le plus profond respect, sire, de Votre Majesté, le très-humble, très-obéissant serviteur et fidèle sujet.

MOLÉ.

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