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Deuxième proclamation du général prussien Willisen, aux Polonais, en les remerciant de leur loyauté dans l'exécution de la contention de Jaroslawiec, du 11 avril; leur promettant la réorganisation nationale du duché par ordre du cabinet de Berlin, et répondant de sa sincérité.

Boguszyn, près Xionz, le 17 avril 1848'.

Comme les conditions de la convention de Jaroslawiec ont été exécutées sur tous les points et dans tout le temps prescrit grâce aux plus grands efforts de commandants des camps polonais; comme il ne reste plus nulle part de détachements armés, hormis ceux qui sont autorisés par la convention et qui sont soumis à mes ordres, et les exécutent volontiers; j'envisage donc la pair si longtemps désirée comme entièrement rétablie; j'exprime les remerciments les plus sincères à tous ceux qui m'ont, d'une manière ou d'une autre, aide à tranquilliser et modérer l'élan des masses armées, et qui ont contribué par là à accomplir une œuvre envisagée comme inexécutable encore avant peu de jours.

J'assure que la réorganisation promise par Sa Majesté le roi, va commencer immédiatement.

Des commissaires de districts sont déjà nommés pour aider les landraths a maintenir et à assurer l'ordre et à veiller à la sûreté des habitants. J'espere pouvoir bientôt annoncer d'autres mesures pour la réorganisation nationale du grand-duché et prouver par là que le gouvernement du roi pense sincèrement et loyalement à la réalisation de ses promesses. 29911

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Lettre du prince Adam-George Czartoryski, à M. Alphonse de Lamartine, membre du Gouvernement provisoire et ministre des affaires étrangères, sur la position de la Pologne et sur les moyens que la France peut employer pour servir efficacement la cause polonaise.

Berlin, le 26 avril 18482.

Des événements dont aucune prudence humaine n'aurait prévu la portée et la promptitude ont fait surgir pour la Pologne des espérances qui naguere de lui apparaissaient que dans un avenir vague et éloignée

Le peuple allemand, délivré de ses entraves, a suivi les nobles élans de la France et s'est déclaré l'ami et le défenseur de la nationalité polonaise..

1. Idem.

2. Chodzko, Ann. polon. Ms. (1848).

Les deux provinces polonaises que l'Autriche et la Prusse s'étaient appropriées ont pu faire valoir leurs droits à une existence séparée.

Cependant la plus grande partie de la Pologne, celle qui, en 1831, s'est levée, a versé des torrents de sang pour l'indépendance de la patrie, n'éprouve encore aucun soulagement au joug étranger qui l'opprime.

Rien n'y a changé : les persécutions civiles et religieuses, les confiscations, les rigueurs de tout genre y ont augmenté. Les prisons ne désemplissent pas, la Sibérie se peuple plus que jamais.

J'ajouterai que, dans les deux provinces régies par des gouvernements allemands, leurs droits de nationalité n'obtiennent pas même jusqu'ici les satisfactions qui leur ont été garanties par les traités de 1815; et que les faits qui s'y produisent en ce moment, quelles que puissent être les intentions des gouvernants, que je m'abstiens de juger, ne donnent encore aucune certitude qui défende la Pologne de la destruction à laquelle l'ont vouée ses ennemis.

Le sort de la Pologne, malgré les apparences qui semblaient lui être favorables, reste encore plus que douteux, s'il n'est pas protégé énergiquement. Cette protection, nous avons droit de l'attendre de la France et des autres gouvernements qui sentent pour l'Europe l'urgent besoin de rétablir la Pologne, comme acte de justice, d'humanité et de haute politique.

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Les Chambres françaises, sous le régime précédent, ne se sont pas lassé de répéter pendant dix-sept années consécutives, leur protestation périodique et solennelle contre le sort que la violence faisait aux droits de la Pologne.

Mais le gouvernement d'alors, sourd aux sympathies nationales, n'a jamais voulu suivre leur impulsion, et n'a pas su prononcer un mot qui prouvât sa volonté de délivrer une nation dont le martyre était un scandale et un danger continuel pour les autres peuples. q se

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Le Gouvernement provisoire, organe des vrais sentiments de la nation, ne saurait suivre aucun des exemples qui ont été si funestes à ceux qui les ont donnés. . 145*

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Aujourd'hui, l'opinion du peuple français est positive et flagrante; il veut respecter et soutenir partout le principe de l'indépendance des nationalités,

Ce principe est proclamé en Allemagne, en Italie; son étendard, relevé par l'illustre et saint pontife, porte aux peuples la bénédiction de Pie IX; il est arboré en Hongrie, en Bohême; peut-il ne pas l'être en Pologne?

L'appui moral, mais décidé de la France, nous est dû. Il lui est réservé peut-être de concilier les suffrages des gouvernements intéressés et de laver l'Europe d'un crime politique dont la punition n'est pas à sa fin.

Nous nous plaisons à reconnaître que le Gouvernement provisoire n'a pas attendu nos sollicitations pour témoigner le vif intérêt qu'il prend au sort de la Pologne. Il aura fait parvenir ses vœux à cet égard aux Cours où il peut se faire écouter.

Mais, au moment où l'Assemblée nationale du grand peuple va commencer ses délibérations, nous demandons à la France de faire entendre sa voix puissante en notre faveur, non plus aux Cabinets, mais aux peuples de l'Europe, redevenus arbitres de leurs destinées et pénétrés tous du besoin de respecter leurs droits et leurs territoires respectifs.

Nous demandons au Gouvernement de déclarer avec décision devant l'Assemblée nationale ses vues à l'égard de la Pologne, d'annoncer hautement que dans la réorganisation inévitable et prochaine de l'Europe, la France, dans la limite de sa juste influence, exigera son rétablissement.

Nous lui demandons de prendre ainsi l'initiative sur cette question européenne, comme il l'a déjà fait à l'intérieur sur tant d'autres questions graves de première importance.

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Entre les trois Cabinets dont le consentement est nécessaire pour que la Pologue soit rétablie, deux frappés déjà des terribles avertissements de la Prov.dence, proclament leur désir de revenir sur le crime du partage de la Pologne. Le troisième peut céder pareillement au mouvement irrésistible qui semble aujourd'hui imprimé au monde et qui force tous les pouvoirs humains à songer à la justice.

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Le dénoûment de cette grande question pourrait donc, quelque miraculect que cela paraisse, se réaliser pacifiquement.

Il ne se réalisera pas, toutefois, sans le concours le plus actif de la France. Déjà, après un premier élan de générosité, nous voyons l'esprit allemand bésiter et reculer devant les sacrifices que cette générosité lui commande. De combreux colons allemands sont fixés dans quelques parties de la Pologne. Ils y ont, pendant longtemps, été poussés et encouragés en vue de dénationaliser ces contrées. Leurs cris, ceux surtout des employés prussiens qu'une réorganisation nationale force à chercher ailleurs des moyens d'existence, semblent seals entendus de l'Allemagne. Devant ces intérêts allemands, la voix de la justice est restée étouffée; et le droit sacré des nationalités, c'est contre nous qu'il est d'abord invoqué!

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La réorganisation nationale du grand-duché de Posen a été solennellement promise. Mais avant de rien faire pour elle, et tandis que de déplorables hésitations ont plongé cette province dans une anarchie sanglante, que faît la Prosse? Elle trace à la hâte et arbitrairement une limite nouvelle entre ses possessions allemandes et polonaises. Elle déclare allemande la moitié presque et jusqu'à la capitale du grand-duché de Posen.

Ce n'est pas tout: elle soumet cet acte à la sanction de la Confédération germanique. Et ainsi le premier résultat positif des sympathies de l'Allemagne pour la Pologne et de la résolution d'opérer son rétablissement serait un nouveau partage de cette Pologne même! Et l'Allemagne, si l'Europe n'y veille et ne la défend contre cette manière étroite et égoïstende comprendre les nationalités. s'associerait à ce partage et deviendrait complice du crime qu'elle n'avait point cessé jusqu'ici de flétrir! 329 PT 82b Teq stor si un 23 Et le lendemain du jour où l'Autriche semble payer la faute de l'incorporation de Krakovie, l'Allemagne renaissante viendrait à son tour déchirer, sans motif sérieux, les traités de 1815 et les garanties qu'ils contiennent pour toutes les parties de l'ancienne Pologne dans ses limites de 1772 He

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Voilà, monsieur le ministre, un danger, un acte accompli déjà par l'ordre du Cabinet prussien de ce jour, sur lequel votre attention et celle de l'Assemsemblée nationale ne peuvent manquer de se porter. J'ai cru devoir écrire à ce sujet au ministre des affaires étrangères de la Prusse et protester pour ma pari contre cette nouvelle atteinte à la nationalité de la Pologne. Je prends la liberté de vous adresser ci-joint une copie de cette lettre. 11. 12909 gt ja mik

Vous remarquerez sans nul doute, monsieur le ministre, que, parmi les motifs invoqués par la Prusse pour adjoindre à la Confédération germanique la ville et la forteresse de Posen, on ne craint pas de mettre en avant la convenance et la nécessité de faire à l'Allemagne une bonne frontière militaire. Et vous saurez rappeler à cette puissance, comme l'Assemblée nationale ne saurait manquer de le remarquer aussi, qu'il est d'autres frontières sur lesquelles des

considérations pareilles ont donné lieu à de sanglantes et déplorables luttes; mais, qu'en 1848, les nations et les gouvernements de l'Europe ne peuvent et ne veulent plus suivre de tels errements.

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L'Allemagne, à votre voix, s'il le faut, le comprendra. Elle voudra rester digne d'elle-même et pure de la souillure qu'on essaye de lui imposer par surprise.

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Mais si des circonstances plus pressantes que tous les calculs humains, comme celles qui ont produit naguère tant d'événements imprévus, faisaient prendre les armes aux Polonais là où ils sont courbés sous un joug abhorré, la France pourra-t-elle les voir encore une fois décimės, anéantis par leurs oppresseurs, sans venir à leur secours?

Cette extrémité, nous ne saurions la redouter. D'une part, le devoir le plus rigoureux nous commande d'ajourner toute entreprise prématurée: et l'attitude favorable et décidée de la France peut mieux que toute autre chose faire prévaloir parmi nous les conseils de la prudence. De l'autre, la France ne donnera pas un démenti aux paroles écrites sur son drapeau, la fraternité des peuples ne sera pas pour elle un vain mot.

En attendant, que la France le sache, la Pologne, dont les enfants ont si souvent combattu sous un drapeau commun, est entourée d'ennemis qui conspirent contre les événements qu'une justice providentielle a fait naître, qui veulent détruire des espérances à peine renaissantes, et river de nouveau et pour jamais les chaînes que la voix unanime de l'humanité déclare attentatoires à la loi des nations.if she

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Cette conspiration réactionnaire ne refoulerait pas seulement la malheureuse Pologne dans l'horrible cachot où elle est enterrée vivante. Elle menacerait la France elle-même et toutes les nations émancipées. Et qu'on ne s'y trompe pas, cette réaction, en anéantissant la liberté, n'apporterait pas même aux peuples de l'Europe l'ordre public et le respect aux lois, impossibles aujourd'hui sans elle. Ainsi ce combat entre la réaction absolutiste et une liberté égoïste voulant pactiser avec le crime, refoulerait inévitablement l'Europe vers la barbarie 1997 7 u 9qonl

Nous signalons ces dangers imminents au Gouvernement provisoire et à l'Assemblée nationale de la France, avec la conviction qu'ils sauront les éviter et en garantir le monde par des mesures de force et de prudence que l'humanité entière réclame de leur sagesse et de leur fermeté.

Tous les peuples sont aujourd'hui solidaires, ils ont tous un même intérêt, une cause commune à défendre. Aucun d'eux ne peut être abandonné sans que tous soient en danger, et la Pologne augmentera leurs moyens d'action et de résistance, ou bien deviendra facilement l'un des instruments de leur destruction si elle est délaissée et que ses efforts ne soient pas soutenus efficacement.

Tels sont les vœux et les réflexions qu'au nom de la Pologne nous vous demandons, monsieur le ministre, de mettre sous les yeux du Gouvernement provisoire et de recommander à la sollicitude de l'Assemblée nationale.

Veuillez agréer, monsieur le ministre, la nouvelle assurance de mes anciens sentiments pour vous, et de ma très-haute considération.

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Lettre du prince A. G. Czartoryski, au baron d'Arnim, ministre des affaires étrangères de Prusse, sur les moyens que la Prusse pent employer pour relever la Pologne.

Berlin, le 26 avril 18481.

J'étais venu à Berlin le cœur rempli d'espérances. La Prusse, organe des gé néreuses inspirations de toute l'Allemagne, semblait vouloir être la prendere à entreprendre la réparation d'une grande injustice. Elle paraissait ne plus vouloir seulement exécuter sincèrement ce qu'elle avait promis en 1815; mais par des dons nouveaux faits à la partie de la Pologne qu'elle tient sous sa domination, tendre à effacer les traces d'anciens griefs, à faire cesser les récriminations et à renforcer l'Allemagne de l'amour et de la gratitude des Polonais.

Je quitte Berlin avec un cœur navré par la perte de ces espérances!

Quelle qu'en soit la cause, il est de fait que jusqu'à ce jour aucune des pramesses faites aux habitants du grand-duché de Posen par le gouvernement prussien n'a été réalisée, et pendant ce temps l'incertitude prolongée sur le sort futur du pays et sur les satisfactions qu'obtiendront ses vœux n'a about qu'à y produire, au lieu de l'union si nécessaire au bien commun des dear nations, une irritation portée à son comble et les désordres les plus deple

rables.

Les calomnies les moins fondées, les assertions les plus contraires à la vérité sont mises en avant pour noircir les Polonais, leur ravir la sympathie du peuple allemand, et leur ôter la confiance qu'ils doivent placer dans sa justice.

Les habitants allemands qu'une politique ennemie de la Pologne avait poussés à s'établir dans le duché de Posen, ont été excités à repousser, par des démonstrations haineuses, au nom de leurs intérêts propres, ce que l'intérê commun de deux peuples faits pour se comprendre semblait au moment de

réaliser.

L'intérêt plus étroit encore des employés prussiens qui se voient menacés par un changement de régime dans la province, a eu, l'on n'en saurait douter. la plus grande part dans cette fatale réaction.

C'est dans cet état de choses que le gouvernement prussien, avant même de rien décider sur la réorganisation promise au grand-duché de Posen, annonce sa résolution d'en diminuer de près de moitié le territoire et de rattacher immédiatement à la Confédération germanique la partie habitée en majorité par

des Allemands.

Cette opération, que des intérêts légitimes constituant des droits nouveaux peuvent rendre nécessaire, ne saurait toutefois s'exécuter avec équité dans un moment de trouble et d'irritation. Elle doit s'accomplir en conformité avec le vœu des habitants; mais ce vœu doit être garanti contre les menées qui tendent à en fausser l'expression.

Réduire aujourd'hui le territoire du grand-duché d'une manière hâtive el sur des données statistiques d'une inexactitude notoire (puisqu'elles vont jusqu'à faire de la capitale même du duché une ville allemande !!..) serait accomplir un nouveau partage de la Pologne, auquel les nobles sentiments du roi répa

1 Sources précédentes.

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