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se voit en danger dé périr, de signaler la fausse apparence de l'égalité dont se couvrent ceux qui, pour l'achever, secondent son adversaire? Les Polonais ont le droit d'affirmer que la foi des nations n'est qu'un vain nom, et que les traités et les conventions n'ont été inventés que pour couvrir le crime du puissant d'un simulacre de justice. Le principe de non intervention ne pourrait-il à lui seul servir de document de la politique d'égoïsme, adoptée aujourd'hui par les Cabinets? L'Autriche l'a appliqué, l'on sait comment, vis-à-vis de nous, en désarmant le corps du général Dwernicki, et l'Europe est restée muette. La Prusse viole d'une manière bien plus criante ce principe, qui, quel qu'il soit, une fois reçu, devrait être ou respecté partout, ou également appliqué.

Bien des fois nous avons adressé aux Cabinets, garants de ce principe, les réclamations les plus instantes, et tous ont été sourds à notre voix; mais neus ne pouvons pas faire constater, par des enquêtes juridiques, les faits qui ont eu lieu sur le territoire prussien; ils sont cependant suffisamment démontrés par les détails les plus circonstanciés, pris sur les lieux mêmes. De toutes les preuves, la plus irrefragable nous est aujourd'hui fournie par la position actuelle de l'armée russe et par ses opérations. 40 1135

La Prusse, confiante dans notre faiblesse, aura beau donner des réponses évasives aux puissances qui veulent maintenir en Europe le principe de non intervention, elle ne pourra plus colorer sa conduite aux yeux des Cabinets incrédules, à moins qu'ils n'aient encore besoin de voir les Prussiens à Varsovie, pour croire enfin à l'action simultanée des Cours de Pétersbourg et de Berlin. yvizjet 10j249ijeg 1978 I

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Le gouvernement national vient de recevoir un rapport du général en chef, qui annonce, que l'armée commandée par le maréchal Paskévitsch est concentrée sur la Basse-Vistule et échelonnée le long de la rive droite jusqu'aux frontières prussiennes; elle s'apprête à passer la Vistule près de ces frontières. L'armée russe ayant ses communications coupées par l'insurrection de la Lithuanie, par les corps jetés dans les palatinats d'Augustow et par notre levée en masse, ne saurait subsister, et ne subsiste que par les approvisionnements de bouche et de guerre qu'elle reçoit de Dantzig et de Thorn; elle a perdu sa ligne naturelle d'opérations, mais elle la retrouve dans la Prusse. Nos avant-postes viennent d'occuper tous les anciens points d'opération de l'armée russe. Il est donc évident qu'elle les a quittés, ayant la certitude d'en trouver d'autres dans les Etats prussiens. Il résulte encore du plan d'opération adopté par le maréchal Paskévitsch, qu'en cas d'échec, plus ou moins considérable, il pourra difficilement regagner la rive droite, et doit par conséquent, avoir la certitude d'une retraite assurée en Prusse, où la quarantaine ne l'empêchera pas de pénétrer, et où aucun de ses corps n'éprouvera pas sans doute le sort du général Dwernicki.

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Cette conduite de la Prusse détruit tous nos avantages acquis par tant de dévouement, par tant de sang versé sur toute l'étendue du sol polonais. Elle rend inutile, nous osons le dire, tous les miracles de notre courage. Notre lutte était pourtant un appel au jugement de Dieu; comment oser influencer ses décrets, et venir donner des armes plus terribles au fort, pour qu'il écrase plus sûrement les faibles? Que l'on sache que ce n'est pas avec la Russie seule que nous avons à combattre. Il fut un temps où, quand on voyait un combat, l'on aurait cru commettre un crime en n'allant pas au secours du plus faible. Le monde a qualifié ce temps de barbare. Aujourd'hui l'on voit deux puissances conjurées contre une nation malheureuse, et on l'a laissé assassiner de sang

froid! Et cette nation n'a même pas d'armes pour se défendre; car la Prusse, non contente d'avoir arrêté nos capitaux, cerne depuis longtemps nos frontières par une quarantaine factice, arrête tous les transports d'objets qui sont indispensables à notre défense. Ce sont là les moyens dont on se sert pour nous réduire, c'est là le loyal combat que nous livre la Russie aidée de la Prusse et de l'Autriche !

Les princes invoquent le nom de Dieu dans leurs proclamations. Dieu, c'est la justice et l'équité, l'invoquer à faux, c'est parjurer. Qui peut prévoir l'avenir? Les princes qui veulent nous détruire, seront peut-être, un jour pour→ suivis par le malheur, et dans une position difficile Qu'ils se rappellent alors leur conduite vis-à-vis de la Pologne. Comment ne pas garder le silence en éprouvant tant d'injustice? Comment se plaindre des maux dont on veut nous accabler? Que le monde sache partout ce qui vient d'être dit, quelles sont les difficultés que nous avons à vaincre, et peut-être alors les gouvernements, sourds à la voix de la justice et de l'humanité, seront-ils forcés de reconnaître qu'un peuple qui, seul, a eu le courage de tenir tête à des ennemis aussi redoutables, réunis pour l'anéantir, est pourtant digne d'une existence libre et indépendante. Le président du gouvernement A. Czartoryski.**** Le ministre des affaires étrangères: André Horodyski.

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Note diplomatique adressée à lord Palmerston, ministre des affaires étrangères d'Angleterre, par le prince de Talleyrand, ambassadeur de France, dans le but d'agir ensemble en faveur de la cause polonaise.

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Londres, le 20 juillet 1831'.

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Le soussigné, ambassadeur de S. M. le roi des Français près de Sa Majesté Britannique, a l'honneur d'adresser à lord Palmerston, premier secrétaire d'Etat au département des affaires étrangères, la copie d'une dépêche qu'il a reçue de M. le général Comte Sébastiani, relativement à la situation actuelle de la Pologne, et aux démarches de conciliation que le gouvernement du Roi aurait le désir de faire de concert avec le gouvernement de Sa Majesté Britannique.

Cette communication, dont le soussigné a déjà fait connaître la substance à lord Palmeston, dans plusieurs entretiens, notamment dans celui du 14 de ce mois, a pour but de satisfaire à la demande qu'il lui a faite de recevoir, à ce sujet, une pièce sur laquelle il serait à portée de fixer l'attention spéciale du conseil de Sa Majesté Britannique.

Le soussigné prie lord Palmerston de vouloir bien lui faire part de l'opinion que le gouvernement anglais se sera formée sur la communication qu'il est chargé de lui faire, et il saisit, etc.

1. Archives de France.

Le P. C. M. de Talleyrand.

abccleli si to suprofst si 979 096116 Du stolanco Tube, exa Réponse de lord Palmerston à la note diplomatique du prince de - Talleyrand du 20 juillet, en refusant de s'unir à la Francé dans 1 l'intérêt de la cause polontech to 92091126296 9:1ul sar besa up 970290 90u 191q0bcb isitile 31811oq sile no en nu -sbat 4306-tung 901 1906ls bLondres (Foreign Office) 422 juillet 183141 en Le soussigné a l'honneur d'accuser réception d'une note que le prince de Talleyrand lui a envoyée le 20 courant; et contenant la copie d'une dépêche, en date du 7 juillet, adressée à Son Excellence par le comte de Sébastiani, que le soussigné s'est empressé de mettre sous les yeux au Roi si sup it Le soussigné est chargé d'exprimer tout le sentiment qu'a'causé à Sa Majesté la manière franche et conciliatrice avec laquelle cette communication a été faite. C'est le sincère désir de Sa Majesté d'entretenir les rapports les plus amicaux et les plus intimes avec la Cour de France et plus particulièrement lorsque l'objet en vue est la conservation ou le rétablissement

gouvernement français
dont l'établissement

En conséquence, pour ce qui concerne leí d'assurer aux Polonais l'existence nationale et politique, fut un des objets du traité de Vienne, le soussigné déclare de la façon la plus nette que Sa Majesté ne pourrait consentir à voir la Pologne dépouillée des avantages que lui assure out afrangement, le soussigné n'a pas attendu la présente communication du printe de Talleyrand pour faire sur ce point à la Cour de Russie les représentations qui, dans montrer le moindre soupçon à l'égard des intentions de ce gouvernement, pouvaient prévenir tout malentendu à l'avenir. Totaram w I

L'objet de la communication qu'il est actuellement proposé que la France et l'Angleterre adresseraient ensemble of la Russie est de mettre immédiatement un terme aux hostilités en vue de négociations dans le but de rétablir la paix les parties belligérantes par quelque arrangement définitif, et il paraît d'après la dépêche du comte Sebastiani qu'une proposition de ce genre a déjà été faite à la Russie par la Fraifce, mais

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Si Sa Majesté avait tout lieu de posé à se servir des bons

Russie serait dis-
pour-

et que leur intervention
que

Coopérerait volontiers aux efforts

a au con

rait amener un arrangement, Sa
19.0
ix entre la Russie et la Pologne. Mais, il y
amicaux pour rétablir la paix
traire trop de raisons de craindre qu'une simple offre d
offre de médiation, bien loin
d'être désirée par Sa Majesté Impériale, serait au present moment sûrement
Lalog V160 291 9972 1979 82102911 95 09 2010
réjétée 19

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*Serait-il à propos de faire une
de voir accepter et qui, si elle était position qu'il n'y a aucun motif d'esperer

refusée, mettrait les deux gouvernements
dans l'alternative embarrassante de consentir à un rejet déterminé de leur pro-
position, ou de prendre des mesures
mesures pour l'appuyer au moyen d'une interven
tion plus directe et plus
as efficace? Le Gouvernement britannique n'est certaine-
ment pas disposé à adopter
ter cette dernière marche. Les effets et la portée de la
lutte, en ce qui concerne la sûreté des autres Etats, n'ont pas été jusqu'ici de
nature à autoriser des mesures de ce genre; de son côté, la conduite de la
Russie vis-à-vis de l'Angleterre n'a pas jusqu'ici été telle qu'elle pût exciter des
sentiments désagréables; la Russie au contraire a rempli vis-à-vis ce pays tous
les offices d'un bon et fidèle allié et, dans les dernières négociations si diffi-

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ciles pour conclure un arrangement entre la Belgique et

avec une parfaite loyauté dans sa cooperation avec les et la Hollande, elle a agi

quatre autres puissances.

Dans ces circonstances, Sa Majesté, tout en déplorant profondément les calamités d'une lutte désastreuse et dévastatrice, ne pense pas que le temps soit encore venu où elle pourrait justifier d'adopter une mesure qui, quoique conciliatrice dans la forme, ne pourrait manquer d'alarmer une puissance indépendante, naturellement jalouse de ses droits et sensiblement attentive à tout ce qui pourrait paraître porter atteinte à son honneur nationalɗs & iul basiil Par ces raisons, Sa Majesté se voit dans la nécessité de, refuser la proposi> tion que le prince de Talleyrand a eu instruction deslui communiquer. Mais le soussigné, en même temps, a reçu l'ordre de répéter à Son Excellence qu'il existe de la part de Sa Majesté un désir sincère et sérieux : de coopérer avec le roi des Français à tout ce qui pourra favoriser des intérêts généraux de l'hu manite et de la paix, Le Roi ne peut voir avec indifférende l'étatale choses aqui existe aujourd'hui en Pologne. Son attention sera constamment dirigée vers les progrès de la lutte et quoiqu'elle se tienne obligée à présent de refuser son consentement à l'offre proposée d'une médiation commune, São Majesté ne sera pas moins désireuse de saisir toutes les occasions favorables que pourraient amener les relations amicales qui existent entre des Cours de la Grande-Bretagne et de Russie, pour aider à l'oeuvre bienfaisante de mettre un terme à une pluss longue effusion de sang et de rendre aux pays en proie maintenant aux malheurs de la guerre, la jouissance des bienfaits de la paixenoits:09297q97 291 9izauЯ eb Le soussigné, ele inventasisvogeb enoitastni esh Palmerston. Tinevs!

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1. ɔomen'i el sup $20qong themelisutos tas li'up noitsɔinummosi bo' Pétition catholique en faveur de la Pologne, présentée aux Chambres des Pairs et des Députés, par l'Agence générale, pour la defense de la liberté religieuse, or 'up insitas 92 stmos un dégéb el 29795 b „zédouz ansz igi'upení zism,45 194 Paris, juillet 18314 61 6 9tist Nobles Pairs, honorables Députés, gb, usil tot inv6 s1-916M 62 12 Une voix longtemps ignorée, méconnue, dédaignée, s'efforce aujourd'hui de pénétrer parmi vous, Ce sont des catholiques de France, qui ont jeté du sein de leur abandon et de leur détresse, un regard d'amour, de pitié et d'envie, sur leurs frères de Pologne, et qui viennent vous demander de parler au Roi pour ce peuple de saints et de héros. Les ca catholiques sont pauvres, ils sont désarmės;} ils n'ont point eu de trésors à partager avec les martyrs polonais; et quant à leur vie, qui est leur seule on sait assez quelles précautions cruelles ce ce suprême sacrifice toute que prier: ils ont prié, ils ont demandé à same généreuse. Ils n'ont pu à Dieu d'octroyer au monde et à l'Eglise la vie de la Pologne, ne fût-ce que pour confondre ceux qui dans ce monde n'ont plus de foi en Dieu et en la vertu. Aujourd'hui, pairs et députés, de la France, les catholiques vous associent à ces religieuses pensées, et implorent votre intervention pour conserver à la Pologne son indépendance, à la France son honneur.

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Législateurs et représentants nouveaux de la nouvelle France, députés d'un peuple qui n'a rien aimé mieux que la liberté, si ce n'est la gloire, ne soyez pas infidèles à la double voix de la gloire et de la liberté. Dans la noble carrière où vous appelle la confiance de vos concitoyens, débutez sans crainte par un acte

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de magnanime sympathie avec eux. Donnez votre sanction à ces vœux unanimes, à ces cris de douleur et d'indignation qui s'élèvent de tous les points du sol français; la France, qui aurait pu vous imposer ce mandat auguste, se borne à vous demander de porter au trône populaire l'expression des émotions qui l'agitent. Soyez les interprètes respectueux mais énergiques de sa volonté, et que la postérité vous reconnaisse à ce trait pour les légitimes représentants du peuple qui a fait avec la liberté du monde un pacte éternel.

Fils de ce peuple, vous ne pouvez renier ses affections et ses croyances; tant que le sang des Polonais rougira les ondes de la Vistule, tant que son agonie fatiguera la douleur de l'Europe, vous ne saurez rester sur vos bancs avec le calme qui convient à vos fonctions. Avec quel courage nous ferez-vous des lois quand les plus saintes lois, celles de justice et d'humanité, subissent, au milieu du silence des rois, la plus éclatante violation? Si vous dites au monde que vous êtes impuissants pour sauver la justice, les passions se chargeront de vous prouver que vous l'êtes aussi pour sauver l'ordre, et l'anarchie se vengera sur vous des injures de la liberté.

Que le désir craintif de maintenir la paix, de rétablir la prospérité publique, n'impose pas silence au cri de votre conscience et de la nôtre. La paix avec le remords et l'ignominie n'est point la paix ; elle est plus ruineuse que la guerre la plus sanglante, car elle dévore la dernière et la plus précieuse ressource des peuples, leur honneur. On a vu des nations se consoler de leur pauvreté au sein de la gloire; mais avec quoi se consoler de la honte? D'ailleurs, rien ne nous condamne à cette alternative. Des démonstrations sont tout ce que la Pologne demande à la France, et tout ce que le despotisme russe attend pour céder. Il est temps que la liberté ait sa diplomatie comme sa royauté; il sera beau pour vous d'en avoir donné la première leçon à l'Europe.

Pour nous, en vous adressant ces franches paroles, nous ne sommes que le faible écho de la redoutable unanimité des Français. Nous sommes toutefois fiers que ce premier écho soit celui d'une voix catholique; nous sommes ñiers d'avoir pu vous parler, au nom de notre foi, d'une cause qui est celle de la France, et nous remercions Dieu de ce qu'il lui a plu nous permettre de répondre ainsi à ces Polonais qui n'ont pas craint de dire au monde que le Christ était leur Sauveur, et qui ont scellé une union désormais immortelle en mourant à la fois pour les deux seules choses qui payent à l'homme le prix de sa vie: la foi et la liberté!

Les membres du conseil de l'Agence générale:

Le président: F. de Lamennais,
Les membres: Bailly de Surcy,

C. de Coux,

Ph. Gerbet,

H. Lacordaire,

Comte Ch. de Montalembert,

A. de Salinis.

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