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ans, privés d'asile dans le royaume, soient incorporés dans le bataillon des enfants des militaires.

En conséquence, je charge la municipalité d'émettre à qui de droit les dispositions suivantes :

1° Tous les enfants mâles, vagabonds, orphelins et sans asile, de l'âge susmentionné, partout où ils se trouvent, doivent être réunis et transférés aux casernes d'Alexandre, sous l'inspection et d'après quittance de l'ex-capitaine Szaiewski.

2o Dans ce nombre doivent être comptés les enfants mâles des soldats, dont les parents auraient déclaré ne pas posséder les moyens ds les élever.

3o Comme lesdits enfants, immédiatement après leur réunion, seront expé diés vers Minsk, chef-lieu de la goubernie de ce nom, et de là vers les bataillons auxquels l'état-major les aura destinés, ils doivent y être envoyés avec un état de naissance en due forme, énonçant le jour et le lieu de leur nais. sance, leurs noms et prénoms, ceux de leurs parents, ainsi que la profession de ces derniers. La municipalité désignera les fonds nécessaires à l'entretien de ces enfants pendant le court espace de temps qui s'écoulera jusqu'au mo ment de leur livraison à l'ex-capitaine Szaiewski. La volonté de Son Altesse le prince lieutenant du royaume est qu'en cas de maladie, lesdits enfants soient renvoyés aux hôpitaux militaires les plus rapprochés. J'en instruis la munici palité, et je la charge de prendre des dispositions conformes, afin de remplir les susdits ordres.

Pour le général de cavalerie, gouverneur militaire de la ville de Varsovie, le lieutenant général,

Rautenstrauch.

Lettre du président russe Stanislas Zarzecky, adressée au Sénat de la République de Krakovie, en lui annonçant que la Russie n'est nullement tenue à payer les frais occasionnés par l'occupation de Krakovie par les troupes russes.

Krakovie, le 16/28 mai 1832'.

A l'illustre Sénat, gouvernant la ville libre de Krakovie et son territoire, Son Altesse le prince lieutenant du royaume de Pologne, après avoir présenté à S. M. l'Empereur la demande du Sénat en remboursement des frais occasionnés à la République de Krakovie par l'occupation des troupes russes, a daigné m'autoriser par son rescrit du 9/21 du courant, no 279, å déclarer au Sénat, sur l'ordre de Sa Majesté, son auguste maître, « que Sa Majesté ayant examiné les réclamations du gouvernement de Krakovie, a trouvé que les troubles qui ont eu lieu dans cette république, et la manière patente dont elle a favorisé les révolutionnaires polonais, ayant entraîné l'occupation de son territoire par les troupes russes, il était juste que les frais de cette occupation retombassent à sa charge. »

Stanislas Zarzecky.

1. Archives de Krakovie, et Meciszewski Hilaire : Mémoires, etc. walk?

Ordre du prince Dolgorouky, gouverneur militaire de Wilno, relatif à la défense de parler politique, et enjoignant aux fonctionnaires russes de surveiller tous les employés et les habitants polonais de la Lithuanie, jusque dans l'intérieur de leurs familles.

Wilno, le 4/16 juin 1832'.

Son Excellence le général gouverneur de Wilno, ayant jugé qu'il était nécessaire de poursuivre et d'exiler tous ceux qui deviennent dangereux en promulguant des nouvelles et des opinions nuisibles, m'a ordonné, en date du 4/16 juin 1882, no 1460, d'annoncer à toutes les autorités que leur devoir le plus essentiel est de surveiller tous les employés qui leur sont soumis, non-seulement quant à leur conduite publique et privée, mais quant à leurs liaisons de famille et d'amitié. Les présidents de toutes les autorités, dans leurs rapports fondés sur simple supposition, doivent, pour m'éclairer, énoncer leurs opinions et leurs remarques, pour que, conformément au degré de culpabilité des personnes accusées, on puisse les suspendre dans leurs fonctions ou les leur ôter; les faire juger, ou seulement les soumettre à la surveillance de la police; les arrêter ou les enfermer dans les forteresses; les envoyer au fond de la Russie, ou bien en Sibérie.

Si Son Exc. M. le général gouverneur parvient à apprendre immédiatement la mauvaise volonté, les jugements téméraires en matières politiques, et la conduite suspectée d'un citoyen ou d'un employé, en ce cas, les employés supérieurs des accusés, et les présidents des autorités respectives seront examinés le plus sévèrement sur les causes qui les ont portés à se taire à ce sujet; ils seront destitués comme incapables d'occuper leurs postes, et subiront ensuite une punition exemplaire conforme au degré de culpabilité des accusés. Les mêmes règles doivent être observées à l'égard des citoyens, des propriétaires et des gentilshommes polonais.

Le remplaçant du gouverneur,

Doppelmeier.

Bref ou lettre encyclique du pape Grégoire XVI, adressée au clergé de Pologne, en blámant la révolution nationale du 29 novembre 1830, et ordonnant la soumission au gouvernement légal et légitime de l'empereur de Russie, Nicolas Ir.

Rome, le 9 juin 18322.

Vénérables frères, salut et bénédiction apostolique. Nous avons été informé de la misère affreuse dans laquelle ce royaume florissant a été plongé l'année dernière; nous avons appris en même temps que cette misère avait été causée uniquement par les menées des malveillants qui, dans ces temps malheureux, se sont, sous le prétexte de l'intérêt de la religion, élevés contre la puissance des souverains légitimes, et ont préci

1. Archives de Russie. 2. Archives du Vatican.

pité dans un abîme de maux leur patrie, en brisant tous les liens de la soumission légale, atine ve

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Prosterné devant l'autel du Tout-Puissant, nous, son indigne représentant sur la terre, avons versé des larmes abondantes sur les malheurs terribles qui sont venus fondre sur cette partie du troupeau que la Providence a confié à nos soins faibles, mais dévoués. Dans l'humilité de notre cœur, nous nous sommés efforcé, par nos prières et nos soupirs, d'apaiser la colère du Père des miséricordes, en le suppliant de nous envoyer des consolations par la pacification de votre malheureux pays, déchiré par la guerre civile, pour s'être révolté contre l'autorité légitime. A cette époque, vénérables frères, nous vous envoyâmes un bref pour vous faire savoir que vos malheurs avaient gravement affecté notre cœur; nous voulions ainsi vous consoler et vous raffermir dans vos devoirs, afin que vous dé fendissiez avec un zèle infatigable la vraie doctrine et exhortás siez le clergé et les fidèles à la soutenir. broly el enou

Nous avons appris que des obstacles résultant des circon. stances avaient empêché que le bref ne vous parvint. Mainte nant qu'avec la grâce de Dieu la tranquillité, et l'ordre sont rétablis, nous vous ouvrons de nouveau notre cœur, et nous vous exhortons encore plus vivement à faire tous vos efforts pour détourner du troupeau qui vous est confié les causes des malheurs passés. Le devoir vous oblige à veiller avec le plus grand soin à ce que des hommes mal intentionnés, des propagateurs de fausses doctrines ne répandent pas parmi vos troupeaux le germe de théories corruptrices et mensongères. Ces hommes, prétextant leur zèle pour le bien public, abusent de la crédulité des gens de bonne foi qui, dans leur caveuglement, leur servent d'instruments pour troubler la paix du royaume et y renverser l'ordre établi. Il convient que, pour l'avantage et l'honneur des disciples de Jésus-Christ, la perfidie et la méchan ceté de pareils prophètes de mensonge soient mises dans leur jour; il convient de réfuter leurs principes trompeurs par la pa role immuable de l'Écriture et par les monuments authentiques de la tradition de l'Église. Ces sources pures, auxquelles le clergé catholique doit puiser les principes de ses actions et de l'enseignement qu'il doit aux fidèles, font voir clairement que

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la soumission au pouvoir institué par Dieu est un principe im, muable, et qu'on ne peut s'y soustraire qu'autant que ce pout voir violerait les lois divines et de l'Église.

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Que tout homme, dit l'Apôtre, soit soumis à la puissance établie; car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu. Or les puissances existantes sont instituées par Dieu. Ainsi, il faut se soumettre, non-seulement pour éviter la colère de Dieu, mais aussi à cause de la conscience.» (Ep. de S. Paul aux Romains, XII.) L'apôtre saint Pierre dit aussi : « Soyez soumis à tout pouvoir humain, pour l'amour de Dieu, au prince comme chef suprême aux chefs comme étant ses délégués, Telvest d'ordre que Dieu donne, pour rendre muette l'igno+ rance des hommes imprudents. » (. Épitre u, 13-15) amy

Les chrétiens de la primitive Église étaient tellement fidèles à ces principes, qu'ils obéissaient aux empereurs romains, même au milieu des terreurs de la persécution, et travaillaient ainsi à la gloire de l'empire. Comme Jésus-Christ, ils ne reconnaissaient d'autre souverain que celui du ciel; ils ne confondaient point le Souverain éternel avec le souverain temporel, et obéissaient au dernier par amour du premier. Les saints Pères ont toujours enseigné cette doctrine, et c'est aussi celle de l'Église catholique. Ces princes ont guidé les premiers chrétiens, et leurs légions ne se souillaient jamais par la trahison, qui était si commune parmi les troupes païennes.

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-Écoutons ce que dit Tertullien On nous calomnie auprès de l'empereur; cependant les chrétiens n'ont jamais été les partisans d'Albin, de Niger, ou de Cassius. Il n'y a eu d'infidèles que ceux qui, la veille, avaient juré fidélité devant des dieux du paganisme et leur avaient offert des sacrifices au lieu de prières pour le salut de l'empereur. Le chrétien ne peut jamais être ennemi. Non seulement nous ne sommes pas les ennemis de l'empereur, mais nous savons, en outre, qu'il est établi par Dieu et que nous sommes obligés de le chérir, de l'honorer et de désirer son bien-être,

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En rappelant ces principes, vénérables frères, nous ne supposons pas qu'ils vous soient inconnus, et nous sommes convaincu que vous les propagerez avec zèle; mais nous désirons que ce bref vous serve de preuve de nos intentions à votre

égard, et de notre ardent désir que le clergé de votre royaume se distingue autant par la pureté de sa doctrine que par une conduite exemplaire, afin que vous soyez exempts de tout blâme à tous les yeux. Votre magnanime empereur de Russie vous accueillera avec bonté et entendra nos représentations et nos prières dans l'intérêt de la religion catholique, qu'il a toujours promis de protéger dans ce royaume. Certainement les gens raisonnables vous loueront, et vos ennemis seront forcés à garder le silence.

Dans cette attente, et levant les mains au ciel, nous prions le Dieu tout-puissant de vous enrichir de ses bienfaits célestes, et nous vous exhortons à faire notre joie en vous pénétrant d'un seul sentiment, d'un seul esprit et d'une même concorde. Propagez les bonnes doctrines, veillez au dépôt qui vous est confié, et priez Dieu! Pour gage de notre sollicitude, nous vous donnons notre bénédiction, ainsi qu'au troupeau confié à vos soins. Donné à Rome, près l'église de Saint-Pierre, le 9 juin 1832, la seconde année de notre pontificat.

Grégoire P. M. XVI.

Dépêche diplomatique de lord Palmerston à lord Durham, ambassadeur anglais à Saint-Péterbourg, annonçant que si le gouvernement anglais proteste contre les ordres de l'empereur Nicolas à l'endroit de la Pologne, il ne lui déclarera pas pour cela la guerre, et qu'il maintiendra toujours la plus grande intimité entre la Russie et l'Angleterre.

Foreign-Office, le 3 juillet 1832 1.

Il est impossible de donner à Votre Seigneurie des instructions pour sa gouverne sans en revenir au sujet de la Pologne.

Vous trouverez dans les archives de l'ambassade des notes où sont consignées les opinions du gouvernement de Sa Majesté au sujet des mesures prises par la Russie à l'égard de la Pologne, ainsi que la manière dont ces opinions ont à différentes époques été communiquées au gouvernement russe. Ces opinions n'ont pas changé. Le gouvernement britannique pense que l'insurrection polonaise a justifié la Russie d'avoir privé le royaume de Pologne de cette constitution que l'empereur Alexandre lui avait accordée et que l'empereur Nicolas avait juré de maintenir. Le gouvernement de Sa Majesté est d'avis que l'abrogation de cette constitution n'était pas compatible avec l'esprit véritable et le sens du traité de Vienne, et que la Grande-Bretagne, comme partie contractante à ce traité a droit de s'opposer à cette abrogation et de protester comme elle l'a fait.

1. Archives d'Angleterre.

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