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prise. Au surplus, les amis de M. de Rémusat savent bien que, une fois sa résolution prise, elle devient immuable et qu'on essaierait inutilement de l'en détourner.

On crut, un instant, que M. Thiers persiflait son auditoire, et peu à peu la curiosité tournait à la malveillance.

Je ne vous cacherai pas, dit M. Thiers, en affichant quelque franchise, que la marche du Gouvernement porte ombrage aux chefs parlementaires de la majorité. Quant à moi, si j'ai voté l'an dernier les deux millions, c'est que, sans me dissimuler que je continuais au président de la République une existence princière, peu compatible avec la nature de nos Constitutions, je me rassurais, en songeant que le général Chargarnier était aux Tuileries.

Le lendemain, M. de Broglie, président de la fameuse Commission, pria l'Assemblée d'autoriser ses mandataires à prendre communication des procès-verbaux de la Commission de permanence, qui reposaient sous les scellés.

M. Baroche lui succède à la tribune. « Au nom du Gouvernement, dit-il, je viens déclarer à l'Assemblée, que non-seulement nous ne nous opposons pas à cette communication, mais que nous demandons même la publication de ces procès-verbaux. Hier, un honorable membre a cru pouvoir dire que la Conimission de permanence, par un sentiment de générosité pour le ministère, a bien voulu tenir ses procès-verbaux secrets. Nous n'avons jamais demandé pareille chose. Nous solliciterons toujours le concours de tous les hommes honorables de cette Assemblée, mais nous n'avons besoin de la générosité de personne. »

La Commission des mesures à prendre ne s'attendait pas à trouver, de la part des ministres, un concours qui allait même au delà de ses vœux; l'ancienne Commission de permanence s'alarma de la publicité que ses procès-verbaux allaient recevoir, mais il n'était plus possible de les retenir sous les scellés, car le Cabinet, tout d'une voix, insistait pour qu'ils fussent publiés et livrés à l'appréciation de la France entière.

Nous ne souffrirons pas qu'on nous écrase entre deux portes!

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dit brusquement M. Baroche, en s'adressant à M. Baze, qui hasardait une objection en faveur du secret des procès-verbaux.

Personne, répliqua M. Baze, ne nous devancera ici dans la recherche du vrai, pas même les néophytes ardents et nouveaux de la découverte de la vérité. Les membres du Gouvernement, en se présentant aujourd'hui comme simples membres de l'Assemblée, ont voulu se procurer un triomphe bien facile, qui, à mon avis, n'a pas grande conséquence. Ils ne trouveront pas un membre de cette Assemblée, qui s'oppose à la publication des procès-verbaux.

Cette publication fut donc autorisée, mais elle désappointa singulièrement les amateurs de scandale et les ennemis du Gouvernement: ces procès-verbaux ne brillaient que par leur insignifiance; ils avaient été rédigés exprès pour déguiser la véritable physionomie de la Commission de permanence, et l'on y avait à peine laissé percer l'esprit de malveillance et d'opposition, qui animait cette Commission. Le complot flagrant, qu'on avait tramé presque ouvertement contre le président de la République, ne se reflétait que dans quelques phrases honteuses et agressives, dont l'auteur même n'était pas désigné.

Ces procès-verbaux ne renfermaient que l'analyse timide des discussions, auxquelles avaient donné lieu les revues de Satory, la révocation du général Neumayer, et la prétendue conjuration de la rue des Saussaies. Dès qu'ils furent connus, on eut honte d'y avoir attaché de l'importance et l'on n'en parla plus. Mais la coalition monarchique ne recrutait pas moins toutes ses forces, pour gagner une grande bataille parlementaire.

Dans la séance du 14, M. de Lanjuinais, au nom de la Commission des mesures à prendre, lut un rapport, assez modéré dans la forme, mais énumérant tous les griefs allégués contre le ministère, et terminé par ce projet d'ordre du jour qui allait droit au chef de l'État : « L'Assemblée nationale, tout en reconnaissant que le Pouvoir exécutif a le droit incontestable de disposer des commandements militaires, blâme l'usage que le ministère a fait de ce droit et déclare que l'ancien général en chef de l'armée de Paris conserve Tous

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