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du clergé, sa sainte et docte institution, la sainteté et la dignité du mariage, à faire progresser chaque jour l'éducation chrétienne de la jeunesse des deux sexes, à favoriser chez les peuples la religion, la piété, l'honnêteté des mœurs; à défendre la justice et à veiller à la tranquillité, à l'ordre, à la prospérite et aux intérêts de la société civile elle-même.

Les mêmes Pontifes n'ont pas négligé non plus, quand ils l'ont jugé opportun, notamment aux époques des plus graves perturbations et des calamités de notre très-sainte religion et de la société civile, de convoquer des conciles généraux, afin qu'avec les évêques de tout le monde catholique que l'Esprit-Saint a établis pour gouverner l'Église de Dieu, réunissant les avis et rassemblant les forces, ils réglassent avec prudence et sagesse tout ce qui pouvait servir notamment à définir les dogmes de la foi, et aussi à vaincre les erreurs qui se répandaient, à défendre, éclairer et développer la doctrine catholique, à protéger et à réparer la discipline ecclésiastique et à corriger les mœurs corrompues des peuples.

Or, chacun sait et constate quelle horrible tempête bouleverse aujourd'hui l'Église et quels maux énormes affligent la société civile elle-même. En effet, les ennemis les plus acharnés de Dieu et des hommes attaquent et foulent aux pieds l'Église catholique, la doctrine salutaire et son pouvoir vénérable, et la suprême autorité de ce siége apostolique; ils méprisent toutes les choses sacrées et pillent les biens ecclésiastiques; les prélats de la sainte religion, les hommes les plus recommandables voués au saint ministère et les personnages qui se font remarquer par des sentiments catholiques, sont tourmentés de mille manières; les familles religieuses s'éteignent, les livres impies de tout genre, des journaux pestilentiels, une foule de sectes les plus pernicieuses se répandent de toutes parts; on enlève presque partout au clergé l'éducation de la malheureuse jeunesse, et, ce qui est pire, dans bien des endroits elle est confiée à des maîtres d'erreur et d'iniquité.

De là, à notre plus grand chagrin de nous et de tous les gens de bien, et au préjudice à jamais déplorable des âmes, l'impiété, la corruption des mœurs, une licence effrénée, la contagion des opinions mauvaises de tout genre, de tous les vices et de tous les crimes, la violation des lois divines et humaines, se sont tellement propagées, que, non-seulement notre très-sainte religion, mais encore la société humaine, sont troublées et tourmentées d'une manière déplorable.

Sous le poids de tous ces malheurs, dont notre cœur est accablé, le souverain ministère pastoral qui nous est confié par Dieu exige que nous appliquions de plus en plus toutes nos forces à réparer les ruines de l'Église, à prendre soin du salut de tout le troupeau du Seigneur, à

réprimer les attaques et les efforts funestes de ceux qui tâchent de renverser de fond en comble l'Église elle-même, si cela était possible, et aussi la société civile.

Quant à nous, avec l'aide de Dieu, dès le début même de notre souverain pontificat, nous n'avons jamais cessé, conformément à notre très-grave devoir, d'élever la voix dans plusieurs allocutions consistoriales et lettres apostoliques, de défendre constamment de toutes nos forces la cause de Dieu et de sa sainte Église, qui nous a été confiée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, de soutenir les droits de ce Siége apostolique, de la justice et de la vérité, de découvrir les embûches des hommes hostiles, de condamner les erreurs et les fausses doctrines, d'interdire les sectes impies et de veiller avec sollicitude au salut de tout le troupeau du Seigneur.

Or, suivant les traces illustres de nos prédécesseurs, nous avons jugé opportun pour ces motifs de réunir en concile général, comme nous le désirions depuis longtemps, tous nos vénérables frères, les prélats de tout le monde catholique, appelés à partager notre sollicitude. Ces vénérables frères, enflammés d'un amour extrême pour l'Église catholique, remarquables par leur piété et leur respect envers nous et ce Siége apostolique, inquiets du salut des âmes, illustres par leur sagesse, leur science et leur érudition, et déplorant avec nous l'état si triste des choses sacrées et publiques, n'ont rien de plus à cœur que de conférer avec nous, de nous communiquer leurs avis, et d'apporter à tant de calamités les remèdes salutaires.

En effet, ce concile œcuménique aura pour fonction d'examiner, d'étudier et de déterminer avec le plus grand soin les choses qui, en particulier, dans ces temps si difficiles, ont pour objet la plus grande gloire de Dieu, l'intégrité de la foi et la discipline du clergé tant régulier que séculier, ainsi que son instruction solide et salutaire; l'observance des lois ecclésiastiques, l'amélioration des mœurs et l'éducation chrétienne de la jeunesse, ainsi que la paix et la concorde générale.

Il faut aussi nous efforcer d'arriver, avec l'aide de Dieu, à éloigner tout mal de l'Église et de la société civile, à ramener dans la bonne voie de la vérité, de la justice et du salut, les malheureux qui s'en sont écartés; à repousser les vices et les erreurs de manière que notre auguste religion et sa doctrine salutaire prennent une vigueur nouvelle dans le monde entier, se propagent et étendent leur domination tous les jours de plus en plus, de sorte que la piété, l'honnêteté, la probité, la justice, la charité et toutes les vertus chrétiennes soient vigoureuses et florissantes pour le plus grand bien de la société en général.

Personne, en effet, ne saurait jamais nier que l'influence de l'Église

catholique et sa doctrine non-seulement n'aient pour but le salut éternel des hommes, mais encore qu'elles ne contribuent au bien temporel des peuples, à leur véritable prospérité, au bon ordre et à la tranquillité qui doivent régner dans leur sein, tout ainsi qu'au progrès et à la solidité des sciences humaines, en même temps qu'elles illustrent d'une manière claire et frappante, et qu'elles expliquent constamment jusqu'à l'évidence, au moyen de faits éclatants, les annales de l'histoire sacrée et de l'histoire profane. Et comme le Christ Notre-Seigneur nous réconforte, nous ranime et nous console d'une manière merveilleuse par ces paroles : « Dès lors qu'il y a deux ou trois personnes rassemblées en mon nom, je suis au milieu d'elles 1. »

En conséquence, nous ne devons pas douter qu'il ne veuille bien nous assister lui-même au milieu de ce concile par toute l'abondance de sa grâce divine, de manière que nous puissions régler toutes les choses qui intéressent d'une manière ou d'une autre la plus grande gloire de son Église.

Ainsi donc, après avoir répandu la nuit et le jour les prières les plus ferventes, dans toute l'humilité de notre cœur, aux pieds de Dieu le père des lumières, nous avons pensé qu'il était tout à fait nécessaire de rassembler ce concile.

C'est pourquoi, nous fondant et nous appuyant sur l'autorité de Dieu lui-même, le Père tout-puissant, du Fils et du Saint-Esprit, et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul, autorité que nous exerçons aussi nous-même sur la terre; nous appuyant en outre sur le conseil et l'assentiment de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte Église romaine, nous fixons, nous annonçons et nous réglons par la présente lettre de convocation, qu'il se tiendra l'année prochaine 1869 un sacré concile œcuménique et général dans notre illustre ville de Rome et dans la basilique du Vatican; que ce concile sera ouvert le huitième jour de décembre, jour de la fête de la conception de l'immaculée Vierge Marie, mère de Dieu, pour ensuite être poursuivi et mené à fin avec l'aide du Seigneur, pour sa gloire et le salut de tout le peuple chrétien.

En conséquence, nous voulons et nous ordonnons que, de toutes leurs résidences respectives, aussi bien nos vénérables frères les patriarches, archevêques et évêques, que nos chers fils, les abbés et toutes les autres personnes qui ont, par droit ou par privilége, la faculté de siéger dans les conciles généraux et d'y faire entendre leur parole, viennent à ce concile œcuménique par nous convoqué. Nous les requérons, nous les exhortons et les avertissons d'avoir à

1 Saint Math., chap. xvIII, v. 20.

se présenter et à assister strictement en personne à ce concile sacré, à moins qu'ils ne soient retenus par quelque empêchement légitime, ce qu'ils devront établir devant le synode par des délégués munis de leur procuration légale.

Nous leur enjoignons même et leur intimons l'ordre formel de faire en raison du serment qu'ils nous ont prêté à nous et au Saint-Siége, en raison de la sainte vertu d'obéissance et sous les peines qui ont coutume d'être proposées et décrétées contre ceux qui ne se rendent pas à la célébration des conciles.

Nous avons l'espérance que Dieu, dans la main duquel sont tous les cœurs, se montrant propice à nos vœux, fera en sorte, par son ineffable miséricorde et par sa grâce, que les chefs suprêmes de tous les peuples, et, en particulier les princes catholiques, se rendant compte tous les jours de plus des grands avantages que l'Église catholique verse sur la société humaine, et reconnaissant qu'elle est le fondement le plus solide des empires et des royaumes, non-seulement n'empêcheront pas nos vénérables frères les prélats et toutes les autres personnes ci-dessus désignées de se rendre à ce concile, mais encore qu'ils les favoriseront volontiers, les aideront et les assisteront de leur coopération avec le plus grand zèle dans toutes les choses qui peuvent avoir pour objet la plus grande gloire de Dieu et l'avantage de ce même concile.

Et afin que notre présente lettre et le contenu d'icelle parviennent à la connaissance de tous ceux auxquels il appartient, de sorte que personne ne puisse en prétexter l'ignorance, en raison surtout de ce que les voies ne sont pas toujours sûres pour la faire parvenir à ceux auxquels elle devrait être notifiée en personne, nous voulons et nous ordonnons que ladite lettre soit lue publiquement et à haute voix par les huissiers de notre cour ou par quelques notaires publics dans les basiliques patriarcales de Latran, du Vatican et dans la basilique Libérienne où a coutume de se réunir une grande multitude de peuple pour entendre la parole de Dieu. Après cette lecture, nous voulons que cette lettre soit affichée sur le portail desdites églises, ainsi que sur les portes de la chancellerie apostolique, et au lieu d'affichage ordinaire du champ de Flore, et dans les autres points ordinaires où elle restera exposée pendant un certain temps, de sorte que tout le monde puisse la lire et en prendre connaissance; et lorsqu'on l'enlèvera des premiers endroits désignés, nous voulons qu'il en reste néanmoins des exemplaires affichés sur ces divers points.

Nous voulons qu'en vertu de la lecture, de la publication et de l'affichage de cette lettre, tous ceux dont il est question dans notre lettre soient considérés comme liés et obligés, après un délai de deux mois à partir du moment de la publication et de l'affichage de ladite lettre,

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tout comme si ladite lettre leur avait été notifiée à eux-mêmes en personne et avait été lue devant eux.

Nous voulons et nous ordonnons également que l'on considère comme titre authentique et indubitable tout extrait de cette même lettre écrit de la main d'un notaire public ou signé par lui, et revêtu d'un sceau d'une personne constituée en quelque dignité ecclésiastique que ce soit.

Défense est donc faite absolument à toute personne absolument d'enfreindre notre présente lettre d'ordre, annonce, convocation, statut, décret, mandat, précepte et supplication, ou de s'y opposer par une audace téméraire. Si quelqu'un s'enhardit à cette tentative, qu'il sache qu'il attirera sur lui l'indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul.

Donné à Rome, à Saint-Pierre, l'an de l'incarnation du Seigneur 1868, 3 du jour des calendes de juillet (29 juin) et 23° de notre pontificat.

Moi, PIE, évêque de l'Église catholique.

(Ici le sceau.)

Suivent les signatures des éminents cardinaux présents en cour

M. cardinal MATTEI, prodataire, M. cardinal PARACCIANI CLARELLI.

SERBIE.

Proclamation de la Régence de la principauté au sujet de l'avénement au trône du Prince Milan Obrenovitch II, en date de Belgrade le 20 juin/2 juillet 1868.

Frères! La grande Assemblée nationale, convoquée par suite de la mort de notre prince Michel Obrenovitch III, a proclamé unanimement dans sa séance d'aujourd'hui, l'avénement au trône de Serbie, par droit de succession, de Milan Obrenovitch, prince héréditaire et quatrième du nom de la dynastie Obrenovitch.

Le prince Milan était encore mineur, l'Assemblé nationale, conformément à la loi du 20 octobre 1859, sur l'hérédité du trône de. la principauté de Serbie, a procédé à l'élection de trois personnes qui auront à exercer l'autorité princière: le choix de l'assemblée nationale s'est porté sur nous soussignés.

Frères! Nous avons pris possession de l'autorité princière et nous

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