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num,

(a) ville de la Gaule celti-
que fur la rivière d'Arar, aujour-
d'hui la Saône, au païs des Éduens.
Un jour, ces peuples firent fortir
de Cabillonum fur leur foi, M.
Ariftius, Tribun militaire, qui
alloit joindre fa légion, & des
marchands Romains qui y étoient;
& après les avoir attaqués en
chemin, & enlevé leur équipage,
ils les tinrent affiégés jour & nuit.
Il n'y a point de nom de lieu,
que l'on trouve plus diversement
écrit & plus altéré que celui de
Cabillonum. Les leçons, qui pa-
roiffent les plus correctes, font
Cabilonum, Cabilonnum & Ca-
billonum. Ce dernier fe lit dans
Céfar. Strabon, Ptolémée, les
Itinéraires font mention de cette
ville. C'eft Cabyllinon dans Stra-
bon, Caballinon dans Ptolémée.

Ammien Marcellin met cette
ville au rang des villes diftinguées.
Les Romains y entretenoient une
flotte fur la Saône, felon la Noti-
ce de l'Empire. Dans le panégy-
rique de Conftantin, Eumène
parle du port de Cabillonum. La
Notice des Provinces de la Gaule
ne donne point à cette ville le ti-
tre de cité, mais feulement celui
de caftrum; cependant, après
avoir été primitivement comprife
dans le territoire des Éduens, elle
en fut diftraite, pour composer un
diocèfe particulier. Il eft fait men-
tion de l'évêque de Cabillonum
dans Sidoine Apollinaire. Plu-
fieurs voies Romaines partoient
de cette ville & y
aboutiífoient,

Un très-grand nombre de fta-
tues, de vafes, d'Infcriptions, &
les reftes d'un amphitéatre & de
quelques autres édifices publics,
font des monumens illuftres de
l'antiquité de Cabillonum. Les
Romains y avoient établi des ma-
gafins de bled pour leur armée ; &
depuis, les Empereurs affemble-
rent fouvent leurs troupes en cet-
te ville, où les rois de Bourgogne
fe plurent auffi beaucoup. On dit
que cette ville fut détruite par At-
tila, & réparée bientôt après. Nos
Rois de la première race la fou-
mirent à leur Empire. Chramne,
fils de Clotaire I, la prit & la rui-
na vers l'an 555 durant fon voya.
ge d'Auvergne; mais, elle fe ré-
tablit bientôt dans fon ancien luf
tre. Le roi Gontran y faifoit fon
féjour ordinaire, & y fonda vers
l'an 590 le prieuré ou abbaye de
Saint Marcel, où il est enterré.
Louis le Débonnaire l'érigea en
comté; & elle a été long-tems
poffédée par des Seigneurs parti-
culiers, defquels est descendue
l'illuftre Maifon de Châlons, ou
Challon.

C'est le nom que prend aujour
d'hui cette ville, qui eft fituée
dans la province de Bourgogne.
Son évêché eft fort ancien, puif-
que Donatien, que l'on compte
pour le premier de fes Évêques,
vivoit vers l'an 364. C'est le troi-
fième Suffragant de l'archevêché
de Lyon. L'Eglife cathédrale de
Châlons fut fondée, à ce que l'on
prétend, fous le nom de Saint

II.

(a) Cæf. de Bell. Gall. L. VII. pag.
c. 8. Notic. de la Gaul. par M,
312, 313. Strab. pag. 192. Ptolem. L. d'Anvill,

Etienne, qu'elle conferva jufqu'en
525, que le roi Childebert, paf-
fant par Châlons, à fon retour
d'Espagne, dépofa dans cette
Eglife des reliques de Saint Vin-
cent; & dès-lors elle quitta le
nom de Saint Etienne pour porter
celui de Saint Vincent. Au reste,
elle eft de fondation Royale; &
c'eft pour cette raifon que les ar-
mes du Chapitre font un écu d'a-
zur femé de France.

CABINET. (a) Les Reines &
les Princeffes avoient des Cabinets
de cedre & d'ivoire & tout parfu-
més, où elles tenoient leurs ha-
bits & leurs meubles précieux.
Dans l'épithalame de Salomon,
le Prophete dit à ce Prince: Myr-
rha & ftate & cafia à veftimentis
tuis, à domibus eburneis, ex qui-
bus delectaverunt te filiæ regum in
honore tuo. C'est-à-dire, » toús
» vos habits font parfumés de l'o-
» deur de myrrhe, d'aloës &
» d'ambre, qu'ils ont tirée de ces
» précieux Cabinets d'ivoire,
» d'où les filles des Rois font for-
»ties au-devant de vous. «

CABIRA, Cabira, Kalepy,
(b) fille de Prothée, fut mariée à
Vulcain. Voici ce qu'en dit Stra-
bon » Acufilaüs Argien dit que
» Cafmile, fils de Cabire & de
» Vulcain, fut pere des trois Ca-
» bires & des Nymphes Cabiri-
» des. Mais, Phérécyde compte
» neuf Corybantes fils d'Apollon

(a) Pfalm. 44. V. 10.

(b) Strab. p. 472, 473. Antiq. expl.
par D. Bern. de Montf. Tom. I. pag.
300, 386.

» & de Rhytie, trois Cabires &
» les Nymphes Cabirides, enfans
» de Vulcain & de Cabira fille de
» Prothée, qui avoient les uns &
» les autres leurs myttères facrés,
» Ils étoient honorés à Lemnos &
» à Imbros, & même dans les
» villes des Troyens. Leurs noms
» font mystérieux. «

CABIRE, Cabirus, montagne
de Phrygie dans l'Afie mineure.
Les Cabires en prirent leur nom,
felon le Scholiafte d'Apollonius,
cité par Orcélius.

CABIRE, Cabirus, (c) fleuve
d'Afie, qui arrofoit le territoire
des Suares. Il y avoit plufieurs
ports à fon embouchure. C'eft
tout ce qu'en dit Pline, dont le
paffage étoit fort défiguré avant
l'édition du P. Hardouin, qui a
rétabli Cabirus Suarorum, au lieu
de Caberon Sorarum, que l'on y
lifoit auparavant.

CABIRE, autrement Cabira.
Voyez Cabira.

CABIRES, Cabira, Kábeīpa
(d) ville de l'Afie mineure dans la
petite Arménie. Elle fut nommée
Diopolis par Pompée. C'eft, ce
me femble, de cette ville qu'il
faut entendre le lieu, appellé Ca-
bires, dont parle Plutarque dans
la vie de Lucullus. Voyez Diopo-

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I. pag. 500, 501.

(e) Strab. pag. 462. & feq. Pauf. pag.
8, 217, 575, 178. & feq. Herod. L. II.
c. 51. L. III. c. 37. Plut. Tom. I. pag.
316 Myth. par M. l'Abb. Ban. Tom.
(d) Strab. pag. 556, 557. Plut. Tom. III. pag. 115, & fuiv. Antiq. expl. par

(c) Plin T. I. p. 325.

tans & les plus compliqués de la Mythologie Grecque. Les traditions, qui les regardent, font tellement confufes, & fi fouvent oppofées les unes aux autres, que l'analyse en paroît à peine poffible. Les Anciens eux-mêmes fe contredifoient faute de s'entendre ; & les modernes, en accumulant avec plus d'érudition que de critique, leurs différens témoignages, ont embrouillé la matière, au lieu de l'éclaircir.

Strabon femble ne donner au nom de Cabires que les deux fignifications, qu'il attribue à ceux de Dactyles, de Corybantes & de Curetes. Il les confidere d'abord comme les miniftres de certaines divinités, & enfuite comme des espèces de génies, comme des divinités fubalternes, attachées au fervice des Dieux fupérieurs. Mais, cette divifion n'eft pas à beaucoup près fuffifante pour concilier les opinions diverfes, quelquefois même contraires, qui fe trouvent dans les Anciens fur ce fujet. Il eft donc néceffaire de rappeller ici plufieurs fignifications différentes, qu'ils ont données au nom des Cabires, & qu'on peut réduire à trois principales. 1.° Ils les ont confidérés comme les Miniftres & les Prêtres de certaines divinités; 2. Comme des Dieux fubalternes. Hérodote nomme Cabires, des dieux Égyptiens, qu'on difoit être fils de Vulcain, la plus ancienne divinité de l'Égypte. Dans la Grece, on donnoit auffi

D. Bern. de Montf. Tom. I. pag. 300. fuiv. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett, Tom. VII, pag. 159. Tom.

ce nom à des fils de Vulcain, ho. norés dans l'ifle de Lemnos, & dont le culte s'étoit répandu non feulement dans les ifles voifines mais encore dans l'Afie mineure

& dans la Macédoine. 3.o Les Cabires, adorés dans l'ifle de Samothrace, tenoient un rang confidérable entre les Divinités du premier ordre, puifqu'on les furnommoit, les grands Dieux, les Dieux puiffans. Nous allons envifager les Cabires fous ces afpects différens, qu'il eft important de ne pas confondre.

ཇ.

Cabires, Prêtres & Miniftres.

Les Cabires, que Stéfimbrote de Thafe fait venir du canton de Cabire en Phrygie pour s'établir en Samothrace, n'étoient que des Prêtres ou Miniftres des mystères. ce font les mêmes, dont parle Démétrius de Scepfis, & que Phérécyde appelle Corybantes. Ils étoient, dit ce dernier Auteur, au nombre de neuf, fils d'Apollon & de la nymphe Rhytie, & ils s'établirent dans l'ifle de Samothrace. Les Prêtres de Cérès, dans l'ifle de Paros, portoient le nom de Cabarnes; & cette Déeffe y étoit elle-même connue fous le nom de Cabira. Ces Prêtres, nommés Cabires en Samothrace, avoient en Macédoine & à Theffalonique le nom d'Anactoteletes, parce que les dieux Cabires, au culte defquels ils étoient confacrés, portoient le titre d'Anactes.

XII. pag. 104. Tom. 16. pag. 77. Tom. XXI. pag. 34. Tom. XXIII. pag. 48. & fuiv. Tom. XXVII, pag. 9. & jniv.

C'est ce que nous apprend S. Clément d'Alexandrie, & après lui Arnobe & Firmicus.

I I.

Cabires, Dieux fubalternes,
fils de Vulcain.

L'Égypte, mere de toutes les fuperftitions, honoroit d'un culte particulier les fils de Vulcain, fous le nom de Cabires. Le temple de ces dieux étoit tellement refpecté, que l'entrée n'en étoit permife qu'aux Prêtres qui le défervoient. Les Cabires y étoient représentés fous la forme de Pygmées. Hérodote dit qu'ils reffembloient à ces marmoufets, que les Phéniciens nommoient Pateques, & dont ils ornoient les proues de leurs galeres. C'eft mal à propos que quelques Critiques ont cru voir, dans ce paffage d'Hérodote, que les Pateques étoient des dieux de Phénicie, & que les Phéniciens les nommoient Cabires. Hérodote ne dit ni l'un ni l'autre.

Le culce de ces Cabires, fils de Vulcain, paffa de l'Égypte dans la Grece. Ils furent d'abord adorés à Lemnos. Cette ifle étoit confacrée à Vulcain, dès le tems d'Homère. Selon Phérécyde dans Strabon, les Cabires étoient au nombre de trois, fils de Vulcain & de Cabira, fille de Prothée. Ils étoient adorés, avec les trois Cabarides leurs fœurs, dans Lemnos, dans Imbros & dans les ifles voifines, dans la Troade & dans le canton de Pergame, dans la Macédoine. Leurs noms ne fe révéloient qu'aux Initiés. Ils avoient des fê

tes particulieres. Acufilaüs faifoit les trois Cabires fils de Cafmile, nés de Vulcain & de Cabira, & les fuppofoit peres des trois Cabirides. On ignore la fable & les cérémonies des myfteres de ces Cabires de Lemnos.

Theffalonique les honoroit d'un culte fingulier. On les voit fur les médailles de cette Ville, coëffés du bonnet de Vulcain, & tenant d'une main un marteau, de l'autre une tenaille; ce qui montre qu'ils préfidoient à l'art de travailler les métaux. M. Fréret obferve, d'après Firmicus, que ces Cabires de Theffalonique font les Corybantes de S. Clément d'Alexandrie, dont Arnobe fait aufli mention dans fon cinquième livre. Ces trois Auteurs rapportent que ces Corybantes, nommés auffi Cabires, étoient d'abord au nombre de trois; mais que les deux aînés maffacrerent le plus jeune; qu'ils mirent fon corps en pièces & l'enfevelirent au pied du mont Olympe ; & que ce qui fe paffoit dans les myfteres, étoit la repréfentation de cet événement. Quoiqu'il y ait quelque variété dans le récit de ces Écrivains, il eft vifible, dit M. Fréret, que ces myfteres avoient rapport à l'hiftoire du jeune lacchus ou du Bacchus des fêtes de Cérès, & que c'étoit une copie défigurée de la fable Égyptienne, fur la mort d'Orus tué par Typhon. Si les attributs, donnés aux Cabires fur les médailles, ne s'accordent pas avec la fable d'Iacchus, ni avec celle d'Orus, on peut fuppofer que les Grecs, qui confondoient les dif

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férentes divinités, dont ils emprun toient le culte, ont confondu, en cette occafion, les Cabires Égyp tiens, fils de Vulcain, avec le fils de Cérès & le fils d'Ifis.

Le nom d'Ana&toteletes, donné aux Prêtres des Cabires de Macédoine, montre que ces Cabires avoient le titre d'Anactes ou Anaces titre affecté aux Diofcures. Le détail de la Fable fuppofe qu'ils étoient trois freres. Auffi, felon Cicéron, les plus anciens Diofcures, furnommés Anaces, fils du premier Jupiter & de Proferpine, étoient-ils au nombre de trois. Le dernier s'appelloit Dionyfius. C'étoit l'acchus d'Éleufis, tué & mis en pièces par fes proches. Il est vrai que le nom de Diofcures s'appliquoit plus párticuliérement aux Cabires de Samothrace; mais, on reconnoît encore ici la confufion de la mythologie Grecque. Les Grecs ont prêté aux Cabires de Lemnos les titres qui appartenoient proprement à ceux de Samothrace.

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III..

Cabires de Samothrace. Les Cabires de Samothrace n'avoient dans l'origine, rien de commun avec ceux de Lemnos. On apperçoit dans la religion de Samothrace trois époques différentes. Elle eut d'abord pour objet les grands dieux. On y adora enfuite les premiers Diofcures; & enfin, mais dans des fiecles fort poftérieurs, Caftor & Pollux, qui font les feconds Diofcu

res.

Les Pélages, après avoir occu

pé fucceffivement la Béotie & l'Artique, pafferent quatre-vingts ans après la prife de Troye, dans les ifles de Lemnos, d'Imbros & de Samothrace. Ils y porterent les mysteres, dont on ne voit pas la moindre trace, ni dans Homère, ni dans Héfiode. Ils n'y détruifirent pas entiérement l'ancien culte du Ciel & de la Terre, qui étoient les grands dieux; mais, ils y en mêlerent un nouveau, celui des dieux Cabires & des anciens Diofcures. Les Cabires étoient, felon Maféas cité par le Scholiafte d'Apollonius, Cérès, nommée Axiéros; Proferpine, appellée Axiokerfa ; & Hadès ou Pluton, fous le nom d'Axiokerfos. A ces trois divinités, ils ajoûterent Cafmile. C'étoit Mercure fils du Ciel & d'Héméra, qui n'étoit employé qu'à exécuter les ordres des trois autres. Les Pélafges avoient trouvé le culte de ces trois divinités établi en Attique & en Béorie, & ils l'avoient adopté. A ce culte fe joignoit celui des trois anciens Diofcures, fils de Jupiter & de Proferpine. C'étoit une dépendance du culte de Cé

rès.

On voit par ce récit, que les Diofcures n'étoient pas les mêmes que les Cabires. Cependant, les deux cultes fe confondirent, & l'on donna réciproquement le nom de Diofcures aux Cabires, & ce. lui de Cabires aux Diofcures, & à tous les deux, le nom de grands dieux. Un habitant d'Acharna, un des bourgs de l'Attique,prend dans une Infcription,le titre de IEPEYE ΘΕΩΝ ΜΕΓΑΛΩΝ ΔΙΟΣ

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