Page images
PDF
EPUB

KOYPON KABEIPON; c'està-dire, Prêtre des grands dieux Diofcures Cabires.

Les anciens Diofcures de Samothrace étoient beaucoup plus anciens que les fils de Tyndare. Cicéron les nomme Tritopatréus, Eubuléus & Dionyfius. Héfychius parle des Dieux Tritopatores, qui président à la naiffance des enfans. Phanodème, cité dans le grand Étymologique, y joint les mariages. Selon l'auteur des hymnes d'Orphée, Bacchus eft nommé Eubuléus. Il est né, dit-il, d'une manière mystérieufe de Jupiter & de Proferpine. Dans Héfychius, Eubuléus eft Plutus, fils de Cérès & de Jafion. Selon Diodore de Sicile, Dionyfius eft ie Sabafius. ou le Bacchus des Thraces, fils de Proferpine & de Jupiter changé en ferpent. Paufanias dit que fuivant l'opinion de ceux, qui avoient le plus approfondi les matières Théologiques, les Anactes Paides, que les Amphiffiens adoroient comme dieux inconnus, étoient les mêmes que les Cabires ou dieux de Samothrace. Ces Anactes avoient des myfteres ou initiations dans cette Ville.

Ce's divinités déjà adorées dans le reste de la Grece, étant apportées par les Pélafges en Samothrace, firent prefque difparoître le culte des divinités anciennes, le Ciel, la Terre & Hécaté. Le Ciel n'avoit plus guere d'autels, fi même il lui en reftoit encore; & quoique la Terre fût toujours mise au nombre des grandes divinités, on avoit transporté prefque tous fes attributs à la Déeffe des moif

fons & à Rhéa ou Cybele, femme de Saturne & mere des dieux.

Enfin, & c'eft la troisième époque, on confondit les anciens Diofcures avec Caftor & Pollux, fils de Léda. Ce qui fut caufe de cette confufion, c'est qu'on donnoit auffi à ces Héros le titre d'Anactes; titre, qui avoit été commun à tous les dieux, & même aux Rois & aux Héros. Cette opinion, qui mettoit les Tyndarides à la place des Diofcures de Samothrace, n'étoit qu'une erreur populaire. Homère ne met point Caftor & Pollux au rang des dieux. Il ne les place point dans le ciel. Au tems de Pindare, ils avoient déjà des temples & des fêtes. Ils préfidoient aux courfes & aux combats Gymniques. Cependant, ils n'étoient pas encore entiérement divinifés. Pollux, fils de Jupiter, partageoit fa divinité avec Caftor, fils de Tyndare. Ils ne fe mêloient point encore de la navigation. Mais, au fiecle de Théocrite, ils étoient en poffeffion pleine & entière de la divinité. On ne les diftinguoit plus des anciens Diofcures Cabires de Samothrace. M. Fréret obferve que le nom des Diofcures ne fe trouve ni dans Héfiode, ni dans les deux poëmes d'Homère. Héfiode fait préfider à la navigation d'autres divinités, fçavoir, Hécaté & Neptune. C'étoient ces mêmes dieux, qu'invoquoient alors les Écuyers & ceux qui difputoient le prix dans les jeux. Voilà précisément ce qui compofa dans la fuite le département des nouveaux Diof

cures.

IV.

Myfteres de Samothrace.

leurs que dans la langue Grecque. Il est vrai, ajoûte-t-il, que comme plufieurs de ces noms font pris de la plus ancienne langue des Grecs, ce n'eft pas toujours dans Homère & dans les Écrivains du bon tems, que nous en pouvons trouver les racines, & il faut fouvent les chercher dans ces mots furannés, qu'Héfychius & quelques autres Grammairiens nous ont confervés.

Il fe rencontre ici fix noms,dont il eft queftion de découvrir la racine; ceux de Káleipos, Cabeiros, d'A'ispos, Axieros, d'A'REPΣιόκερο 005, Axiocerfos, d'A'1⁄2ionépσn Axiocerfé, qui étoient donnés aux dieux mêmes de Samothrace; celui de Karmincs, Cafmilos, don

Le fecret inviolable, qu'on exigeoit des Initiés aux myíteres de Samothrace, n'a pas permis aux Anciens de nous inftruire du détail des cérémonies, qu'on y obfervoit, & du dogme qu'on y enfeignoit. Le vrai nom, fous lequel on invoquoit les divinités, étoit même regardé comme ineffable. Les Anciens en avertiffent en cent endroits. Tout ce que nous fçavons de l'initiation à ces mifteres, fe réduit à ceci. On s'y préparoit par une espèce de confeffion de fes fautes pallées, qu'on faifoit à un Prêtre qui avoit le titre de Koès, Koiès, koiolès, & qui purifioit ceux, qui étoient coupané à Mercure leur miniftre, & bles de quelque meurtre. On pla- celui de Kóng, Coès, que portoit le çoit les Initiés dans une espèce de Prêtre. trône. On les obligeoit de porter toujours à cru une ceinture ou écharpe rouge, dont l'effet devoit être de les préferver de tous les dangers, fur tout de ceux auxquels les navigateurs font expo

fés,

ས.

Etymologies.

Quand il feroit vrai, comme quelques-uns le fuppofent, que ces dieux & leur culte fuffent venus de l'Orient ; cependant, comme les noms par lefquels nous les connoiffons, ne font que des titres d'honneur ou des épithetes, que les Grecs avoient fubftituées aux noms ineffables, M. Fréret remarque fort fenfément, qu'il n'en faut pas chercher l'étymologie ail

[ocr errors]

En conféquence du principe déjà établi, M. Fréret rejette toutes les racines Orientales du mot koCeipes. Ainfi, il n'admet ni l'Hébreu Gabar, potentem effe, être puiffant; ni l'Àrabe Kabir, magnus, grand; ni Hhabirim, focii, compagnons; ni Kebirim, fepultorum dii, dieux des enfevelis. Bochard & Reland donnent toutes ces étymologies, & en auroient donné bien d'autres, s'ils avoient voulu ; dit M. Fréret, les racines Orientales font toujours prêtes à répondre au premier fignal des Étymologiftes. Paufanias parle d'une ville très ancienne nommée Cabire en Béotie, dans laquelle Cérès trouva un accueil honorable dans fes voyages. La Déeffe récompenfa les habitans

car,

en inftituant fes myfteres. N'eft-il pas naturel de penfer que les Pélafges, qui avoient habité ce païs, porterent en Samothrace, & les myfteres de Cérès, & le nom des Cabires. Et pour ce qui regarde les premiers Cabires, ceux de Lemnos, originaires d'Égypte, fils de Vulcain & de Cabira, fille de Prothée, le nom de leur mere, ne donne-t-il pas l'étymologie de leur dénomination?

Je sçais, dit M. Fréret, que les Phéniciens ont fait de très-bonne heure des établiffemens dans les iles de la Grece, & même en quelques endroits du continent. Je fçais que c'est d'eux que les Grecs ont emprunté les caracteres de leur écriture & de plufieurs arts. Je fçais encore que c'est de Phénicie que devoit venir le culte des divinités, qu'Hérodote dit être inconnues aux Égyptiens, telles que Saturne ou Cronos, Junon ou Héra, Neptune, Hercule. Mais, qu'eft-il befoin de recourir à la langue Phéniciene pour expliquer des épithetes, données aux dieux de Samothrace, où l'on ne voit pas que les Phéniciens foient jamais venus; fur tout quand on en trouve l'étymologie dans la langue Grecque ? A lepos eft, felon toute apparence, un ancien comparatif ar, dérivé d'aw, qu'Héfychius explique par aváy, ayw, veneror; džiɛpos, venerabilior, plus vénérable. A'Eox, on, axepo font compofésios & de κέρσος, κότσι, qu'Hefychius explique par γάμος. Ces noms fignifient donc fimplement la digne époufe, le digne époux. C'é

toient Proferpine ou Perféphone & Pluton, nommé le fecond, parce que la Déeffe étoit plus honorée que fon époux.

L'étymologie du nom de Kaca μixos, donné à Mercure, confidéré comme le miniftre de ces dieux, n'eft pas d'une recherche plus difficile dans la langue Grecque. Ce mot doit originairement fignifier miniftre. Plutarque le dit expreffé ment dans la vie de Numa. Varron le cite de Callimaque. Cenom s'écrit avec quelques variétés. Strabon & Plutarque difent K μιλος οι Κάμιλλος; Callimaque, Κάμπος ; Lycophron Κάδμιλος & Káfus; Nonnus, Kador. Selon Denys d'Halicarnafte, les Romains nommoient Camilli

ceux.

qui, dans les facrifices, rempliffoient les mêmes fonctions qu'avoient dans les Orgies & dans les myfteres des grands dieux; ceux que les Tyrrhènes, & avant eux les Pélafges, nommoient Ká Sanct. Tous ces mots font formés de xidos, qu'Héfychius rend par Gepantia, minifterium, miniftere. On voit ailément comment de ces mots ont pu se former ceux de Cadmus, Cadmilus, Cafmilus, Camilus. C'étoient des mots de la langue des plus anciens habitans de la Grece, de ces fauvages des cantons feptentrionaux & occidentaux, où les colonies Phéniciennes n'ont jamais pénétré. Les Pélafges d'Italie & de Tofcane les avoient apportés avec eux au tems de leur paffage.

Il n'eft pas plus néceffaire de recourir aux langues Orientales pour découvrir la racine du nom

de ce Prêtre, nommé Kove. Ce nom avoit rapport à fon emploi dans les initiations. Il étoit chargé d'entendre la confeffion des initiés. Il s'appelloit Kérs, Auditor, l'Auditeur, du mot xoά, xo, fynonyme d'arców, audio, j'entends, j'écoute.

Terminons cet article par une réflexion de M. Fréret fur la caufe de tant de contradictions, dont la Mythologie eft embarraffée. Il paroît, dit-il, que les traditions religieufes que l'on révéloit aux Initiés, étoient différentes dans les différens myfteres, parce que les Prêtres de chaque divinité, voulant relever l'objet de leur culte, attribuoient à leur dieu particulier, tout ce qu'ils pouvoient des fonctions & des aventures des autres dieux. Les Initiés, obligés à un fecret inviolable, n'ofoient communiquer leurs doutes ; & le refpect, qu'on leur avoit infpiré, par des pratiques myftérieufes, exerçant fur leurs efprits une forte de tyrannie, les empêchoit de raifonner, & confacroit jufqu'aux contradictions, qu'ils fe faifoient fcrupule d'envifager.

CABIRIA [CERÈS ], Ceres Cabiria. Voyez Cérès Cabiria. CABIRIDES, Cabirides, Kabipids, forte de Nymphes. Voyez Cabira.

CABIRIE, Cabiria. (a) Etienne de Byzance dit: Kabsipía Cabeiria, ville de la baffe Afie, dont le territoire eft habité par un peuple, nommé Cabiriens. Sur quoi Berkélius fait les observations fui

(4) Strab. F. 556, 557.

vantes. Les Géographes, dit-il; ne reconnoiflent point de ville de ce nom dans la baffe Afie, mais une montagne de Phrygie, nommée τὰ Κάβειρα, en pluriel, de laquelle Strabon fait mention. Berkélius cite enfuite le paffage de Strabon, où il n'eft aucunement queftion d'une montagne de Phrygie, mais de la ville de Cabira, qui eft la même que Diopolis, ville fameufe, dont il est souvent parlé dans les guerres de Mithridate & de Pompée. Berkélius, ajoûte que les Cabires habitoient cette montagne, avant que de paffer à Samos, & cite l'Auteur du grand Etymologique & le Scholiafte d'Apollonius.

CABIRIES, Cubiria, Kabeipia, fêtes, qui fe célébroient à Samo-, thrace, à Lemnos, à Thèbes & en d'autres lieux, en l'honneur des dieux Cabires.

Cette fête paffoit pour être très-ancienne, & antérieure au tems même de Jupiter, qui la renouvella, a ce qu'on dit. Les Cabiries fe célébroient pendant la nuit; & l'on y confacroit les enfans depuis un certain âge. Cette confécration étoit, felon l'opinion payenne, un préservatif contre, tous les dangers de la mer.

La cérémonie de la confécration, appellée, Oporcions, ou poriquòs, confiftoit à mettre l'Initié fur un trône, au tour duquel les Prêtres faifoient des danfes. La marque des Initiés étoit une ceinture ou écharpe d'un ruban couleur de pourpre.

Quand

Quand on avoit commis quelque meurtre, c'étoit un afyle que d'aller aux facrifices des Cabires.

CABRUS, Cabrus, Kalpos, (a) nom d'un dieu des Phafélites, citoyens d'une ville de Pamphylie. Ils lui offroient du poiffon falé, de-là vient qu'on appelloit proverbialement du poiffon falé, un facrifice des Phafélites. Suidas appelle ce dieu, Calabrus; & Érasme prétend qu'il faut dire Caprus. On peut croire que Caprus s'étoit dit plutôt pour Cabirus.

CAPSEEL, Capfeel, (b) ville de Palestine. Elle étoit de la dépendance de la Tribu de Juda, & dans la partie méridionale de cette Tribu. Ce fut une des villes, ой habiterent les enfans de Juda, au retour de la captivité de Babylone. CABUL, Cabul, (c) ville de Pa. leftine, dans la Tribu d'Afer. On croit que c'eft la même que Cha bul. Voyez Chabul.

CABURE, Cabura, (d) lieu de la Méfopotamie. Il y avoit, en ce lieu, une fontaine unique dans fon espèce; car, fes eaux avoient une odeur douce & agréable. La Fable attribue cette vertu à ce que Junon s'y baigna. Cette fingularité eft rapportée par Pline. L'édition du P. Hardouin lit Chabure; mais, les anciennes éditions & Ortélius n'afpirent point la première fyllabe.

CABURUS, Caburus, (e) pere de C. Valérius Donotaurus,

(a) Myth. par M. l'Abb. Ban. Tom.

V. pag. 306.

qui étoit le chef de la cité des Helviens, du tems de Céfar.

CABUS, Cabus, espèce de mefure, dont il a été parlé fous le nom de Cab. Voyez Cab.

CABYLE, Cabyla, Kabú, (f) ville de Thrace. Démosthène la traite de bicoque. Elle tient cependant un rang dans la Géographie & même dans l'Hiftoire. Étienne de Byzance la met près du païs des Aftes, peuples de Thrace, & cite le treizième livre de Polybe, que nous n'avons plus. Ptolémée fait auffi mention de Cabyle. Selon la remarque de M. Toureil, Étienne de Byzance a tort de diftinguer cette ville de celle de Calybe. C'eft le même mot, altéré par la tranfpofition des lettres. Strabon dit qu'au-deffus de Byzance eft la contrée des Aftes, où eft la ville de Calybe, que Philippe, fils d'Amyntas, peupla des plus méchans hommes; & le même Strabon ne parle nullement de Cabyle. Au contraire, Ptolémée place dans le même endroit Cabyle, & ne dit rien de Calybe. Cette différence de leçons fe trouve encore dans d'autres Auteurs. Sextus Rufus, dans fon abrégé, dit que Lucullus prit Calybe ; & Paul Diacre, ou l'auteur de l'Hiftoire mêlée, nomme la même place Cabyle.

Ce que rapporte Strabon, que Philippe peupla cette ville des plus

(e) Caf. de Bell. Gall. L. VII. pag.

(d) Plin. T. II. p. 552, 574.

(b) Jofu. c. 15. v. 21. Efdr. L. II, c. 334.

11. V. 25.

(c) Jofu. c. 19. v. 27.

Tom. VIII.

(f) Ptolem. L. III. c. 11. Strab. pag. 320. Plin. T. I. p. 203. C

« PreviousContinue »