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des Perses; car, ce dernier étant mort dans fa foixante-dixième année, felon Dinon l'an 530 avant J. C., doit être né l'an 599 & 86 ans après Atoffe. Hérodote nous apprend que Cambyfe, pere du grand Cyrus, étoit fils d'un autre Cyrus. Les deux générations, antérieures à l'an 599, faisant 66 ans 8 mois, la naissance de ce dernier Cyrus doit être de l'an 666, & poftérieure de 19 ans à celle d'Atoffe. Si ce Cyrus eft le fils du Cambyfe frere d'Atoffe, dont parle Diodore de Sicile ce Cambyfe fera né l'an 699, & 14 ans avant fa fœur ; ce qui eft très-poffible. Par-là nous aurons les noms du pere, de l'ayeul & du bifayeul de Cyrus le Grand, ou le fondateur de l'Empire Per

fan.

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Ces réflexions de M. Fréret paroiffent bien fondées. Il faut ⚫ donc diftinguer avec lui trois Cambyfes.

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CAMBYSE, Cambyfes, (aj Kauburns, prince Achéménid, frere d'Atoffe, naquit vers l'an 699 avant l'Ére Chrétienne Il fut pere d'un Cyrus & bifa/eul de Cyrus le Grand.

CAMBYSE, Canbyfes, (b) (b) Kauburns, fils du Cyrus, dont il eft parlé dans l'article précédent, & par conféquent petit-fils de

(a) Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Ton. XIX. p. 66,

(b) Xenora. p. 3, 228. & feq. Juft. L. I. c. 4 Herod. L. I. c. 46, 107. feq. L. VI. c. 11. Roll. Hift. Anc. T. I. pag. 377, 395. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. VI. p. 452. Tom. XIX. p. 66.

(c) Juft. L, I. c. 9. Strab. p. 473, 736,

Cambyfe pere de ce Cyrus. Il vivoit environ 580 ans avant J. C.

Aftyage, dernier roi des Medes, lui fit époufer fa fille Mandane, croyant éviter par-là les fuites d'un fonge, qu'il avot eu & qui lui prédifoit fa ruine. Car, il avoit vu fortir du fei de la Princeffe, une vigne, dont les rameaux couvroient toute l'Afie; fur quoi les devins lui avoient annoncé que le fil, qui naîtroit de Mandane, le détrôneroit. En effet, Cambyfe ut pour fils Cyrus, qui fe mit 4r le trône de fon ayeul.

Au refte Justin nous donne Cambyfe, our un homme d'une médiocr naiffance. Selon Hérodote, étoit forti de bonne famill Effectivement, s'il étoit de la ace des Achéménides, il ne pouvoit pas être tel que Justin le dépeint.

CAMBYSE, Cambyfes, (f) Kaubions, fils de Cyrus le Grand,

roi des Perfes & des Medes. Les

Egyptiens prétendoient qu'il étoit né de Nitélis, fille d'Apriès, roi d'Égypte. Hérodote rejette avec raison cette tradition populaire des Égyptiens, & montre que la mere de Cambyfe fe nommoit Caffandané, & qu'elle étoit Perfane de la famille des Achéménides.

feq. Herod. L. I. c. 208. L. II. c. 1. L. III. c. 1, 2, 3, & feq. Diod Sicul. pag. 30, 32, 100. Roll. Hift. Anc. T. I. pag. 488. & fuiv. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. I. pag. 40, 196. Tom. VII. pag. 442. Tom. IX. pag. 128. Tom. XII. p. 13. T. XIV. pag. 253. & fuiv. T. XIX. pag. 12, 62, [& suiv. T, XXI, p. 129.

Dès que Cambyfe fut monté fur le trône, que la mort de fon pere avoit laiffé vacant, vers l'an 529 avant l'Ere Chrétienne, il fongea à porter la guerre en Egypte pour une injure particulière, qu'il prétendoit, felon Hérodote, avoir reçue d'Amafis. Il y a plus d'apparence qu'Amafis, qui s'étoit foumis à Cyrus, & qui étoit devenu fon tributaire, n'ayant pas voulu après fa mort rendre les mêmes devors à fon fucceffeur, & s'étant fouftait à fon obéiflance, s'attira pa-là cette guerre. Cambyfe, pour la pouffer avec fuccès, fit de grands préparatifs tant par mer que pa terre. Il engagea les Cypriens & les Phéniciens à l'affifter de leurs -aiffeaux. Pour fon armée de terre, il joignit à fes propres troupe un grand nombre de Grecs, doniens & d'Eoliens, qui en faifoie. la principale force. Mais, nul ne lui fut d'un plus grand feçours dans cette guerre, que Phanès d'Halicarnaffe, qui, étant chef de quelques Grecs auxiliaires, qui étoient au fervice d'Amafis, fe jetta, pour quelque mécontentement qu'il reçut de ce Prince dans le parti de Cambyfe, & lui donna, touchant la nature du païs, les forces de l'ennemi & l'état de fes affaires, toutes les lumières, dont il avoit befoin pour réuffir dans cette expédition. Ce fut en particulier par fon avis, qu'il engagea un roi Arabe, dont les terres confinoient à la Palestine & à l'Égypte, à fournir de l'eau à son armée, pendant qu'elle traverferoit le défert, qui étoit entre ces deux

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païs; ce que ce Prince exécuta, en lui faifant porter cette eau fur le dos des chameaux, fans quoi Cambyfe n'eût pu paffer avec fon armée par ce chemin.

il

Ces préparatifs étant faits, attaqua l'Égypte la quatrième année de fon regne. Lorsqu'il fut arrivé fur la frontière, il apprit qu'Amafis venoit de mourir, & que Pfamménite, fon fils, qui lui avoit fuccédé, étoit occupé à ramaffer toutes les forces, pour l'empêcher de pénétrer dans fon royaume. Il ne pouvoit s'en ouvrir l'entrée qu'en se rendant maître de Pélufe, qui étoit la clef de l'Égypte de ce côté-là. Mais, cette place étoit fi forte, qu'elle devoit, felon toutes les apparences, l'arrêter long-tems. Pour s'en faciliter la prife, il s'avifa de ce ftratagême, s'il en faut croire Polyene. Ayant appris que toute la garnison étoit compofée d'Égyptiens, dans un affaut qu'il donna

la ville, il mit au premier rang un grand nombre de chats, de chiens, de brebis & des autres animux, que les Égyptiens tenoient jour facrés. Ainfi, les foldats n'olent lancer aucun trait ni tirer aucune fleche de ce côté-là, de peur de Fercer quelqu'un de ces animaux, Cambyfe fe rendit maître de la place fans aucune oppofition. Dans ce même tems Pfamménite s'avança avec grande armée grande armée pour artêter les progrès de l'ennemi. Il y eut entr'eux un grand combat. Mais, avant que d'en venir aux mains, des Grecs, qui étoient dans l'armée de Pfamménite, pour se venger

une

de la révolte de Phanès, prirent fes enfans, qu'il avoit été obligé de laiffer en Égypte, lorfqu'il s'enfuit, & à la vue des deux camps, les égorgerent & en burent le fang. Cette cruauté énorme ne procura pas la victoire. Les Perfes, irrités à la vue de cet horrible spectacle, tomberent fur eux avec tant de furie, qu'ils eurent bientôt renversé & mis en déroute toute l'armée Égyptienne, dont ils tuérent la plus grande partie. Ce qui en refta fe fauva à Memphis. Cambyfe, ayant pourfuivi les fuyards jufqu'à Memphis, envoya à la ville par le Nil, fur lequel elle étoit fituée, un vaiffeau de Mitylène avec un Hérauc, pour fommer les habitans de fe tendre. Mais, le peuple tranfporté de fureur, fe jetta fur ce Héraut, & le mit en pieces auffi-bien que tous ceux qui étoient avec lui. Cambyfe, s'étant en peu de tems rendu maître de la place, tira une pleine vengeance de cet attentat,. faifant exécuter publiquement dix fois autant d'Égyptiens de la plus haute nobleffe, qu'il y avoit eu de perfonnes maffacrées dans le vaiffeau. De ce nombre fut le fils aîné de Pfamménite. Pour Pfamménite lui-même, Cambyfe fe trouva difpofé à le traiter avec douceur. Non content de lui avoir sauvé la vie, il lui affigna un entretien honorable. Mais, le Monarque Égyptien, peu touché d'une telle bonté, fe mit à exciter de nouveaux troubles pour recouvrer fon royaume. En punition de quoi, on lui fit boire du fang de taureau, dont il mourut à l'heure

même. Son regne ne fut que de fix mois. Toute l'Égypte étoit foumife au vainqueur. Les Libyens, les Cyrénéens & les Barcéens, à la nouvelle de ces fuccès, envoyerent à Cambyfe des ambaffadeurs avec des préfens pour lui faire leurs foumiffions.

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De Memphis, ce Prince alla à la ville de Saïs, qui étoit le lieu de la fépulture des rois d'Égypte. Dès qu'il fut entré dans le palais, il fit tirer le corps d'Amafis de fon tombeau; & après l'avoir expofé à mille indignités en fa préfence, il ordonna qu'on le jettât dans le feu, & qu'on le brûlât ; ce qui étoit également contraire aux coûtumes des Perfes & des Egyptiens. La rage que ce Prince témoigna contre le cadavre d'Amafis, fait voir jusqu'à quel point il haïffoit fa perfonne. Quelle que fût la caufe de cette averfion, il paroît que c'est ce qui l'avoit fur tout obligé de porter fes armes en Égypte. L'année fuivante, qui étoit la fixième de fon regne, il résolut de faire la guerre en trois différens endroits, contre les Carthaginois, contre les Ammoniens, & contre les Éthiopiens. Il fut obligé d'abandonner le premier de ces trois projets, parce que les Phéniciens, fans le fecours defquels il ne pouvoit pouffer cette guerre, refuferent de l'affifter contre les Carthaginois, qui defcendoient d'eux, Carthage étant une colonie de

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pions, pour s'informer de l'état & de la force du païs, & lui en donner connoiffance. Ils portoient avec eux des préfens, tels que les Perfes avoient coûtume d'en donner; de la pourpre, des bracelets d'or, des compofitions de parfums & du vin. Les Éthiopiens fe moquerent de ces présens, où ils ne voyoient rien d'utile pour la vie, à l'exception du vin; & ils ne firent pas plus de cas des ambaffadeurs, qu'ils pritent pour ce qu'ils étoient, c'est-à-dire, pour des efpions. Mais, leur Roi voulut auffi faire un préfent à fa mode au roi de Perfe; & prenant en main un arc, qu'un Perse eût à peine foûtenu, loin de le pouvoir tirer, il le banda en présence des Ambaffadeurs, & leur dit : » Voici » le confeil, que le roi d'Éthiopie » donne au roi de Perfe. Quand » les Perfes pourront fe fervir » auffi aifément que je viens de » faire, d'un arc de cette grandeur & de cette force, qu'ils » viennent attaquer les Éthio» piens, & qu'ils amenent plus de » troupes que n'en a Cambyfe. » En attendant qu'ils rendent » graces aux dieux, qui n'ont pas » mis dans le cœur des Ethio» piens le défir de s'étendre hors » de leur païs. « Cette réponse ayant mis Cambyfe en fureur, il commanda à fon armée de fe mettre en marche fur le champ, fans confidérer qu'il n'avoit ni provifions, ni aucune des chofes néceffaires pour cette expédition. Il laiffa feulement les Grecs dans fa nouvelle conquête, pour la tenir en respect pendant fon abfence.

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Quand il fut arrivé à Thebes; dans la haute Égypte, il détacha cinquante mille hommes contre les Ammoniens avec ordre de ravager leur païs, & de détruire le temple de Jupiter Ammon, qui y étoit fitué. Mais, après plufjeurs journées de marche dans le défert, un vent violent étant venu à fouffler du côté du midi entraîna une fi grande quantité de fable fur cette armée, qu'elle en fut toute couverte, & y demeura enfevelie. Cependant, Cambyfe marchoit en furieux contre les Éthiopiens, quoiqu'il manquât de toutes fortes de provifions. Auffi une cruelle famine se fit bientôt fentir à toute l'armée. Il étoit encore tems dit Hérodote, de remédier à ce mal; mais, Cambyse auroit cru fe déshonorer, s'il avoit renoncé à fon entreprise, & il pouffa fa pointe. Il fallut d'abord vivre d'herbes, de racines, de feuilles d'arbres. Puis, fe trouvant dans un païs entièrement ftérile, ils furent réduits à manger les bêtes de charge. Enfin, ils en vinrent à cette affreuse extrêmité de fe manger les uns les autres ; celui que le fort faifoit venir le dixième, fervant de nourriture à fes compagnons; nourriture, dit Séneque, plus trifte que la plus dure famine. Cambyfe perfiftoit toujours dans fon deffein, ou plufans tôt dans fa fureur, perte de fes troupes lui ouvrît les yeux. Mais, enfin, commençant à craindre pour lui-même, il donna ordre qu'on s'en retournât. Dans une telle défolation [ qui le croiroit?] on ne rabattit rien de

que

la

la délicateffe des mets du Prince, & les chameaux marchoient chargés de tout ce qu'il faut pour couvrir une table fomptueufe.

Cambyfe ramena à Thebes fon armée, dont il avoit perdu la plus grande partie dans fon expédition. Il réuffit mieux dans la guerre, qu'il déclara ici aux dieux plus faciles à vaincre que les hommes. Thebes étoit remplie de temples d'une magnificence & d'une richeffe incroyables. Il les pilla tous, puis y fit mettre le feu. Il falloit que l'opulence en fût bien grande puifque les reftes feuls fauvés de l'incendie, montoient à des fommes immenses; trois cens talens d'or, qui font neuf millions, & deux mille trois cens talens d'argent, qui font près de fept millions. Il enleva auffi pour lors ce fameux cercle d'or, qui environnoit le tombeau du roi Ozymandias, qui avoit 365 coudées de circuit, & qui représentoit tous les mouvemens des différentes conftellations.

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Lorfqu'il fut arrivé à Memphis, il congédia les Grecs, & les renvoya dans leur païs. Mais, ayant trouvé à fon retour toute la ville en joie, il fut tranfporté de fureur, s'imaginant qu'on fe réjouiffoit en Égypte du mauvais fuccès de fes entreprises. Il manda les Magiftrats, pour fçavoir la raifon de ces réjouiffances ; & les Magiftrats lui ayant dit que c'étoit parce qu'ils avoient enfin trouvé leur dieu Apis, il ne voulut pas les en croire, mais il les fit tous périr comme des impofteurs, qui cherchoient à lui infulter. Il fit venir enfuite les Prêtres, qui

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lui firent la même réponse. Il leur répliqua que puifque leur dieu étoit fi bon & fi familier, que de fe faire voir à eux, il vouloit faire connoiffance avec lui, & commanda qu'on le lui amenât. Il fut bien étonné de voir un veau au lieu d'un dien ; & entrant de nouveau en fureur, il tira fon poi gnard, & le lui enfonça dans la cuiffe. Après quoi, ayant reproché aux Prêtres leur ftupidité, il les fit cruellement fuftiger, & ordonna qu'on tuât tous les Égyptiens qu'on rencontreroit célébrant la fête d'Apis. Le dieu fut remené au temple, où il mourut après avoir quelque tems langui de fa bleffure. Si l'on en croit les Égyptiens, Cambyfe, après cette action, la plus énorme impiété, felon eux, qui eût été commise dans leur païs, devint phrénétique. Mais, fa conduite précédente fait voir qu'il l'étoit déjà auparavant, & il continua à en donner diverses preuves, dont nous allons rapporter quelques-unes.

Il avoit un frere, le feul fils qu'eût eu Cyrus avec lui, & né de la même mere. Son nom étoit Tanaxare, felon Xénophon. Hérodote l'appelle Smerdis, & Juftin, Mergis. Il accompagna Cam. byfe dans fon expédition.d'Égypte. Mais, comme il étoit le feul d'entre les Perfes, qui vint à bout de bander à deux doigts près, l'arc, qu'on avoit apporté d'Éthiopie, le Roi en conçut une telle jaloufie contre fon frere, qu'il ne put plus le fouffrir dans fon armée, & le renvoya en Perse. Ayant même, peu de tems après, fongé une

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