Page images
PDF
EPUB

POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES,

GRECS ET LATINS,
TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE,
ET LES ANTIQUITÉS.

DÉDIÉ

A MONSEIGNEUR
LEDUC DE CHOISEUL,

Par M. SABBATHIER, Professeur au College de Châlons-fur-Marne
& Secrétaire perpétuel de l'Académie de la même Ville.
TOME HUITIEM E.

A CHALONS-SUR-MARNE,
SENEUZE, Imprimeur du Roi, dans la Grande Rue;
Et fe trouve à PARIS,

Chez DELALAIN, Libraire, rue de la Comédie Françoise.
BARBOU, Imprimeur - Libraire, rue des Mathurins.
HERISSANT, Fils, Libraire, rue Saint Jacques.

[ocr errors]

M. DCC. LXX.

Avec Approbation & Privilege du Roi,

AUTRES

OUVRAGES

DU MÊME AUTEUR,

Qui fe trouvent chez les mêmes Libraires.

I. Effai Hiftorique - Critique fur l'Origine de la Puiffance temporelle des Papes; Ouvrage qui a remporté le Prix de l'Académie Royale de Praffe. Nouvelle édition. Broché 1.liv.10.f

2.o Le Manuel des Enfans, ou les Maximes des Vies des Hommes Illuftres de Plutarque; Ouvrage dédié à Monfeigneur le Dauphin. 1. Vol. in-12. Relié 2.liv. 10.f.

3.o Recueil de Differtations fur divers sujets de l'Histoire de France. 1. Vol, in-12.

[ocr errors]

4. Les Mours, Coûtumes & Ufages des anciens Peuples, pour fervir à l'Education de la Jeuneffe. 3. Vol. in-12. & I. Vol. in-4.2

5. Sous preffe, les Exercices du Corps chez les Anciens, auffi pour servir à l'Éducation de la Jeuneffe. 2. Vol. in-12.

DICTIONNAIRE

POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES, GRECS ET LATINS,

TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE ET LES ANTIQUITÉS.

C

CETTE LETTRE eft la troisième de l'alphabet des Latins & des Langues vivantes. (4)

I. Quelques Auteurs ont cru que le C venoit du caph des Hébreux, parce que la figure de cette lettre eft une espèce de quarré ouvert par un côté, ce qui fait une forte de C, tourné à gauche à la manière des Hébreux. Mais, le caph eft une lettre afpirée, qui a plus de rapport au x, chi, des

(a) Juven. Satyr. 7. v. 192. Méthod. Latin. de Port Royal. pag. 735, 736. Antiq. expl. par D. Bern. de Montf.] Tom. VIII.

[blocks in formation]

422130

A

qu'il en foit, la figure du C par rapport à nous, paroît venir des Latins.

II. Cette lettre a aujourd'hui un fon doux avant l'e & avant l'i. On prononce alors le C comme un f, ce, ci, comme fe, fi; enforte qu'alors on pourroit regarder le C comme le figma des Grecs, tel qu'il fe voit fouvent, fur tout dans les Infcriptions, avec la figure de notre C capital, TAIC HMEPAIC; c'est-à-dire, taïs emeraïs. On pourroit citer une multitude d'exemples du figma ainsi écrit, principalement en lettres majeures ou capitales; car,en lettres communes, le figma s'écrit ainfi au commencement & au milieu des mots, & ainfi 5 à la fin des mots. Quant à la troifième figure du figma, elle est précifément comme notre C dans les lettres capitales; & elle eft en ufage au commencement, milieu & à la fin des mots; mais, dans l'écriture commune, on recourbe la pointe inférieure du C, comme fi on ajoûtoit une virgule au C. En voici la figure C.

[ocr errors]

au

Il paroît donc que le C doux n'eft que le figma des Grecs; & il feroit à fouhaiter que le C eût alors un caractère particulier, qui le diftinguât du C dur. Car, lorfque le Ceft fuivi d'un a, d'un o, ou d'un u, il a un fon dur ou fec, comme dans canon, cabinet, cadenat, coffre, Cologne, colombe, curiofité, cuvette, culte, &c. Alors, le C n'eft plus la même lettre que le C doux, quoiqu'il paroiffe fous la même figure. C'eft

le xáлα des Grecs K, x, dont on a retranché la première partie. C'est le 9 des Latins, écrit fans u, comme on le trouve dans quelques Anciens. En bas-Breton, on écrit auffi le q fans u.

on

S'il arrive que, par la raison de l'étymologie, on conferve le C dans l'écriture avant a, 0, u; que dans la prononciation, donne le fon doux au C, comme quand on écrit, il prononça, françois, conçu, reçu, &c., à caufe de prononcer, France, concevoir recevoir, on met alors fous le C une petite marque, qu'on appelle cédille; ce qui pourroit bien être le figma, dont nous avons déjà parlé, & qui, en lettres communes, s'écrit ainfi ;, ço, fô. La petite queue de ce figma a beaucoup de rapport avec notre cé

dille.

Le C fe prononce fortement à la fin de prefque tous les monofyllabes, comme dans bec, choc croc, froc, pic, roc, fec, foc &c. Il y a auffi quelques mots de plufieurs fyllabes, à la fin defquels le C fe prononce fortement, comme dans Briffac, Enoc, Lamec, &c. Il faut en excepter Almanac, Tabac, &c. Dans respect & fufpect, le C fe prononce fans le t, refpec, fufpec, felon le P. Buffier. Malgré cette regle, on peut, fuivant d'autres, prononcer let dans fufpect. En pact, exact, correct, direct, le C & le t fe prononcent. Dans ces mots, almanac, arfenac, arfenic, cotignac clerc, marc, porc, épic; & dans ceux où le C eft précédé d'une voyelle nazale, comme banc,

[ocr errors]

jonc, donc, le C final ne fe prononce point, s'il n'eft avant une voyelle en récitant des vers, & dans une prononciation foûtenue & énergique. Quand porc- épic font joints ensemble, il faut prononcer le C de porc. Il ne fe prononce point dans eftomac, dans eftomac, broc.

III. Depuis que l'Auteur du Bureau typographique a mis en ufage la méthode, dont il eft parlé dans la Grammaire générale de PortRoyal, les maîtres qui montrent préfentement à lire à Paris, donnent une double dénomination au C. Ils l'appellent Ce avant e & avant i. Ainfi, en faisant épeller, ils font dire ce, e, ce; ce, i, ci. Quant au C dur ou fec, ils l'appellent ke, a ca be ba, caba ; ne e, ne,cabane. Car, aujourd'hui, on ne fait que joindre un e muet à toutes les confonnes. Ainfi, on dit be, ce, de, fe, me te , fe, ve; & jamais effe, emme, enne, erre, esse.

re,

و

[ocr errors]

,a,

[ocr errors]

Cette nouvelle dénomination des lettres facilite extrêmement la lecture, parce qu'elle fait affembler les lettres avec bien plus d'aifance. On lit en vertu de la dénomination qu'on donne d'abord à la lettre.

Il n'y a donc proprement que le C dur, qui foit le cappa des Grecs, x, dont on a retranché la première partie. Le C garde ce fon dur après une voyelle & avant une confonne, dicter, effectif.

Le C dur & le q fans u ne font prefque qu'une même lettre. Il y a cependant une différence remarquable dans l'ufage, que les La

tins ont fait de l'une & de l'autre de ces lettres. Lorsqu'ils ont voulu que la voyelle, qui fuit le q accompagné de l'u, ne fit qu'une même fyllabe, ils fe font fervis de qu; ainfi, ils ont écrit, aqua, qui, quiret, reliquum, &c. Mais, lorfqu'ils ont eu befoin de divifer cette fyllabe, ils ont employé le C. C'est pourquoi > on trouve

dans Lucrece a-cu-a en trois fyllabes, au lieu de aqua en deux fyllabes. De même, ils ont écrit qui monofyllabe au nominatif au lieu qu'ils écrivoient cu-i diffyllabe au datif. On trouve auffi dans Lucrece cui ret pour quiret, relicu-um pour reliquum.

IV. Il faut encore obferver le rapport du Cau g. Avant que le caractère g eût été inventé chez les Latins, le C avoit en plufieurs mors la prononciation du g. Ce fut ce qui donna lieu à Sp. Čarvilius, au rapport de Térentius Scaurus, d'inventer le g pour diftinguer ces deux prononciations. C'est pourquoi, un Auteur appelle le g, lettre nouvelle.

Quoique nous ayons un caractère pour le C,& un autre pour le g; cependant, lorfque la prononciation du C a été changée en celle du g, nous avons confervé le C dans notre orthographe, parce que les yeux.s'étoient accoûtumés à voir le C en ces mots là. Ainfi, nous écrivons toujours Claude, cicogne, fecond, fecondement, feconder, quoique nous prononcions Glaude, cigogne, fegond,Jegondement,fegonder; mais, on prononce, fecret, fecrétement, fecrétaire.

« PreviousContinue »