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THE DEATH OF MIRABEAU.

(APRIL 2. 1791.)

1791, p. 140.]

['MERCURE DE FRANCE,' Apr. 9. La maladie de M. de Mirabeau que sur la foi du premier bulletin de son médecin nous avions regardée, la semaine dernière, comme une indisposition passagère, était tellement aiguë qu'en 48 heures il s'est trouvé aux portes du tombeau. Après avoir lutté pendant trois jours contre la mort, avec les forces de l'âge et du tempérament, il est expiré samedi 2 du courant, à dix heures du matin, et dans sa quarantedeuxième année. Nous n'avons pu trop discerner au travers du galimatias de la médecine la véritable nature de sa maladie, occasionnée par un excès d'intempérance. Il paraît qu'il a été tué par une colique inflammatoire, que plusieurs saignées promptes eussent calmée, et qu'une saignée tardive a rendue mortelle. Une gangrène interne s'était manifestée dès le jeudi: le camphre, le quinquina, les antiseptiques et les vésicatoires n'ont pu sauver ce député malheureux. La foule s'est portée à sa demeure, jusqu'au dernier moment. Nos mœurs sont aujourd'hui tellement atroces, et l'opinion réciproque des différents partis si affreuse, qu'on a sur-lechamp répandu le soupçon d'empoisonnement. Rien n'était plus capable de l'accréditer que l'appareil avec lequel on a demandé et opéré l'ouverture du cadavre. Les juges du tribunal, quatre municipes, les chirurgiens des sections, ont assisté à cette opération, et heureusement ils ont constaté que les entrailles de M. de Mirabeau ne renfermaient aucune trace de poison.

Dans l'enthousiasme de leur douleur, les politiques du Palais-Royal firent fermer, samedi, les spectacles de cette enceinte ils le furent aussi dans le reste de la ville, par les soins réunis des Envoyés du Palais-Royal, des Sections et de la Municipalité.

Ne voulant ni troubler le délire des hommages, ni servir la joie de la haine ou de l'injustice, j'abandonne ces premiers moments aux Rhéteurs. Il est juste de laisser un libre cours aux passions, aux apothéoses, aux oraisons funèbres et aux diatribes. Le respect de la vérité doit être aujourd'hui

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subordonné aux devoirs de la décence. Lorsque les sentiments auront plus de calme, et que j'aurai réfléchi sur les miens, je raconterai l'opinion que me laisse de lui M. de Mirabeau, sans vouloir conquérir celui de personne: il m'est indifférent de mécontenter ses partisans et ses adversaires, ses disciples et ses détracteurs, ses protégés, ses idolâtres, ses rivaux et ses envieux.

Ce n'est point un homme commun que celui dont la mémoire soulève ainsi, et en sens contraire, les tempêtes de l'opinion. M. de Mirabeau emporte les regrets, non seulement des ses adhérents, mais encore d'une partie de la minorité, qui fondait sur les vues secrètes de ce chef de parti des espérances et des projets. Faut-il ou non féliciter de cette conformité de sentiment les admirateurs de M. de Mirabeau ?

['L'AMI DU PEUPLE,' no. CCCCXIX, Apr. 4. 1791, p. 7.] Oraison funèbre de Riquetti

Peuple, rends grâce aux dieux, ton plus redoutable ennemi vient de tomber sous la faux de la Parque, Riquetti n'est plus. Il meurt victime de ses nombreuses trahisons, victime de ses trop tardifs scrupules, victime de la barbare prévoyance de ses complices atroces, alarmés d'avoir vu flottant le dépositaire de leurs affreux secrets.

['RÉVOLUTIONS DE FRANCE ET De Brabant,' no. LXXI,

p. 281 n.]

C'est à M. Carteaux, officier de la cavalerie parisienne, auteur du magnifique tableau représentant Louis XVI à cheval, qui est exposé dans la galerie, que je dois d'avoir pu contempler encore un moment Mirabeau mort. Le célèbre Houdon venait de le modeler. Cette tête semblait vivre encore, et avait conservé tout son caractère; c'était un sommeil, et ce qui me frappa au delà de toute expression; telle on a peint la sérénité du sommeil du juste, ou du sage. Jamais je n'oublierai cette tête glacée, et la situation déchirante où sa vue me jeta. Mirabeau est mort en odeur de patriotisme. Tous les spectacles ont été fermés. Voilà une grande preuve des progrès de l'esprit public. Tous les journaux ont déjà fait de lui un pompeux éloge. Aujourd'hui, c'est l'oraison funèbre. Demain, sera le jour de l'histoire. Je me tairai. La postérité n'est pas née encore pour ce grand homme.

1791]

THE DEATH OF MIRABEAU

['RÉVOLUTIONS DE FRANCE ET DE BRABANT,' no. LXXII, Apr. 1791, p. 298.]

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Mirabeau n'a pas pu croire qu'il emportât avec lui le deuil de la monarchie. Il n'ignorait pas que les républicains sont en si petit nombre aux Jacobins, que ce n'est pas la peine de les compter: que Barnave, Lameth, Duport, et tous ceux qu'on veut qu'il ait eus en vue, sont aussi monarchistes que puissent l'être tout citoyen qui ne cherche pas à ramener le retour du despotisme par la force des choses: mais, ce que je ne puis croire, c'est qu'il ait dit que les 83 départements allaient se partager à sa mort entre les factieux, comme à la mort d'Alexandre ses conquêtes entre ses capitaines. Je ne puis croire qu'il ait dit: les factieux s'en partageront les lambeaux.

['PATRIOTE FRANÇAIS,' no. DCIII, Apr. 3. 1791, p. 355,

col. 1.]

Mirabeau n'est plus!... Il faut écarter de sa tombe les reproches qu'on peut lui faire: il ne faut voir aujourd'hui en lui que l'homme à talents, que l'homme dont les conceptions étaient vigoureuses, qui rendit de grands services à la chose publique, et qui, surtout dans les commencements de la Révolution, écrasait l'aristocratie, entraînait, dominait...

Du droit qu'un esprit vaste et ferme en ses desseins
A sur l'esprit grossier des vulgaires humains.

Sa mort cause les regrets les plus vifs parmi les patriotes; quelques-uns la regardent comme une calamité nationale. Ii faut se défier également et des exagérations de la douleur et des calomnies de la haine. La constitution repose maintenant sur des fondements si solides, que la mort de ses plus fermes soutiens ne l'ébranlera point; et ce sera sans doute une idée douce pour ceux d'entr'eux qui aiment plus la Révolution que leur gloire, et que la mort doit précipiter au tombeau. Ils peuvent mourir sans regrets, le retour du despotisme est impossible.

['Orateur du PEUPLE,' vol. III, no. XXXIII, p. 277.]

La consternation est générale; le peuple, rassemblé en groupes nombreux, s'abandonne à la plus vive douleur, Mirabeau n'est plus ! Ce n'est pas quand sa cendre est tiède encore qu'il convient d'interroger sa vie passée, et d'énumérer les reproches qu'on peut faire à sa mémoire ; il est déjà jugé

par l'Être suprême, et il le sera bientôt par l'inexorable histoire.

['LE LENDEMAIN,' no. XCIII, Apr. 3. 1791, p. 39.] M. de Mirabeau est mort hier à dix heures du matin. Cette nouvelle fut annoncée à l'Assemblée nationale peu de temps après. On a remarqué avec bien d'étonnement que M. Cazalès donna tous les signes de la douleur la plus sincère et la plus profonde, tandis que deux députés du côté gauche, frères trop fameux', n'ont pas pu dissimuler leur joie.

ROBESPIERRE'S MOTION ON THE ASSEMBLY

AND THE MINISTRY. (APRIL 7. 1791.)

[This decree was proposed by Robespierre, who now definitely becomes the most prominent member of the Assembly. It was passed, and, although it is only an amplification of the decree of November 7. 1789, it is important, for it must be considered in relation to two other proposals of Robespierre's during this month and the following. The next proposal that he made was an attempt to destroy La Fayette's power by abolishing the property qualification for membership in the national guard. This was fortunately rejected on April 29; but the third proposal, which Robespierre put forward on May 16 (see below, p. 29), was carried almost unanimously. This decree of April 7, and that of May 16, may be classed among the greatest blunders of the Assembly. In the revision of the Constitution the period of exclusion from the ministry was reduced from four to two years (Constitution, cap. II. sect. iv. art. 2).

The idea was not new in 1791. The cahier of the Sénéchaussée of Rennes demands :

Art. 18. Les députés aux États-généraux

ne pourront, pen

dant la tenue à laquelle ils auront représenté, ni dans les trois années suivantes, accepter du Roi ou de ses ministres aucun présent ou émolument, emploi, titre ou dignité, à peine de nullité et de privation de tous les droits aux assemblées de paroisse, de district ou de province (Archives parlementaires, vol. v. p. 539. col. 1).

PROCÈS-VERBAL, no. DCXIV, Apr. 7. 1791, p.

7.]

L'Assemblée nationale décrète, comme article constitutionnel, qu'aucun membre de l'Assemblée nationale actuelle ni des législatures suivantes, les membres du tribunal de cassation, 1 The Lameths.

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