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plétera par

le récit des faits qui se rattachent à sa fuite et à son arrestation.

Le quatrième représentera le maréchal amené à Paris et emprisonné. Nous suivrons ses premiers interrogatoires, et nous les mettrons en entier sous les yeux de nos lecteurs. Bientôt nous verrons le maréchal traduit devant un conseil de guerre, décliner sa compétence, et demander à être jugé par la chambre des pairs, ce qui lui sera accordé.

Dans le cinquième et dernier livre, nous rapporterons les différentes ordonnances du Roi qui saisissent la chambre des pairs de l'affaire du maréchal. On ne lira pas sans intérêt les accusations des ministres, les arrêts préparatoires de la chambre, et les moyens allégués par le maréchal pour retarder une décision que luimême a demandée. Le jour du jugement arrive nous suivrons, jusque dans leurs plus petits détails, ces audiences solennelles qui rappellent les époques les plus fameuses de la monarchie française. En

fin, un arrêt condamne le maréchal à perdre la vie; il est exécuté, et nous terminerons le cinquième livre et l'ouvrage par les anecdotes qui se peignent à ses der

niers momens.

Tel est le cadre que nous nous sommes tracé. Nous n'avons rien omis de ce qui pouvait exciter et satisfaire la curiosité. Puisse cet exposé donner quelques matériaux utiles à l'histoire et offrir quelques leçons à la postérité!

Dans le cours des narrations qui vont suivre, tout ce qu'a dit et fait le maréchal Ney sera transcrit sans affaiblissement et sans exagération. Nous lui laisserons toute la gloire de ses faits d'armes; nous n'ajouterons rien à l'énormité de sa faute. Ce n'est pas un mérite pour l'historien que l'impartialité, c'est une obligation sacrée. Nous chercherons à pénétrer autant qu'il sera en nous dans la vie privée du maréchal pour en offrir les traits les plus saillans. Ce sont les anecdotes sur tout qui peignent l'homme sous ses véri

tables couleurs, parce qu'elles le dépouillent des déguisemens que l'intérêt ou la vanité lui fait prendre. La révolution ne nous a que trop appris à nous défier des actions publiques et des discours d'apparat; ce n'était que dans un tems aussi extraordinaire que pouvait être prononcé ce mot attribué à un personnage également fameux par son esprit et par sa carrière diplomatique : Que la parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée.

VIE

DU MARÉCHAL NEY.

LIVRE PREMIER.

Il serait assez indifférent de savoir dans quelle classe de la société sont nés les hommes qui ont joué les premiers rôles sur le grand théâtre du monde politique, s'il n'était à-peuprès reconnu que les principes que nous puisons dans notre éducation primitive exercent une influence constante sur toutes les actions. de notre existence. Dans cet âge où nous n'avons de la raison que le germe, où nos fa'cultés naissantes n'ont pris aucune direction, et où nous semblons demander à ceux qui nous entourent de nous initier dans les secrets de la vie, les premiers mots qui frappent notre oreille deviennent nos premières idées; les impressions qui en résultent forment nos premiers sentimens ; ces impressions,

consolidées par le tems, constituent notre caractère, et, quelque force morale que nous ayons reçue de la nature, déterminent presque toujours l'emploi que nous faisons de nos moyens.

Quoi qu'il en soit de ces réflexions, il est constant que si un grand nombre d'hommes dont il serait plus aisé de révoquer en doute la moralité que les talens, avaient été dès leur enfance destinés à remplir les fonctions éminentes où une révolution violente les a placés ; que si on leur eût appris de bonne heure, et les obligations sacrées attachées à ces fonctions, et la ligne de principes qui, dans cette carrière élevée, peut seule préserver la raison humaine des égaremens auxquels elle est exposée quand elle marche seule et sans guide; il est constant, disons-nous, que ces hommes n'auraient point forcé la patrie à déplorer des talens qui lui ont été si funestes; mais élevés sur les débris de l'ordre social, il n'est pas étonnant qu'ils en aient méconnu les principes. Dans cette période de civilisation, où l'esprit croit pouvoir se substituer à la morale, où toutes les traditions de l'expérience sont taxées de préjugés, et où l'on érige en vertu le mépris de toutes les règles, les fautes

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