Page images
PDF
EPUB

Soliman-le-Grand fut celui qui fit le plus sentir le poids de ses armes aux Hongrois; deux fois, en 1521 et en 1526, il porta la guerre dans ce pays; c'est lui qui gagna la fameuse victoire de Mohacz où vingt-deux mille Hongrois restèrent sur le champ de bataille; le roi de Hongrie y perdit la vie.

La mort de ce prince laissait vacans les deux trônes de Bohême et de Hongrie. Ferdinand d'Autriche, qui avait épousé sa sœur, prétendit avoir des droits à ces couronnes; d'un autre côté, Jean de Zapoyla, vaivode de Transilvanie, éleva également des prétentions; deux partis se formèrent. Les états déférèrent la couronne au dernier qui, poussé vivement par Ferdinand également couronné par la noblesse, à Presbourg, finit par se mettre sous la protection des Turcs. Cependant il fut signé entre les deux princes, en 1538, un traité en vertu duquel, après la mort de Zapoyla, la totalité du royaume de Hongrie devait revenir à Ferdinand; traité qui reçut plus tard une exécution partielle seulement, car les Turcs, protecteurs du fils de Zapoyla, parvinrent à retenir sous leur puissance une partie des pays qui lui avaient obéi, et à obtenir de Ferdinand un tribut annuel pour ce qu'ils lui abandonnaient. Le traité conclu entre Ferdinand et les Tures est de 1562.

2

1

SECONDE PARTIE.

DE LA HONGRIE,

DEPUIS L'AVÉNEMENT DE LA MAISON D'AUTRICHE.

SI.

Róis électifs de la maison d'Autriche. (15621705.)

Tour sembla se réunir pour attirer sur la malheureuse Hongrie des fléaux de tout genre, depuis le moment où la couronne passa sur la tête de princes étrangers. La première cause qui attisa le feu des discordes civiles fut l'intolérance que les princes autrichiens eurent l'imprudence de manifester contre le protestantisme; la nouvelle doctrine de Luther et de Calvin avait un grand nombre de partisans dans le royaume, et surtout en Transilvanie. Les vexations dont ils furent l'objet, jointes aux atteintes portées à l'ancienne constitution du royaume, furent un prétexte raisonnable pour les mécontens de lever l'étendard de la révolte; plusieurs seigneurs se constituèrent successivement en rébellion ouverte, et forcèrent les rois de Hongrie, par actes de 1606, de 1622, de 1645 et de 1647, à accorder l'exercice public de la religion protestante et à redresser les griefs politiques, dont on avait à se plaindre.

Ces concessions semblaient devoir établir une paix durable; mais il n'en fut pas ainsi, et après que la liberté civile et religieuse des Hongrois eurent été reconnues, les troubles continuèrent dans ce royaume.

Les Turcs Ottomans partageaient avec la maison d'Autriche la domination de la Hongrie ; une guerre éclata entre les

[ocr errors]

a

deux puissances, et fut suivie d'un traité qui déplut beaucoup aux Hongrois, sans le concours desquels il avait été conclu. Leurs griefs contre la cour de Vienne se réveillèrent plus fortement que jamais. Ils se plaignaient nommément de ce que l'empereur entretenait des troupes allemandes dans le royaume, qu'il confiait à des étrangers les principales forteresses, et qu'il mettait des entraves à la liberté du culte. »

La cour de Vienne méprisa ces plaintes : les seigneurs se liguèrent; plusieurs furent accusés d'intelligence avec les Turcs, et condamnés, en 1671, comme criminels de lèzemajesté; ils portèrent leur tête sur l'échafaud : un grand nombre de ministres protestans furent ou exilés ou condamnés aux galères : cette sévérité, la suppression de la dignité de palatin, les rapines et les cruautés de toute espèce exercées par les troupes allemandes achevèrent de soulever tous les esprits; la guerre civile éclata, et avec elle la guerre entre les Turcs et les Impériaux. Ceux-ci, soutenus par la Pologne, Venise et les Russes, remportèrent des victoires éclatantes, qui mirent d'abord en leur pouvoir toute la partie de la Hongrie, que les Turcs possédaient, qu'ils reprirent bientôt après; mais pour la céder enfin définitivement par la paix de de Carlowitz en 1699, lorsque l'Autriche, dégagée de ses guerres avec la France, put tourner toutes ses forces contre la puissance des Ottomans.

C'est surtout depuis le règne de Maximilien II, fils de Ferdinand mort en 1576, qu'on vit la Hongrie dans une opposition constante contre ses souverains dont elle ne pouvait parvenir à secouer le joug; chaque élection nouvelle faisait éclater l'aversion des Hongrois pour des maîtres qui les regardaient comme un héritage. C'est au milieu de ces dissensions que s'écoulèrent les règnes de Rodolphe II, de Mathias II, de Ferdinand II, de Ferdinand III, de Ferdinand IV, enfin de Léopold I. C'est sous ce dernier qu'eut - lieu la fameuse bataille de Mosach, en 1687,' qui ne fut pour les Impériaux que le prélude de nouveaux succès.

[ocr errors]

Profitant des circonstances, l'empereur demanda aux états de Hongrie, assemblés à Presbourg, l'abandon du droit d'élection exercé par eux jusqu'alors, en considération des efforts extraordinaires qu'il avait été obligé de faire contre les Musulmans. Les états firent d'abord des difficultés; mais enfin, pliant sous l'autorité de Léopold, ils déclarèrent le royaume héréditaire dans sa maison, en faveur des mâles des deux branches, à l'extinction desquels toutefois ils devaient rentrer dans leur ancien droit; d'ailleurs, si par cette mesure les états perdaient une de leurs prérogatives, d'un autre côté, le décret, porté sous le roi André II ( là bulle d'or de Hongrie ), fut renouvelé par la diète, avec cette modification: Que la clause qui donnait le droit de résister à l'oppression à force ouverte fut supprimée. On confirma aussi aux protestans des deux confessions les églises et les prérogatives qui leur avaient déjà été accordées à la diète d'Augsbourg; mais on statua que les catholiques seuls pourraient posséder des biens dans les royaumes de Dalmatie, de Croatie et d'Esclavonie; dans la même diète, l'archiduc Joseph, fils de l'empereur, fut couronné premier roi héréditaire de Hongrie.

S II.

De la Hongrie sous les rois héréditaires de la maison d'Autriche. (1705 — 1740.)

[ocr errors]

Comme nous l'avons dit, la paix de Carlowitz avait assuré aux empereurs la presque totalité de la Hongrie; mais elle n'avait qu'imparfaitement rétabli la tranquillité intérieure du royaume elle fut suivie, de la part des Hongrois, des mêmes plaintes qui avaient éclaté après la conclusion du traité de Temeswar, auxquelles se joignaient les griefs résultant de l'infraction de l'acte passé à la diète de 1687; un chef se présenta, et la guerre civile se ralluma.

Ce chef fut François Rakoczi, qui, squtenu par les Fran

çais alors en guerre avee l'Autriche, publia, en 1703, un manifeste dans lequel, après avoir exposé les motifs de sa conduite, il exhorta les Hongrois à se joindre à lui pour conquérir la liberté anéantie par la maison d'Autriche; une foule de mécontens s'empressèrent de se rendre sous ses bannières, et il se vit, dans peu de temps, maître de la plus grande partie de la Hongrie. Les Transilvaniens le choisirent pour leur prince en 1704, et les états de Hongrie pour leur duc et chef en 1705. Les succès de Rakoczi lui attirèrent les félicitations de Louis XIV; et en 1707, l'offre du trône de Pologne, de la part de Fierre I" qui voulait l'opposer à Stanislas, protégé du roi de Suède.

Les choses restèrent dans cet état jusqu'en 1711, où Rakoczi fut forcé par les Autrichiens à se retirer sur les fron tières de la Pologne; alors l'empereur signa une pacification par laquelle il promit une amnistie, et s'engagea à respecter inviolablement les droits, libertés et immunités du royaume de Hongrie et de Transilvanie ; à ne conférer qu'aux seuls Hongrois les charges civiles et militaires, à maintenir enfin les constitutions touchant la religion. La plupart des mécontens signèrent cet acte, prêtèrent un nouveau serment de fidélité, et tout rentra dans l'ordre.

Joseph I mourut en 1711, et laissa la couronne à Charles VI: le règne de ce dernier n'offre guère que des guerres contre les Turcs qui ne se rattachent qu'indirectement à l'histoire de Hongrie, et dont nous ne parlerions pas si les succès de l'empereur dans cette guerre ne lui avaient valu de nouvelles concessions de la part des états de Hongrie. La diète de 1687 avait bien déclaré la couronne hérédi→ taire dans sa maison; mais ce droit de succession était restreint aux mâles, les femmes en étaient exclues; et Charles VI avait reconnu, lors de son avénement au trône, le droit des états à l'élection de leur souverain dans le cas où il mourrait sans postérité masculine. Il n'avait de son mariage que des filles; il craignit de voir la couronne de Hongrie sortir de sa

« PreviousContinue »