La subite apparition de ce fantôme fait pâlir le visage du Sarrazin; ses cheveux se hérissent, la parole expire sur ses lèvres ; il écoute Argail (c'était le nom du guerrier qu'il avait tué dans ce lieu) lui reprocher son manque de foi; soudain sa poitrine brûle de rage et de colère. Il n'a pas le temps de balbutier des excuses; sachant d'ailleurs qu'il est coupable, toute réponse devient inutile, mais la

honte lui brise le cœur et le pousse à jurer, par la vie de sa mère Lanfuse, de ne jamais couvrir sa tête d'un casque autre autre que

celui arraché

par

Roland au fier Almont dans Apremont 4. Ferragus tint ce dernier serment! Il s'éloigne; pendant plusieurs jours un violent chagrin le consume; sa seule pensée est de chercher le paladin Roland partout où il espère le rencontrer. Dans une route différente, d'autres événements arrivent au brave Renaud; à peine commence-t-il sa course qu'il voit devant lui galoper son cheval : « Arrête, mon cher Bayard, arrête, s'écrie-t-il ; je ne puis vivre sans toi. » Sourd à cette prière, le coursier s'enfuit avec promptitude, et Renaud en fureur le suit.

Cependant la belle Angélique parcourt d'horribles forêts, des lieux déserts, sauvages, escarpés; l'ondulation des plantes, l'agitation des ormes, des hêtres, des chênes, lui inspirent de subites terreurs et la jettent dans des chemins tortueux; découvre-t-elle une ombre sur les montagnes, au fond des vallées, Angélique croit toujours apercevoir Renaud. Telle une jeune biche qui voit à travers le taillis où elle reçut la vie, un léopard attaquer sa mère, lui déchirer les flancs, disper