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fidemque a Patribus per hanc Apostolicam Sedem columnam, et firmamentum veritatis, acceptam constanter teneant, memoratos libros in quibus recensitæ nefaria opiniones continentur ac defenduntur, accurato primum examini subjecimus, ac deinde Apostolicæ censuræ gladio percellere, ac damnare decre

vimus.

Itaque acceptis consultationibus in Theoligica, et Sacrorum Canonum facultatibus Magistrorum, acceptisque suffragiis VV. FF. NN. S. R. E. Cardinalium Congregationis Suprema et universalis Inquisitionis, motu-proprio, ex certa scientia, ac matura deliberatione Nostra, deque Apostolicæ potestatis plenitudine, prædictos libros, tamquam continentes propositiones, et doctrinas respective falsas, temerarias, scandalosas, erroneas, in S. Sedem injuriosas, ejusdem juribus derogantes, Ecclesiæ regimen, et divinam ejus Constitutionem subvertentes, schismaticas, hæreticas, Protestantismo ejusque propagationi faventes, et in hæresim, et in systema jamdiu ut hæreticum damnatum in Luthero, Bajo, Marsilio Patavino, Janduno, Marco Antonio De-Dominis, Richerio, Laborde, et Pistoriensibus, aliisque ab Ecclesia pariter damnatis inducentes, nec non et Canonum Concilii Tridentini eversivas, reprobamus, damnamus, ac pro reprobatis, et damnatis ab omnibus haberi volumus, et mandamus. Præcipimus idcirco,'ne quisquam fidelium cujuscumque conditionis, et gradus etiamsi specifica et individua mentione dignus esset, audeat præfatos libros, ac theses apud se retinere, aut legere sub pœnis suspensionis a divinis quoad Clericos, et quoad laicos excom

«faut, en effet, que la défense de la fol parte du lieu où la foi est indéfectiable (saint Bernard, Lettre 190). Gardien, en vertu de Notre mini-tère apostolique, de l'unité et de l'intégrité de la foi catholique, chargé de signaler aux fidèles les doctrines perverses de l'auteur, et de veiller à ce qu'i's restent fermement attachés à la foi que les Pères ont transmise à ce Siége Apostolique, colonne et base de la vérité, Nous avons d'abord soumis à un examen attentif les livres où sont renfermées et défendues les opinions funestes que Nous venons de rappeler; puis, Nous avons résolu de les frapper du glaive de la censure apostolique et de les condamner.

C'est pourquoi, après avoir pris l'avis des docteurs en théologie et en droit canon; après avoir recueilli les suffrages de Nos Vénérables Frères les Cardinaux de la Congrégation de l'Inquisition suprême et universelle, de Notre propre mouvement, avec science certaine, après mûre délibération de Notre part, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, Nous réprouvons et condamnons les livres ci-dessus, comme contenant des propositions et des doctrines respectivement fausses, téméraires, scandaleuses, erronées, injurieuses pour le Saint-Siége, contemptrices de ses droits, subversives du gouvernement de l'Eglise et de sa Constitution divine, schismatiques, hérétiques, favorisant le protestantisme et la propagation de ses erreurs, conduisant à l'hérésie et au système depuis longtemps condamné comme hérétique dans Luther, Baïus, Marsite de Padoue, Janduno, Marc Antoine de Dominis, Richer, Laborde, les docteurs de Pistoie et autres également condamnés par l'Eglise; Nous les condamnons enfin comme contraires aux canons du Concile de Trente, et Nous voulons et Nous ordonnons qu'ils soient tenus de tous pour réprouvés et condamnés. Nous ordonnons, en conséquence, qu'aucun fidèle, de quelque condition et de quel

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municationis majoris ipso facto incur- que rang qu'il soit, même ceux dont la rendis, quarum absolutionem et relaxa-condition et le rang exigeraient une tionem Nobis, et successoribus Nostris mention spéciale, ne puisse posséder ou Romanis Pontificibus reservamus, exlire les livres et les thèses ci-dessus sicepto tantum quoad excommunicatio- gnalés, sous peine d'interdit pour les nem mortis articulo. Mandamus quoque clercs, et, pour les laïques, d'excommuTypographis, ac Bibliopolis, cunctis-nication majeure, interdit et excommuque, et singulis cujuscumque gradus et dignitatis, ut quoties prædicti libri ac theses ad eorum manus pervenerint, deferre teneantur Ordinariis sub iisdem respective pœnis, nempe quoad Clericos suspensionis a divinis, quoad laicos excommunicationis majoris superius comminatis. Neque tantum memoratos libros, ac theses, sed alios, aliasque quoscumque sive scriptis, sive typis exaratos libros, vel forte exarandos, et imprimendos, in quibus eadem nefaria doctrina renovetur ex integro, aut in parte, sub iisdem pœnis superius expressis damnamus, reprobamus, atque legi, imprimi, retineri omnino prohibemus.

Hortamur tandem in Domino, et obsecramus Venerabiles Fratres, quos Nobiscum pastoralis zelus, et Sacerdotalis constantia conjungit, ut pro sibi commisso docendi ministerio omni sollicitudine vigilantes in custodia gregis Christi, oves suas a tam venenatis pascuis, hoc est ab horum librorum lectione avertere satagant; et quoniam veritas cum minime defenditur, opprimitur » (S. Felix III, dist. 85.) murum æneum, et columnam ferream sese Constitnant pro domo Dei contra vaniloquos, et seductores, qui divina atque humana jura sus deque miscentes neque Cæsari quæ sunt Cæsaris, neque quæ Dei sunt, Deo ipsi reddentes, Sa

nication qui seront encourus par le fait même, Nous réservant, à Nous et à Nos successeurs les Pontifes romains, le droit de les adoucir ou d'en absoudre, à moins, en ce qui concerne l'excommunication, que celui qui l'a encourue ne soit à l'article de la mort. Nous ordonnons aux imprimeurs, aux libraires, à tous et à chacun, quels que soient leur rang et leurs fonctions, de remettre aux ordinaires ces livres et ces theses, toutes les fois qu'ils tomberout entre leurs mains, sous peine d'encourir, comme Nous venons de le dire, les clercs, l'interdit, les laïques, l'excommunication majeure. Et non-seulement Nous condamnons et réprouvons, sous les peines qui viennent d'être édictées, les livres et les thèses désignés plus haut, et défendons absolument de les lire, de les imprimer, de les posséder, mais Nous étendons cette condamnation et ces défenses à tous les livres et thèses, soit manuscrits, soit imprimés ou à imprimer, dans lesquels la même funeste doctrine serait reproduite en tout ou en partie.

Nous exhortons enfin dans le Seigneur et Nous supplions les Vénérables Frères qui Nous sont unis dans le zèle pastoral et dans la fermeté sacerdotale, de considérer que le ministère doctoral dont ils sont investis leur impose le devoir de veiller en toute sollicitude à la garde du troupeau du Christ, et d'éloigner ses brebis de pâturages si vénéneux, à savoir de la lecture de ces ouvrages; et parce que, quand la vérité n'est point défendue, on l'opprime, (S. Félix, III, dist. 83), qu'ils soient un mur d'airain, une colonne de fer pour le soutien de la maison de Dieu contre les déclamateurs et les séducteurs qui, confondant

cerdotium, et imperium committunt | les choses divines et les choses hu

inter se, atque adeo impetere utrumque, atque evertere connituntur.

Ut autem præsentes Litteræ omnibus innotescant, nec quisquam illarum ignorantiam prætexere, et allegare valeat, volumus ac jubemus ipsas ad valvas Basilica Apostolorum Principis, et Cancellaria Apostolicæ, nec non Curiæ Generalis in Monte Citatorio, et in acie Campi Flora de Urbe per aliquem ex Cursoribus Nostris, ut moris est, publicari, illarumque exempla ibi affixa relinqui, sic vero affixas, ac publicatas perinde omnes afficere, ad quos spectant, ac si unicuique illorum personaliter notificatæ atque intimate fuissent. Præsentium quoque Litterarum transumptis etiam impressis, manu alicujus publici Notarii subscriptis, et Sigillo personæ in Ecclesiastica dignitate constitutæ munitis, eamdem fidem in judicio, et extra haberi volumus, quæ eisdem his haberetur, si forent exhibitæ,

vel ostensæ.

Datum Romæ apud S. Petrum sub
Annulo Piscatoris die 22 augusti anno
MDCCCLI, Pontificatus Nostri anno
sexto.
A. Card. LAMBRUSCHINI.

maines, ne rendant ni à César ce qui est à César, ni à Dieu ce qui est à Dieu, poussent l'un contre l'autre le Sacerdoce et l'Empire, et s'efforcent de les précipiter dans des conflits mortels à tous les deux.

Et afin que les présentes Lettres soient connues de tous, et que nul ne puisse prétexter cause d'ignorance, Nous voulons et ordonnons qu'elles soient publiées, selon l'usage, par un de Nos Curseurs, aux portes de la Basilique du Prince des Apôtres, de la chancellerie apostolique, du tribunal supérieur sur le mont Citorio, et sur la place du Champ-de-Flore; qu'elles y soient en outre affichées, et que, par suite de cette publication, elles produi sent leur plein effet contre qui de droit, comme si elles avaient été personnellement notifiées et intimées. Nous voulons également que toute copie de ces Lettres, même imprimées, signées par un notaire public, et munies du sceau d'une personne constituée en dignité ecclésiastique, ait en justice, et partout ailleurs, la même autorité que l'original lui-même.

Datum Romæ apud S. Petrum sub annulo piscatoris die 22 augusti anno MDCCCLI, pontificatus nostri anno i sexto. A. CARD. LAMBRUSCHINI.

Mandement publié par Mgr Mioland au sujet de la mort de S. Em. le Cardinal d'Astros, son prédécesseur sur le siége archiepiscopal de Toulouse.

Jean-Marie Mioland, par la miséricorde divine et la grâce du Saint - Siége apostolique Archevêque de Toulouse et de Narbonne, Primat de la Gaule narbonnaise, au clergé et aux fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction en Notre Seigneur Jésus Christ :

Dieu, nos très-chers Frères, vient d'appeler à lui votre premier Pasteur et votre Père, et c'est pour vous annoncer ce triste événement que nous devons vous parler pour la première fois.

Cette vie qui fut constamment précieuse aux yeux du Seigneur s'est éteinte au milieu des bénédictions qu'il réserve à ses élus. Le vénérable Cardinal s'était consacré à Dieu dès ses plus jeunes années, et ce fut dans les temps les plus orageux qu'il mit le dernier sceau à cette consécration. Jusque dans la vieillesse et les infirmités il a conservé les habitudes d'une piété exacte et fervente qui avaient sanctifié toute sa carrière, et nous l'avons vu toujours le même à son

dernier soupir, s'unissant aux pieuses pensées qui lui étaient suggérées, rendre son âme à son Créateur, au milieu des prières de l'Eglise que nous offrions pour lui. Aussi pouvons-nous bien lui appliquer avec confiance ces paroles du SaintEsprit Seigneur, vous avez manifesté sur votre serviteur votre miséricorde « dans toute sa plénitude; vous lui avez donné de marcher toujours d'un cœur droit en votre présence dans la vérité et la justice. »>

Vous savez, nos très-chers Frères, comment cette sainte vie vous fut dévouée sans réserve. Avec quel soin ce Pasteur vraiment selon le cœur de Dieu vellait aux intérêts de votre salut! Quelle sollicitude pour conserver dans sa pureté le dépôt sacré de la foi! Quel courage à le défendre! Quelle vigilance pour faire fleurir dans le clergé la discipline et la perfection sacerdotales, pour fonder ou soutenir les institutions les plus propres à sanctifier les fidèles! Le Seigneur lui avait donné la science des saints; il n'a eu de zèle que pour le bien; ses pieds «ont marché constamment dans la voie droite! C'est pourquoi Dieu a rendu ses longs travaux vénérables aux yeux de tous et les a glorifiés d'une dernière « couronne d'honneur. >

Toutefois, N. T.-C. F., qu'est-ce que la vie la plus innocente aux yeux de celui qui juge les justices mêmes, et dont l'œil découvre des taches jusque dans les anges? Nous vous appelons donc autour de la dépouille mortelle de votre blen-aimé Pontife. Nous recommandons à votre filiale piété celui qui vous aima comme un père, et, s'il ne l'a déjà reçue, que par vos prières, vos saints sacrifices, vos bonnes œuvres, il obtienne la couronne de gloire promise par le prince des pasteurs à ceux qu'il a établis pour paître son troupeau et qui en ont été les modèles.

Et nous, N. T.-C. F., que cet auguste Pontife avait voulu appeler à partager son ministère pastoral, et qui devenons aujourd'hui son successeur, ce n'est qu'en tremblant que nous recevons ce dépôt que l'Eglise nous confie. Comme l'Apôtre, nous vous en conjurons par Notre Seigneur Jésus-Christ et par la charité du « Saint-Esprit, aidez-nous de vos prières auprès de Dieu. » Aidez-nous à conserver cet héritage qui fut si cher à celui que nous pleurons: alors tant de saintes œuvres ne périront pas entre nos mains; son esprit les animera toujours; son paternel souvenir les protégera contre notre faiblesse, et il nous aura été donné de recueillir, comme le legs le plus précieux de notre Père, son amour pour vous, N. T.-C. F., et son dévouement à vous servir et à vous sauver.

Le corps de S. Em. le Cardinal d'Astros est resté exposé dans la chapelle ardente du palais archiepiscopal; le concours des personnes de tout âge et de toute condition attiré par un sentiment de vénération auprès des restes mortels du Prélat, a été prodigieux. De nombreux factionnaires, le corps des pompiers et la police ont dû contenir la foule aux abords du palais. Un très-grand nombre de personnes pieuses agenonillées devant le lit funèbre demandaient qu'on fît toucher aux mains du vénérable Pontife des chapelets, des médailles, et autres objets de piété. MM. les curés de la ville, et d'autres ecclésiastiques du diocèse, ont célébré chaque jour les saints mystères dans la chapelle ardente, suivant l'ordre indiqué. Trois fois par jour, depuis la mort du vénérable Cardinal, les cloches de la ville ont sonné le glas funèbre en signe de deuil.

Dimanche, l'affluence des habitants de la campagne qui sont venus rendre un dernier hommage à leur Archevêque, a été considérable.

On annonce, qu'outre NN. SS. les évêques suffragants, d'autres Prélats doivent assister aux obsèques. Le corps de S. Em. sera déposé, comme on le sait, dans

les caveaux des Archevêques situés dans le sanctuaire du chœur de l'église métropolitaine Saint-Etienne.

L'Annuaire des Deux Mondes et la Hollande.

On a publié récemment à Paris un ouvrage assez considérable, sous ce titre : Annuaire des Deux Mondes, histoire générale des divers Etats pour l'année 1852.

Ce livre, rédigé dans un esprit trop souvent mauvais, ne saurait manquer de répandre, à propos de la politique contemporaine, de nombreux et regrettables préjugés. Il donne, en particulier sur la Hollande, des aperçus dont nos correspondants de ce pays relèvent avec raison la partialité, les erreurs et les injustices.

On ne doit pas plus se fier aux appréciations qu'il contient, sous le rapport politique qu'au point de vue religieux.

S'il est, par exemple, dans l'histoire la plus récente des Pays-Bas, un fait qu'il importait de montrer sous son vrai jour et qui méritait au moins une étude attentive et un examen consciencieux, c'est le changement de cabinet qui a élevé au pouvoir M. Thorbecke à la place de M. Doncker Curtius. Il n'en est peut-être pas un, dans tout l'Annuaire, qui soit présenté sous des couleurs plus fausses et avec une plus grande ignorance du sujet.

L'avénement de M. Doncker-Curtius aux affaires avait été salué comme l'ouverture d'une ère nouvelle dans les provinces néerlandaises. On allait le voir à l'œuvre ce tribun qui, pendant trente années, avait constarnment combattu pour une réforme constitutionnelle! Et quel concours de circonstances favorables rendait sa tâche plus facile! L'ancienne loi fondamentale, objet de ses longues attaques, s'était enfin affaissée sur elle-même. La nouvelle venait d'être promulguée aux acclamations d'une majorité nationale. Elle paraissait pleine de sève et d'avenir. L'opinion était calme et confiante. Des Chambres, composées d'hommes intelligents, capables, dévoués, offraient un point d'appui irrésistible. Rien de plus aisé, dans de telles conditions, que de gouverner sans se laisser aller, soit aux entraînements des novateurs, soit aux tendances contraires du parti rétrograde. Le moment était donc venu de compléter, par de bonnes lois, par une sage organisation du pays, Fapplication loyale des principes (trop longtemps méconnus ou dénaturés) de la justice distributive et de la liberté égale pour

tous.

Au contraire, qu'arrive-t-il? Tout d'un coup, le ministère, qui n'avait qu'à marcher dans une voie d'ordre et de réparation, s'arrête court. On s'étonne, il recule. On le presse, il se cabre. On veut le ramener, il s'éloigne On aperçoit cependant la main qui a courbé sous son influence ce fougueux coursier et qui, tour à tour, le retient ou le dirige jusque dans ses écarts.

M. Doncker-Curtius avait respiré l'air de la cour. Etourdi déjà de ses succès, plus orgueilleux qu'indépendant, facile à prendre par sa vanité, il avait prêté l'oreille aux flatteries, aux séductions de tout genre. On commença par miner sa popularité. Au lieu d'actes, on ne lui permettait plus que des discours. Quand il lui faliut sortir des phrases, il ne proposa que des projets détestables, manifestement destinés à d'inévitables échecs. Il n'avait pas encore vu le piége, qu'il y était tombé. Ceux qui l'y avaient poussé applaudirent à sa chute.

Cependant, ils avaient compté sur sa succession, et en cela ils furent trompés dans leur espoir. Le ministère qu'ils avaient rêvé, le pouvoir qu'ils avaient cru ressaisir leur échappèrent de nouveau. Du moins auraient-ils voulu en écarter

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