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BOIS EXPLOITÉ EN CHARBON DE BOIS POUR LES MINES DE LEADVILLE
A remarquer les souches qui émergent, le manque de reproduction
et, à droite, les effets de l'érosion.

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UNE CRÈTE COUPÉE A BLANC POUR UNE USINE DE DISTILLATION

Les sillons creusés par la descente des grumes facilitent sensiblement l'érosion.

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VUE GÉNÉRALE D'UNE VILLE EN PENSYLVANIE DONT LA POPULATION N'EST
QUE DE 40 HABITANTS APRÈS AVOIR ÉTÉ LONGTEMPS D'ENVIRON 600

A droite se voit la tannerie qui faisait la richesse de la ville.

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7 UNE AUTRE VUE DE LA TANNERIE MONTRANT PLUS NETTEMENT LE NOMBRE DES MAISONS QUI L'ENTOURENT

Toutes ces maisons sont abandonnées.

La valeur des propriétés a baissé considérablement depuis la disparition des bois.

Unis est défectueux. Au point de vue technique, il est évident que persister dans cette voie c'est épuiser les ressources de l'avenir, en ne laissant derrière soi que la ruine et la désolation. On répond à cela en invoquant la liberté, à laquelle serait dû le vaste essor industriel de l'Amérique. En admettant que cela soit prouvé, ce qui ne l'est pas,— pour le passé, cette liberté n'a plus sa raison d'être maintenant qu'on touche l'abîme du doigt. Il s'agit donc de substituer au plus vite, au système d'exploitation minière, un véritable Régime forestier.

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Et, pour cela, la première chose à faire est d'effectuer le départ des terres d'élection. Il est, en effet, ridicule de vouloir cultiver des sols qui ne sont aptes qu'à produire du bois; mais les études géologiques ne sont pas encore assez avancées pour que ce départ puisse s'effectuer ne varietur. Le mieux paraît donc être, en attendant, d'opérer une classification empirique qui tiendrait compte de toutes les circonstances économiques et matérielles spéciales à chaque région.

Certains Etats ont déjà donné l'exemple en créant des réserves forestières. Mais ces réserves forestières ne sont pas définitives. Elles doivent évoluer avec le temps. Certaines terres, par exemple, comprises dans les réserves et qui sont des terres agricoles d'élection pourront ultérieurement faire retour à la culture. Il y aura lieu de tenir compte, dans cette première classification, des besoins en bois des localités et des dangers d'érosion consécutifs à un déboisement trop intense. Dans les pays montagneux, une réduction de 20% dans le taux de boise ment occasionne des alternatives d'inondations et de sécheresses très nuisibles aux récoltes. On estime qu'il faut 100 acres de bois par tête d'habitant pour que le pays suffise à ses besoins.

Une fois cette classification des terres faite, on en assurera strictement l'application. Des impôts convenablement calculés empêcheront, par ailleurs, la spéculation et assureront le respect du nouvel état de choses établi.

Les massifs forestiers assis sur le terrain, on devra se préoccuper de leur aménagement. La première chose à faire sera de les protéger contre les incendies. Malgré les restrictions en vigueur, les dégâts annuels se montent encore à plus de 10 millions de dollars. Il faudra ensuite mettre ces terrains forestiers en rapport. Actuellement, il y a 100 millions d'acres qui sont totalement épuisés.

En leur attribuant seulement un rendement de un dollar par acre, c'est une perte sèche de 100.000.000 dollars pour la collectivité. Une somme au moins égale est encore perdue chaque année par suite de mauvaise exploitation.

Le reboisement artificiel de toutes les régions dévastées constitue une tâche énorme. Même en y consacrant seulement 5 à 10 dollars par acre, cela représente des centaines de millions de dollars qui ne rapporteront rien pendant longtemps. Il faut donc ne plus abattre d'arbre sans avoir assuré au préalable la régénération naturelle ou artificielle du sol. Et de ces deux modes de régénération, le moins coûteux est évidemment le premier. Il faut ensuite ne réaliser que la production du sol, et, pour cela, il est nécessaire de procéder par coupes successives et suivant un roulement qui assurera la pérennité de la forêt.

La majorité des massifs américains se prête fort bien à un pareil régime. Il suffira d'étendre suffisamment les exploitations pour permettre à une grande industrie de vivre et de prospérer.

Ainsi cesseront les spéculations qui n'ont qu'un temps, et la forêt sans cesse rajeunie fournira aux exploitants un matériel constamment renouvelé.

A cette mouvance constante de l'industrie forestière succédera un régime de stabilité, aussi précieux pour les populations que nécessaire au point de vue financier. La sylviculture, qui ne comporte que des placements à longue échéance, doit compenser l'infériorité du taux de placement par la sécurité de ce placement lui-même.

Mais un premier écueil se dresse devant toute réforme. Et, cet écueil, c'est la mainmise par les particuliers sur les forêts des Etats-Unis. Or les particuliers ne sont nullement enclins à se plier de gaîté de cœur devant les contraintes. Il faut donc que l'Etat exerce un contrôle sur les forêts privées, spécialement sur les forêts de montagne qui sont les gardiennes des sources, les protectrices des cours d'eau et les défenderesses du sol contre les érosions.

Un premier pas a déjà été fait dans cette voie en 1872 par la Constitution du Yellowstone Park. D'autres réserves ont été ensuite constituées. Et, aujourd'hui, 136 millions d'acres sont sous le contrôle du gouvernement fédéral et 3. 500 mille sous celui des différents Etats. Mais ce n'est là qu'une pierre d'attente. Il ne faut pas oublier, en effet, que 3/4 au moins des forêts américaines sont entre les mains des particuliers, et, si l'on veut les sauver, il faut agir et agir vite.

Et, pour finir, M. Dana résume comme suit et d'une manière saisissante les bienfaits, pour la collectivité, de la survivance des forêts:

Population stable,

Meilleurs moyens de communication,
Développement plus grand de l'Agriculture,
Réduction du chômage,

Revenus nouveaux dus à la chasse et au tourisme,
Approvisionnement assuré en bois pour les habitants,
Utilisation optima du sol,

Constitution d'agglomérations permanentes qui contribueront
puissamment au développement et à la richesse du pays.

Il est à peine besoin de faire remarquer que l'article de notre ami, M. Dana, s'inspire de ce qu'il a vu en France. Et je ne crois pas exagérer en disant que l'étude de nos procédés d'exploitation a grandement frappé l'esprit de nos camarades américains. Nos méthodes d'aménagement d'abord, notre utilisation rationnelle des bois ensuite ont dessillé bien des yeux. Au début, notre vieille civilisation apparut comme quelque chose de très vieux et de suranné, mais, la réflexion aidant, les meilleurs virent que notre façon d'opérer était étayée sur de fortes études, sur des besoins précis et en vue d'un but bien défini. Aussi, ce qui était primitivement tenu pour routine se révéla, en fin de compte, le résultat de longues et minutieuses observations. La Sylviculture française, celle des Nanquette, des Bagneris, des Boppe, des Broilliard, se montra nimbée d'une auréole particulièrement éclatante. Il nous plaît de voir ce rayonnement s'étendre jusqu'aux Etats-Unis. C'est la juste récompense des efforts développés par les Forestiers de terrain qui présidaient alors aux destinées de l'enseignement français.

Des idées de sagesse émises par M. Dana trouveront sûrement un accueil sympathique auprès du nouveau Directeur Général des Forêts américaines, M. le Colonel Greely. C'est the right man in the right place. Tous les forestiers français qui ont pu apprécier les hautes qualités de cœur et d'esprit du colonel Greely ont applaudi à ce choix d'un forestier pour diriger les destinées des forêts de son pays.

ALPH. MATHEY.

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