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CHRONIQUE FORESTIÈRE

Nouveau Ministère

Le cabinet Leygues ayant démissionné à la suite des interpellations du 12 janvier à la Chambre des Députés, un nouveau Ministère a été constitué par décrets du 16 et 17 janvier sous la présidence de M. Aristide Briand, député.

M. Lefebvre du Prey, député du Pas-de-Calais, a été nommé ministre de l'Agriculture en remplacement de M. J.-H. Ricard, et M. Puis, député de Tarn-et-Garonne, a été appelé comme sous-secrétaire d'Etat au même département en remplacement de M. Queuille. Le décret ci-après détermine les attributions du nouveau Sous-Secrétaire d'Etat.

Le Président de la République française.

Vu le décret du 17 janvier 1921, nommant un sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture,

Décrète :

Art. 1er. Le sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture a spécialement dans ses attributions, sous la haute autorité du ministre, les services relevant de la direction générale des Eaux et Forêts et de la direction des haras, ainsi que le service de la main-d'œuvre agricole.

Il a, en outre, la délégation permanente de la signature du ministre pour toutes les affaires des autres services que le ministre renvoie à sa décision et notamment pour la délivrance des ordonnances de payement et de délégation.

Art. 2.

Le ministre de l'Agriculture est chargé de l'exécution du présent décret.

Paris, le 24 janvier 1921.

Par le Président de la République :

Le ministre de l'Agriculture,

E. LEFEBVRE DU PREY.

A. MILLERAND.

L'exploitation en régie des forêts landaises.

Dans sa séance du 25 janvier, la Chambre des Députés a discuté la question de l'exploitation en régie des forêts domaniales de la région landaise. Elle a voté un premier crédit de 150.000 fr. ponr un essai de

cette forme d'exploitation à entreprendre par l'Administration des Eaux et Forêts.

Le rapport de M. Dariac, député, sur le budget de l'Agriculture.

Nous donnons ci-après quelques extraits du rapport présenté à la Chambre des députés au nom de la commission des Finances par M. Adrien Dariac sur le budget du ministère de l'Agriculture. Il déterminera peut-être le Parlement à se montrer moins parcimonieux dans les allocations budgétaires consenties à ce département.

D'abord, en ce qui concerne l'exode de nos campagnes, M. Dariac écrit:

Faute d'avoir rencontré ce véritable moteur du progrès économique que peut devenir une administration qui prévoit et qui réalise, la population agricole va sans cesse diminuant. Les statisticiens l'évaluent en 1886 à 46,6 0/0 du chiffre total des habitants; cette proportion s'abaisse à 45,4 0/0 en 1891, pour tomber à 43 n/o environ à l'heure douloureuse pour tous, et pour les agriculteurs en particulier, de l'ouverture des hostilités.

Pour aussi rapprochée de nous que soit cette époque, quels vides la guerre n'a-t-elle pas ouverts dans ce magnifique réservoir de laborieuses énergies que formaient nos 17 millions de paysans !

Ensuite, il montre que l'agriculture, dans ses budgets successifs, semble n'avoir reçu, vis-à-vis de l'ensemble des dépenses publiques, qu'une aide pécuniaire peu en rapport avec la richesse qu'elle crée et les capitaux qu'elle emploie.

En

1920, dit-il, la valeur de la propriété rurale non bâtie et bâtie s'élève pour le moins à 120 milliards, dépassant à elle seule le montant total des capitaux engagés par l'agriculture en 1912. Le capital d'exploitation formé de la valeur des animaux, des instruments, des semences et du fonds de roulement, représente pour 1920 environ 60 milliards, soit le triple de ce qu'il

était en 1912.

Combien paraît exigu auprès de ce total de 180 milliards le montant du budget des services administratifs chargés de gérer les intérêts d'une semblable fortune!

Si l'on envisage la valeur de la production annuelle végétale et animale, la disproportion n'est pas moins sensible; cette production, qu'on estimait avant à environ 18 milliards, peut être évaluée aujourd'hui, en raison de la hausse des prix, à plus de 40 milliards.

la

guerre

Que sont auprès de ces chiffres les budgets agricoles qui s'élèvent seule'ment au cours de la période 1882-1914 de 37.800.000 francs à 74.800.000 francs! Et enfin, ces considérations sur le budget de 1921 :

Pour ce qui concerne l'exercice 1921, l'évaluation des recettes s'élève à 78.566.000 francs, contre un budget de dépenses de 175.568.000 fr., dont 9.512.000 francs recouvrables.

(60 ANNÉE).

1 FEVRIER 1921.

II. - 4

Ces dépenses représentent-elles les encouragements nécessaires auxquels ont plus que jamais droit nos populations rurales, qui ont tant contribué, à travers les âges, à maintenir la France grande et forte? Sont-elles proportionnées au rôle essentiel que doit jouer l'agriculture dans l'avenir du pays? Nous ne le croyons pas.

L'organisation administrative des intérêts ruraux dans son ensemble répond-elle aux nécessités de la production agricole ? Est-elle adaptée aux aspirations de nos paysans et aux obligations qui chaque jour s'imposent plus complexes à la population de nos campagnes? Nous ne le pensons pas davantage...

Décret relatif à l'application de la loi du 5 août 1920 sur le crédit mutuel et la coopération agricoles.

Dans la Revue du 1er août 1920, nous avons fait connaître l'intérêt que pouvait avoir cette loi pour la mise en valeur des terres incultes par des travaux pastoraux ou forestiers et nous avons signalé les dispositions de l'art. 24 qui autorise,en faveur des sociétés coopératives, des avances au taux de 2 ojo pour une durée de 25 ans au maximum,cette durée pouvant être portée à 50 ans pour les sociétés coopératives de reboisement.

Un décret portant règlement d'administration publique en date du 9 février vient de déterminer les conditions d'application de cette loi. Nous signalerons l'art. 22 de ce décret relatif à l'amortissement des avances consenties. Une de ses dispositions porte que les sociétés coopératives de reboisement peuvent être autorisées à payer des amortissements réduits pendant les vingt-cing premières années au maxi

mum.

Nous n'avons pas besoin de souligner l'importance de cette disposition pour les travaux de reboisement.

Nous ajouterons que ce décret règle les dispositions relatives à l'Office national du Crédit agricole, à sa dotation, à son fonctionnement, enfin à son organisation financière.

Académie d'Agriculture.

E. C.

Élection.M. H. Lafosse, ancien Inspecteur général des Eaux et Forêt, est nommé membre titulaire dans la section de sylviculture.

L'Amour de la Forêt.

M. Paul Martin, secrétaire général de la section lorraine des Amis

des Arbres, poursuit sous une forme toute littéraire son active propagande forestière.

Sous ce titre « L'Amour de la Forêt », il vient de publier 1 une petite comédie en un acte, agréablement écrite, où la Forêt est glorifiée de toute manière, mais surtout dans l'influence morale qu'elle exerce sur l'âme humaine.

Le personnage principal est un jeune Garde général enthousiaste de son métier et de la vie rurale. « Chère sylviculture! s'écrie-t-il dans une éloquente tirade, consolante et réconfortante; semeuse d'oubli; mattresse de philosophie, qui nous aide à vivre heureux ; car elle nous apprend la palience, la modération de nos désirs, et l'amour de la vie simple, sans apprêts, sans vanité. »

Et ces mots me paraissent bien faire ressortir la pensée générale de cette petite pièce qui,comme le dit M. de Féraudy,de la Comédie-Française, dans une courte préface, présente un intérêt tout spécial et sera appréciée surtout par les Sylviculteurs.

Or donc ce jeune Garde général Lucien Delorme est aimé à la fois par une adorable jeune fille, Marguerite, fille du Docteur Lieutard, maire de Saint-Jean-l'Abbaye et Président de la Société forestière, et par une jeune veuve, la Comtesse de Liseul qui à sa séduction personnelle joint encore l'avantage de posséder une fortune d'un million, sans parler d'une très agréable maison de campagne, le chalet de Sylvia, entouré de la vieille forêt de Ramberchamp.

La situation de notre jeune forestier est vraiment délicate entre ces deux passions qui se disputent son cœur. I adore venir au chalet de Sylvia où il reçoit un si gracieux, un si aimable accueil. Il adore parcourir la belle forêt de Ramberchamp. Comme il ferait bon vivre dans ce beau domaine aux côtés d'une femme charmante; comme il aimerait à gérer, administrer, soigner ses magnifiques futaies! Mais la forêt lui a enseigné la modération des désirs. Il a su résister à toutes ces séductions. Son choix est fait. Il épousera la jeune fille au cœur simple, de condition modeste, mais si pleine d'attraits, de distinction, de jeunesse.

Mais alors que va-t-il advenir de la comtesse de Liseul éprise de ce jeune homme sans nom, sans fortune, mais si captivant par son talent, son intelligence, de ce forestier distingué autant que brillant poète qui a su, comme George Sand, mettre dans les arbres et dans les fleurs, toutes les poésies de ses pensées ? Comment supportera-t-elle

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la ruine de son rêve ? On pouvait craindre tout ce que le désespoir peut inspirer à une femme malheureuse. Il n'en sera rien. Tout se termine le mieux du monde. L'influence morale de la forêt agit aussi sur la jeune veuve; elle apaise ses regrets et la dispose à un sacrifice généreux. Elle prononce elle-même les fiançailles de Lucien et de Marguerite et comme cadeau de noce leur offre sa forêt de Ramberchand ! E. C.

Académie des Sciences.
(Séance du 24 janvier.)

Dans

Action nocive des feuilles mortes sur la germination. une note précédente, M. Auguste Lumière avait attribué, dans le phénomène de la stérilité hivernale de la terre, une grande importance à l'action des produits de désintégration provenant des feuilles mortes et des débris des plantes annuelles. Pour vérifier cette hypothèse, il a entrepris une série d'expériences dont il donne le résultat dans une note présentée par M. Bonnier. Il en résulte que les produits de cette désintégration, qu'elle soit spontanée ou provoquée, renferment des corps réducteurs qui s'opposent, en effet, à toute germination. Celle-ci est caractérisée, en effet, par des oxydations d'une grande intensité, elle n'est donc pas possible en l'absence d'oxygène. Or, au moment de la chute des feuilles et de la mort des plantes annuelles, le sol se trouve imprégné par les substances réductrices en question, lesquelles tendent à absorber l'oxygène pour leur propre compte et privent la graine de cet élément indispensable à sa levée. La terre demeurera donc stérile jusqu'au jour où l'oxygène atmosphérique, ayant pénétré dans le sol soit directement, soit par sa dissolution dans les eaux de pluie, aura complètement oxydé ces éléments réducteurs éminemment nocifs. Ce mécanisme permet de comprendre toute l'importance du labourage qui ramène à la surface les couches profondes imprégnées d'agents stérilisants dont l'action paralysante est ainsi plus complètement annihilée.

Néorologie.

M. Vivier, directeur de l'Ecole nationale des Eaux et Forêts, est décédé à Nancy le 25 janvier dernier, après une courte maladie; il avait encore fait un dernier cours à ses élèves le vendredi 21.

Il est mort littéralement à la peine, accablé par cette tâche au-dessus des forces humaines de cumuler la Direction de l'Ecole qui compte

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