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RÉCLAMATION DU RÉDACTEUR-GÉRANT DE L'AVENIR. 185

Nous nous engageons à concourir de tout notre pouvoir à la défense de ces principes constitutionnels, et au maintien des libertés ci-dessus énoncées; à user de nost droits civils et politiques dans ce but, nous promettant réciproquement, à cet égard, aide et secours par tous les moyens légaux, et adhérant, avec une résolution ferme, au présent acte d'union. En foi de quoi nous y avons apposé notre signature.

Les membres du comité de redaction de l'Avenir,
F. DE LA MENNAIS, prêtre; PH. GERBET, prêtre ;
H. LACORDAIRE, prêtre; C. DE COUX; Comte
CH. DE MONTALEMBERT; DAGUERRE; E. D'AULT-
DUMESNIL; Waille.

RÉCLAMATION DU RÉDACTeur-gérant DE L'AVENIR.

Nous lisons dans le Messager des Chambres la lettre suivante :

Au rédacteur du Messager des Chambres.

Monsieur,

Vous avez dit dans votre numéro d'hier que les doctrines de l'Avenir avaient été condamnées à Rome, et que, les rédacteurs de ce journal l'avaient eux-mêmes annoncé. Aucune condamnation, aucune improbatien directe ou indirecte, publique ou confidentielle du Saint-Siége ne nous est parvenue. Les rédacteurs de l'Avenir, loin d'affirmer un fait semblable, ont déclaré au contraire, en prenant momentanément congé de leurs lecteurs, que l'opposition politique à laquelle ils sont en butte s'étant appuyée sur le bruit, répandu par elle, d'une préten

due improbation du Saint-Siége, M. l'abbé de La Mennais, avec deux de ses collaborateurs, se rend à Rome, afin d'être à lieu de détruire, d'une manière qui ne laisse aucune excuse à la mauvaise foi, le principal prétexte dont on se soit servi pour égarer sur le compte de l'Avenir, l'opinion d'un grand nombre de catholiques.

Cette lettre n'ayant pour objet que la rectification des erreurs de fait qui vous étaient échappées, et qu'il nous importe de ne pas laisser s'établir, nous sommes persuadés, Monsieur, que vous n'hésiterez pas de l'insérer dans votre prochain numéro.

J'ai l'honneur, etc.

Le rédacteur-gérant de l'Avenir, Waille.

EXTRAIT de la correspondance particulière du BELGE.

Paris, 24 novembre 1831.

La suspension de l'Avenir a vraisemblablement produit plas d'effet en Belgique qu'ici, au moins dans le domaine politique. Croyez cependant qu'il y a beaucoup d'affectation dans les plaisanteries de certains libéraux, gens de pouvoir et qui ne trouveraient plus à l'exercer si tous les catholiques français, convertis aux idées de M. de La Mennais et de ses disciples, cessaient de comploter le retour de la famille déchue. Mais ce sont surtout les légitimistes qui ne peuvent pardonner à l'Avenir de leur avoir coupé l'herbe sous les pieds ou, pour parler sans figure, de leur avoir enlevé un moyen puissant d'agir sur les populations des campagnes, en faisant comprendre aux masses catholiques qu'à la rigueur Dieu peut se passer de Henri V pour ranimer le feu de l'autel et que la liberté, sous le gouvernement populaire, ramenée à ce principe, vaut mieux à tout prendre que la bienveillance précaire et dépopularisante d'un ministre, voir même d'un roi. Aussi la' Gazette e tutti

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quanti, ont elles annoncé comme certaine la condamnation de l'Avenir, quoique rien, dans la version donnée par cette feuille même des motifs de sa cessation, n'autorisât une supposition de cette nature.

La retraite de M. de La Mennais, et de ceux d'entre ses disciples qui appartiennent à la fois à l'Avenir et à l'Agence a été signalée par un dernier succès qui est fort remarquable. Le supérieur et les Trappistes de la Meilleray arbitrairement expulsés de leur couvent, avaient confié leur cause à l'Agence qui, non contente d'avoir obtenu leur réintégration, va sommer le gouvernement de justifier l'assertion que le cloître renfermait des fusils, des presses clandestines etc.; à défaut de quoi, l'épithète d'infâmes calomniateurs retombera d'aplomb sur qui de droit, c'est-à-dire sur les Montalivet, Barthe et leurs stipendiaires. Quelques frères anglais et irlandais, restés en Bretagne sous l'habit laïque, sont déjà rentrés dans leurs cellules et il en eût été de même des embarqués, si le consul britannique, plus zélé dans l'accomplissement de ses devoirs, avait, ainsi qu'il en était requis, fait les protestations et les réserves convenables dans l'intérêt de ses compatriotes. Le succès de l'Agence ne laisse pas que de faire comprendre dans les pieuses contrées de l'ouest que les catholiques conquerront plus facilement et plus complètement la sécurité civile et même la suprématie morale de leur culte en suivant les conseils de M. de La Mennais qu'en s'abritant sous le châle de Mãe de la Rochejaquelin......

Je ne dirai pas aujourd'hui qui sont les véritables instigateurs des persécutions suscitées par les évêques à l'Avenir. Ils ont entrepris chaque prélat séparément, et après avoir acquis la conviction que le plus grand nombre allait jusqu'à préférer l'oppression sous Henri V, à la liberté sans l'Eliacin, ils sugérèrent aux plus faibles d'insinuer à leurs ouailles que le souverain-pontife désapprouvait les hommes qui séparent la religion des vicissitudes de race et de partis. En Lorraine un évêque a prononcé l'interdiction ipso facto contre tout prêtre qui s'abonnerait dorénavant à l'Avenir; en Franche-Comté, un autre a refusé l'ordination aux séminaristes qui professeraient

les nouveautés; mais tout le séminaire avec les professeurs se déclarèrent pour Dieu et la Liberté. Puis des cancans à faire trembler les vieilles femmes des deux sexes: M. de La Mennais ne disait plus la messe que coëffé du bonnet phrygien ; M, de Montalembert avait déclaré qu'il embrasserait le lutheranisme du moment où la branche aînée remettrait les pieds en France etc.

Je vous épargnerai de fastidieux détails, mais tout cela ne laissa que de former une vaste conspiration telle que les hommes de notre époque savent en ourdir et que déconcerte un rayon de publicité.

A peine la suspension de l'Avenir et les desseins de M. de La Mennais furent-ils connus qu'aussitôt certaines censures subirent des modifications et cessèrent comme par enchantement de s'appuyer sur les sentimens du pape; des témoignages de regret et même des offres de service affluèrent au bureau de la part de certains catholiques qui, ne voulant se commettre sous aucun prétexte, à professer des opinions libérales, sont charmés néanmoins qu'on défende pour eux les droits de la conscience, quitte à leur tour de désavouer les doctrines de leurs défenseurs.

C'est un triomphe éclatant que M. de La Mennais va chercher à Rome. Au retour, l'Avenir reparaîtra.

M. l'abbé de Haerne, membre de la chambre des représen tans à Bruxelles, a reçu la lettre suivante qui lui a été adressée par un de ses amis de Paris.

Monsieur,

Paris, le 25 novembre 1831.

Le départ de nos amis MM. de La Mennais, Lacordaire, et de Montalembert, pour Rome, départ qui a eu lieu avant-hier au soir, ne m'a pas permis de vous répondre plutôt. Je partage tous vos regrets sur la suppression de l'Avenir et en vous le disant, j'exprime un sentiment que partagent aussi tous les rédacteurs de ce journal. Ils ont compris, ces messieurs, tout le mal que devait faire une démarche si décisive, si hardie,

si peu en rapport avec les idées du jour. Ils ne se sont point abusés sur aucun de ses inconvéniens, mais ils n'en ont pas moins persisté à la faire. C'est que réellement elle doit avoir des résultats immenses qui les dédommageront au centuple des embarras immédiats dont elle sera l'occasion. C'est que le triomphe de nos doctrines est assuré, si Rome parle, et Rome parlera. Car il faudra bien que le souverain-pontife déclare que nos doctrines sont fausses, ou bien qu'elles sont vraies, ou bien que leur développement est encore inopportun : dans la première hypothèse nous nous soumettons avec respect; dans la seconde, une ère nouvelle commence pour les catholiques, et dans la troisième, nous obtenons à-peu-près le même résultat que dans la seconde. Car que veut dire l'inopportunité? Que ce qui ne convient pas à certains intérêts temporels, convient admirablement aux intérêts éternels de l'Eglise.

Notre soumission fait notre force. Nous ne demandons pas telle ou telle décision, mais une décision quelconque; car ce qui nous importe n'est pas de savoir que la vérité est à notre droite ou à notre gauche, nous tenons seulement à apprendre où elle est.

Vous pouvez annoncer officiellement que le saint-père n'a condamné ni directement, ni indirectement les doctrines de l'Avenir. Toutes les prétendues anecdotes à ce sujet sont autant de mensonges. Le cardinal de Rohan, archevêque de Bésançon, publia, il y a quelques mois, un mandement daté de Rome, où il est encore, dans lequel il semblait condamner l'Avenir sans le nommer cependant. Un prêtre lui écrivit pour lui demander s'il avait voulu parler des rédacteurs de l'Avenir. On a fait en France un bruit extraordinaire de la réponse qui portait, disait-on, que non-seulement il avait entendu les condamner, mais encore qu'en cela, il ne faisait qu'exprimer la pensée bien souvent manifestée par le souverain-pontife. Or, voici ce que m'écrivit, le 15, de Bésançon, un vénérable ecclésiastique de ce diocèse :

>> Quant à Mgr. le cardinal, il a vraiment écrit une lettre particulière à un ecclésiastique qui l'a consulté, mais sa lettre au dire de plusieurs lecteurs, laisse entièrement la liberté

VII.

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