De la religion: considérée dans sa source, ses formes et ses développements, Volume 1

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De Mat, 1824 - Polytheism - 4 pages

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Page 29 - Cependant au milieu de ses succès et de ses triomphes, ni cet univers qu'il a subjugué, ni ces organisations sociales qu'il a établies, ni ces lois qu'il a proclamées, ni ces besoins qu'il a satisfaits, ni ces plaisirs qu'il diversifie, ne suffisent à son âme. Un désir s'élève sans cesse en lui et lui demande autre chose. Il a examiné, parcouru, conquis, décoré la demeure qui le renferme, et son regard cherche une autre sphère.
Page 152 - Entourées de nations civilisées, voisines de ce royaume de Méroé si connu par son sacerdoce , égal en pouvoir comme en science au sacerdoce égyptien, ces hordes sont restées dans leur abrutissement : les unes se logent sous les arbres, en se contentant de plier leurs rameaux et de les fixer en terre ; les autres tendent des embûches aux rhinocéros et aux éléphants, dont elles font sécher la chair au soleil ; d'autres poursuivent le vol pesant des autruches ; d'autres , enfin , recueillent...
Page 89 - Si la vie n'est, au fond, qu'une apparition bizarre, sans avenir comme sans passé, et tellement courte qu'on la croirait à peine réelle, à quoi bon s'immoler à des principes dont l'application est au moins éloignée? Mieux vaut profiter de chaque heure, incertain qu'on est de l'heure qui suit, s'enivrer de chaque plaisir, tandis que le plaisir est possible, et, fermant les yeux sur l'abîme inévitable, ramper et servir au lieu de combattre, se faire maître si l'on peut, ou, la place étant...
Page 30 - ... faut bien que cette disposition soit inhérente à l'homme, puisqu'il n'est personne qui n'ait, avec plus ou moins de force, été saisi par elle, dans le silence de la nuit, sur les bords de la mer, dans la solitude des campagnes. Il n'est personne qui ne se soit, pour un instant, oublié lui-même, senti comme entraîné dans les flots d'une contemplation vague, et plongé dans un océan de pensées nouvelles, désintéressées, sans rapport avec les combinaisons étroites de cette vie. L'homme...
Page 40 - Il veut pouvoir compter sur sa croyance ; il faut qu'il la retrouve aujourd'hui ce qu'elle était hier, et qu'elle ne lui semble pas, à chaque instant, prête à s'évanouir et à lui échapper comme un nuage. Il faut , de plus , qu'il la voie appuyée du suffrage de ceux avec lesquels il est en rapport d'intérêt , d'habitude et d'affection : destiné qu'il est à exister avec ses semblables, et à communiquer avec eux, il ne jouit de son propre sentiment que lorsqu'il le rattache au sentiment...
Page 3 - Si donc il ya dans le cœur de l'homme un sentiment qui soit étranger à tout le reste des êtres vivants, qui se reproduise toujours, quelle que soit la position où l'homme se trouve , n'est-il pas vraisemblable que ce sentiment est une loi fondamentale de sa nature ? Tel est , à notre avis , le sentiment religieux.
Page 17 - L'homme n'a besoin que de s'écouter lui-même, il n'a besoin que d'écouter la nature qui lui parle par mille voix , pour être invinciblement porté à la religion. Sans doute aussi, les objets extérieurs influent sur les croyances : mais ils en modifient les formes , ils ne créent pas le sentiment intérieur qui leur sert de base.
Page 29 - Il est devenu maître de la nature visible et bornée, et il a soif d'une nature invisible et sans bornes. Il a pourvu à des intérêts qui , plus compliqués et plus factices , semblent d'un genre plus relevé. Il a tout connu, tout calculé, et il éprouve de la lassitude à ne s'être occupé que d'intérêts et de calculs. Une voix crie au fond de lui-même? et lui dit que toutes ces choses ne sont que du mécanisme, plus ou moins ingénieux, plus ou moins parfait, mais qui ne peut servir de...
Page 154 - Perse, l'Arabie, l'Ethiopie et l'Egypte, nous trouvons partout des usages pareils, des cosmogonies semblables, des corporations, des rites, des sacrifices, des cérémonies, des coutumes et des opinions, ayant entre elles des conformités incontestables; et ces usages, ces cosmogonies, ces corporations, ces rites, ces sacrifices, ces cérémonies, ces opinions, nous les retrouvons en Amérique , dans le Mexique et dans le Pérou.
Page 31 - Tout ce qui au physique tient à la nature , à l'univers , à l'immensité ; tout ce qui au moral excite l'attendrissement et l'enthousiasme; le spectacle d'une action vertueuse , d'un généreux sacrifice , d'un danger bravé courageusement , de la douleur d'autrui secourue ou soulagée, le mépris du vice , le dévouement au malheur , la résistance à la tyrannie , réveillent et nourrissent dans l'âme de l'homme cette disposition mystérieuse...

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