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a passé de l'esclavage à la liberté, et reprendra bientôt son ancien renom parmi les peuples indépendans. La Hollande marche à grands pas vers le même but. L'Italie seule doit-elle rester sous le joug? Seuls entre tous les peuples, les Italiens doivent-ils porter les armes contre leurs frères pour un tyran, pour l'asservissement de leur patrie?

Italiens, ne tardez pas plus long-temps, soyez Italiens. Toi principalement, armée d'Italie, le sort de ta patrie est entre tes mains. Soldats d'Italie, nous ne vous appelons pas pour venir à nous, nous vous appelons pour que vous fassiez valoir vos droits et que vous recouvriez votre liberté. Si vous nous demandez, nous viendrons. Nos efforts réunis tendront à ce que l'Italie redevienne ce qu'elle fut dans ses plus beaux jours, ce que l'Espagne est aujourd'hui.

Livourne, 14 mars 1814.

Signé G. BENTink.

XLII.

Déclaration des Puissances alliées sur la rupture du congrès de Châtillon-sur-Seine, le 16 mars 1814 (1).

LES puissances alliées se doivent à elles-mêmes, à leurs peuples et à la France, d'annoncer publiquement, dans le moment de la rupture des conférences de Châtillon, les motifs qui les ont portées à entamer une négociation avec le gouvernement françois, et les causes de la rupture de cette négociation.

Des événemens militaires, tels que l'histoire aura peine à en recueillir dans d'autres temps, renversèrent, au mois d'octobre dernier, l'édifice monstrueux compris sous la dénomination d'Empire françois; édifice politique fondé sur les ruines d'états jadis indépendans et heureux, agrandi par des provinces arrachées à d'antiques monarchies, soutenu au prix du sang, de la fortune et du bien-être d'une génération entière. Conduits par la victoire sur le Rhin, les souverains alliés crurent devoir exposer de nouveau à l'Europe les principes qui forment la base de

(1) Cette déclaration a été publiée en françois.

nce, leurs vœux et leurs déterminations. s de toute vue d'ambition et de conquête, du seul désir de voir l'Europe recons

Dune

une juste échelle de proportion entre Liances, décidés à ne point poser les armes voir atteint le noble but de leurs efforts, · manifestèrent la constance de leurs intentions acte public, et ils n'hésitèrent pas à s'exgouvernement ennemi dans conforme à leur immuable détermina

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vis-à-vis du

gouvernement françois se prévalut des excations franches des cours alliées pour témoides dispositions pacifiques. Il avoit besoin doute d'en emprunter les apparences, pour tifier aux yeux de ses peuples les nouveaux qu'il ne cessoit de leur demander. Tout -orts qu'il endant prouvoit aux cabinets alliés qu'il ne

oit qu'à tirer parti d'une négociation apparente,

ans l'intention de disposer l'opinion publique en faveur, et que la paix de l'Europe étoit loin core de sa pensée.

Les puissances, pénétrant ces vues secrètes, se idèrent à aller conquérir, sur le sol même de France, cette paix tant désirée. Des armées breuses passèrent le Rhin; à peine eurent

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franchi les premières barrières, que le mi

nistre des relations extérieures de France se présenta aux avant-postes. Toutes les démarches du gouvernement françois n'eurent plus dès lors d'autre but que de donner le change à l'opinion, de fasciner les yeux du peuple françois sur sest véritables pensées, et de chercher à rejeter sur les alliés l'odieux des malheurs inséparables d'une guerre d'invasion.

La marche des événemens avoit donné à celte époque aux grandes cours le sentiment de toute la force de la ligue européenne. Les principes qui présidoient aux conseils des souverains alliés, dès leur première réunion pour le salut commun, avoient reçu tout leur développement. Rien n'empechoit plus qu'ils n'énonçassent les conditions nécessaires à la reconstruction de l'édifice social. Ces conditions ne devoient plus, à la suite de tant de victoires, former un obstacle à la paix. La seule puissance appelée à placer dans la balance de la paix des compensations pour la France, l'Angleterre, pouvoit énoncer avec détail les sacrifices qu'elle étoit prête à porter à la pacification générale. Les, souverains alliés pouvoient espérer enfin que l'expérience du passé auroit influé sur un conquérant en butte aux reproches d'une grande nation, et, pour la première fois dans sa capitale, témoin de ses souf

TOME II.

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frances. Cette expérience pouvoit l'avoir conduit au sentiment que la conservation des trônes se lie essentiellement à la modération et à la justice. Toutefois, les souverains alliés, convaincus que l'essai qu'ils feroient ne devoit pas compromettre la marche des opérations militaires, convinrent que ces opérations continueroient pendant la négociation. L'histoire du passé et de funestes souvenirs leur avoient démontré la nécessité de cette marche.

Leurs plénipotentiaires se réunirent à Châtillon avec celui du gouvernement françois.

Bientôt les armées victorieuses s'avancèrent

les

jusqu'aux approches de la capitale. Le gouvernement ne songea dans ce moment qu'à la sauver d'une occupation ennemie. Le plénipotentiaire de France reçut l'ordre de proposer un armistice fondé sur des bases conformes à celles que cours alliées jugeoient elles-mêmes nécessaires au rétablissement de la paix générale. Il offrit la remise immédiate de places fortes dans les pays que la France céderoit, le tout à la condition. d'une suspension des opérations militaires.

Les cours alliées, convaincues par vingt années d'expérience que, dans les négociations avec le cabinet françois, les apparences doivent être soigneusement séparées des intentions décli

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