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pour une somme égale à cette valeur, en y com prenant les frais de transport, et que cette quittance seroit reçue en déduction des sommes dues encore à la France par la Prusse. L'Empereur ratifia cette convention, en rejetant trois articles proposés par la Prusse, et donna à entendre que la fixation du prix peu avantageux pour la France l'avoit quelque temps fait hésiter à donner sa ratification. Certes, la Prusse n'eût pas mieux demandé que d'être dispensée de cette estimation, de cette vente et de cette confiscation. Les avantages graduels, mais sûrs et inappréciables d'un commerce libre, et de la confiance des sujets dans l'équité du gouvernement, lui étoient plus précieux que cette mesure exagérée. Au reste, l'on n'a terminé qu'au commencement de 1812, à Magdebourg, la livraison des cargaisons confisquées et vendues.

La sollicitude de l'Empereur à protéger le continent contre l'Angleterre, par la destruction totale de son commerce d'importation en denrées coloniales et en marchandises angloises, s'étendit enfin à l'exportation des productions du continent elles-mêmes. Prétextant le désir de favoriser cette exportation, et seulement pour empêcher que par ce moyen l'Angleterre ne pût, sans des sacrifices considérables, se procurer les

choses de première nécessité, l'Empereur des François fit, en juillet 1811, sommer le gouvernement prussien d'adopter un tarif de droits qu'il venoit d'établir en France sur l'exportation du blé et du bois de construction. Il fallut que la Prusse, par une ordonnance du 26 juillet 1811, fixát le droit d'exportation sur ces articles à trentedeux écus douze gros par last; mais par suite elle fut autorisée à réduire, le 2 août 1811, ces droits exorbitans à seize écus six gros pour le froment, et à huit écus trois gros pour le seigle et les autres grains. Mais comme les droits sur le bois restèrent les mêmes, la Prusse, dont la principale exportation consiste en bois et en grains, se seroit vue par la suite dans l'impossibilité de tirer parti des richesses de son sol (1), si le gouvernement n'avoit pas usé de ménagemens dans la levée des droits. Mais quelle position déplorable pour cette puissance, d'être obligée, mème pour le système de ses impôts intérieurs,

(1) Il étoit démontré par le fait que, par exemple, un négociant de Memel qui eût voulu alors expédier du bois de construction pour un autre port d'Europe, et l'y vendre au prix ordinaire, ayant déjà payé en Prusse 32 écus 12 gros de droits par last, au lieu de retirer du bénéfice de la vente de son bois, eût éprouvé une perte réellé de 2 écus 14 gros par last.

TOME II.

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à l'exception de leur solde, entretenues pour le compte de la Prusse, qui devoit aussi être chargée de l'approvisionnement des trois places. » Ceci avoit été réglé par une convention postérieure, signée le 12 novembre 1868, qui disoit que tant que des garnisons françoises occuperoient ces places, l'administration des revenus et celle de la justice y resteroient au Roi de Prusse, et que la police y seroit entre les mains du commandant françois; qu'il seroit établi sept routes militaires pour les troupes françoises, savoir ! De Glogau à Custrin; De Custrin à Stettin; De Stettin à Stralsund;

De Stralsund à Magdebourg;

De Stéttin à Dantzig;

De Glogau à Kalisch;

De Glogau en Saxe;

et des postes de correspondances françoises sur

toutes ces routes.""

Indépendamment de ces sept routes, il en existoit déjà, entre la Saxe et le grand-duché de Varsovie, conformément à la convention d'Elbing, du 13 octobre 1808, une autre qui passoit par Crossen et Crossen et Zullichau; le 26 avril 1811 il fallut que la Prusse s'obligeat encore à établir une nouvelle route militaire entre Stettin et le

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Mecklenbourg, et le 4 juin 1811, une autre entre Stettin et Dantzig au lieu de l'ancienne, et deux routes subsidiaires entre ces places et Varsovie; celles-ci passoient par Deutsch-Krone et Konitz, Il finit donc par y avoir à l'usage des troupes françoises onze routes militaires qui traversoient les états prussiens dans toutes les directions.

La Prusse, fidèle aux conventions, et se reposant sur leurs clauses, réunissoit tous ses efforts pour payer le plus tôt possible sa contribution de guerre, af afin de recouvrer ses places fortes et son indépendance. Vain espoir! Le gouvernement prussien ayant, dans les premiers jours de l'année 1811, fait connoître à Paris que le paiement de la moitié des contributions étant presque entièrement effectué, il espéroit bientôt obtenir la restitution de Glogau; on lui répondit qu'il étoit encore loin de pouvoir demander cette restitution, puisque, pour avoir acquitté la moitié des contributions, il lui restoit encore à payer les intérêts de cette dette et divers frais mis à sa charge par la France. Le gouvernement prussien ayant, dans le courant de cette même année, satisfait aussi à cette nouvelle prétention, et acquitté la moitié de toutes les sommes qu'il devoit, réglées d'après le calcul même de la France, crut pouvoir renouveler sa demande;

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