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rps, commandé d'abord par le général de rawert et ensuite par le général d'York, a remi son devoir.

Malgré ces services rendus à la cause de la rance, les autorités françoises laissèrent ce corps uxiliaire souffrir du manque de plusieurs choses. écessaires. Elles ne permirent même pas que la Courlande prit, comme les autres provinces occupées par les armées françoises, des mesures pour lui fournir ce dont il avoit besoin, excepté les vivres. Les gouverneurs françois établis à Konigsberg et à Pillau s'arrogèrent le droit de mettre sous le séquestre les armes et les munitions déposées à Pillau pour son usage, et de disposer du bataillon de réserve rassemblé dans la Prusse orientale

pour le tenir au complet.

Contradictoirement à l'article 8 de la seconde convention du. 24 février, les gouverneurs françois placés sur la ligne d'opération, et même les commissaires civils de l'Empereur dans la Prusse orientale, crurent pouvoir administrer cette province à leur fantaisie, et la regardèrent comme un pays conquis, où ils étoient les autorités suprêmes.

L'article 2 de la troisième convention du 24 février stipuloit que « le commerce de cabotage entre Lubeck et Memel seroit protégé de la ma

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¿fficace; » les autorités françoisese treut tout le contraire. Elles fermèrent, propre mouvement, les ports d'Elbing, niau, de Koenigsberg, de Memel à tous les vires sans exception. Le gouverneur de Kœugsberg imposa même un droit considérable sur es marchandises, ce qui finit d'anéantir le peu de commerce qui existoit encore après le système continental.

Indépendamment de ce que les autorités françoises, contradictoirement aux conventions, paralysoient l'administration prussienne et l'industrie de la nation, le pays étoit encore foulé par la marche et par le séjour de tant de troupes françoises et alliées, par leur entretien à la charge des habitans, et par les fournitures régulières mais énormes que le gouvernement prussien devoit faire pour procurer aux François les moyens de combattre la Russie.

Depuis la signature des conventions du 24 février, toutes les provinces prussiennes, à l'exception d'une partie de la Silésie (1), déclarée neutre, et des forteresses de Colberg et de Graudentz, devoient être évacuées par les garnisons prus

(1) Savoir la Haute-Silésie, le comté de Glatz, et les principautés de Breslau, d'Oels et de Brieg.

ennes, et, y compris Berlin et Koenigsberg, ainsi ue les forteresses de Spandau et de Pillau, quoique celles-ci ne fussent pas même mentionnées ans les conventions, ouvertes aux troupes Françoises qui inondèrent le pays. Trois grandes routes militaires, partant de la Vistule, furent établies, par ordre des gouverneurs françois, dans la Prusse occidentale et orientale, afin que la plus grande partie des troupes destinées contre la Russie, même celles qui venoient de Varsovie et de Thorn (1) pussent se réunir dans cette province, et marcher par Gumbinnen vers la frontière russe. Soixante-trois lieux d'étapes furent placés dans les villages les plus convenables de toutes les provinces, et sur toutes les routes tant soi peu praticables pour les marches militaires, afin de recevoir les soldats et leurs chevaux, et de leur fournir le logement et les vivres.

Depuis le commencement du mois de mars 1812, jusqu'à l'hiver suivant, quatre cent quatrevingt-deux mille hommes de troupes françoises et alliées et quatre-vingt mille chevaux ont successivement traversé la Prusse, la plupart dans sa plus grande longueur, et durant les trois mois

(1) C'est ainsi qu'on épargnoit le grand-duché de Varsovie aux dépens de la Prusse.

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qui précédèrent le 23 juin 1812, jour auquel les L armées réunies passèrent le Niémen; la moitiébut de toutes ces troupes s'est arrêtée et a été cantonnée o dans ce pays.

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L'entretien journalier de ces troupes durant leur passage et leur séjour en Prusse ne devoit en pas, suivant l'article 9 de la convention du 24 février, être entièrement à la charge de la Prusse, puisque le montant des réquisitions, faites au besoin par les commandans et les commissaires françois aux autorités de ce pays, devoit être réglé tous les trois mois pour être déduit de ce que la Prusse devoit encore pour la contribution de guerre, ou payé à la fin de la campagne. dépendamment de la teneur de cet article, le gouvernement prussien se fioit aussi aux assurances données par M. le Duc de Bassano à M. de Beguelin, que l'entretien des troupes françoises sur le territoire prussien seroit fourni par les grands magasins établis dans ce pays pour l'armée, et que les réquisitions n'auroient lieu qu'en cas de besoin, et pour aider à surmonter des difficultés passagères. Ce gouvernement fut encore une fois victime de sa confiance dans des promesses semblables, et de sa bonne volonté à faire tout ce qui pouvoit faciliter les opérations de l'armée françoise,

Les demandes des commissaires françois, surtout dans la Prusse orientale et occidentale, avoient souvent lieu sans le concours des autorités du pays, conséquemment sans connoissance suffisante des localités et des facultés de chaque endroit, et sans ordre ; ce qui étoit extrêmement onéreux pour les habitans. Les soldats se permettoient chaque jour, envers les paysans et les bourgeois chez lesquels ils demeuroient, des vexations et des dégâts qui l'emportoient de beaucoup sur le fardeau des réquisitions régulières. Bientôt la coutume que chaque personne qui avoit un soldat à loger devoit aussi le nourrir, devint une règle générale.

Il n'est plus possible d'évaluer le nombre de journées de nourriture fournies par les Prussiens aux troupes françoises et alliées, ni le montant de tous les frais et de toutes les dépenses qu'elles ont occasionés à la Prusse, tant pour leur entretien-journalier, que pour la fourniture des voitures, extrêmement onéreuse pour le pays plat, et par d'autres charges, sources de perte pour les habitans. On peut cependant s'en faire une idée d'après quelques données authentiques. On sait par exemple, d'après un compte dressé par les autorités du pays, que le corps d'armée

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