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surer leur paix et leur tranquillité intérieure,
en leur accordant seulement la moitié de la
somme promise, et en créant une commission
pour régler les comptes; qu'alors le Roi pourroit
au moins exposer à ses peuples que la France
connoissoit toute l'étendue de leurs sacrifices, et
ne demandoit rien au-delà de ce qui avoit été
convenu par les conventions; que si l'on ne don-
noit pas
à la Prusse des espérances solides et po-
sitives, on avoit à redouter de tristes catastrophes;
que la position actuelle des choses ne permettoit
pas à la Prusse de rester plus long-temps dans
l'incertitude sur l'issue de sa demande au sujet
des sommes dont elle sollicitoit la restitution;
que la réalité seule pouvoit sauver cette monar-
chie; que toute promesse vague et de simples
projets de secours ne devoient lui paroître que
des réponses négatives.

Ces représentations ne procurèrent au pléni-
potentiaire prussien que des marques demécon -
tentement du gouvernement françois.

le

On ne peut pas ici passer sous silence que même plénipotentiaire demanda aussi inutilement la remise de plusieurs gages donnés pendant la dernière guerre par les états de Brandebourg pour la contribution de guerre, mais que la convention du 8 septembre 1808 avoit rendus

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inutiles; il n'obtint pas non plus la restitution des actes de garantie dressés par les etats de toutes les provinces prussiennes, en conformit de la convention précitée pour la sûreté et le règlement des contributions, quoique cette resttution eût été promise expressément par Taticle 12 d'une nouvelle convention du 24 fevrier 1813.

Le gouvernement prussien ne pouvoit donc plus espérer que l'Empereur des François lui rendit justice. Devoit-il se cacher plus long-temps l'abime dans lequel l'alloient entraîner sa rectitude et sa ponctualité à remplir ses obligations, à satisfaire à des fournitures énormes de tout genre, et sacrifier ses dernières ressources aux vues ambitieuses d'un gouvernement qui ne l'en avoit récompensé par aucun retour? La terrible catastrophe que le ciel même sembloit avoir amenée pour décider l'issue d'une guerre injuste ne devoit-elle pas lui paroître un pronostic favorable, et la faire penser à recouvrer sa liberté et son indépendance?

Avant de s'en occuper, le gouvernement prussien n'a négligé aucun moyen de faire naître chez l'Empereur Napoléon des intentions plus équitables.

Le Prince de Hatzfeld futencore envoyé à Paris

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en janvier 1813, pour s'y entendre avec le gouvernement sur les derniers événemens de la guerre relatifs au corps d'armée prussien, et pour appuyer les représentations de MM. de Krusemark et de Beguelin. Mais tous leurs efforts réunis ne produisirent rien. On connoît les, notes pressantes remises aux ministres de l'Empereur Napoléon par le Prince de Hatzfeld et le général de Krusemark, d'après un ordre du Roi du 13 février, ainsi que celle que le chancelier d'état Baron de Hardenberg remit le 15 du même mois au Comte de Saint-Marsan, ambassadeur de France à Berlin. L'Empereur des François n'a daigné faire une réponse définitive à aucune de ces notes. La Prusse n'obtint donc ni le remboursement de ses énormes avances, ni seulement des à - compte, non plus que le redressement des autres griefs.

Sur ces entrefaites, les armées victorieuses de la Russie avoient pénétré dans la Prusse orientale, et le 5 janvier 1813 étoient entrées dans Konigsberg. Elles occupèrent bientôt toutes les provinces prussiennes jusqu'à la Vistule et à l'Oder. La Marche électorale de Brandebourg, Berlin même, capitale de la monarchie, et la Silésie alloient aussi être occupées, et la France n'avoit encore donné à la Prusse aucune réponse

TOME II.

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sauvement à ses griefs et à ses demandes; elle bandonnoit entièrement cet etat à sa destinée.

Le tableau que l'on vient d'exposer prouve manifestement que la Prusse n'avoit rien à espérer de l'amitié, de l'équité, de l'humanité de Empereur Napoléon ; que par conséquent, après avoir long-temps gémi dans l'esclavage, elle deet enfin briser des fers qui eussent ajouté l'ignominie à tous les maux dont elle souffroit.

PRÉCIS

DE LA CAMPAGNE DE 1813

JUSQU'A L'ÉPOQUE DE L'ARMISTICE (1).

LA Prusse commença ses armemens au mois de janvier 1813. Vers la fin de mars l'armée de Silésie avoit été portée à vingt-cinq mille hommes, sans compter les garnisons des places fortes

(1) Cette pièce, qu'on attribue à M. de Gneisenau, général très-distingué, n'est pas officielle, et c'est pour cela que nous nous sommes permis de l'abréger; mais elle est faite sur des matériaux authentiques. Elle ne se contente pas de rapporter historiquement les événemens de cette campagne, mais elle fait voir avec quels moyens les deux puissances alliées, la Russie et la Prusse, ont exécuté ce qu'elles ont fait; elle développe les vues et les plans des hommes d'état et des généraux qui dirigoient les cabinets et les conseils de guerre; elle prouve que, sans compromettre le salut de leurs empires, et par conséquent la sainte cause de l'indépendance de l'Europe, assurée par la délivrance de la France, les Princes alliés ne pouvoient risquer des batailles déci sives au commencement de la campagne de 1813. Il fallut avant tout recréer la puissance prussienne, et refaire les armées russes épuisées par leurs victoires et leurs mar

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