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notre souverain, qui, ne se laissant pas abattre par ses infortunes précédentes, et fermant l'oreille aux discours d'hommes sans courage, a pris les armes pour l'honneur et l'indépendance de son peuple ; rendons grâces à l'Empereur d'Allemagne, qui, sans avoir égard à un lien serré par la contrainte, s'est déclaré intrépidement pour l'indépendance de l'Allemagne et de la Prusse.

La campagne va se rouvrir; que les grands talens militaires de l'Empereur Napoléon ne nous fassent pas désespérer du succès. Quiconque a assisté aux batailles de Gross - Gorschen et de Bautzen a dû se convaincre qu'à nombre égal nous eussions remporté la victoire.

Le moment approche où toutes les indécisions vont être levées; espérons fortement que la cause de la justice triomphera.

AFFAIRES DE LA SUÈDE EN 1813.

N° I.

Rapport de M. d'Engestrom, ministre des affaires étrangères de la couronne de Suède, adressé au Roi le 7 janvier 1813, et suivi de onze pièces justificatives.

SIRE,

Je viens remplir aujourd'hui les ordres que V. M. m'a donnés de lui faire un rapport sur les relations politiques de la Suède avec la France depuis deux ans.

Rien n'honore plus une nation que la publicité que le gouvernement donne à ses actes diplomatiques, et rien n'est plus propre à consolider l'accord du monarque avec son peuple que cette communication franche des secrets de la politique. Tout patriote trouvera, dans le compte que V. M. m'a ordonné de lui rendre, une nouvelle preuve de l'estime de son souverain pour ses lumières, et son amour pour la patrie. La nation verra dans les pièces qui sont annexées à ce rapport, et dont V. M. a voulu qu'elle eût connoissance, la marche qu'a suivie le gouvernement pendant la sanglanté tragédie qui continue de dévaster l'Europe.

TOME II.

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Les rapports Bretagne n'avoient pas encore, à la fin de novembre 1810, pris un caractère d'hostilité ouverte. Le commerce de la Suède, quoique limité dans son activité, surtout par la paix de Paris, n'étoit cependant pas encore interrompu, grâce à la modération du cabinet anglois.

e la Suède avec la Grande

Les manifestations de malveillance de la part de la France, qui dans le cours de 1810 menacèrent souvent de devenir des prétentions sérieuses, parurent d'abord se borner au maintien sévère des principes du système continental dans la Poméranie; mais elles se dirigèrent ensuite ouvertement contre la Suède, et l'on porta l'exigence jusqu'à vouloir exclure les Américains de nos ports. V. M. réussit, ce nonobstant, à en détourner les suites par sa modération et par sa persévérance.

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Il étoit néanmoins à présumer que cette situation heureuse, en offrant à la Suède les moyens de réparer ses forces épuisées par une guerre destructive ne pourroit pas continuer ainsi. L'Empereur Napoléon avoit établi pour l'Europe subjuguée la règle péremptoire, qu'il ne reconnoissoit pour amis que les ennemis de la GrandeBretagne; que la neutralité, autrefois le boulevard des états foibles dans la lutte des plus puis

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sans, cessoit maintenant d'avoir un sens sérieux; et que toutes les combinaisons de la politique, tout sentiment de dignité devoient disparoître devant la toute-puissance des armes d'une volonté indomptable.

I

Au commencement de novembre 1810, et peu de jours avant la séparation des États du royaume, une dépêche de M. le Baron de Lagerbielke arriva de Paris: elle contenoit les détails d'une conversation qu'il avoit eue avec S. M. l'Empereur des François, et dont le résultat étoit que V. M. auroit à choisir entre l'interruption de ses rapports avec la France et une déclaration de guerre formelle contre l'Angleterre. Le ministre de France Stockholm, M. le Baron Alquier, présenta une note dans le même sens, et exigea une réponse catégorique dans l'espace de cinq jours, menaçant de quitter la Suède şi le gouvernement n'obtempéroit pas à la volonté de son maître.

Lorsque V.M., dans un moment aussi urgent, fixa ses regards sur la position intérieure et extérieure du royaume, elle n'y trouva pas de moyens de prendre une décision libre : les puissances du continent ne suivoient alors que l'im pulsion de la France, et la saison éteignoit tout espoir d'être assisté par l'Angleterre, en cas que

semblable, pour les obligations et pour le but, à celle qui a réuni les forces de l'Allemagne sous la domination françoise. Mais V. M. n'ayant pas jugé conforme à sa position ni à ses droits de répondre affirmativement, on renouvela bientôt après l'ancienne proposition pour une alliance particulière avec la France. Quoique M. le Baron Alquier n'eût annoncé que verbalement le désir de l'Empereur son maître à cet égard, il exigea cependant une réponse par écrit, et regarda la difficulté de l'obtenir comme une marque de l'indifférence du gouvernement suédois pour le système françois.

V. M. pouvoit sans doute exiger aussi qu'on lui fit une communication plus ample, et surtout écrite, des véritables dispositions de l'Empereur Napoléon à l'égard de l'alliance projetée; et quoiqu'il fût à craindre qu'une réponse par écrit, exigée sur une ouverture faite verbalement, n'eût d'autre but que d'être montrée à Saint-Pétersbourg pour prouver que la Suède étoit en tout dépendante de la France, V. M. résolut pourtant de fermer les yeux sur ces considérations, et s'attacha à ne négliger aucun moyen qui pourroit éxciter l'intérêt de l'Empereur des François pour la Suède; à cet effet, une, note fut remise au ministre Alquier, dans laquelle V. M. manifesta

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