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nir contre les violences des corsaires fut renouvelée. Le bâtiment le Mercure et son équipage furent mis à la disposition du chargé d'affaires de France à Stockholm.

Le chargé d'affaires de V. M. à Paris exécuta ce qui lui avoit été ordonné. Le ministre de France donna l'espérance que les représentations de la Suède seroient écoutées, et que les griefs dont elle se plaignoit seroient examinés avec une impartiale justice. Lorsque V. M. se livroit à l'espérance consolante de voir enfin disparoître tous les motifs d'éloignement entre les deux cours, par une application, loyale et généreuse du gouvernement françois, V. M. apprit que déjà, dès le commencement de l'automne, le Prince d'Eckmühl, commandant les troupes françoises dans le nord de l'Allemagne, avoit annoncé qu'il feroit entrer ses troupes dans la Pomeranie et l'île de Rugen, aussitôt que les glaces le permettroient. Les instructions que le commandant suédois avoit reçues garantissoient à V. M. que ses troupes défendroient ses possessions allemandes contretoute aggression étrangère. Malheureusement l'astuce prévalut sur le devoir; le courage des troupes suédoises fut paralysé par la foiblesse de leur chef, et la Pomeranie fut envahie. Les événemens qui depuis lors ont eu lieu dans cette province

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ont été rendus publics, afin qu'on ne se méprit pas sur la véritable nature de cette démarche extraor dinaire, et sur l'air amical que la France affectoit pour détourner l'opinion qui devoit résulter d'une entreprise aussi hasardée.

L'entrée des troupes françoises en Pomeranie fut immédiatement suivie de l'arrestation des employés de V. M. dans cette province. Ils furent conduits dans les prisons d'Hambourg. Lå, oǹ les menaça de la mort on tâcha vainement de les obliger, par des promesses séductrices, à rompre leurs sermens : les dernières ressources du pays furent épuisées par des contributions énormes; on força, par des coups de canon, les bâtimens de V. M. à rester dans les ports de la Poméranie, et on les arma de suite en course; les emplois publics de la province furent occupés par des agens françois, et finalement deux régimens suédois furent désarmés et envoyés en France comme prisonniers de guerre.

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Pendant que ces hostilités s'exerçoient dans la Pomeranie, on arrêtoit les postes suédoises à Hambourg, et on y faisoit des perquisitions secrètes pour y découvrir les sommes que les Suédois y possédoient. Le chargé d'affaires de V. M. à Paris, privé de toute nouvelle de la Suède, eut bientôt, par la voix publique, la certitude de l'en,

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trée des troupes françoises dans la Pomeranie. Il présenta en conséquence une note au Duc de Bassano, pour obtenir des éclaircissemens sur cette occupation. On lui demanda si c'étoit par ordre du Roi son maître qu'il faisoit cette représentation, et lorsqu'il eut déclaré que dans une affaire de cette importance il avoit cru devoir prévenir les ordres de sa cour, le Duc de Bassano observa qu'il falloit les attendre avant qu'il pût s'expliquer sur l'objet principal.

Dans cet état de choses, le premier soin de V. M. devoit être de s'assurer des dispositions des puissances, dont l'influence étoit la plus intéressante pour la Suède, et de se préparer, par de nouvelles alliances, la plus grande amitié pour T'avenir.

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Le silence du cabinet françois continua, et tout annonça une rupture certaine entre cette puissance et la Russie. La saison s'approcha où les flottes angloises visiteroient de nouveau la Baltique, et il y avoit tout lieu d'attendre que le ministère britannique, en récompense des ménagemens accordés au commerce suédois, exigeroit une conduite pacifique plus décidée de notre part. V. M. se voyoit par conséquent à la fois exposée au ressentiment de l'Empereur Napoléon ou aux

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hostilités de la Grande-Bretagne et aux aggressions de la cour de Russie.

-L'état étoit livré aux destinées incertaines de l'avenir: des traités foibles et déjà rompus étoient la garantie de son existence. Le nom glorieux de S. A. R. le Prince Royal releva le courage national, et les Suédois se rappelèrent qu'après avoir défendu leur liberté sur leurs rivages, ils avoient su les franchir pour poursuivre la tyrannie. Ainsi l'amour de l'indépendance sauva la patrie du précipice où l'on étoit prêt à l'ensevelir.

V. M., convaincue du danger qu'il y avoit à se laisser entraîner par la marche précipitée des événemens, jugea qu'il étoit temps de se rapprocher du cabinet anglois, et de s'ouvrir à celui de Russie avec une noble franchise. V. M, vit avec plaisir le Marquis de Welesley, alors ministre des affaires étrangères, disposé à accueillir ses propositions, et prévenir peut-être à cette époque, des dangers imminens que couroit l'Europe. Quelque temps après elle conclut à Orebro un traité de paix avec l'Angleterre, avantageux aux deux pays; et les relations d'amitié et de bon voisinage furent resserrées avec la Russie par un nouveau pacte, dont l'exécution doit mettre la Suède à l'abri de toutes les commotions de la politique continentale.

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V. M. regardoit l'ignorance où l'Empereur des fa François laissoit la Suède comme une volonté de l'entraîner despotiquement dans son système continental, dont elle se trouvoit naturellement détachée par la prise de la Poméranie.

V. M. avoit en outre un exemple frappant pár le sort que subissoit une puissance de l'Allemagne, amie de la Suède, qui, après avoir été trèslong-temps faissée dans l'incertitude si ses offres de contracter une alliance seroient acceptées, fut tout à coup cernée par des armées françoises, et se vit contrainte de se livrer à la discrétion de l'Empereur.

Depuis la réunion du pays d'Oldenbourg à l'em'pire françois, on sut avec certitude que des différens, tant à cet égard que relativement au système continental, avoient eu lieu entre les cours de France et de Russie, et que les préparatifs de guerre qui se faisoient des deux côtés pouvoient facilement conduire à des hostilités ouvertes. Cependant la France n'avoit pas encore témoigné à V. M. le moindre désir, ni fait aucune ouverture tendante à engager la Suède dans une guerre contre la Russie.

Maintenant que les rapports du royaume de vant être regardés comme rompus par l'occupation de la Pomeranie, la proposition suivante fut

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