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de Suède qu'à l'admiration et aux égards que puissance et les succès de la France avoient inspirés à la Suède, et qui ne pouvoit s'asseoir sur ce trône qu'avec la permission et l'agrément de la France. Il est révoltant de voir une telle ingratitude, une dégradation et un oubli de l'honneur poussés à ce point. Suivant les personnes les mieux instruites, la raison de cette conduite est qu'étant payé par l'Angleterre, on lui a fait un devoir de s'avilir, de rompre à jamais avec la France, qu'à cette fin on lui a fait accepter la Guadeloupe, propriété françoise, et qu'il s'est engagé à signer tous les libelles qu'il plairoit aux Anglois de faire composer. D'autres trouvent tout naturel que le Prince de Suède, comme tous les renégats, se montre l'ennemi le plus violent de sa patrie. D'autres enfin croient devoir plaindre ce Prince qui, né d'une mère folle, et ayant des frères et des sœurs en démence, pourroit bien être poussé aux actions qu'il se permet, par des

accès du même mal.

La Suède a en effet une destinée bizarre. Elle chasse du trône un Prince qui a l'esprit aliéné; elle y appelle un général françois qui, né catholique, est obligé à faire, pour premier acte de gouvernement, abjuration de sa religion; et ce

même général, le vingtième en rang dans l'armée françoise, dont les principes et le caractère moral sont peu estimés dans sa patrie, est, fils et frère de personnes en démence, et commence déjà à sentir les atteintes de cette maladie.

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AVANT-PROPOS DES REMARQUES.

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L'impression des remarques suivantes a été retardée de quelques jours, parce que l'auteur trouvoit piquant de les publier dans la même ville d'où Buonaparte avoit fait répandre ses calomnies. Par les glorieux événemens des 16, 18 et 19 octobre, Leipzig est au pouvoir des alliés, et les presses, naguère vouées à la servitude, y sont rendues aux vérités proscrites par le despotisme. Puisque Buonaparte a toujours appelé à ses succès comme à une preuve incontestable de ses droits, et qu'il n'en connoît point d'autre que celui de la force, la meilleure manière de lui répondre c'est par des victoires. Le Prince Royal de Suède vient de lui faire cette réponse, et nous pensons qu'il táchera de lui en faire toujours de pareilles. Il a exposé les principes qui le guident à la face de l'Europe; il jouit de l'estime et de la confiance des souverains ses alliés, de l'amour et de l'admiration des peuples: il est placé trop haut pour que pareilles invectives puissent l'atteindre. Ainsi chaque mot de réfutation est superflu à son égard. Mais les sentimens individuels deman

de

dent à se faire jour. L'auteur de ces remarques peut assurer ses lecteurs que l'indignation seule lui a mis la plume à la main, et si les pages suivantes parviennent à la connoissance du Prince Royal de Suède, il espère que ce Prince excusera un zèle peut-être indiscret.

REMARQUES.

EN lisant un article de la Gazette de Leipzig du 5 octobre, relatif au Prince Royal de Suède, on hésite à prononcer ce qui y prédomine : l'effronterie ou la perversité, le fol orgueil de la tyrannie ou la rage du désespoir.

Un pareil tissu de calomnies et d'injures vulgaires ne peut que remplir de dégoût toute âme honnête. Cependant, il faut vaincre son aversion pour s'en occuper quelques instans : la source d'où vient cette pièce, les motifs qui l'ont inspirée, le moment qu'on a choisi pour la publier, la rendent remarquable. Quel qu'en ait été le rédacteur, personne que Buonaparte n'a pu dicter cet article; il n'a pu être imprimé que par son ordre exprès : il doit donc être considéré comme officiel.

ז'

On connoît Buonaparte écrivain, on ne sauroit se méprendre sur son style. Ce n'est pas avec. une plume qu'il écrit contre ses ennemis, c'est-àdire contre tout homme qui a des principes et qui ose les opposer à ses volontés. Une plume trempée dans le fiel seroit une trop foible image.

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