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MAY 25 1927

AVERTISSEMENT.

Les répétitions orales sont surtout utiles, parce qu'elles frappent davantage l'esprit, en tenant la pensée plus attentive que la ecture d'un livre. Malheureusement les souvenirs s'effacent vite, et la leçon qui n'est entendue qu'une seule fois se retient mal. J'ai voulu remédier à cet inconvénient; c'est dans ce dessein que j'ai composé, sur les examens du Code Napoléon, des cahiers que je mettais entre les mains de mes élèves. Tous m'ont assuré qu'ils devaient leurs succès à ces répétitions écrites.

Plusieurs d'entre eux, aujourd'hui mes amis, m'ont conseillé de publier ces cahiers sous la forme d'un livre; j'ai pensé comme eux, on croit facilement ce qui nous flatte, que cette publication pourrait être utile aux étudiants.

Qu'ils se gardent bien cependant de croire que ce livre puisse suppléer aux leçons de leurs professeurs! L'ouvrage le plus parfait, le mien d'ailleurs n'aspire pas à ce titre, ne saurait remplacer un

cours.

Tout ce que je sais je le dois à l'école. Je manquerais donc à un devoir de reconnaissance, en même temps qu'à un devoir d'honnête homme, si je ne disais à tout élève qui m'accorde sa confiance: « Allez aux cours, prenez des notes, et rédigez-les. C'est la seule manière de bien apprendre; c'est ainsi que se forment les bous jurisconsultes. >>

Pour ceux qui suivront cé conseil, mon livre sera un guide sûr qui les préparera à recevoir les savantes leçons du professeur; il leur donnera des enseignements élémentaires, indispensables pour comprendre avec intelligence les théories qui leur seront exposées; et, au sortir de l'école, il leur sera encore utile pour étudier de nouveau les arguments qu'ils n'auront pas bien saisis, rédiger leurs notes et combler les lacunes qui s'y rencontrent.

J'ai suivi l'ordre du Code quant aux titres et aux sections; mais je me suis écarté de l'ordre des articles lorsqu'il m'a paru défectueux. Quelquefois, en effet, les dispositions d'une même section sont comme un amas de règles sans liaison, sans rapport entre elles, ce qui rend l'étude des textes aussi laborieuse que difficile; car, pour en bien saisir le sens, il est souvent nécessaire de joindre à plusieurs lectures une grande application et beaucoup de discernement. Ce défaut d'ordre est cause qu'au début de leur carrière, les élèves qui n'ont pas de guide sont souvent découragés ou n'apportent dans leurs travaux qu'une pensée ennuyée et paresseuse. Quand la mémoire est chargée et le jugement embarrassé de décisions confuses, mal digérées, il est difficile de se former un système net et précis de chaque matière, et de ranger dans son esprit ce qui est si dérangé dans le livre où il faut l'apprendre. C'eût été tomber dans le même inconvénient que d'expliquer le Code article par article. Cette méthode me semble dangereuse. L'élève lit un article, puis le commentaire qui l'explique; ce travail fait, il passe à un second article, et ainsi de suite. Qu'arrivet-il alors? L'élève a étudié et appris des règles isolées; il sait des décisions, beaucoup de détails inutiles ou superflus qui n'ont pas - besoin d'être appris; il n'a point de doctrine, point de science : la science est l'harmonie des règles.

Mon but a été de présenter dans un ordre méthodique les différentes décisions qui composent une même section, de traiter d'abord des règles qui s'entendent par elles-mêmes et sont la source des autres, de grouper celles qui ne peuvent être bien comprises qu'en les comparant, m'efforçant de mettre en relief, en les dégageant des détails qui les enveloppent, les principes généraux qui expliquent et résument chaque matière. Je ne me suis pas attaché à être élégant dans mon style. Avant tout, j'ai voulu être clair, logique, rendre chaque principe saisissable, l'étude du droit assez facile, pour que les intelligences les plus rebelles puissent l'aborder sans découragement, avec plaisir.

Les élèves s'attachent, en général, à connaître les différentes dispositions de la loi; ils n'en recherchent pas l'esprit. C'est un tort. Beaucoup d'entre eux sont refusés, parce qu'après avoir dit qu'une chose existe ils ne savent pas expliquer pourquoi elle existe. J'ai dû, en conséquence, indiquer partout les motifs de la loi.

Souvent aussi les élèves sont appelés à signaler les différences existantes entre les règles qui semblent identiques et qui pourtant

se séparent sur des points essentiels; c'est ainsi, par exemple, qu'on demande fréquemment les différences qui distinguent les héritiers légitimes des héritiers irréguliers, l'indignité de l'incapacité, l'incapacité de l'indisponibilité, le rapport de la réduction, la subrogation de la cession, les résolutions qui ont lieu de plein droit de celles qui doivent être prononcées en justice, le titre authentique de l'acte sous seing privé... Les élèves, s'ils n'ont pas fait de fortes études, ne savent pas faire ces rapprochements et ces distinctions; je les ai partout signalés.

Dans le corps de l'ouvrage se trouvent exposés les principes généraux, les motifs sur lesquels ils sont fondés, les questions qu'ils font naître, les différentes manières de les résondre, les arguments à l'appui de chaque système, et enfin les espèces qui les éclairent et les rendent plus faci ement intelligibles.

En marge sont les interrogations qui peuvent être faites aux examens, et dont la solution se trouve en regard dans le corps de l'ouvrage.

L'ouvrage est divisé en répétitions. Chacune d'elles détermine l'étendue de travail qu'un élève peut se proposer pour chaque jour.

Il faut bien se garder de lire isolément les interrogations et de chercher ensuite la solution qui est en regard. Avant tout, il faut lire attentivement deux fois plutôt qu'une, la série d'articles dont l'explication fait l'objet d'une répétition. Ce travail fait, je le considère comme indispensable pour bien apprendre et subir un bon examen, l'élève doit étudier les explications dont se compose une répétition; il passe ensuite aux interrogations qui sont en marge, afin de s'assurer s'il a bien compris et s'il serait en état de répondre aux questions qui pourront lui être faites sur la matière étudiée.

Ces interrogations ont un autre avantage : il n'est pas d'élève qui, sur le point de passer un examen, ne sente le besoin de résumer ses études, de s'interroger; rien ne lui sera plus facile. Qu'il lise chaque question. Y répond-il, qu'il passe à une autre ; est-il embarrassé, la solution est en regard. En un ou deux jours, il pent revoir son examen.

Enfin, il peut s'adjoindre un condisciple, se faire interroger par lui et l'interroger à son tour; exercice éminemment utile, dont les élèves comprendront, je l'espère, tout le secours qu'ils en peuvent tirer.

Si quelques points n'ont pas été bien compris, s'ils ne sont pas convaincus sur quelques autres, s'ils ont aperçu des lacunes,

qu'ils notent les points sur lesquels ils ont besoin d'éclaircissements et se les fa sent donner par un répétiteur; tandis que quatre ou cinq mois de répétitions suffisaient à peine pour apprendre un examen travaillé selon l'ancienne coutume, un temps moins long suffira aux étudiants qui, confiants dans mon avis, suivront ma méthode.

Je n'ai pas fait de résumés sur chaque matière, préférant les laisser rédiger par les élèves eux-mêmes. Cette rédaction sera facile: chaque section est divisée en plusieurs numéros, qui sont autant d'idées principales ; une réponse au bas de chacun d'eux fournira le résumé le plus clair et le plus concis de la matière.

Ce travail aura pour lui un avantage inappréciable. On sait qu'avant de subir leur quatrième examen, les élèves sont soumis à une épreuve écrite; cette composition, qui doit consister dans une exposition méthodique des règles générales de la matière tirée au sort, n'embarrassera pas les élèves qui auront pris soin de faire eux-mêmes les résumés dont je viens de parler.

La connaissance des principes et la pratique des affaires ont été souvent l'objet d'appréciations très-absolues. Soutenues et combattues toutes les deux par des apologistes et des détracteurs exclusifs, ceux-ci ont glorifié avec amour les bienfaits de l'une, ceux-là out exalté avec excès les mérites de l'autre, si bien qu'au lieu de rester unies par le lien de la plus étroite parenté, il semble qu'elles soient, par nature et par essence, condamnées à vivre dans un perpétuel antagonisme.

Cela est fâcheux! séparées, la science devient un jeu stérile de 'l'esprit et la pratique un métier. Elles ne peuvent exister utile. ment l'une et l'autre qu'autant qu'elles se prêtent un mutuel se

cours.

Afin d'aider à cette alliance, j'ai joint à mes explications un FORMULAIRE de tous les actes auxquels peut donner lieu l'application des règles contenues au Code Napoléon.

L'étude des formules n'aura, quant aux examens à subir, qu'une utilité très-éloignée, mais au point de vue de la direction des affaires, elle est essentielle.

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