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-8977

Ott.667.1

ריי!

1836

Walker find.

DE LA

RIVALITÉ ET DU PROTECTORAT

DES

ÉGLISES CHRÉTIENNES

EN ORIENT.

Dans le nombre des questions politiques agitées en Europe depuis le moyen âge, et jetant tour à tour, d'un côté l'anxiété et la perturbation, de l'autre l'espérance et le triomphe, il en est peu qui méritent nos sympathies et notre intérêt à un plus haut degré que celle qui concerne la rivalité et le protectorat des églises chrétiennes en Orient. Les rapports de la France avec l'empire ottoman, indissolublement liés à la protection si nécessaire aux chrétiens qui voyageaient en Orient ou y fondaient des établissements de commerce, ont secondé l'action de la diplomatie française en Europe, et contribué à la créa

tion du système de l'équilibre des nationalités, cette puissante garantie de la paix du monde.

A l'époque où Charles - Quint travaillait avec ardeur à la réalisation de son vaste projet d'unité monarchique au profit de la maison d'Autriche, la France, abandonnée par ses alliés, et battue à Pavie, voyait ses frontières déjà débordées par les nations soumises au sceptre impérial. C'en était fait de sa nationalité, et, avec elle, bien d'autres allaient s'écrouler, si, du fond de sa prison, François I n'eût trouvé, enfin, un ami fidèle et brave: Soliman le Grand accueillit à Constantinople l'envoyé de l'illustre captif, et n'hésita pas un instant sur la conduite que l'honneur lui commandait. A Belgrade, à Péterwardein et sur les bords du Danube, il écrasa les ennemis coalisés et en poursuivit les débris sous les murs mêmes de Vienne; il menaça les États divisés de l'Italie, et parvint ainsi à les retenir malgré eux dans leur propre indépendance, au grand préjudice des projets rêvés par l'empereur d'Occident. Cette puissante diversion, en sauvant la France d'un immense péril, lui permit de se constituer à son tour la protectrice de ces nationalités chancelantes qui, la veille

encore, semblaient prêtes à s'engloutir dans le sein de l'Empire'.

Cependant cette alliance d'une puissance européenne avec l'empire ottoman ne pouvait manquer d'influer sur la situation des chrétiens appelés à vivre sous la domination des musulmans; car l'union avec un prince de la chrétienté, c'était, pour le chef des croyants, l'obligation d'accorder à des infidèles, sujets de son allié, l'autorisation d'aller et venir librement dans ses États, d'y commercer, d'y séjourner, d'y observer les pratiques de leur culte, et par conséquent d'y entretenir leurs anciennes églises état de choses qui constituait à la fois un droit et un devoir qu'on a réunis de nos jours sous l'acception unique de protectorat.

A partir de ce moment, les rois de France, les padischahs de la chrétienté, comme les appellent les Orientaux, prêtèrent généreusement l'abri de leur pavillon aux vaisseaux de

Comparez:

DUMONT, Corps universel diplomatique ;

Kocн, Abrégé de l'histoire des traités de paix;

Ernest CHARRIÈRE, Introduction à l'histoire des négociations de la France dans le Levant (savant ouvrage et le plus complet qui ait été écrit sur cette matière).

toutes les nations amies qui naviguaient dans les mers du Levant, et notamment aux navires anglais, hollandais et espagnols; ils couvrirent de leur protection les pèlerins et les marchands chrétiens qui se rendaient aux lieux saints. Arrivés après les Vénitiens, que des spéculations purement commerciales avaient attirés de longue date dans les ports de l'empire ottoman, les rois de France prirent immédiatement et sans contestation le premier rang: leurs ambassadeurs à Constantinople, qu'ils avaient soin de choisir toujours parmi leurs hommes d'État les plus distingués, et leurs consuls dans les échelles du Levant et de la Barbarie, avaient, de droit, la préséance sur les envoyés de même rang appartenant aux autres puissances. Le commerce de la France avec l'empire ottoman acquit une immense importance, et Marseille devint, grâce à ce développement, le premier port de la Méditerranée. Le nom de la France était alors redouté à Constantinople, béni dans le Liban et la Syrie, où s'élevaient de toutes parts des églises et des monastères fondés par la munificence de nos padischahs. Partout il était respecté, ce nom, comme un symbole de grandeur, de justice et de probité; car nul sujet

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