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CHAPITRE QUATRIÈME.

Origine des différends entre la France et la régence d'Alger.
tion d'Alger est résolue.
sion.

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Conduite de la presse libérale en cette occa

Départ de la flotte française. - Débarquement. Staoueli. Siége et prise du château de l'Empereur.

en France.

- Combat de Reddition et

occupation d'Alger. - Impressions diverses que cette nouvelle produit Discours imprudent de l'archevêque de Paris. - Vues ultérieures du gouvernement sur l'Algérie.

TANDIS que de tristes divisions, de criminels désastres, sillonnaient ainsi l'intérieur de la France et faisaient appréhender un avenir plus funeste encore, les côtes méridionales du royaume offraient un aspect bien différent; tout y retentissait des préparatifs d'une expédition destinée à laver l'honneur national d'une injure trop long-temps impunie, et à répandre sur nos armes un nouvel et brillant éclat.

Les querelles entre la France et la régence d'Alger remontaient à une époque déjà éloignée. C'était un dernier legs de la République. Elles avaient leur

source dans les fournitures faites en 1793 par le dey, pour la subsistance de l'armée française en Italie. Des difficultés s'étaient élevées lors du remboursement de ces créances; les guerres successives qui occupaient le gouvernement impérial en avaient reculé la solution jusqu'en 1814. Il ne fallut pas moins de cinq ans au gouvernement de la Restauration pour régler ces longs dissentiments. Un traité du 28 octobre 1819 fixa enfin le montant de la créance algérienne. Il fut stipulé qu'au moyen du solde de cette créance, et d'une forte augmentation sur la redevance annuelle qu'elle payait à l'État d'Alger, la France rentrerait en possession de divers avantages et priviléges qui lui appartenaient avant la Révolution. Cette redevance, qui était originairement de 17,000 francs, fut portée à 200,000 fr.

Ce réglement ne mit point fin aux débats. Une somme de 250,000 francs, réclamée par des négociants français, fut distraite de celle à payer à la régence; cette somme fut déposée à la caisse des consignations. Le nouveau dey Husseyn, qui occupait le pachalick depuis 1818, et qui était personnellement intéressé dans cette créance, se plaignit amèrement du consul général, M. Deyal, qu'il accusa, non sans quelque fondement peut-être, des retards et des obstacles apportés à ses récla

mations.

Le ressentiment de Husseyn ne tarda pas à s'étendre à la France et à se manifester, suivant l'habitude des faibles, par ces vexations subalternes qui ne décèlent que l'impuissance d'une agression plus déclarée. Il fit fouiller, en 1824, la maison du consul français à Bone, sous prétexte d'y rechercher des objets de contrebande. Deux ans après, en 1826, deux navires du St-Siége, qui flottaient sous pavillon français, furent capturés et confisqués par ses ordres. Plusieurs visites arbitraires eurent également lieu sous divers prétextes, par la police algérienne, à bord de bâtiments français. Ces procédés,si ouvertement attentatoires aux maximes les plus élémentaires du droit des gens, n'excitèrent à ce qu'il paraît, que de faibles représentations de du cabinet des Tuileries.

la

part

Il fallut un outrage plus grave pour arracher la France à sa longanimité. Le 30 avril 1827, M. Deval s'étant présenté pour complimenter le dey, à l'occasion des fêtes du Beyram, Husseyn-Pacha lui demanda s'il avait reçu réponse de son gouvernement au sujet de ses réclamations répétées, et sur sa réponse négative, il l'accabla de reproches, le frappa au visage de son chasse-mouche, et le fit sortir de sa présence. Cette injure grossière eut lieu en présence des ministres étrangers. Le cabinet français sollicita une éclatante réparation. Cette satisfac

tion lui ayant été refusée, le consul reçut ordre de cesser immédiatement toute relation avec la régence, et il s'embarqua le 11 juin 1827, avec la presque totalité des Français établis à Alger. Le dey aggrava bientôt son offense en retenant ceux qui n'avaient pu prendre place dans cette embarcation, et en faisant détruire de fond en comble les établissements qui appartenaient à la France. Le ministère répondit à ces actes d'hostilité en envoyant devant Alger une escadre pour y établir un blocus rigoureux.

Mais ce blocus n'amena aucune concession de la part du dey; il coûta à la France des sommes énormes (sept millions par an, environ), et la perte de plusieurs braves marins, entre autres de l'amiral Collet, commandant de l'escadre. L'alternative devenait pressante. Il fallait ou s'humilier devant un chef de pirates et dévorer en silence un outrage que n'avait affaibli aucune réparation, ou recourir à des hostilités plus efficaces. Cependant le ministère de 1829 tenta un dernier effort de conciliation. Le capitaine Labretonnière fut chargé d'aller porter à Husseyn des paroles d'accommodement. Il fut admis à son audience le 31 juillet, lui fit connaître l'objet de sa mission et les satisfactions réclamées par la France. Mais le dey, après avoir paru vouloir se consulter, répondit le 2 août, en présence du

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