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CHAPITRE VII.

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Concentration des deux grandes armées de Bohême et de Silésie sous les murs de Vitry-le-Français. Résolution arrêtée par les alliés de marcher en masse sur Paris. Les maréchaux Marmont et Mortier, venus pour rejoindre Napoléon, sont obligés de se replier devant un déploiement de forces aussi considérable. · 1 Alfaire malheureuse de Fère-Champenoise. Le général Pacthod, qui amenait de Paris une division de six mille gardes nationaux, avec un parc d'artillerie et des manitions, donne tête baissée dans le gros de l'armée autrichienne, et, après la plus glorieuse résistance, il est réduit à capituler. Les ducs de Raguse et de Trévise continuent leur mouvement de retraite sur Paris, où ils arrivent, par deux routes différentes, dans la soirée du 29 mars. Terreur répandue dans la capitale par la nouvelle de la marche excentrique de Napoléon et de l'approche des deux grandes armées de la coalition. Le prince Joseph, président du conseil de régence, ordonne le départ pour Blois de l'Impératrice et du roi de Rome. blesse que montrent en ce pressant danger les dépositaires du pouvoir. — Intrigues du parti royaliste dirigées par M. de Talleyrand, prince de Bénévent. blée spontanée d'honorables citoyens réunis chez le ministre de la guerre pour aviser aux mesures à prendre pour la défense de la capitale. Journée du 30 mars 1814. Le comte de Pontécoulant et le général Valence, tous deux membres du Sénat, se rendent sur les hauteurs de Belleville et prennent une part active à la bataille qui se livre sous les murs de Paris. Après une héroïque résistance, la barrière de Belleville est forcée, ainsi que la barrière de Clichy, défendue par des bataillons de gardes nationaux volontaires, commandés par le maréchal Moncey.. - Le maréchal Marmont, pour éviter de plus grands malheurs et épargner à la capitale les désastres d'une ville prise d'assaut, se résout à demander à capituler. - A trois heures du soir, les commissaires français se réunissent aux délégués de la coalition, dans un petit cabaret de la Villette, pour arrêter les conditions de la capitulation. - Détails succincts sur la marche de Napoléon sur Saint-Dizier et Doulevent. Retour du duc de Vicence auprès de Napoléon, après la clôture du congrés de Châtillon; sages avis de ce diplomate. Napoléon apprend, par des prisonniers, qu'il n'a devant lui que le corps russe de Wintzingerode, détaché de la grande armée pour l'observer, et que toutes les forces de la coalition sont en pleine marche sur Paris. — Napoléon prend à l'instant la résolution de se porter en toute håte, avec son armée, sur les traces des coalisés. Après une marche forcée, il arrive à Troyes, avec sa garde, dans la soirée du 29. —Le 30, il continue son mouvement; à Villeneuve-sur-Vannes, Napoléon, accompagné du duc de Vicence, se jette dans un cabriolet de poste et ordonne de prendre à toute bride la route de Paris. A dix heures du soir, l'Empereur arrive à Fromenteau, relai qui n'est plus distant que de cinq lieues de Paris. Il apprend par le général Belliard, chef d'état-major du duc de Trévise, que, depuis quatre heures, Paris a capitulé. Effet que produit sur lui cette nouvelle accablante. Dans un premier moment de colère, il veut continuer sa route, et déchirer un traité honteux qu'il refuse de reconnaître. - Devenu plus calme et touché des représentations du général Belliard, du duc de Vi

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cence et du maréchal Berthier, il passe deux heures seul, enfermé dans une chambre de l'hôtel de la poste, abandonné à ses réflexions. - Napoléon est rendu à luimême, son visage est triste, mais serein, le sacrifice est consommé, il remonte dans le modeste équipage qui l'a amené du fond de la Champagne, et reprend en silence la route de Fontainebleau. Entrée des souverains alliés dans Paris. - Froideur et consternation de la population, manifestations bruyantes du parti royaliste. Nouvelles intrigues de M. de Talleyrand; influence qu'elles exercent sur l'esprit de l'empereur Alexandre. - Proclamation annonçant la détermination des souverains alliés de ne plus traiter avec Napoléon. Intrigues de M. de Talleyrand pour corrompre les membres du Sénat. Ce corps est convoqué pour nommer un gouvernement provisoire. M. de Pontécoulant refuse de prendre part à aucune délibération contraire au serment de fidélité qu'il a fait à l'Empereur. Sénatus-consulte, qui prononce la déchéance de Napoléon et de sa dynastie. Hésitation de l'empereur Alexandre sur le choix du gouvernement qui doit succéder à celui de Napoléon. Il réunit en assemblée les principales notabilités de Paris, pour s'éclairer sur cette question. Le général Dessoles fait pencher la balance en faveur de la restauration des Bourbons. Le duc de Vicence est chargé d'aller à Fontainebleau annoncer cette décision à Napoléon. - Napoléon consent à signer une abdication conditionnelle en faveur de son fils Napoléon II. Le duc de Vicence, accompagné des maréchaux Ney et Macdonald, sont chargés de reporter cet acte à Paris. En passant à Essonne, ils engagent, d'après l'ordre de l'Empereur, le maréchal Marmont, qui occupait cette position, à se joindre à eux. — Pendant son absence, le corps d'armée qu'il commande, sous les ordres des généraux Souham et Bordesoulle, quitte ses cantonnements et passe à l'ennemi. Indignation des troupes lorsqu'elles apprennent l'horrible guet-apens dans lequel elles sont tombées. — Les dispositions de l'empereur Alexandre, qui d'abord n'avaient point semblé contraires à la proposition de l'abdication de Napoléon en faveur de son fils, changent tout à coup lorsqu'il apprend la défection du 6e corps; il exige l'abdication de Napoléon absolue et sans restriction. — Aspect des salons de Fontainebleau lorsqu'on y apprend la décision des souverains alliés. - Napoléon appelle auprès de lui les maréchaux et les principaux généraux de l'armée, pour s'éclairer de leurs avis, - Le ma réchal Ney, oubliant le respect dû à tant de gloire et à une si grande infortune, demande Napoléon, en termes impératifs, son abdication entière et absolue. · Napoléon, plus profondément blessé de l'ingratitude de ces hommes qu'il a tirés du néant, que de tous les coups qui l'ont frappé, prend le parti de ne plus résister an sort qui le poursuit. I signe d'une main ferme la renonciation absolue aux trônes de France et d'Italie, pour lui et sa dynastie. - Les trois plénipotentiaires, Ney, Macdonald et le duc de Vicence retournent à Paris et remettent l'acte d'abdication aux mains de l'empereur Alexandre. 8 avril, qui fait cesser partout les hostilités. entre les plénipotentiaires de Napoléon et les commissaires des puissances alliées, et qui porte le titre de traité de Paris. Retour du duc de Vicence à Fontainebleau; indifférence apparente de Napoléon sur le sort futur qui lui est réservé. Tentative de suicide dans la nuit du 11 au 12 avril. - Elle échoue; Napoléon reprend toute la fermeté de son caractère. - Il signe, dans la matinée du 13 avril, la ratification du Traité de Paris. - Adieux de Napoléon à la garde impériale réunie dans les cours du palais de Fontainebleau. Napoléon, accompagné du général Bertrand et d'une faible escorte, part pour l'ile d'Elbe, sous la protection des commissaires alliés. Dangers de ce voyage causés par l'effervescence des populations du Midi. Ils sont heureusement surmontés. Ce qui a manqué à Napoléon pour emporter dans son exil l'éternel amour des Français. - Le jour même où Napoléon quittait en fugitif le palais de Fontainebleau, Louis XVIII faisait, comme roi de France, son entreé solennelle dans la ville de Londres.

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Armistice général conclu le Convention signée le 11 avril 1814

En effet, aussitôt que l'armée française, en évacuant Arcis-sur-Aube, eut laissé libres les communications entre Châlons et Troyes, l'armée prussienne et la grande armée russo-autrichienne, depuis si longtemps séparées, se réunirent de nouveau dans les plaines de la Champagne, et, conformément à la volonté expresse de l'empereur Alexandre et au plan invariablement arrêté entre les souverains alliés, résolurent de marcher sur Paris, en une seule masse compacte, par toutes les routes, comprises entre la Marne et la Seine qui s'ouvraient devant elles. C'était comme une avalanche qui allait fondre sur la capitale, en renversant, par sa seule force d'impulsion, tous les obstacles qui tenteraient de s'opposer à son passage. Cette détermination, une fois prise1, Blücher détacha de son armée le corps de Wintzingerode pour couvrir le mouvement général et surveiller Napoléon vers Saint-Dizier et Doulevent. N'ayant plus rien à redouter de ce côté, on se mit en marche, bien résolu cette fois à ne plus s'arrêter qu'aux barrières de Paris.

Toutes les circonstances particulières semblaient se réunir pour aggraver encore les suites de la faute que venait de commettre Napoléon. Après l'affaire de Reims, décidé à frapper un coup décisif sur Schwartzenberg, qu'il espérait surprendre en pleine marche sur Paris, il avait rappelé de Fismes, où leur présence était si nécessaire pour contenir sur l'Aisne le corps de Bulow et l'aile

On montre encore dans une vaste plaine, non loin de Méry-surSeine, un petit monticule où fut prise, dit-on, entre les souverains alliés qui s'y trouvaient réunis, la résolution définitive de marcher sur Paris, en écartant tous les obstacles qui pourraient s'y opposer.

droite de l'armée prussienne, qui venait de se renforcer encore par l'adjonction des Suédois de Bernadotte, les corps des maréchaux Marmont et Mortier, et il leur avait donné l'ordre de suivre son mouvement sur la Seine et sur l'Aube1. Ils avaient obéi à leurs instructions et, s'avançant à marches forcées, ils étaient arrivés, dans la journée du 23 mars, au village des Vertus, distant de Châlons de trois lieues au plus1. Là, apprenant que cette ville était occupée par une grande partie de l'armée prussienne, qu'un autre corps débouchait sur Epernay, ils s'étaient arrêtés. Informés presque en même temps que Napoléon, après les affaires d'Arcis-surAube, s'était retiré sur Vitry-le-Français, et que le 23, son arrière-garde occupait encore Sommepuis, ils s'étaient dirigés sur Soudé, qui n'en est distant que d'une demi-lieue au plus, pour se mettre en communication avec la grande armée, comme le leur prescrivaient leurs dernières instructions. Mais, pendant ce temps, Napo

Il y a ici un point d'histoire militaire fort intéressant à éclaircir. Dans une conversation, dont la date remontait aux premiers jours de mars, Napoléon avait dit au maréchal Marmont que s'il exécutait le plan qu'il avait formé de se porter sur les derrières de l'ennemi, c'était lui qui resterait chargé, avec son corps d'armée, d'observer son front et de couvrir Paris. Il n'avait donc pu avoir l'idée, en se portant sur Vitry et Saint-Dizier, d'appeler à lui les corps du duc de Trévise et du duc de Raguse (comme l'ont supposé quelques historiens de cette campagne, et dernièrement encore M. Thiers, dans son Histoire du Consulat et de l'Empire), ce qui aurait laissé libres toutes les routes de la capitale et l'aurait vrée sans défense aux premiers Cosaques qui en auraient voulu franchir a barrière. On voit, en effet, que les instructions données par le major général au duc de Raguse, et datées de Plancy des 20 et 21 mars, lui prescrivent simplement de se diriger sur Châlons et Épernay, pour empêcher la jonction des deux grandes armées de Blücher et de Schwartzenberg. Cette fausse manœuvre de Napoléon a déjà produit d'assez fatales conséquences pour qu'il soit permis de n'attribuer qu'à une circonstance fortuite qu'elle n'en ait pas eu de plus graves encore. (Voir les Mémoires du duc de Raguse, t. VI, p. 330.)

léon, poursuivant la résolution qu'il avait formée de se porter sur les derrières de l'ennemi, avait passé la Marne, et, le 25 au matin, les ducs de Raguse et de Trévise avaient à peine acquis la certitude de ce mouvement, qui devait, à plus d'un titre, les surprendre, qu'ils virent déboucher sur eux toute la masse des armées alliées qui venaient d'opérer leur jonction sous les murs de Vitry, situé à moitié chemin à peu près entre Troyes et Châlons'. Il faut le dire, la conduite de ces deux maréchaux, dans cette circonstance difficile, où ils n'avaient reçu de l'Empereur ni ordres, ni direction, ni avertissement quelconque, fut digne de leur vieille réputation militaire. Après avoir échangé quelques coups de canon avec l'avant-garde ennemie, ils se retirèrent, en bon ordre; mais non sans éprouver quelques pertes au passage des défilés qui couvrent Fère-Champenoise, et terminèrent la journée, en prenant position sur les hauteurs du village d'Allement, près de Sézanne. Le même jour, 25 mars, et presque dans le même lieu où venaient de combattre si vaillamment les maréchaux Mortier et Marmont, une division de six mille hommes, composée presque en entier de gardes nationales, que le général Pacthod commandait, et qui amenait de Paris un parc d'artillerie et des munitions, débouchant par Fère-Champenoise sur la droite de Schwartzenberg, vint donner tête baissée dans le gros de l'armée autrichienne et, enveloppée de toutes parts, après une résistance hé

Cette jonction s'était opérée dans les journées du 23 et du 24. Ce jour-là, les deux grandes armées de Blücher et de Schwartzenberg, c'està-dire la totalité des forces alliées, se trouvèrent réunies. Elles se montaient au moins à cent quatre-vingt mille hommes.

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