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sympathique, bien connue dans tout le Jura, qu'à son tour il connaissait mieux que personne; Edouard Grether, cet homme sans prétentions, qui tenait à honneur d'être des nôtres parce qu'il savait apprécier le noble but de la Société d'émulation. Parmi les membres honoraires, mentionnons deux noms respectables à tous égards et dont le souvenir restera gravé en lettres d'or non seulement en Suisse, mais aussi à l'étranger, l'évêque Gobat à Jérusalem, et Vulliemin, professeur à Lausanne. Ce sont là des vides difficiles à combler, et la tristesse que nous éprouvons serait bien près d'envahir nos cœurs si leur exemple n'était là pour nous stimuler et ne faisait résonner à nos oreilles ces mots : « Imitez-les, faites comme eux ! »

Messieurs et chers collègues !

L'an passé, les sections de Bienne et de Neuveville vous avaient conviés à célébrer, non loin d'ici, une date mémorable; mais bien peu d'entre vous ont pu y participer à cause du mauvais temps. Le ciel se fondait en eau, et les Genevois qui avaient pris les devants sur nous, ne nous envoyèrent dans les nues que les vapeurs de leurs banquets. C'était le 3 juillet 1878, le centenaire de la mort de J.-J. Rousseau. Le rendez-vous était à l'Ile de St-Pierre, illustrée par le séjour de deux mois et demi qu'il y a fait en 1765. De bonnes paroles furent prononcées par MM. Kaune, Verenet, Lagier et d'autres; M. le Dr Schwab lut une excellente biographie du célèbre philosophe de Genève ; des couplets du Devin du village y furent chantés avec accompagnement de piano; enfin, la Société de chant l'Union et la Fanfare de Neuveville, ainsi que les guirlandes, les inscriptions et les emblèmes qui ornaient la cour de l'ancien prieuré, imprimèrent à cette réunion improvisée le sceau d'une vraie fête. Les riverains du lac de Bienne devaient cet hommage à l'un des plus grands esprits qu'ait produit la Suisse romande, alors même qu'il

ne leur faisait, dit-on, pas trop bon accueil lorsqu'ils voulaient le troubler dans sa retraite.

On ne sait pas bouder à Neuveville; s'il se trouve parmi vous des J.-J. Rousseau, qu'ils soient les bienvenus avec tous nos collègues jurassiens et nos bons amis de Neuchâtel et de France, qui n'ont pas redouté de franchir une grande distance pour venir nous serrer la main de la science et de l'amitié !

Au nom du vieux passé que nos murs vous retracent,
Au nom de nos flots bleus, par la brise embaumés,
Au nom de nos côteaux où les pampres s'enlacent,
Soyez les bienvenus, o frères bien aimés!

Je déclare ouverte la trentième réunion générale de la Société jurassienne d'émulation.

COUP-D'ŒIL

SUR LES TRAVAUX

DE LA

SOCIÉTÉ JURASSIENNE D'ÉMULATION

pendant l'année 1879

présenté à la réunion générale le 30 septembre 1879

Par M. CARNAL, secrétaire provisoire.

Messieurs et honorés collègues,

La tâche de votre secrétaire est aujourd'hui tout particulièrement aride et pénible. Appelé brusquement, quelques semaines avant cette réunion, à remplacer M. Hengy; n'ayant à sa disposition ni protocole, ni archives, ni correspondance avec les sections, votre rapporteur fait appel à votre bienveillante indulgence et vous prie de ne pas lui attribuer les lacunes inévitables de son travail.

Il s'est efforcé, pour suppléer au défaut de notes 'exactes, de se procurer des renseignements auprès de toutes les personnes qui étaient à même de lui en donner; c'est le résultat de ces recherches, ainsi que les rapports des sections qui ont fourni la matière du présent aperçu sur la marche de la Société.

Pendant l'année écoulée, la Société a vu s'opérer une nouvelle évolution dans le mode de publication de ses travaux. Conformément à la décision prise à la dernière

séance générale, à Moutier, le journal l'Emulation a été enterré après 2 ans d'existence, et les actes ont de nouveau reparu. Ce serait peut-être le lieu de rechercher les causes d'une vie si éphémère, mais cette question étant réglée depuis une année, et les discussions qui ont amené ce résultat ayant été suffisamment longues, un nouvel exposé deviendrait oiseux et inutile.

Nous passerons donc à la revue des rapports des sections.

Neuveville a communiqué au comité central le protocole de ses délibérations; ce volume est tenu avec beaucoup d'exactitude et fournit la preuve que la section déploie une grande activité. Elle compte 33 membres; cependant ses réunions, au nombre de 8, ont été généralement peu fréquentées. Elle a entendu diverses communications, entre autres de:

MM. Dr Gros: Objets lacustres trouvés à Locraz et Estavayer.

Germiquet: Histoire des Mormons.

Morgenthaler: Mandement de moeurs au 17e siècle. Imer, préfet: Les pierres à écuelles des Prises. Il a en outre été donné sous ses auspices, 6 conférences par

MM. Martin, pasteur : La Chine et le Japon à l'exposition de 1878.

Martin, pasteur: Le monde sauvage.

Bachelin: Histoire du costume et des mœurs avant le 15° siècle.

Bachelin: Histoire du costume et des mœurs aux 15e et 16e siècles.

de Rougemont, professeur : Le Vésuve.

La section de Bienne compte 43 membres. Outre les conférences gratuites qu'elle a fait donner dans les deux langues et les centenaires de Haller et de Rousseau auxquels elle a pris part, la section a pris une généreuse initiative dans la question de la Société des prudhommes.

Le rapport fourni à ce sujet par le président de la section, M. Lagier, est un travail sérieux auquel, en raison de son actualité et des services incontestables qu'il peut rendre dans d'autres centres, il conviendrait de donner la plus grande publicité. J'en extrais les points principaux afin d'en donner une idée.

Une première tentative d'organisation avait échoué en 1867; au mois de janvier 1878, la question fut reprise à nouveau et aboutit à la constitution de la société actuelle qui a commencé à fonctionner le 28 octobre 1878, sous la direction de MM. Brönnimann, président; Bertholet, vice-président et Fassnacht, secrétaire.

La société se compose de tous les membres qui signent les statuts. Chacun d'eux s'engage à ne pas recourir aux tribunaux ordinaires contre un co-sociétaire; les décisions du jury nommé par les membres sont sans appel. Pour être électeur il faut avoir atteint l'âge de 20 ans et 25 pour être éligible. Les plaignants s'adressent au président; si la conciliation ne peut avoir lieu chaque partie nomme un arbitre et le bureau désigne le 3e qui est en même temps président; au cas où cette deuxième tentative échoue encore, il est nommé de la même manière un tribunal de 5 membres qui jugent sommairement et sans appel. Les fonctions des juges et du bureau sont gratuites et obligatoires, sauf cependant celles du secrétaire. Les citations se font par lettres recommandées. Les sociétaires qui se présentent devant le tribunal arbitral ont à payer une finance de 1 fr. par partie. Au cas où ils ne se soumettraient pas au jugement, comme ils s'y engagent préalablement par écrit, leurs noms seraient publiés dans les journaux. Jusqu'à ce jour il s'est présenté 6 cas et à part un seul, il a suffi des trois premiers arbitres pour arriver à la conciliation. La section de Bienne ne peut, jusqu'à présent, que s'applaudir de la persévérance qu'elle a mise dans ses efforts pour établir cette institution.

La section de St-Imier a tenu 4 séances. Elle s'est

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