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Quelle horreur ! elle porte plainte en bigamie devant l'autorité fédérale. L'époux multiple est arrêté et n'est mis en liberté que sous caution de 1,500 dollars.

Le procès s'instruit ; on parle même de faire intervenir le consul d'Angleterre. Au moment le plus émouvant, la plaignante se désiste de sa plainte et accepte les faits accomplis.

Mais voici bien une autre affaire. Une jeune mormone, qui a osé déposer contre l'époux incriminé, vient d'être chassée honteusement du sein de l'Eglise par ses coreligionnaires indignés et a été obligée d'aller chercher un refuge parmi les Gentils.

Le 16 novembre suivant, les saintes ont même tenu un grand meeting au théâtre du Lac Salé, où elles ont déclaré publiquement « qu'elles croyaient au mariage de forme patriarcale comme ayant été révélé au peuple de Dieu dans les anciens âges; qu'elles acceptaient ce mariage patriarcal, comme un des plus importants principes de leur religion, et réclamaient le droit de le mettre en pratique. >>

Il est vrai que comme contre-partie, les journaux des Etats-Unis nous apprennent qu'un autre meeting féminin a été tenu en décembre même année dans la Cité du Lac Salé, où il a été adopté une adresse à Mme Hayes (la femme du président) et à toutes les femmes des Etats-Unis, afin qu'elles s'emploient à réclamer des mesures promptes et décisives contre la polygamie.

Et maintenant, expliquera qui voudra ou qui pourra les mystères du cœur féminin.

Neuveville, en septembre 1879.

L'AUTEUR.

Glanures jurassiennes

LA NEUVEVILLE ET NEUCHATEL.

En 1285, un an avant d'échanger la dignité d'Evêque de Bâle contre celle d'Archevêque de Mayence, Henri d'Isny avait construit le Schlossberg destiné à protéger la Montagne de Diesse et les bords du lac de Bienne contre ses puissants voisins de Neuchâtel. Cette précaution n'avait pas été inutile: la Principauté en bénéficia, car lorsque Rodolphe de Neufchâtel eut pris d'assaut le 28 avril 1301 et fait raser la Bonneville, une partie des habitants de la malheureuse cité, ayant traversé la côte du Chaumont, gagnèrent les terres voisines de l'Evêque de Bâle, se réfugièrent au pied de ce fort et y établirent d'abord quelques cabanes, origine d'une seconde Bonneville ou de la Neuveville actuelle, fondée par l'Evêque Girard de Wuippens, en 1312, et à laquelle, six années plus tard, ce Prince accorda les mêmes privilèges qu'à la ville de Bienne.

Peuplée d'anciens fugitifs du Val-de-Ruz, la Neuveville a conservé d'intimes relations avec Neuchâtel. Nous avons pensé que les amis de l'histoire dans notre pays seraient curieux de connaître les pièces que renferment à cet égard les archives de l'ancien Evêché de Bâle. Laissant de côté les documents insérés dans Trouillat, Matile, etc., ouvrages à la portée de tous, nous avons consulté de préférence le Répertoire des actes relatifs au baillage de Neuveville, dressé par le savant Maldoner, archiviste du Prince au siècle dernier, répertoire qui s'étend jusqu'à 1765. Nos archives possèdent encore une traduction française de ce travail, et une table des

matières; cette traduction ne va que jusqu'à 1712. Pour le moment nous nous sommes borné à transcrire tel quel le résumé des actes contenus dans le volume français, nous réservant plus tard de poursuivre ce travail, s'il agrée à nos amis de Neuchâtel.

Sous sa forme abrégée, l'extrait que nous intitulons Neuveville et Neuchâtel n'est à proprement parler qu'une chronique, relatant jour par jour ce qui s'est passé entre les deux pays. Les questions locales y jouent un grand rôle. Le village de Lignières surtout fixera l'attention; il aura avec Neuveville des difficultés de plus d'un genre, qui ne feront que s'accroître lorsqu'échangé par le Prince contre les collonges de Miécourt, (1624) il sera rentré dans la famille neuchâteloise. Bien des faits sembleront insignifiants, par trop minutieux, mais ils peignent les mœurs, les coutumes du temps, et fournissent des renseignements sur certains noms, certaines familles; à ce point de vue seul ils méritaient une mention. On trouvera peu à glaner pour l'histoire politiqne des deux Etats; cependant on ne lira pas sans intérêt les notes relatives à la fin du XVIIe siècle, quand on reprochait à Neuveville de servir de refuge aux De Némouristes et que les luttes qui divisaient les esprits au chef-lieu du Comté trouvaient un écho sur les bords du lac de Bienne.

Après ces observations préliminaires, nous passons sans autre aux extraits du Répertoire, que nous recommandons à l'indulgence du lecteur.

Porrentruy, 14 février 1879.

X. KOHLER.

1287. 15 juillet. Compromis entre le seigneur de Neufchâtel et le seigneur Evêque de Bâle, de comparoir au Val de Nezul et de choisir quatre hommes pour terminer leurs différents.

1316. 23 juin. Le duc d'Autriche choisi arbitre dans le compromis de l'Evêque et du Comte de Neufchâtel pour régler leurs différents :

1o Les parties vivront à l'avenir en bonne union.

2o Le comte relâchera tous les prisonniers; ceux qui ont fait quelque dépense, la paieront.

3o Ceux qui ont vécu au pain et à l'eau ne paieront rien.

4o Il renoncera à tous droits sur la Neuveville.

5° Il sera franc avec ses héritiers de l'hommage au seigneur Evêque.

6o Il lui rendra tous les revenus depuis le ruz de Vaux; à l'encontre l'Evêque lui refondra le revenu de

3 marcs.

7° Ni l'un ni l'autre ne bâtiront ni château, ni forteresse, entre le ruz de Vaux et le ruz de Ville. 8° L'Evêque paiera au Comte 150 marcs d'argent en 4 termes.

9° Ils ne bâtiront jamais sur les biens de l'un ou de l'autre.

1404. 22 décembre.-Transaction par laquelle les seigneurs de Neufchâtel renoncent, en faveur de l'Evêché de Bâle, à leurs droits sur le château de Schlosberg, sur celui de Roche-d'or, sur les villes de St-Ursanne et Laufon, et remettent à l'Evêque d'autres prétentions, lui cédant les émoluments du sceau de l'Officialité, en reconnaissance des services que le Haut Chapitre leur a rendus.

1428. 25 avril. - Sentence de la Neuveville par laquelle on reconnaît le moulin de Lignières franc de tailles et corvées.

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1492. 12 novembre. L'Evêque Gaspard vend à la Neuveville des biens situés rière la majoirie et Lignières pour 500 florins d'or, et spécifie leur rapport, de même que l'emploi de la somme reçue.

1493. Sentence du maire de Lignières comme lieutenant de Châtelain, touchant un champ et 6 émines de froment.

1521. 29 juin. - Arbitrage touchant la délimitation de l'Echelette entre ceux de Landeron et ceux de Lignières.

4331. 13 avril.— Transaction de Neufchâtel entre les députés de S. A. et le Comte du dit Etat, par laquelle il a été convenu que:

1o Les passemens de l'officier de S. A. seront scellés de son sceau et le Châtelain du Landeron scellera les siens. 2o On choisira 8 hommes, 4 de la justice de la Neuveville et 4 de celle du Landeron pour décider les appels de Lignières.

3o Les tailles seront personnelles, et ne se lèvent point des héritages, mais sur les corps.

4o Le gouverneur de Neufchâtel se conviendra avec les officiers de S. A. pour travailler à la délimitation.

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1555. 31 juillet. Berne demande à S. A. qu'elle nomme le troisième arbitre pour finir les différents de Neufchâtel avec la Neuveville, afin d'obvier aux inconvénients qui pourraient survenir.

-7 septembre. - Bâle notifie à S. A. avoir dénommé Christophe Offenburg pour arbitre et qu'il se trouvera à la Neuveville le 10 du courant pour finir avec Neufchâtel. -22septembre.-Délimitation de la Montagne de Diesse avec Lignières. Entre S. A. à cause de la Neuveville et avec Berne à cause de la Montagne de Diesse, d'une part, et Mme de Longeville, Comtesse de Neufchâtel, à cause de Landeron et Lignières, pour séparer par bornes et imites la souveraineté des parties, par la médiation de

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