Page images
PDF
EPUB

F

et comme par enchantement, ils voyaient tomber toutes les lois prohibitives, sous lesquelles ils avaient si longtemps gémi. La barrière qui les séparait des autres citoyens venait d'être brisée. Un libre champ était ouvert à l'activité de leurs lumières et de leur industrie. De parias méprisés, ils passaient au même rang politique que leurs persécuteurs les plus hautains. Et, ce qui leur était plus précieux que tout le reste, ils allaient jouir sans entraves de cette liberté religieuse, pour laquelle ils avaient lutté pendant trois siècles. »

C'est au chapitre suivant que nous allons les voir dans cette nouvelle position.

CHAPITRE XXII.

ETAT DES VAUDOIS

SOUS LA DOMINATION FRANÇAISE.

(De 1799 à 1814.)

SOURCES ET AUTORITÉS.

Les mêmes qu'au chapitre précédent. — Plus, Raccolta delle leggi, providenze é manifesti, emanati dai governi francesè provisorio, e dalla municipalita di Torino, etc... deux vol. in-40 le premier de 320 et le second de 240 pages. Destinées des Vaudois pendant

el depuis la révolution française... par Jean Vater (en allemand), Berlin 1820.- Actes synodaux de l'Eglise vaudoise.

1800 à 1814.

Documents particuliers.

Archives consistoriales de

Le Piémont avait été réuni à la France le 2 février 1799; il lui échappa au mois de juin de la même année; et il rentra sous la domination française après la victoire de Marengo, en juin 1800.

Ce chapitre comprend donc deux périodes, dans lesquelles la domination française s'est exercée sur les

vallées vaudoises: la première contient les six premiers mois de 1799; la seconde commence un an après, et se poursuit jusques à la restauration des anciens pouvoirs (1814.)

L'année intermédiaire (de juin 1799 à juin 1800), présente l'invasion des troupes austro-russes, dont nous avons parlé séparément, pour ne pas interrompre le développement des faits actuels, par celui d'un fait étranger. Charles-Emmanuel IV s'était retiré à Cagliari, le 9 décembre 1798; un gouvernement provisoire fut institué le jour même (1); et dès le lendemain il fit paraître avec la signature d'Eymar (2), et sous les yeux de Joubert (3), une proclamation où il était dit : « Peuples!... l'aurore de la raison a paru sur « votre horizon, avec l'armée française... Les noms « d'un Joubert, d'un Eymar, d'un Grouchy, seront «< un éternel objet de tendresse et d'admiration pour « les cœurs sensibles. »

L'enflure et la vanité se disputent le sourire du dédain à la lecture d'une pareille pièce. Mais des mesures plus sérieuses suivaient ces paroles déclamatoires.

(1) Composé de treize membres. - (2) Signant: vu, au nom du gouvernement français. (3) Général en chef de l'armée française, alors en

Italie.

Toutes les anciennes administrations étaient provisoirement maintenues; et tous les titres de noblesse disparaissaient devant celui de citoyen (1).

Divers décrets parurent ensuite pour l'organisation des municipalités (2), des gardes nationales (3) et des finances publiques (4). Toute autorité séculière fut retirée à l'Eglise (5). La loi civile cessa de protéger l'irrévocabilité des vœux ecclésiastiques (6); et enfin, le gouvernement nouveau, « considérant que la diffé«rence de culte ne doit introduire, parmi les ci<< toyens d'un peuple libre, aucune différence de droits «ni de devoirs, » décréta qu'à l'avenir les protestants jouiraient des mêmes prérogatives que les catholiques (7).

La torture et l'inquisition avaient été abolies (8); le droit d'asile dans les églises supprimé (9), et la liberté de la presse rendue illimitée (10).

En même temps, on avait décidé que la magnifique chapelle de Superga, bâtie sur une colline, aux portes

(1) Décret du 10 décembre 1798.

(2) Le 15 décembre. — (3) Le 18. (4) Le 21. Par ce décret les intendances furent abolies et remplacées dans chaque province, par un conseil des finances publiques. — (5) Décret du 19 décembre 1798. (6) Même décret. - (7) Décret du 31 décembre 1798. (8) La torture, par décret du 17 décembre 1798; et l'inquisition, par celui du 28 janvier 1799. (9) Par décret du 6 janvier 1799. Ce droit d'asile ne profitait qu'aux criminels, dont il favorisait l'impunité. Le 17 janvier.

(10)

« PreviousContinue »