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« vaudois, a rapporté la somme exorbitante pour « cette population pauvre, de 4301 francs et quelques « sols et cela, à la suite d'une saison peu favorable « et d'une récolte imparfaite... Et depuis-lors, nos « correspondants vaudois ont eu la délicatesse de ne «plus rien nous demander, malgré leurs besoins. «Touchés de cette discrétion, nous vous recom«mandons leurs intérêts avec d'autant plus de « force... etc. >>

Les collectes et les dons en nature se sont multipliés également dans les Vallées, en faveur des sociétés bibliques, des missions et de divers établissements de bienfaisance (1).

Mais si, dans leur patrie, les Vaudois se souviennent des étrangers qui leur témoignent tant d'intérêt, à leur tour aussi, lorsqu'ils sont à l'étranger, ils se souviennent de leur patrie.

Un vaudois, nommé Bianquis, étant mort à Londres, où il servait en qualité de domestique, a légué son modeste héritage à la commune de La Tour,

(1) La collecte en faveur des missions évangéliques, qui se fait chaque année au sein de l'Eglise vaudoise, a donné pour l'exercice de 1848-49, une somme de 1203,90 c. (Note extraite de l'Echo des Vallées, T. I, p. 162.)

pour que ses biens fussent employés à l'instruction de quelques enfants pauvres (1).

Il avait été pauvre lui-même, et il sentait le prix de l'instruction. Aujourd'hui qu'elle est si abondamment offerte à ses concitoyens, puisse la jeunesse vaudoise en profiter, car « celui qui rebute l'instruction, méprise son âme (2), » dit la Bible.

Beaucoup de nobles étrangers ont pourvu, en différentes circonstances, à l'instruction des jeunes protégés, que de touchantes sympathies leur avaient fait adopter dans nos Vallées. Le silence qui cache ces actions généreuses, en est la plus belle auréole. Trahir leur modestie serait les déflorer.

Il nous reste à montrer, dans le chapitre suivant, la marche, sagement progressive, et de plus en plus sympathique aux Vaudois, que le gouvernement piémontais a suivie pour arriver à leur émancipation.

(1) On acheta du produit de ces biens, une terre aux Braïdes. Ce petit domaine rapporte environ 450 fr., cet argent suffit à l'entretien de six enfants pauvres, qui reçoivent ainsi 75 à 80 fr. par an, pour faciliter leur éducation.

(2) Proverbes, XV, 32.

CHAPITRE XXV.

ÉMANCIPATION

CIVILE ET POLITIQUE

DES VAUDOIS

SOUS LE RÈGNE DE CHARLES-ALBERT.

(De 1847 à 1850.)

SOURCES ET AUTORITÉS :

I Valdesi... cenni storici... da A. Bert. Chapitre XIII et XIV. - Monastier, T. II, chap. XXVII. - L'Echo des vallées vaudoises. Lettres particulières. Pièces officielles.

Après les grands mouvements politiques de 1848, il n'est pas étonnant que les trônes ébranlés aient laissé tomber, sur plus d'un peuple, les fruits tardifs de quelques libertés; et sous ce rapport, l'émancipation civile et politique des Vaudois, dont nous allons parler, ne serait qu'un événement ordinaire; mais ce

qu'il y a de remarquable, c'est que le roi de Sardaigne s'était librement engagé dans les voies libérales, dont nous allons parler, long-temps avant l'explosion révolutionnaire de 1848. Il avait même émancipé les Vaudois et donné une constitution à son peuple, avant que la république eut été proclamée en France: et par conséquent sans contrainte, sans pression extérieure, mais sous la seule influence d'un noble cœur et d'une haute intelligence.

Déjà l'on a pu voir, dès la fin du chapitre qui traite de l'état des Vaudois sous la restauration, que la rigueur des anciens édits s'était atténuée par les actes particuliers du souverain. Ces édits, maintenus pour la forme, tombaient en désuétude dans la pratique. C'était un indice de la force croissante du gouvernement et du progrès des institutions nouvelles.

« Le clergé romain, dit M. Monastier, changea aussi de système, dans sa vieille lutte contre l'Eglise vaudoise. La violence ou l'oppression n'était plus de ce siècle, il eut recours à un moyen déjà souvent employé dans les siècles précédents : savoir, la discussion; mais en lui donnant une forme radoucie: celle de lettres pastorales. Ce fut l'évêque de Pignerol, monseigneur Bigex, qui se chargea de ce soin. Ses

mandements, fort bien écrits, réuniraient toutes les qualités requises pour persuader, si le nombre et la disposition des arguments, si l'art de les présenter pouvaient suppléer à la faiblesse du fond.

« A l'apparition de la première de ces pastorales (1), le public vaudois fut ému: soit à cause de la nouveauté du fait, soit par crainte des conséquences. Cependant, on put bientôt reconnaître que là où a soufflé l'esprit de Dieu, l'esprit de Rome ne peut plus égarer l'intelligence.

« Plusieurs pasteurs crurent devoir répondre à ces mandements. Ils le firent par des réfutations manuscrites qui, copiées à un grand nombre d'exemplaires, circulèrent de famille en famille (2). Le sérieux des unes et l'excellent choix de leurs arguments, contrastent avec le ton un peu trop léger de quelques

autres.

« Cette guerre de plume, après quelque vivacité, se calma, sans autre résultat que le bruit qu'elle avait fait. Elle a été essayée de nouveau, mais sans succès, par les évêques successeurs de Mgr Bigex: surtout par Mgr Charvaz, dans des pastorales et des écrits

(1) En 1818.

(2) On remarqua surtout celles de MM. Geymet, Peyran et Mondon. *****

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