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de construction étrangère jaugeant 1,000 lasts. L'industrie nationale de la construction n'a donc pas souffert, pas même pour les navires de fort tonnage; car il a été construit 30 trois-mâts en 1851 et 11 seulement en 1850.

Les publications tardives du ministère du commerce ne nous permettent de donner que jusqu'à l'année 1849 les résultats du commerce extérieur.

Les importations se sont élevées dans cette année à 275 millions (florins), soit 21 millions de plus qu'en 1848. Les exportations ont monté à 217 millions, soit 25 millions de plus que l'année précédente.

L'histoire des colonies néerlandaises ne nous offre que quelques troubles sans importance à Bornéo et dans les montagnes de Sumatra. Des mines d'étain d'une grande richesse ont été découvertes dans l'île de Billiton.

Grand-duché de Luxembourg. Le 10 octobre, une députation de la Chambre des Députés présenta son adresse en réponse au discours du prince Henri, lieutenant du roi (voyez le discours du prince à l'Appendice, p. 167).

On remarquait dans cette adresse qui avait soulevé des débats assez vifs dans la Chambre, le passage suivant, relatif à la situation de l'Allemagne :

« Nous désirons que les événements de l'Allemagne puissent faire le bonheur d'un peuple auquel nous sommes attachés par des liens politiques et commerciaux. Nous les suivons avec intérêt; mais, quoi qu'il arrive, le Luxembourg n'en saurait concevoir d'inquiétude. La tranquillité profonde dont il jouit prouve la sagesse de ses institutions, et la sympathie et l'honneur de son roi sont une garantie de leur durée. Aucune puissance ne saurait y porter atteinte. >>

A l'occasion de ce passage, M. Richard avait demandé au gouvernement dans quel rapport la Constitution du grand-duché se trouvait avec la Confédération germanique. Le président, qui ne s'attendait pas à cette interpellation, déclara ne pouvoir répondre, mais il donna l'assurance que la Constitution était moins en danger que jamais; que, par conséquent, on pouvait sans inconvénient supprimer la phrase finale du paragraphe. Néanmoins, la

Chambre résolut de maintenir le paragraphe dans sa rédaction primitive.

Le prince accueillit la députation avec beaucoup de bienveillance, et donna l'assurance que le grand-duc et le prince gouverneur sauraient maintenir l'honneur et l'indépendance du Luxembourg.

CHAPITRE II.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE.

CONFÉDÉRATION GERMANIQUE. Question de la reconstitution allemande, prétentions de l'Autriche, présidence de la diète, entrée des provinces non allemandes dans la Confédération; conférences de Dresde, lutte d'influences; Memorandum de la France; retour pur et simple à l'ancienne diète ; abolition des droits fondamentaux ; la Prusse retire ses provinces non allemandes de la Confédération; les réfugiés en Angleterre. Politique commerciale de la Prusse, traité d'union entre le Zollverein et le Steuerverein, recettes du Zollverein; politique commerciale de l'Autriche, projet de fusion douanière avec le reste de l'Allemagne. - Situation matérielle de la Confé

dération, industrie, commerce, chemins de fer. AUTRICHE. Régénération de l'empire, succès de sa politique, progrès économiques, chemins de fer, caisses d'épargne.

PRUSSE. Hésitations entre la démocratie et l'autorité; interpellations sur la politique de la France avec l'Autriche; loi sur la presse; clôture de la session, réaction dans le sens de l'autorité, retour aux états de cercle et de province; ouverture de la session nouvelle, traité d'union avec le Steuerverein. - Budget, chemins de fer.

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BAVIÈRE. Son rôle dans la lutte des influences allemandes.

SAXE-ROYALE. Abrogation des droits fondamentaux, clôture de la session. HANOVRE. Mort du roi Ernest-Auguste, système de bascule dans la question allemande. Finances, chemins de fer.

WURTEMBERG. Elections, ouverture des chambres, libéralisme du roi. BADE. Abolition des droits fondamentaux ; modifications ministérielles, session.

HESSE-DARMSTADT. Convocation d'une diète extraordinaire.
WEIMAR. Ouverture de la diète, constitution.

OLDENBOURG. Dissolution de la diete, convocation nouvelle.
VILLES-LIBRES. Union commerciale avec le Zollverein, ses résultats futurs.

La Confédération germanique se retrouvait, au commencement de l'année, devant ce difficile problème d'une réforme du pacte

fédéral dans le sens de l'unité qui pût être acceptée par toutes les puissances de l'Allemagne, qui n'en favorisât et n'en lésât aucune. Des conférences s'étaient ouvertes à Dresde le 23 décembre 1850, conformément à la convention d'Olmütz.

L'Autriche, fière de sa victoire récente, et pour qui ces conférences elles-mêmes étaient un succès, consentirait-elle à faire alterner la présidence du pouvoir fédéral avec la Prusse, admettrait-elle la parité; ou bien, en désespoir de cause, en reviendrait-on purement et simplement à l'ancienne diète ? La ténacité avec laquelle l'Autriche persistait dans ses prétentions pouvait faire croire qu'elle s'était assuré l'appui éventuel de la Russie. Et cependant le cabinet de Saint-Pétersbourg avait témoigné, disaiton, un certain mécontentement de la roideur que montrait l'empire allemand dans la question de la présidence, comme il désapprouvait la pensée de constituer à la tête de la Confédération germanique un empire immense composé de toutes les provinces. autrichiennes de nationalités et de langues différentes.

Les conférences furent ouvertes par le prince de Schwarzenberg. Le discours du prince résuma avec quelque hauteur la pensée de l'Autriche reconstitution et révision de la confédération primitive, création d'une autorité fédérale assez forte pour grouper autour d'elle tous les intérêts conservateurs. Telle était la position prise par l'Autriche; la situation effacée de la Prusse se traduisit dans un discours singulièrement modeste de M. de Manteuffel, où on vit à peine reparaître quelques-unes des anciennes velléités de réforme dans le sens libéral. Enfin, un troisième parti était représenté dans les conférences par la Bavière, qui groupait autour d'elle quelques-uns des Etats secondaires, et dont le ministre, M. Van der Pfordten, réclamait l'établissement d'une représentation nationale auprès du pouvoir central, conformément au traité signé, le 27 février 1850, entre la Bavière, la Saxe et le Wurtemberg.

Les influences rivales étaient en présence: l'Autriche s'empressa de proposer une répartition des voix dans le pouvoir central telle que les petits Etats, jusqu'alors entraînés dans le cercle d'attraction de la Prusse, fussent exclus de toute participation au pouvoir exécutif. Appuyée par les protestations successives des

petits Etats, la politique prussienne ne trouva d'autre ressource que la reconstitution pure et simple de l'ancien pacte.

Si l'Autriche réussissait à se faire attribuer la présidence exclusive de la Diète, avec la Constitution nouvelle de cette Diète et l'entente parfaite établie entre l'Autriche, la Bavière, le Wurtemberg et la Saxe, la prépondérance dans le pouvoir exécutif était assurée à l'empire, et la Prusse ne gagnait à ce remaniement que l'avantage d'avoir deux voix au lieu d'une. Mais, d'un autre côté, elle perdait l'appui des voix des petits Etats qui seraient considérableinent réduits.

Dans ces conjonctures, la Prusse témoignait le désir de revenir tout simplement à l'ancienne Diète telle qu'elle était avant mars 1848. Mais le prince de Schwarzenberg déclarait ne pouvoir y accéder. L'Allemagne était donc encore une fois divisée à Dresde en deux parties.

L'autre prétention de l'Autriche, celle d'entrer avec toutes ses provinces non allemandes dans la confédération nouvelle, fut d'un grand secours pour la Prusse dans la lutte qui venait de s'ouvrir. Déjà, le 31 janvier, le ministre français à Vienne avait protesté contre le projet autrichien: une protestation semblable fut envoyée à Dresde, et, le 5 mars, un memorandum énergique fut adressé par la France aux puissances signataires des traités de 1815. La diplomatie française avait vu avec raison, dans cette prétention de constituer un corps de 70 millions d'hommes réunis sous une seule direction politique, une atteinte à l'équilibre territorial. Ce serait, ou l'accroissement démesuré de la puissance autrichienne, ou une innovation inquiétante, capable de changer le droit public européen. L'Angleterre s'associa plus modestement à cette protestation, et la Russie se déclara, à son tour, hostile au projet autrichien.

Il fallut donc que l'Autriche cédât. Mais que devenaient alors les conférences de Dresde? Dès le 23 février, une séance plénière avait eu lieu où on avait reconnu l'impuissance et l'inutilité du congrès. La Prusse et les petits Etats insistaient pour la reconstitution pure et simple de l'Assemblée fédérale telle qu'elle existait avant 1848. Cette opinion prévalut. Le 30 mai, la diète de Francfort fut rouverte, sous l'empire de la Constitution de 1815,

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