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mins de fer très-complets, dont la plus grande partie est en ce moment exploitée, et le reste très-avancé. Cet espace comprend la Prusse, le Hanovre, la Saxe et leurs dépendances, le Brunswick et les autres duchés du Nord, formant un grand centre de population, de commerce et d'industrie dont tous les autres chemins de fer de l'Allemagne seront tributaires.

Les chemins de fer allemands peuvent se diviser en quatre grandes lignes distinctes, allant du nord au sud, dans des directions à peu près parallèles. La première suit le cours du Rhin de Cologne à Bâle, avec de petits embranchements tels que ceux de Baden, Manheim et Spiers. La seconde va aussi du nord au sud à travers le Wurtemberg, ayant pour point de départ Stuttgardt, et pour terme les rives du lac de Constance. Cette ligne, reprise au sud du lac, poursuivra sa route à travers les Alpes par le Splugen, contournant les rives du lac Majeur, se développera dans les plaines du Piémont pour s'arrêter aux champs de Marengo, sous les murs d'Alexandrie, se reliant à Gênes par Turin et les autres points du réseau piémontais. Cette artère immense formera un seul chemin de fer qui, de Gênes, atteindra les ports de la Belgique et ceux de la Manche.

La troisième grande ligne de chemin de fer part de Munich, traverse la Bavière, se relie avec le réseau saxon par Augsbourg et Nuremberg, et se termine au-dessus du lac de Constance.

Cette grande ligne bavaroise, qui, pour le moment, s'arrête à Munich, doit être prolongée au sud et à l'est, à travers le Tyrol, par Inspruck et Bautzen; franchissant les Alpes à Trente, et suivant le cours de l'Adige, elle ira joindre enfin à Vérone le chemin de fer de Venise à Milan.

L'achèvement de cette ligne importante complètera la communication continentale; le réseau étendra ses bras gigantesques sur les rives de l'Adriatique, de la Méditerranée, de l'Atlantique, de la Manche, de la mer du Nord et de la Baltique.

La quatrième grande ligne parallèle se dirigeant du nord au sud à travers l'Autriche, part de Vienne et se termine à Trieste, augmentée dans tout son parcours de nombreux embranchements. Déjà elle est exploitée jusqu'à Laybach, mais à partir de ce point, le passage des Alpes juliennes exigera des travaux diffi

offerte au roi de Prusse; que l'Autriche a été mise au ban de l'Allemagne. Aujourd'hui l'influence de l'Autriche est plus assurée que jamais. Aux qualités traditionnelles de sa politique, la persévérance, l'habileté à profiter des avantages et des fautes, se joint une qualité nouvelle, l'audace. C'est comme une seconde jeunesse qui commence pour l'empire.

Parmi ses essais de régénération intérieure se place la pensée profonde qui tend à resserrer par des négociations commerciales les liens qui unissent l'Autriche à l'Allemagne. Il s'agit surtout de renverser les barrières qu'oppose à cette entreprise la constitution actuelle du Zollverein.

Le moyen choisi, à l'intérieur, pour faire triompher cette politique nouvelle, c'est une réaction lente et sûre contre toutes les institutions nées de la révolution, portant un caractère parlementaire ou libéral. La constitution du 4 mars, si antipathique aux diverses nationalités de l'empire, avait, aux yeux du gouvernement autrichien, ses vices originels. Aussi, l'empereur revint-il purement et simplement, par ordonnance du 20 août, à l'exercice du pouvoir direct et absolu. Les nationalités menacées dans leur indépendance par la constitution centralisatrice du 4 mars applaudirent à la réaction monarchique annoncée par ces ordonnances. C'est le 31 décembre 1851 que le nouvel ordre de choses a été entièrement constitué : l'analyse en appartient donc à l'histoire de l'année suivante.

L'Autriche est entrée, depuis la dernière révolution, dans la voie des progrès économiques. La suppression de la ligne de douanes entre la Hongrie et les autres parties de l'empire, la suppression de la barrière qui existait entre l'Autriche et les provinces italiennes, sont deux indices de ce mouvement qui entraîne les hommes d'État de l'Autriche dans le véritable chemin de l'unité allemande, vers la liberté commerciale.

Legrand instrument de cette politique nouvelle, les voies de circulation, sont l'objet des sollicitudes constantes du gouvernement autrichien, Déjà nous avons indiqué plus haut quelle a été la part de l'empire dans la constitution du grand réseau des lignes de fer en Allemagne. Ajoutons quelques détails particuliers à l'Autriche.

Dans la direction septentrionale on a ouvert au public la ligné de Brunn à Troppau, longue de douze lieues allemandes. Quant à la continuation du chemin de Prague aux frontières saxonnes, les opérations préliminaires sont avancées, mais l'ouverture du trajet de Prague à Jobositz, long de onze lieues un quart, ne pourra avoir lieu avant le printemps prochain.

Dans la direction du midi le chemin de fer qui joindra la grande douane avec la station, à Vienne, du chemin de Glognitz se poursuit proportionnellement aux moyens.

Les travaux de la route sur le Sommering viennent non-seulement d'être entamés sur les trois premiers points, mais on vient maintenant d'aborder quatre autres stations. De cette façon, les travaux entrepris comprennent un trajet de trois lieues de Gloggnitz par Bayerbach jusqu'à Bayerbach-Graben, et de Mursuschlag-sur-le-Sommering jusqu'à l'Adlitz-Graben. Plus de 170 Klaftes courants ont été creusés dans le grand tunnel, et sa voûte se trouve déjà construite sur 16 klaftes courants.

Les travaux du chemin de Mursuschlag jusqu'à l'entrée du grand tunnel se trouvent assez avancés. En résumant tous les travaux qui ont été faits pendant l'année 1849, nous trouvons qu'on a ouvert vingt-trois lieues et demi de chemin de fer; il y en a en outre dix-huit dont les travaux sont presque terminés.

Au commencement de l'année 1849, l'Autriche possédait déjà 1,400 kilomètres de télégraphe électrique (550 lieues); elle en avait, en 1851, plus de 3,500. Milan, Vérone, Venise, Trieste, Gratz, Vienne, Presbourg, Pesth, Olmütz, Oderberg, Troppau, Brunn, Prague, Bodenbach, Linz, Salzbourg, Inspruck et Bregenz, toutes ces villes, importantes par leur position, se rattachent les unes aux autres par des lignes télégraphiques. Des embranchements de ces points principaux conduisent à Agram, à Mantoue et à Goertz. Les lignes de Cracovie à Lemberg, de Leybach à Klagenfurt, de Szegled à Szegedin, à Temeswar, à Hermanstadt, à Petewardein, et jusqu'à Semlin, sur la frontière de la Serbie, sont en voie d'exécution. Toutes ces lignes servent nonseulement à transmettre les dépêches du gouvernement, mais sont accessibles, moyennant, il est vrai, un taux assez élevé, aux particuliers. Grâce aux efforts du gouvernement impérial, ces lignes

télégraphiques s'étendent même au delà des frontières de l'empire. Il existe entre l'Autriche, d'un côté, et la Prasse, la Bavière et la Saxe, de l'autre, une convention relative au service des télégraphes. Le Wurtemberg, et, avec quelques modifications, la Belgique, ont accédé à cette convention. Des négociations dans le même but sont déjà entamées avec la France, l'Angleterre et les États italiens. L'organisation du service des télégraphes en Autriche date, en quelque sorte, de la création du ministère du commerce, où un bureau spécial est chargé de tout ce qui regarde les voies de communication.

Les caisses d'épargne de la monarchie autrichienne continuent à prospérer; celle de Vienne avait au 21 décembre 1849, 115,587 déposants. Le montant des dépôts évalué en monnaie de France s'élevait à.

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Le surplus des versements sur les remboursements a été dans l'année 1850 de

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68,332,000 fr.

8,100,000

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Depuis là révolution de 1848, la politique du gouvernement prussien flotte sans cesse entre des entraînements démocratiques d'une sincérité douteuse et des réactions autocratiques. En mars 1848, il céde aux exigences révolutionnaires, et, pendant huit mois, abandonne la capitale à l'anarchie. En novembre, un coup d'Etat met fin au désordre, et de ce coup d'Etat sort la charte radicale du 5 décembre. Mais cette charte est octroyée, et les réserves transparentes faites par la royauté préparent la dissolution violente de l'Assemblée, issue du suffrage universel, sous l'empire de cette Constitution. Depuis lors, la Constitution du 5 décembre reste une lettre morte, et la couronne gouverne avec l'état de siége.

Le parlement qui avait été ajourné au 4 janvier 1851, par suite de l'opposition faite à la politique qui l'emportait à Olmütz à la fin de l'année précédente, se rouvrit avec des dispositions sinon

hostiles, du moins assez froides. Des interpellations amenèrent M. de Manteuffel à s'expliquer : il le fit avec netteté. Si la Prusse n'avait pas voulu jouer le jeu de la guerre à propos des trois affaires de la reconstitution de l'Allemagne, de la Hesse-Electorale et du Holstein, c'est qu'elle eût trouvé contre elle dans la lutte tous les gouvernements conservateurs, pour elle un seul allié, la révolution. Or on voulait décidément rompre avec la révolution. Les interpellations furent accueillies dans les deux chambres par l'ordre du jour. Puis la session s'acheva, calme et peu animée. Elle n'eut pour résultats importants qu'une loi sur la presse qui adoucissait le régime. restrictif de l'ordonnance du 5 juin 1850 et le vote d'un impôt de 1,750,000 thalers sur les classes et les

revenus.

Le 9 mai, la session fut close et la réaction continua plus vive dans le sens de l'autorité. Au lieu de faire répartir et encaisser l'impôt nouveau par des commissions locales émanées de la commune, du cercle et de la province, comme le demandaient les constitutionnels, le gouvernement, par des circulaires du ministère de l'intérieur, M. de Westphalen, se décida à faire convoquer les anciens États de cercle et de province. Bien que cette restauration des classes n'eût lieu qu'à titre provisoire, c'était là une condamnation implicite de la législation du 11 mars 1850, et un retour marqué aux institutions féodales.

Le 27 novembre s'ouvrit la troisième session des chambres prussiennes. Pendant la clôture était intervenue la conclusion du traité du 7 septembre qui attirait dans l'orbite du Zollverein les petites puissances du Steuerverein. Le gouvernement s'applaudit de ce succès qui apportait une consolation à l'orgueil national froissé par les concessions nombreuses arrachées à la Prusse, depuis la fin de l'année précédente.

Ainsi, la Prusse renonçait enfin hautement à sa politique de popularité dissolvante, à son libéralisme absolutiste pour imiter l'Autriche et s'unir à tous les gouvernements conservateurs, dans une ligue contre la révolution. Le roi avait oublié ses prétentions impériales; il semblait ne plus se flatter que toute l'Allemagne s'absorbât dans la Prusse. Il réprimait les écarts de la mauvaise presse; il rudoyait le conseil municipal de Cologne, entaché de

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