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>>> La sagesse avec laquelle S. M. la reine a dirigé les affaires de l'Etat pendant votre absence, qui a duré neuf mois, augmente encore la vénération que Votre Majesté inspire au pays. Le peuple grec a pleinement justifié dans cet état des choses l'amour de Votre Majesté et il adresse du fond de son cœur des vœux au ciel pour l'affermissement de votre trône, seule garantie de son bonheur, seul symbole de son unité. »

Le roi répondit:

<«< Revenu au milieu de mon peuple chéri, je me réjouis de voir ses représentants réunis autour de moi. Vous, messieurs les députés, et toute la nation que vous représentez, vous avez justifié les espérances que j'avais conçues lorsque, à mon départ, je pris congé des chambres. »>

La session parlementaire de 1851, commencée sous l'impression de l'assassinat de M. Corphiotakis, ministre de l'instruction publique, ne fut marquée par aucun résultat important. Un traité conclu avec la compagnie du Lloyd autrichien, pour le service des côtes helléniques, et une convention commerciale conclue avec la Sardaigne, tels sont les seuls faits de l'ordre économique que nous ayons à signaler.

Un nouveau ministère avait été nommé au retour du roi. Il était ainsi composé aux finances, M. Christidès; à la marine, avec présidence du conseil, l'amiral Kriezis; aux affaires extérieures, M. Païkos; à la guerre, M. Epito-Milios; à la justice, M. Damiano; à l'instruction publique et aux cultes, M. Barboglou; à l'intérieur, M. Méletopoulos.

CHAPITRE V.

SUISSE. Les réfugiés,(le droit d'asile, internement et expulsion; contre-coup du coup d'État de décembre; élections; oppression du canton de Fribourg; chemins de fer; budget.

ITALIE. L'unité italienne, sa base véritable, union commerciale, projets ; l'intérêt démagogique et l'influence anglaise.

Etats du Saint-Siége. Renaissance catholique dans le monde entier ; finances, travaux publics, chemins de fer, l'occupation française et les démagogues. Sardaigne. Rapports avec le saint-siége, hostilité flagrante du gouvernement, persécutions; les démagogues avant et après le coup d'Etat en France; traités de commerce, chemins de fer.

Deux-Siciles. Conseils généraux des provinces; situation prospère de la Sicile; calomnies, procès de l'Unita Italia, clémence royale, calomnies de M. Gladstone.

Toscane. Occupation autrichienne, concordat avec le saint-siége, budget. Parme, Réaction religieuse.

SUISSE.

Le gouvernement fédéral, soit par faiblesse, soit par une déplorable accession aux doctrines subversives de l'école communiste allemande, continue à éveiller l'inquiétude des grandes puissances. La honteuse oppression exercée contre le canton de Fribourg, les réclamations énergiques de la Prusse au sujet de la principauté de Neufchâtel, par-dessus tout les dangers créés par la présence dans les cantons d'un nombre considérable de réfugiés politiques, telles étaient les questions à l'ordre du jour.

Pour répondre aux réclamations de la diplomatie, le conseil fédéral somma les gouvernements cantonaux d'échanger les réfugiés auxquels ils auraient donné asile. Mais ce n'était là encore qu'une mesure dérisoire. Dix fois déjà des avis pareils avaient été donnés sans résultat appréciable. Toujours les réfugiés arrivaient

à éluder les dispositions qui leur ordonnaient de rester à huit lieues de la frontière de leur pays. D'ailleurs, l'entente universelle établie entre les réfugiés des différents pays leur permettait de se servir mutuellement d'agents ou correspondants. Ils comptaient, en outre et non sans raison, sur la complicité des gouvernements cantonaux. Vaud, Fribourg, le Valais, Genève, BâleCampagne n'étaient-ils pas gouvernés par des radicaux? Le chef du gouvernement central n'était-il pas lui-même une des illustrations des sociétés secrètes ?

Il fallut cependant céder, à mesure que la politique française devenait plus personnelle et plus énergique. L'internement des réfugiés à huit lieues des frontières fut décrété par une circulaire du 25 février 1851. La conduite imprudente des réfugiés à la nouvelle des événements survenus en France pendant le mois de décembre, força le conseil fédéral à recourir à une mesure plus complète, l'expulsion.

Lorsque la révolution du 2 décembre fut consommée, elle eut dans toute la Suisse radicale un contre-coup immédiat et significatif. Immédiatement les cris et les chants féroces qui, en France même, étaient déjà proscrits avant le 2 décembre, et qui étaient devenus en Suisse les cris et les chants populaires cessèrent de se faire entendre, sans défense aucune, sans aucune mesure de police. On ne fut plus exposé, ni dans les rues, ni dans les auberges, ni à Berne, ni à Fribourg, ni à Genève, ni dans le canton de Vaud à ces manifestations anarchiques. Pour la première fois depuis longues années, les méchants commencèrent à trembler, et les honnêtes gens espérèrent. Le jour où l'on chantait dans toutes les paroisses un Te Deum d'actions de grâces pour la prompte et grande victoire qui délivrait la patrie des périls de 1852, les paysans de Fribourg allumèrent des feux de joie sur leurs montagnes, comme ils en avaient allumé déjà pour célébrer le rétablissement du Saint-Père dans sa capitale par les armes françaises. Le gouvernement radical et ses préfets laissèrent faire, non sans témoigner leur mauvaise humeur; mais ils n'osèrent pas en cette occasion, suivant leur coutume, jeter en prison les citoyens qui avaient ainsi donné à la France des marques de leur sympathie. Ils se contentèrent d'accueillir avec honneur les réfugiés du jour,

et de charger les dames radicales de recueillir des offrandes fraternelles pour les héros de Poligny.

Sans doute le parti de l'ordre a gagné du terrain dans quelques cantons, à Berne, à Lauzanne, à Lucerne, etc. Mais les gouvernements radicaux ont si arbitrairement organisé et divisé les districts pour les élections, que les voix conservatrices se trouvent presque partout neutralisées par une majorité factice du parti radical. Une forte majorité paraissait donc assurée au parti révolutionnaire, et on pouvait craindre que la Suisse officielle appartînt encore pour les trois années suivantes aux chefs de la démocratie propagandiste. Mais les élections d'octobre trompèrent ces prévisions funestes et donnèrent une force nouvelle au parti modéré, bien que le radicalisme triomphât à Berne à force de pressions violentes exercées sur les électeurs modérés.

La croisade du gouvernement de Fribourg contre la religion et la morale publiques peut se résumer ainsi : usurpation sur l'enseignement de la théologie, fermeture du séminaire, incamération des biens d'église et de toutes les fondations pieuses, même pour messes, refus de salaire aux ouvriers évangéliques, primes offertes à la prévarication, interdiction de la prière dans les écoles, parce qu'elle est abrutissante, dit M. Julien Schaller, ministre de l'instruction publique.

Le gouvernement fédéral s'occupait activement d'un projet complet de réseau de chemins de fer destinés à relier les différentes villes et contrées de la Suisse.

Le budget pour 1852, calculé en nouveaux francs suisses, donnait les résultats suivants :

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ITALIE.

Pour l'Italie, considérée dans son ensemble, il est, comme pour la Confédération germanique, une question qui prime la question politique, c'est celle des relations commerciales. Là est peut-être la seule réalisation possible de cette tendance vers l'unité, qui, dans l'ordre politique, n'a enfanté que des désastres. Déjà nous avons parlé du système autrichien, qui laisserait en dehors d'une grande union commerciale les Etats du roi de Sardaigne.

On prête aux gouvernements de Naples, des Etats pontificaux, de la Toscane et des duchés de Parme et de Modène, un projet qui consisterait à s'unir étroitement par une alliance défensive, afin de s'affranchir de l'occupation française et autrichienne, et de se prémunir contre les périls qu'on pensait devoir sortir des complications et des incertitudes de 1852.

Parmi les projets concertés entre les divers princes italiens, celui qui semble dominer tous les autres est la jonction des deux mers qui environnent la Péninsule, au moyen de lignes de chemins de fer. Venise et Ancône sur l'Adriatique; sur la Méditerranée, Naples, Civita-Vecchia, Rome, Livourne et Gênes voient le sort de leur commerce attaché aux plans qui seront adoptés, aux traités qui seront conclus sur cet objet important. De là les difficultés de s'entendre et de concilier tant d'intérêts opposés.

A ces tendances nouvelles s'opposent deux forces différentes qui, chacune dans un but opposé mais également égoïste, tendent à contre-balancer les progrès de l'Italie nouvelle. Ces deux forces sont, la démagogie d'une part, l'intérêt britannique de l'autre. Nous les retrouverons luttant contre les efforts de tous les gouvernements isolés, même de ceux qui les accueillent avec le plus d'imprudence.

C'est surtout l'organisation formidable de la grande société secrète dite l'Unita-Italia.

ÉTATS DU SAINT-SIÉGE.

Un royaume entier, la Grande-Bretagne; réjoui et raffermi

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