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L'année précédente, par un décret en date du 26 août, le duc de Parme avait fait fermer le célèbre collége fondé par le cardinal Albéroni, et obligé les lazaristes qui le dirigeaient à quitter ses Etats. Des négociations eurent lieu depuis lors, à ce sujet, entre S. A. R. Charles III de Bourbon et le Saint-Siège. Elles étaient à la fin de l'année, sur le point d'aboutir et la direction du collége albéronien allait être rendue aux dignes prêtres de la Mission.

CHAPITRE VI.

ESPAGNE. Chute du cabinet Narvaez, le nouveau ministère; attitude du congrès, sa dissolution; élections nouvelles, opposition confuse ; le coup d'État de décembre, ses résultats en Espagne; situation matérielle; budget; concordat avec le Saint-Siége; nouvelle expédition des forbans d'Amérique contre Cuba; châtiment, outrages à l'Espagne, réparation; traité avec le Nica

ragua.

PORTUGAL. Les partis et la royauté, révolte militaire fomentée par le duc de Saldanha, fuite et triomphe du duc, insurrection d'Oporto; suspension des cortès, entrée de Saldanha à Oporto, démission du ministère, fuite du comte de Thomar; ministère Saldanha, la royauté humiliée; abrogation de la loi de la presse ; la nation, les partis et le gouvernement nouveau ; la démagogie à Oporto; nouveau système électoral, élections; banqueroute partielle.

ESPAGNE.

Déjà ébranlé, dès les premiers jours de 1850, par la retraite de M. Bravo Murillo, ministre des finances, et par les attaques d'un homme éminent, M. Donoso Cortès, le ministère à la tête duquel était placé le général Narvaez chancelait malgré l'immense majorité qu'il avait dans le congrès. Le 10 janvier, le cabinet tout entier donna sa démission; il tombait de lui-même, par impuissance de résoudre les difficultés administratives nées du calme général des affaires et de l'activité des esprits; il tombait sans cause apparente.

Le 16 janvier, le nouveau cabinet, par l'organe de M. Bravo Murillo, fit connaître aux cortès son programme gouvernemental. Le ministère serait tolérant et impartial; il se retrancherait dans le respect de la loi. La loyauté, la justice, l'économie présideraient autant que possible à tous ses actes. Le ministère ne retirerait pas le budget; il se bornerait, dans le cours de la discussion, à modifier certains articles de dépenses, afin d'y opérer des réduc

tions importantes. M. Bravo Murillo promit, de plus, de présenter, dans un bref délai, un projet de loi sur l'arrangement de la dette. Les deux chambres écoutèrent silencieusement ce programme.

Le ministère du 15 janvier était ainsi composé: Finances, M. Bravo Murillo, avec la présidence du conseil ; Affaires étrangères M. Manuel Bertran de Lys, député aux cortès; Guerre, le comte de Mirasol, lieutenant général, sénateur; Justice, M. Gonzalès Romero, députés aux cortès; Marine, M. Bustillos, chef d'escadre, commandant général du département maritime de Cadix; Intérieur, M. Firmin Arteta, sénateur; Commerce, instruction et travaux publics, M. Fernandez Negrete, député aux cortès. En attendant l'arrivée de M. Bustillos, M. Bertran de Lys aurait le ministère de la marine par intérim.

Le nouveau président du conseil et ministre des finances, M. Bravo Murillo, était, dès 1845, considéré comme le chef d'une opposition numériquement faible, mais redoutable au ministère Mon-Narvaez, par la constance et l'ensemble de ses attaques. Sa réputation d'homme d'Etat s'était faite dans ses luttes pour la présidence avec M. Castro y Orosco, dans sa participation au cabinet Sotomayor. Puis, il avait été ministre du commerce, de l'instruction et des travaux publics dans le cabinet présidé par le duc de Valence, et enfin ministre des finances dans le même cabinet. Ses vues économiques, en désaccord avec celles de ses collègues, l'avaient déterminé à donner sa démission.

Le ministre de l'intérieur, M. Arteta, ancien officier du génie et depuis longtemps membre de la chambre des députés, avait toujours fait partie de la majorité qui se forma sous le ministère Mon-Pidal, et qui lutta contre l'administration Pacheco - Salamanca. Quelque temps retiré de la vie politique, il y était rentré comme sénateur, puis gouverneur de Barcelone et bientôt après directeur des travaux publics.

Le ministre de la guerre, M. le comte de Mirasol, avait eu un commandement supérieur pendant la guerre civile. Gouverneur des Antilles, il avait été en outre chargé de missions importantes dans les possessions d'Amérique. Plus récemment, il avait été élevé au poste de capitaine-général de la province de Séville.

Le ministre des affaires étrangères, M. Bertran de Lys, était lui, un combattant de la presse périodique. En 1843, il écrivait dans l'Heraldo. Il fut alors nommé secrétaire au ministère de l'intérieur, et bientôt après député. Ministre de la marine, puis des finances dans le ministère Narvaez, il avait été nommé ministre plénipotentiaire d'Espagne en Piémont.

Le ministre de la justice, M. Gonzalez Romero, avait constamment siégé à la Chambre dans les rangs du parti modéré. Il était directeur du contentieux au ministère des finances, et avait toujours marché d'accord avec M. Bravo Murillo.

Le ministre de la marine, M. Bustillos, avait eu le commandement en chef de l'expédition dans les Etats pontificaux ; il commandait le département de Cadix. Il fut nommé ministre de la marine dans le célèbre cabinet Manresa: mais il était à cette époque hors de l'Espagne, et ce choix n'indiquait aucune participation à l'intrigue.

Quant au ministre du commerce et des travaux publics, il était depuis longtemps membre de la Chambre des députés.

Esprit de conservation, esprit d'économie scrupuleuse, réformes administratives, développement des travaux publics, telle était, en somme, la signification de l'administration nouvelle. Mais l'ancienne majorité acquise au cabinet Narvaez gardait, à l'égard du cabinet Bravo Murillo, une attitude expectante et froide. La loi sur le règlement de la dette, présentée comme une question de confiance, engagea la lutte. Une scène d'accusations scandaleuses précipita la crise, et, le 6 avril, le congrès fut dissous. Des élections générales furent indiquées pour le 10 mai. La décomposition générale des partis assurait au ministère une majorité suffisante dans le pays, aussi l'ouverture du nouveau congrès (31 mai) ne fit pas éclater une situation nouvelle. Mais les difficultés croissaient chaque jour, et l'opposition grandissait contre le ministère, lorsqu'un événement extérieur vint dénouer la situation. Les nouvelles venues de France au commencement de décembre, donnèrent lieu à une suspension de la session des Cortès. On croyait alors que des troubles graves pourraient suivre la nouvelle révolution partie de Paris. La prévision ne devait pas se réaliser mais l'Espagne ne pouvait que gagner à la pro

longation de cette sage mesure. Ses finances s'amélioraient, son commerce, son industrie se ressentaient chaque jour du calme qui, depuis quelques années, a succédé à une longue guerre civile. La majorité de la nation se prononçait en faveur de tout ce qui peut fortifier l'autorité. Ce pays est l'un de ceux de l'Europe qui s'intéressent le plus à nos destinées. Aussi a-t-il jugé notre situation avec des sentiments de bienveillance et de sympathie. La situation financière résulte, comme suit, de l'exposé fait par le ministre des finances.

Le budget général des dépenses s'élève à 1,108,516,088 réaux. On déduit de cette somme de 1,108 millions et demi, pour le montant d'une mensualité pour les classes actives, les deux pour les classes passives, et les quatre, six et dix pour les passives, 75 millions. Quoique la réduction dans le budget s'élevât à 80 millions de réaux, on adopte le chiffre de 75 millions. En conséquence, le budget ordinaire des dépenses de 1851 est réduit à 1,053,219,000 réaux.

Le budget général des recettes s'élève à 1,218,996,000 réaux; si l'on déduit 108,800,000 réaux pour dépenses reproductives, reste un budget net de recettes de 1,090,195,000 réaux. Le budget ordinaire des dépenses s'élevant à 1,033,219,000 réaux, il y a un excédant de recettes sur les dépenses de 56,976,000 réaux. Sur cet excédant, on déduit sur le budget de cette année, tant pour le payement des intérêts que pour l'amortissement, dans l'hypothèse de l'adoption de la loi par les Cortès, 36 millions de réaux.

Le déficit est réduit à 50,976,000 réaux. Il y a ensuite le budget extraordinaire des dépenses, s'élevant à 242,5537,000 réaux, déduction faite de la somme de 50 millions; le budget extraordinaire des dépenses est réduit à 151,570,000 réaux. Tel est le déficit que présentera le budget de 1851.

Le ministre, après avoir dit que ce déficit pourrait être couvert en quatre ans, résumait ainsi les ressources dont il pourrait disposer pour faire face aux nouvelles obligations contractées par l'Etat, par suite du règlement de la dette. C'étaient l'excédant du budget ordinaire, l'augmentation naturelle des revenus éventuels, et les retenues sur les traitements des classes actives et

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