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La longueur totale des rail-ways ouverts à la circulation dans le Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande était, le 30 juin 1850, de 6,398 milles (2,686 lieues de France), et le 31 décembre suivant, de 6,621 milles (2,707 lieues), ce qui constitue une augmentation de 313 milles (132 lieues), pendant les cinq mois qui séparent ces deux époques.

La difficulté extérieure la plus grave fut, pour l'Angleterre, dans l'abus du droit d'asile. L'hospitalité accordée aux réfugiés de toutes les nations, les encouragements hautement donnés aux entreprises révolutionnaires des Hongrois contre l'Autriche, les accusations inouïes portées par un ministre britannique contre l'administration intérieure du royaume des Deux-Siciles constituaient, au moment du coup d'Etat français, un ensemble systématique d'agressions contre l'indépendance et la sécurité de plusieurs gouvernements de l'Europe. La chute de lord Palmerston mit fin aux inquiétudes que causaient déjà, pour la paix du monde, ces actes imprudents.

Nous l'avons dit plus haut (voyez France), la nouvelle révolution française fut accueillie, en Angleterre, par des colères et par des terreurs inattendues. Toutes ces démonstrations de sympathie, toutes ces marques de bienveillance qu'on avait prodiguées à la France, lors des visites officielles de la grande exposition, ne s'adressaient-elles donc qu'à une nation condamnée à mort? N'y avait-il donc là qu'une oraison funèbre anticipée ? On pouvait le croire en entendant les insultes adressées à cette nation le lendemain du jour qui lui assurait l'avenir. Aux flatteries doucereuses de la veille succédaient les outrages du lendemain, et le signe

le moins équivoque du dépit de l'Angleterre, c'était la terreur feinte ou réelle qu'une partie de la presse britannique affichait de la France renouvelée. Le journal de la bourgeoisie, le Times, et l'organe de la démocratie, le Daily-News, semblaient se donner le mot pour exagérer la faiblesse de l'armée anglaise, pour représenter les trois royaumes comme ménacés d'une invasion prochaine. Le duc de Wellington était invité à mettre la capitale à l'abri d'un coup de main. Sir John F. Burgoyne, inspecteur général des fortifications, était mis en demeure de défendre les rives de Kent et d'Esser, les bords de la Tamise et de la Medway. On parlait de rappeler les flottes, d'augmenter les troupes de ligne, l'artillerie, la marine.

La réflexion et l'intérêt bien entendu de la Grande-Bretagne, allaient bientôt calmer ces terreurs mal fondées.

ÉTATS-UNIS.

Cette année fut célébré le soixante-seizième anniversaire de la déclaration d'indépendance. Le 4 juillet est un jour de fête nationale observé par l'universalité des Américains, quels que soieut leur parti ou leur croyance; whigs et démocrates, catholiques et protestants, hommes du sud et hommes du nord, tous se réunissent dans une même pensée de patriotisme, tous se félicitent d'appartenir, par naissance ou par adoption, à la grande Confédération américaine. Cette année fut plus particulièrement solennisée par la cérémonie de la pose de la première pierre de l'agrandissement du Capitole à Washington; car chaque retour des saisons étant pour ainsi dire marqué par l'annexion d'un nouvel Etat, le palais de la république n'était plus assez vaste pour recevoir ses représentants.

Cette fête fournit l'occasion à M. Daniel Webster, secrétaire d'Etat, de prononcer un magnifique discours, dans lequel l'orateur s'étendit avec un juste orgueil sur les développements grandioses de son pays. Il y a cinquante-huit ans, le général Washington procédait, sur le même emplacement, à la pose de la première pierre du Capitole, maintenant trop étroit, et

M. Webster, rappelant éloquemment ce souvenir, en fit le sujet de cette éloquente péroraison.

« Concitoyens, quelles réminiscences s'éveillent dans nos esprits, au moment où nous sommes ici assemblés pour renouveler une scène semblable à celle où Washington remplit un rôle si glorieux! Je crois voir m'apparaître sa figure vénérable; il est digne et grave; mais l'anxiété semble assombrir ses traits. Le gouvernement qu'il préside est encore dans la crise de ses débuts. Son pays n'est pas exempt de crises à l'intérieur, et il voit le monde en commotion et en armes autour de lui. Il voit les puissances étrangères disposées à essayer la force du gouvernement nouveau que s'est donné l'Amérique. Nous discernons des pensées profondes luttant dans son sein, mêlées de crainte et d'espérance. Washington marche à la tête d'un petit groupe à travers ces champs alors déserts; ce ruisseau que vous voyez il le passe sur un tronc d'arbre; il gravit cette éminence où les vieux chênes de la forêt primitive se dressent autour de lui, aussi épais que si le lieu était consacré au culte des Druides, et à l'endroit même où nous sommes il procède aux cérémonies du jour.

>> Et maintenant, concitoyens, si cette vision était une réalité, si Washington était vraiment et actuellement autour de nous, et s'il pouvait rassembler autour de lui ces ombres des grands hommes d'État de son temps, patriotes et guerriers, orateurs et diplomates; s'il daignait nous adresser la parole en leur présence, ne nous dirait-il pas en ce jour : Hommes de cette génération, je remercie Dieu et je me réjouis de voir que nos travaux, nos fatigues, nos sacrifices n'ont pas été en vain. Vous êtes prospères, vous êtes heureux, vous êtes reconnaissants. Le feu de la liberté est inextinguible en vos cœurs, mais le devoir et la loi en modèrent la flamme et l'empêchent d'éclater au dehors en incendie dévastateur. Sachez garder longtemps cette liberté que vous aimez, conserver cette constitution qui nous a coûté tant de pénibles labeurs et qui a été pour vous la cause de tant d'inestimables bienfaits. Maintenez à jamais l'union de ces États qui fut cimentée de nos prières, de nos larmes, de notre sang. Soyez fidèles à Dieu, à votre pays, à votre devoir; et c'est ainsi que le vieux monde, suivant le soleil dans sa course, voudra vous contempler comme nation, c'est ainsi que les générations à venir vous honoreront comme elles vous honorent; c'est ainsi que le Tout-Puissant, dont la grâce nous a si manifestement protégés et dont la main étend également sa protection sur vous, fera pleuvoir ses bénédictions éternelles sur vous et sur votre postérité. »

Dans ce discours, interrompu à chaque phrase par de patriotiques applaudissements, M. Webster cita quelques chiffres plus éloquents que toutes les métaphores. Ils font toucher du doigt les développements des Etats-Unis, depuis cette année 1795, qui vit la fondation du Capitole. C'est un tableau comparatif offrant de merveilleux enseignements.

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Voici, d'après les chiffres officiels, la valeur des importations et des exportations pendant l'année finissant le 50 juin 1851.

Importations, 215 millions 725,995 dollars (1 milliard 78 millions 630,000 fr.) Exportations, 217 millions 517,130 dollars (1 milliard 87 millions 590,000 fr.) Excédant des exportations, 1 million 791,135 dollars (8 millions 960,000 fr.) Les espèces figurent dans les importations pour 4 millions 967,901 dollars, et dans les exportations, pour 29 millions 251,880 dollars.

La dette publique des Etats-Unis était, le 20 novembre, de 62 millions 560,395 dollars (312 millions 802,000 fr.)

Un excédant de recettes de cinq millions de dollars, et la dettte publique réduite dans l'année de 471,276 dollars; tels sont les résultats particuliers à l'exercice finissant en juin 1851.

Depuis le rappel des lois protectrices de la navigation britannique, un nouvel élément de prospérité s'est ajouté à tous ceux qui développaient incessamment le commerce de l'Union; des

navires américains, au retour de traversées fructueuses en Californie, sont venus à Calcutta enlever au rabais le fret destiné aux navires sortis de la Tamise.

Cette colonie nouvelle arrachée au Mexique, la Californie, assure aux Etats-Unis des ressources immenses.

La découverte des richesses métalliques de la Californie parait devoir opérer dans les mœurs de la Chine une révolution remarquable, que les efforts du commerce anglais, appuyés de l'artillerie britannique, avaient essayé en vain d'amener. Malgré leur séquestration systématique du reste du monde, les Chinois ont promptement prêté l'oreille aux récits fabuleux de fortunes acquises en peu de jours. Déjà ils émigrent par masses imposantes et vont peupler d'une population industrieuse et féconde les Etats nouveaux de l'Union.

Les importations de marchandises chinoises à San-Francisco prennent un grand développement; pendant les neuf premiers mois de l'année courante leur valeur avait atteint trois millions de francs. La Californie ne produit d'autre retour que l'or; mais les nombreux navires qui y arrivent des portes de l'Atlantique relèvent sur l'est pour Canton ou Shang-Haï, afin de s'y procurer un fret qu'ils vont ensuite transporter à Londres ou à New-York. L'océan Pacifique est ainsi le théâtre d'une grande activité commerciale, et l'on prépare une ligne de vapeurs entre San-Francisco et Shang-Haï, faisant escale aux îles Sandwich. La colonisation de la Californie semble ainsi destinée à exercer une influence considérable sur les peuples de l'Asie. Le contact avec l'énergie américaine, électrise la torpeur séculaire de la civilisation orientale, et les barrières du Japon tomberont elles-mêmes de gré ou de force avant peu d'années.

Mais ce nouvel élément de la richesse nationale, présentait aussi ses dangers. Cette masse énorme d'or arrivant sur la place, cette émigration fiévreuse surexcitaient la spéculation d'une façon dangereuse, immorale. Les illusions industrielles n'avaient plus de limites. Les affaires les plus gigantesques, les plus impossibles trouvaient des promoteurs et des actionnaires. Le signe monétaire devenu plus commun, perdait en partie son prestige. Beaucoup d'entreprises importantes se montaient sans ca

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