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bre des crimes, des infractions les plus graves à la morale et aux lois, a, il est vrai, légèrement diminué; mais le nombre des délits, des infractions les moins graves, s'est considérablement augmenté. Si l'on considère en masse les infractions de toute nature, on trouve qu'au lieu de 124,822 crimes ou délits qui étaient jugés annuellement par les Cours d'assises et les tribunaux correctionnels dans la période de 1826 à 1830, ils en ont jugé 174,185 dans la période de 1846 à 1850 : c'est 40 pour 020 d'augmentation, tandis que la population ne s'est guère accrue que de 12 pour 010. De quelque manière qu'on interprète ces chiffres, quelle que soit l'explication qu'on en donne, il est évident que le respect de la loi, le respect des grands principes sur lesquels la société repose a été s'affaiblissant, et que le nombre moyen des infractions à la loi s'est accru d'année en année.

MOUVEMENT de la population pour la période 1846-51.

Le recensemeut quinquennal de 1851 a donné les résultats suivants pour la période 1846-51.

La population totale de la France, en 1851, s'élevait à 35 millions 781,628 âmes. Dans cette période de cinq ans, elle s'est accrue de 381,142, ou de 76,228 par an, ce qui fait une augmentation de 1,08 pour 100 pour la période entière, et d'un peu plus de 0,21 pour 100 par an.

Cette augmentation est de beaucoup inférieure à celle qui avait été constatée pour les périodes précédentes. Ainsi, sans remonter plus baut que 1830, le recensement avait donné, comme accroissement de la population pour les trois périodes quinquennales qui se sont écoulées depuis cette époque, les résultats suivants : de 1831 à 1836, 3,00 pour 100 pour la période entière, et 0,60 pour 100 par an; de 1836 à 1841, 2,02 pour 100 pour la période entière, et 0,41 pour 100 par an; de 1841 à 1846, 3,42 pour 100 pour la période entière, et 0,68 pour 100 par an. La différence est donc tout à fait au

désavantage de la période qui vient de se terminer, puisqu'elle ne fournit pour accroissement de la population que 1,08 pour 100 pour la période entière, et 0,2i pour 100 par an.

Il est difficile d'expliquer un pareil résultat par une cause unique. La seule explication raisonnable est celle qu'en donne le ministre de l'intérieur dans le rapport qu'il adresse au président de la République. Parmi les causes diverses qui ont amené ce temps d'arrêt dans le progrès de la population, il faut signaler le mouvement d'émigration qui s'est manifesté dans un grand nombre de départements, de 1846 à 1850. Et, pour expliquer ce mouvement d'émigration lui-même, il est évident qu'on doit l'attribuer en grande partie, comme le fait le rapport, à la révolution de Février, à la crise commerciale qui l'a suivie et à l'incertitude qui a pesé sur toutes les existences. Il faut reconnaître aussi que la découverte des mines californiennes et la pacification de l'Algérie ont dû contribuer à ce mouvement d'émigration pour une part plus ou moins considérable.

Mais à toutes ces causes particulières il faut en ajouter une autre dont l'action a été beaucoup plus générale et qui se rattache également à la situation politique où le pays s'est trouvé depuis 1848. Cette cause principale de dépopu. lation est la diminution que le rapport constate dans le nombre des mariages, et, par suite, dans le nombre des naissances. Ainsi le nombre moyen annuel des mariages qui, dans la période de 1841 à 1845, avait atteint 282,000 était tombé, dans la période de 1846 à 1850, à 265,000. Les naissances qui, dans la première de ces deux périodes, avaient excédé les décès de 918,512, n'ont présenté dans la seconde qu'un excédant de 512,000. Il est vrai que la disproportion entre les naissances et les décès ne doit pas s'expliquer seule ment par la diminution des mariages; on doit l'attribuer en partie aux ravages de l'épidémie cholérique en 1849.

Voici, an reste, les chiffres officiels des mouvements des naissances, des décès et des mariages.

Les naissances, en 1851, se sont élevées à 32,324 dont 16,349 garçons, et 15,975 filles,

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été reconnus ou légitimés postérieurement à leur naissance.

Enfants mort-nés 2,319, dont 1,243 du sexe masculin, et 1,076 du sexe féminin.

Le nombre des décès a été de 27,585, dont 13,698 hommes et 13,887 femmes. Le ch ffre total a été ainsi réparti : à domicile, 17,095; aux hôpitaux civils, 7,149; aux hôpitaux militaires. 877 (dont 3 femmes); dans les prisons, 124; déposés à la Morgue, 335; exécutions, 5.

Les chiffres des naissances et des décès se balancent ainsi qu'il suit :

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2,088 4,739

8,062 645 1,064

462

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a France, ont été de 1,166,906 garçons et de 1,121,038 filles. Le rapport du premier nombre.au second 1 121,038 differe peu de celui de 25 à 24; ce qui semble indiquer que dans ceite classe d'enfants les naissances des files se rapprochent plus de celles des garçons que dans le cas des enfants légitimes.

Dans ces mêmes trente-trois années, il est arrivé quarante-quatre fois que les naissances amuelles des filles ont surpassé celles des garçons dans quelques départements, savoir :

Trois fois dans les Basses-Alpes, trois fois dans les Hautes-A pes, une fois dans les Ardennes, une fois dans les Bouches-du-Rhône, une fois dans le Cantal, une fois dans la Charente, deux fois dans le Cher, quatre fois dans la Corrèze, quatre fois dans la Corse, une fois dans la Dordogne, une fois dans le Finistère, deux fois dans l'Herault, une fois dans l'Isère, une fois dans la HauteLoire, une fois dans la i oire-lufericure, une fois dans le Loiret, quatre fois dans le Lot-et-Garonne, une fois dans la Manche, deux fois dans la Marue, une fois dans la Meurthe, une fois dans le Nord, une fois dans l'Ome, une fois dans les Pyrénées-Orientales, une fois dans le Rhône, deux fois dans la Hautes Saône, une fois dans le Var, deux fois dans l'Yonne.

Pour savoir si le climat influe sur le rapport des naissances, nous considérons deux groupes de département, huit dans le nord de la France, savoir: Aisne, Ardennes, Moselle, Nord, Oise, Pas-deCalais, Seine-Intérieure, Somme; puis, quinze dans le midi, savoir: Ariége, Aude, Bouches-du-Rhône, Gard, HauteGaronne, Gers, Hérault, Landes, Bas-, ses-Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Tarn, Tarn-et-Garonne Var, Vaucluse. Dans chaque groupe, on compte annuellement 130 à 140,000 naissances Le premier est compris entre les parallèles (140,000) de 49e et de 51e; le second est tout entier au sud du parallèle de 44° 1/2.

Dans les départements situés au nord, il est né, de 117 à 1849, ef trente-trois ans, 2 millions 307,704 garçons et 2 millions 172,283 files. Ces nombres sont entre eux comme 17 à 16,002 ou 1,0623 et 1. Dans les départements méridionaux, il est né, pen

dant le même temps, 2 millions 305,681 garçons et 2 millions 175,620 filles. Ces nombres sont entre eux comme 17 et 16,041, ou 1,0598 et 1. On obtient sensiblement les mêmes rapports avec les naissances pendant cinq, dix et quinze ans. La petite différence des rapports 1,0623 et 1,0598 pour le nord et le midi de la France, montre que la supériorité des naissances des garçons sur cells des filles ne dépend pas du climat d'une manière sensible.

Les naissances des garçons et des filles Sout entre à très-peu près comme les non bres 17 et 16 pour les enfants lé gitimes, comine les nombres 25 et 24 pour les enfants naturels, et comme les nombres 17 et 16 pour la totalité des enfauts

Quand il naît un enfant naturel, il en naît 12,974 ou près de 13 légitimes, ce qui revient à peu près à 10 enfants naturels pour 130 enfants légitimes.

Les decès masculins surpassent les décès féminins; les premiers étant representés par 70, les autres le sont par

69.

Quant à l'accroissement de la ropulation, on voit que les garçons y ont une plus grande part que les files: les garçons y contribuent pour un 369e et les filles seulement pour un 498e. Si l'accroissement total, qui est d'un 12e, se maintenait le même, la population augmenterait d'un dixième en vingt ans, de deux dixièmes en trente- neuf ans, de trois dixièmes en cinquante-six ans, de quatre dixièmes en soixante-onze ans, de moitié en quatre-vingt-six ans, et il faudrait cent quarante-sept ans pour qu'elle devint double de ce qu'elle est maintenant.

On compte une naissance sur 33,96 habitants, et pour 0,84 décès, ou 100 naissances pour 84 décès.

On compte un décès pour 40 habitants, et pour 1,2 ou une naissance un cinquième.

Un compte un mariage pour 128 habitants, et peur 4 naissances; on compte 3,41 enfants légitimes par mariage.

Dans la période de 1817 à 1849, le rapport de la population aux naissances était de 31,8 au commencement, 33,9 vers le milieu, et 36,1 ver- la fiu. C'est donc par ces nombres que l'on doit mul. tiplier les naissances annuelles corres.

pondantes pour reproduire la population. Mais ces nombres, en considérant la population comme à peu près stationnaire, expriment aussi la durée de la vie moyenne à chaque époque; la vie moyenne était donc de 31,8 ans vers 1817, de 33,9 seize ans plus tard; maintenant elle est de 36,1 ans.

La table de mortalité de Duvillard ne donne que 38 ans pour la durée de la vie moyenne avant la révolution. VoiJa donc une augmentation d'environ sept aus qui doit provenir de l'introduction de la vacine, de l'amélioration du régime hygiénique et de l'aisance qui s'est répandue jusque dans les classes les moins fortunées. Elle indique dans la loi de la mortalité un changement fa vorable qu'un grand nombre de faits ont déjà rendu sensible en France et dans une grande partie de l'Europe.

Voici maintenant le mouvement de la population de Paris pendant l'année 1850:

La ville de Paris compte 945,721 habitants. L'arrondissement de Saint-Dehis en a 187,513, et celui de Sceaux 123,523. Total, pour le département de la Seine, 1 milion 364,933.

Les naissances ont donné à domicile, en mariage, 9,484 garçons et 9,159 filles; hors mariage, 2,493 garçons et 2,429 filles.

Aux hôpitaux: en mariage, 496 garçons et 210 filles; hors mariage, 2,549 garçons et 2,508 filles. En tout, 15,022 garçons et 14,60% filles.

Total général des naissances: 29,628. Sur ce nombre, 977 garçons ont été reconnus et 789 filles seulement.

Les décès se sont élevés à 25,126, dont 12,616 hommes et 12,510 femmes. Il y a donc eu un excès de 4,502 naissances sur les décès.

En 1850, 8,444 mariages ont été célébrés entre garçons et filles, 512 entre garçons et veuves, 980 entre veufs et filles, et 352 entre veufs et veuves.

Total général des mariages, 10,297.

Consommation de Paris en 1850.

Vins en cercles, 1,155,808 hectolitres; vins en bouteilles, 8,477 hectolitres; total de la consommation du vin, 1 milion 164,345 hectolitres.

Bière à l'entrée, 18,691 hectolitres; bière à la fabrication, 77,548 hectolitres; total de la bière consommée,96,239 hectolitres.

La consommation des viandes dé toutes espèces s'est élevée à 50,827,378 kil. sortis des abattoirs; si l'on y ajoute, y compris la charcuterie, 17,276,876 kil. provenant de l'extérieur de Paris, on aura l'énorme chiffre de 68,104,254 kilog. de viande; raisins, 4,909,275 kil.; pâtés, terrines, écrevisses et truffes, 60,915 kil.

On a acheté sur les marchés pour 6 millions 238,530 fr. de poisson de mer; des huîtres, pour 1 milion 723,691 fr. du poisson d'eau douce, pour 676,003 fr.; de la volaille et du gibier, pour 12 millions 94,776 fr.; du beurre, pour 11 millions 18,722 fr., et des œufs pour 5 millions 479,742 fr.

Enfin pour se chauffer, Paris a brûlé 732,650 stères de bois de toutes sortes, 2 millions 438,119 hectolitres de charbon de bois; 3,593,236 hect de charbon de terre; en tout 6 millions 433,355 hectolitres.

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3,012, 178 h.

Les causes qui empêchent aujourd'hui la production de se trouver en rapport avec la consommation sont :

1° L'abandon des bois à la nature, d'où est résultée la détérioration où ils sont maintenant;

2o Le vice d'exploitation des hois, qu'on coupe généralement trop jeunes; car un arbre de 50 ans contient autant de matière que 8 de 25 ans, un arbre de 75 ans en cortient autant que 2 de 50 ans, un arbre de 100 ans en contient plus que 2 de 75 ans ; d'où il résulte que, en aménageant les forêts de l'Etat et des con.munes en hautes futaies, avec le temps, la production sera en équili bre avec la consommation;

3o Le peu d'attention que l'on fait à

la croissance des couifères, qui donnent dix fois autant de produits en matière sur les sols médiocres sableux, où les chênes, les charmes, etc., ne font que végéter.

Eu 1827, on a importé pour 27 millions de bois venus d'Asie et autres lieux; en 1844, également pour plus de 44 mill ons; en 1845, pour 50 millions et on ne sait où le chiffre des importations s'arrêtera, malheur prévu par Bernard Palissy, il y a environ trois siècles.

Un moyen de restauration des bois et forêts consiste à les éclaircir de cinq ans en cinq ans la première période produira en éclaircies une somme déja importante, il restera sur le sol, brins et modernes réservés, 2,226,675,000, et on aura obtenu des produits pour les besoins journaliers dans 40 départements.

En 25 ans, les bois communaux seuls produirout en éclaircies 1,981 602,118 fr. d'après des calculs mathématiques basés sur le mesurage des arbies, et les sols seront couverts de 63,803,000 arbres et modernes de 0 à 75 ans, et de 2,163,672,000 brins de 25 à 50 ans, estimés 3 milliards environ pour les bois communaux seulement; les bois de l'Etat ne sont pas compris.

En 20 ans, on a fait 1,600,000 procès criminels et correctionnels contre 2,445,315 prévenus; qui ont dû cûter plus de 25,500,000 fr., au minimum, aux habitants propriétaires de bois des départements de l'Est qui ont le plus de bois communaux : c'est la que les procès pullulent en plus grand nombre. Si on faisait l'éclaircie des bois, tous ces scandaleux procès disparaîtraient.

En 1750 l'arpent de coupe de bois se vendait 100 fr.; en 1716, il s'est vendu 176 fr. l'hectare, avec 31 baliveaux réservés par hectare. Il s'est vendu, en 1726, 1,393 fr. l'hectare, en moyenne,

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