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tites industries, laquelle vit de son travail quotidien, dont le produit est entièrement absorbé par les plus strictes nécessités; cette classe, dans ma pensée, mérite la protection spéciale du gouvernement; la patente, ou contribution industrielle, qu'elle paie, est un impôt qui pèse sur son aisance ou absorbe ses faibles économies sans une notable utilité pour l'Etat. Je suis d'avis qu'il convient d'exonérer la classe laborieuse de cette charge, autant en raison de la situation nécessiteuse des personnes sur qui elle pèse que parce que les bons principes condamnent ces contributions, qui, paralysant le travail dans sa source, sont d'une perception difficile et vexatoire et de peu de profit pour les rentes publiques.

>> Mon illustre prédécesseur, guidé par son patriotisme élevé, et à l'ombre de la paix dont a joui la république, a pu consacrer son attention au rétablissement du crédit public. Ses soins ont produit des fruits féconds, et aujourd'hui il est accompagné dans sa retraite par la gloire de ses éminents services. Il reste néanmoins encore quelque chose à faire dans cette voie, et, en suivant ses traces, je ferai en sorte que la représentation nationale donne au crédit la solidité dont il a besoin, en reconnaissant, comme la raison le conseille, toutes les obligations de l'État, quelle que soit leur origine et quelle que soit leur importance. Une nation ne peut exister ni prospérer sans crédit, et celui-ci ne peut s'obtenir tant qu'il y a une seule obligation en souffrance qui puisse faire accuser sa bonne foi, ou mettre en doute ses sentiments de justice.

>> La plus grande difficulté, peut-être la plus grave que doive rencontrer mon administration pour réaliser ses plans en faveur du commerce, de l'industrie et du crédit national, c'est la monnaie étrangère qui, sans valeur légale, par un abus et une tolérance inexcusables à l'origine, a envahi nos marchés, et est aujourd'hui presque la seule valeur circulante que nous ayons. En dehors même du discrédit qui résulte pour une nation de se soumettre à un type étranger pour son change, en dehors de la fraude autorisée dans les transactions par une monnaie où manque l'aloi, le mal est arrivé à un tel point, qu'il me

nace toutes nos fortunes; il faut y porter remède, ou le contenir du moins et nous sauver, si nous le pouvons, de cette contribution qui, sous la forme la plus onéreuse et la plus immorale, s'est imposée à notre industrie.

>> Pour adopter, sur ce point, un plan efficace, il faut sans doute disposer de fonds suffisants, afin de couvrir les déficits que le trésor devra nécessairement prendre à sa charge. C'est au congrès à les accorder; pour ma part, j'y aiderai en faisant dans les budgets toutes les économies compatibles avec le service et les obligations de l'Etat.

L'accroissement des revenus publics dans ces dernières années me fait espérer que nous pourrons faire face aux nécessités les plus indispensables. Une de ces nécessités que l'opinion signale et à laquelle je désire satisfaire par tous les moyens en mon pouvoir, c'est le développement de l'immigration européenne. Cette immigration n'est pas seulement utile pour suppléer aux bras que réclame notre agriculture défaillante et pour donner une impulsion à notre industrie, mais encore pour introduire un nouvel élément de force et de vie dans notre corps social et politique. Les circonstances désavantageuses où se trouve le Pérou pour attirer ce courant d'hommes laborieux que l'Europe ne peut nourrir et qui cherchent sur notre continent asile, commodités et fortune, nous font une obligation de leur enseigner le chemin de nos côtes au moyen de quelques sacrifices pécuniaires qui ne seront jamais excessifs comparés aux résultats qu'ils produiront; à mon sens, ces sacrifices doivent moins être considérables qu'opportuns et bien dirigés. Sans favoriser des spéculations hasardeuses qui pourraient elles-mêmes rendre impossible l'objet que nous nous proposons', le gouvernement s'appliquera à rechercher les moyens les plus propres à attirer, établir et fixer sur notre sol l'émigrant européen le plus avantageusement possible pour lui et avec le moins de charges pour le trésor.

La prompte et exacte administration de la justice est un de ces moyens, son but étant de garantir deux choses que les hommes cherchent dans toutes les régions : la sécurité personnelle et l'inviolabilité de la propriété. Les condi

tions essentielles d'une exacte administration de la justice sont de bonnes lois et de bons magistrats. La prochaine législature est appelée à doter la nation de nouveaux codes, et, en ce qui touche le choix des juges incombant au gouvernement, je veillerai à ce qu'ils aient l'intégrité et le savoir exigés par leur charge.

Si la prospérité matérielle du pays réclame l'attention du gouvernement, l'instruction et l'éducation religieuse et morale du peuple méritent principalement tous ses soins. Il est impossible que les intérêts matériels atteignent à un degré notable de développement sans une instruction générale; il n'est pas possible qu'un pays soit heureux, si on n'a point nourri en lui les idées saines, les sentiments d'ordre, de justice et de moralité. Il appartient au clergé de propager l'instruction religieuse; le gouvernement doit se borner à l'appuyer dans l'exer cice de sa mission sacrée, laissant à l'autorité ecclésiastique toute sa liberté dans la limite des lois.

L'instruction primaire sera de la part du gouvernement l'objet de soins particuliers comme étant la base de l'éducation populaire. Elle peut être considérée comme une sorte de dette publique; elle doit être mise à la portée de tous, être distribuée libéralement, et même, en certains cas, prendre un caractère obligatoire... Pour réaliser un plan quelconque d'instruction publique, le gouvernement a à lutter contre un inconvénient : l'absence de professeurs capables, et il n'y a d'autres moyens de lever cet obstacle que de former d'avance des maîtres et de faire de l'enseignement une carrière qui assure le bien-être de ceux qui l'embrassent.

mes

L'armée a un double titre à ma considération. Elevé dans ses rangs, plus chers souvenirs me lient à elle, et elle a mes plus vives sympathies. Chef de l'Etat, je vois en elle l'exemple de la subordination aux lois et le ferme appui de l'ordre public. Ses services durant la dernière administration, comme ceux de la marine, assurent à la force armée parmi nous la reconnaissance nationale.

Dans la direction des relations extérieures, ma ligne de conduite est simple, comme je crois qu'il convient à nos intérêts, Nous n'avons à demander aux

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Ordre, liberté pratique, réformes administratives, améliorations matérielles, tels sont les objets auxquels je consacrerai mes soins. La défiance de mes propres forces doit me porter à rechercher la coopération des hommes laborieux et capables de m'aider dans l'accomplissement de ma tâche, et à faire aussi appel à votre union pour que vous aidiez tous au progrès de la patrie commune : travaillons de bon accord pour que le Pérou atteigne de nos jours à ce degré de bien-être auquel notre patriotisme peut raisonnablement aspirer. Ni aux individus, ni aux peuples il n'est donné d'anticiper sur le temps la prospérité et la puissance d'une nation sont le fruit du travail successif de bien des générations. Chacune d'elles a sa tâche qui lui est assignée par la Providence. Remplissons la nôtre conformément à ses vues, et, sur le sol qu'elle a daigné nous donner, dans le temps qu'elle a bien voulu nous marquer, avec les moyens qu'il lui a plu de nous accorder, efforçons-nous, par nos constants efforts, de nous attirer la considération et le respect des autres peuples, et laissons un nom honorable à nos enfants.

Lima, 20 avril 1851.

JOSE RUFINO ECHENIQUE.

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plusieurs circonstances, accomplissant notre devoir, nous vous avons engagés, comme frères et enfants de la même famille, à y mettre un terme en vous réconciliant pour notre bonheur et le bienêtre de notre pays. Nous regrettons la durée de cet état de choses qui est la plus grande calamité qui puisse frapper une nation jeune, qui a surtout besoin de paix, d'union et de concorde. Calculez avec calme tous les sacrifices qu'exige de chaque côté la guerre qui règne entre nous, et veuillez y mettre un terme. L'humanité le demande, et le même sang qui coule dans nos veines nous en fait un impérieux devoir. Qui pourrait douter du vif désir qui nous anime et des voeux de notre cœur pour cette réconciliation si hautement sollicitée par les besoins de la société? La trêve proposée par les puissances conciliatrices, le 18 juin 1850, n'existe-telle plus? N'en avez-vous pas ressenti les bons effets? C'est un premier pas pour arriver à une réconciliation, résultat que désirent si vivement les nations civilisées qui prennent intérêt à notre destinée, à notre bonheur et à nos progrès sociaux et politiques. Il est temps, chers compatriotes, de mettre un terme à nos querelles. Nous venons vous proposer d'ouvrir des négociations. Nous aommerons, chacun de notre côté, des députés qui seront chargés d'établir les bases d'un arrangement destiné à couper court à une situation si désastreuse dont nous ressentons tout le poids, et à nous garantir les bienfaits de la paix et de la tranquillité.

» En même temps, venez, avec sécurité pour votre commerce et vos affaires, cultiver avec nous des relations amicales; venez, un marché est ouvert à vos productions; d'immenses avantages seront le résultat de nos échanges réciproques, et cet état de chose répandra dans le peuple la joie et le bien-être. Tirons

un voile sur le passé et remplissons par notre réconciliation l'attente des amis de l'humanité.

>> Nous avons donné sur toutes nos frontières l'ordre de protéger les personnes et les propriétés, afin que l'on vous fit la réception la plus cordiale. De votre côté, donnez les mêmes ordres. Répondez à nos vœux et acceptez notre proposition comme des frères à qui le mot de pays est cher.

>> Et vous qui commandez dans l'est, pensez aux incalculables calamités que doit nécessairement entraîner un système de désunion. L'intérêt de l'humanité, celui de la civilisation, celui de notre bonheur futur réclament impérieusement la paix. Ne restez pas sourds à la voix qui vous demande l'union; car, en refusant d'écouter cette voix, vous assumeriez une terrible responsabilité dont la postérité vous demandera un compte sévère ainsi qu'à vos enfants.

>> Donné en notre palais impérial du Port-au-Prince, le 14 mai 1851, la quarante-huitième année de l'indépendance et la deuxième de notre règne. >> FAUSTIN.

>> Par l'empereur :

» Le duc de BANDE-DUNORD, ministre de l'intérieur et de l'agriculture; D'HIPPOLYTE, duc de TIBURON, ministre de la guerre et de la marine; Du. FRÊNE, duc de SAINTLOUIS, ministre des finances et du commerce, chargé par intérim du portefeuille de la justice et de l'instruction publique.

>> SALOMON JUNIOR. »

VARIÉTÉS

PETITE CHRONIQUE. - NÉCROLOGIE.

JANVIER.

CHRONIQUE.

ter. Russie-Pologne. A pplication de l'ukase qui supprime la ligne de douanes entre la Pologne et la Russie, ainsi que du nouveau tarif de douanes.

18. Etats du saint siége, Forlinipopoli. Trait d'audace du fameux brigand Passatore. Au moment où l'élite de la population de cette petite ville de la haute Romagne était réunie au théâtre, deux détachements de la bande du Passatore entrent dans la ville, s'en emparent, en ferment les portes et désarment les quelques gendarmes de garde au spectacle; puis montant sur la scène dont ils font lever le rideau, ils se montrent aux spectateurs en leur annonçant qu'ils sont maîtres dans la ville dont ils leur montrent les clefs. Ils défendent à qui que ce soit de bouger; ils annoncent ouvertement qu'ils veulent de l'argent et qu'ils vont mettre le pays à sac. Ils s'emparent du président de la municipalité, le traînent jusque dans sa maison, qu'ils dévalisent de fond en comble; enfin ils lui arrachent les clefs du mont-de-piété, qu'ils ne peuvent toutefois ouvrir, ignorant les secrets des serrures, et tentent en vain d'en briser les portes coups de hache. Pendant qu'une partie de la population reste ainsi terrifiée au théâtre, par quelques-uns de ces bandits, les autres, se répandent dans la ville et pil

lent les maisons des familles les plus riches.

21. France-Algérie. Loi relative au régime commercial de l'Algérie; proclamant, pour plusieurs produits, la liberté du commerce entre la métropole et la colonie.

FÉVRIER.

1er. Prusse, Berlin. Incendie du magnifique établissement de Kroll. Cet établissement, situé près du Thiergarten (jardin zoologique, principale promenade de Berlin), était consacré aux fêtes, bals, concerts et réunions. C'était, en un mot, le principal lieu de réjouissance de la ville, présentant à la curiosité publique les aliments les plus nouveaux. On y voyait, par exemple, l'immense cyclorama du Mississipi. Des milliers d'enfants devaient venir pour le voir. Un instant avant que la représentation ne commençât, la salle était encore vide. Un tuyau de gaz ayant fait explosion, le feu s'est communiqué aux matières inflammables, et au bout d'une demi-heure tout l'établissement était en flammes.

9. Espagne. Inauguration de la ligne de fer de Madrid à Aranjuez, en présence de S. M. la reine Isabelle II, du roi, de toute la famille royale, des ministres, du corps diplomatique. L'archevêque de Tolède, primat des Espagnes, bénit la lo

comotive. Toute la population de Madrid assiste à ce spectacle si nouveau pour elle.

27. Deux-Siciles. Traité de commerce conclu avec la Grande-Bretagne, portant abolition des droits différentiels.

MARS.

10. Prusse, Berlin. Incendie des salles de la première chambre des Etats.

12. Etats-Unis, Californie. Nevada, ville de deux cents maisons environ, est réduite en cendres.

24. Danemark, Copenhague. Enterrement solennel de l'illustre physicien Oersted.. 30,000 hommes, c'est-à-dire un quart de la population de la capitale, prennent part à ce deuil national.

27. Autriche, Venise. Rétablissement de la franchise du port supprimée le 27 août 1849. Le séjour de S. M. l'Empereur vaut à Venise cette rentrée en grâce.

29. France, Châlon-sur-Saône. Un braconnier, Claude Montcharmont, est condamné à mort pour de nombreux assassinats commis sur des gendarmes et sur des garde-chasse.

30. France, Lyon. Un violent incendie éclate, vers neuf heures du soir, dans la maison dite Millanais située à l'angle du Port-Saint-Clair et du quai de ce nom, et au rez-de-chaussée de laquelle se trouvaient les bureaux du receveur général.

AVRIL.

12. France, Portugal. Convention qui assure la propriété des œuvres d'art et de science et qui protége les marques d'origine des objets fabriqués.

MAI.

1er. Angleterre, Londres. Ouverture, dans, Hyde-Park, de l'exposition des produits de l'industrie universelle. Quarante nations différentes, représentées par quinze mille exposants, prennent part à cette solennité.

11. France, Algérie. Ouverture d'une brillante et utile expédition contre la petite Kabylie, par le général de SaintArnaud.

31. Prusse, Berlin. Inauguration, par

S. M. Frédéric-Guillaume, de la statue de Frédéric le Grand, du sculpteur Rauch.

JUIN.

1er. France, Dijon. Inauguration de la ligne de Tonnerre à Dijon.

5. France, Paris. Inauguration des travaux exécutés dans différentes parties du Louvre. Le Président de la République préside à cette solennité qui montre le Louvre, restauré et rendu sans partage à sa destination première. Plusieurs parties du monuinent menaçaient ruine. Elles ont été habilement relevées et se présentent revêtues de toutes les splendeurs de l'architecture, de la sculpture, ainsi que de la peinture. La lumière pénètre aujourd'hui dans les galeries que leur obscurité ne permettait pas d'affecter aux tableaux des grands maîtres. Une classification intelligente a mis en relief tant de chefsd'œuvre dont la valeur est rehaussée par la magnificence de la décoration.

7. Suisse. Traité de commerce avec les Etats-Sardes.

JUILLET.

1. France, Poitiers. Inauguration, par le Président de la République, de la section de chemin de fer de Tours à Poitiers.

6. France, Beauvais. Inauguration, par le Président de la République, de la statue de Jeanne Hachette. Discours remarquable du Président.

16. Russie, Wladimir. Les nombreux moines du couvent de Saint-André-Bo

guslawsiki, qui est bâti sur l'emplacement d'une ancienne forteresse, sortaient processionnellement de ce monastère pour faire leur pèlerinage annuel à une image de la sainte Vierge qui se trouve dans la chapelle d'un village voisin. Pendant qu'ils passaient sur le pont en bois jeté sur le fossé qui sépare le couvent de la grande route, ce pont s'écroule subitement, et plus de deux cents moines tombent dans le fossé rempli d'eau, et qui, sur ce point, a près de 15 mètres de profondeur. Cent cinquante-huit d'entre eux périrent, et quarante-neuf autres sont blessés plus ou moins grièvement. 22. Angleterre, Londres. Ouverture

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