Page images
PDF
EPUB

Dieu adressa, dans l'origine, ce commandement à tous les hommes : Croissez et multipliez, et remplissez la terre, et subjuguez-la; et l'on te dit à toi : Renonce à la famille, aux chastes douceurs du mariage, aux pures joies de la paternité; abstiens-toi, vis seul : que pourrais-w multiplier que tes misères?

Il est donc certain que l'humanité n'est pas ce que Dieu a voulu qu'elle fût; elle a dévié de ses voies. Comment y rentrera-t-elle ?

Écoutez :

Il y eut une Loi dès le commencement : cette Loi fut oubliée, violée.

De nouveau, après quarante siècles, le Christ la promulgua plus parfaite, plus sainte. Et on l'a violée, oubliée encore.

Maintenant elle gît là sous les ruines des devoirs et des droits; et c'est pourquoi, courbés et tristes, vous errez au hasard dans la nuit.

En cette divine Loi, en elle seule est votre salut, la semence féconde des biens que le Créateur vous a destinés.

Écartez les décombres amoncelés sur elle, et cette espérance consolante, cette parole prophétique des anciens jours, s'accomplira pleinement en vous:

LE PEUPLE QUI LANGUISSAIT DANS LES TÉNÈBRES A VU UNE GRANDE LUMIÈRE; ET LA LUMIÈRE S'Est LEVÉE SUR CEUX QUI ÉTAIENT ASSIS DANS LA région de L'OMBRE DE LA Mort.

LE

LIVRE DU PEUPLE.

I.

Toutes choses ne sont pas en ce monde comme elles devraient être. Il y a trop de maux et des maux trop grands. Ce n'est pas là ce que Dieu a voulu.

Les hommes, nés d'un mème père, auraient dù ne former qu'une seule grande famille, unie par le doux lien d'un amour fraternel. Elle eût ressemblé, dans sa croissance, à un arbre dont la tige produit, en s'élevant, des branches nombreuses, d'où sortent des rameaux, et de ceux-ci d'autres encore, nourris de la mème séve, animés de la même vie.

Dans une famille, tous ont en vue l'avantage de tous, parce que tous s'aiment el que tous ont part au bien commun. Il n'est pas un de ses membres qui n'y contribue d'une manière diverse, selon sa force, son intelligence, ses aptitudes particulières. L'un fait ceci, l'autre cela; mais l'action de chacun profite à tous, et l'action de tous profite à chacun. Qu'on ait peu ou beaucoup, on partage en frères. Nulles distinctions autour du foyer domestique. On n'y voit point ici la faim à côté de l'abondance. La coupe que Dieu remplit de ses dons, passe de main en main, et le vieillard et le petit enfant, celui qui ne peut plus ou ne peut pas encore supporter la fatigue, et celui qui revient des champs le front baigué de sueur, y trempent également leurs lèvres. Leurs joies, leurs souffrances, sont communes. Si l'un est infirme, s'il tombe malade, s'il devient, avec l'âge, incapable de travail, les autres le nourrissent et le soignent, de sorte qu'en aucun temps il n'est abandonné.

Point de rivalités possibles quand on n'a qu'un mème intérêt, point de dissensions dès-lors. Ce qui

enfante les dissensions, la haine, l'envie, c'est le désir insatiable de posséder plus et toujours plus, lorsque l'on possède pour soi seul. La Providence maudit ces possessions solitaires. Elles irritent sans cesse la convoitise et ne la satisfont jamais. On ne jouit que des biens partagés.

Père, mère, enfants, frères, sœurs, quoi de plus saint, de plus doux que ces noms? et pourquoi y en a-t-il d'autres sur la terre?

Si ces liens s'étaient conservés tels qu'ils furent originairement, la plupart des maux qui affligent la race humaine lui seraient restés inconnus, et la sympathie eût allégé les maux inévitables. Les seules larmes dont l'amertume soit sans mélange, sont celles qui ne tombent dans le sein de personne, et que personne n'essuie.

D'où vient que notre destinée est si pesante, et notre vie si pleine de misères? Ne nous en prenons qu'à nous-mêmes. Nous avons méconnu les lois de la nature, nous nous sommes détournés de ses voies. Celui qui se sépare des siens pour gravir sans aide entre les rochers, ne doit pas se plaindre que le voyage soit rude.

"

Regardez les oiseaux du ciel; ils ne sèment ni ne moissonnent, ni ne rassemblent en des greniers, et le Père céleste les nourrit. N'ètes-vous pas d'un plus grand prix qu'eux? »

Il y a place pour tous sur la terre, et Dieu l'a rendue assez féconde pour fournir abondamment aux besoins de tous. Si plusieurs manquent du nécessaire, c'est donc que l'homme a troublé l'or dre établi de Dieu; c'est qu'il a rompu l'unité de la famille primitive; c'est que les membres de cette famille sont devenus premièrement étrangers les ~ns aux autres, puis ennemis les uns des autres.

Il s'est formé des multitudes de sociétés particulières, de peuplades, de tribus, de nations, qui, au lieu de se tendre la main, de s'aider mutuellement, n'ont songé qu'à se nuire.

Les passions mauvaises, et l'égoïsme d'où elles naissent toutes, ont armé les frères contre les frères. Chacun a cherché son bien aux dépens d'autrui. La rapine a banni la sécurité du monde, la guerre l'a dévasté. On s'est disputé avec fureur les lambeaux sanglants de l'héritage commun, Or, quand la force destinée au travail qui produit est presque tout entière employée à détruire; quand l'incendie, le pillage, le meurtre, marquent sur le sol le passage de l'homme; que la conquête intervertit les rapports naturels entre chaque population et l'étendue du territoire qu'elle occupe et peut cultiver ; que des obstacles sans nombre interrompent ou entravent les communications d'un pays à l'autre, et le libre échange de leurs productions: comment des désordres aussi profonds n'entraîneraient-ils pas des souffrances également profondes?

est plus pur, nous ne voulons pas le mêler avec le vôtre. Vous et vos enfants, vous êtes à jamais destinés à nous servir.

Ailleurs, on a établi des distinctions fondées, non sur la naissance, mais sur l'argent.

Que possédez-vous? Tant. Asseyez-vous au banquet social: la table est dressée pour vous. Toi qui n'as rien, retire-toi. Est-ce qu'il y a une patrie pour le pauvre?

Ainsi la fortune a marqué les rangs, déterminé les classes. On a eu des droits de toute sorte, parce qu'on était riche; le privilége exclusif de prendre part à l'administration des affaires de tous, c'est-àdire, de faire ses propres affaires aux dépens de tous, ou de presque tous.

Les prolétaires, ainsi qu'on les nomme avec un superbe dédain, affranchis individuellement, ont été, en masse, la propriété de ceux qui règlent les relations entre les membres de la société, le mouvement de l'industrie, les conditions du travail, son prix et la répartition de ses fruits. Ce qu'il leur a

Les nations ainsi divisées entre elles, chaque plu d'ordonner, on l'a nommé loi, et les lois n'ont nation s'est encore divisée en elle-même. Quelques-été pour la plupart que des mesures d'intérêt privé, uns sont venus qui ont proféré cette parole impie : des moyens d'augmenter et de perpétuer la domiA nous de commander et de gouverner; les autres nation et les abus de la domination du petit nombre ne doivent qu'obéir. sur le plus grand.

Ils ont fait les lois pour leur avantage, et les ont maintenues par la force. D'un côté, le pouvoir, les richesses, les jouissances; de l'autre, toutes les charges de la société.

En certains temps et certains pays, l'homme est devenu propriété de l'homme; on a trafiqué de lui, on l'a vendu, acheté comme une bête de somme.

En d'autres pays et d'autres temps, sans lui ôter sa liberté, on a fait en sorte que le fruit de son travail revint presque en entier à ceux qui le tenaient sous leur dépendance, Mieux eût valu pour lui un complet esclavage. Car le maître au moins nourrit, loge, vèt son esclave, le soigne dans ses maladies, à cause de l'intérêt qu'il a de le conserver. Mais celui qui n'appartient à personne, on s'en sert pendant qu'il y a quelque profit à en tirer, puis on le laisse là. A quoi est-il bon lorsque l'âge et le labeur ont usé ses forces? à mourir de faim et de froid au coin de la rue. Encore son aspect choquerait-il ceux qui ont toutes les joies de la vie. Peut-être leur dirait-il quand ils passent: Un morceau de pain pour l'amour de Dieu! Cela serait importun à entendre. On le ramasse donc et on le jette dans un de ces lieux immondes, de ces dépôts de mendicité, comme on les appelle, qui sont comme l'entrée de la voirie.

Partout l'amour excessif de soi a étouffé l'amour des autres. Des frères ont dit à leurs frères : Nous ne sommes pas de même race que vous. Notre sang

Tel est devenu le monde lorsque le lien de la fraternité a été brisé. Le repos, l'opulence, tous les avantages pour les uns; pour les autres, la fatigue, la misère, et une fosse au bout.

Ceux-là forment, sous différents noms, les classes supérieures, les classes élevées; de ceux-ci se compose le peuple.

II.

Vous êtes peuple : sachez d'abord ce que c'est que le peuple.

Il y a des hommes qui, sous le poids du jour, sans cesse exposés au soleil, à la pluie, au vent, à toutes les intempéries des saisons, labourent la terre, déposent dans son sein, avec la semence qui fructifiera, une portion de leur force et de leur vie, et en obtiennent ainsi, à la sueur de leur front, la nourriture nécessaire à tous.

Ces hommes-là sont des hommes du peuple.

D'autres exploitent les forêts, les carrières, les mines, descendent à d'immenses profondeurs, dans les entrailles du sol, afin d'en extraire le sel, la houille, le minerai, tous les matériaux indispensables aux métiers, aux arts. Ceux-ci, comme les premiers, vieillissent dans un dur labeur, pour procurer à tous les choses dont tous ont besoin. Ce sont encore des hommes du peuple.

D'autres fondent les métaux, les façonnent, leur

donnent les formes qui les rendent propres à mille usages variés ; d'autres travaillent le bois ; d'autres tissent la laine, le lin, la soie, fabriquent les étoffes diverses; d'autres pourvoient de la même manière aux différentes nécessités qui dérivent, ou de la nature directement, ou de l'état social.

Ce sont encore des hommes du peuple. Plusieurs, au milieu de périls continuels, parcourent les mers, pour transporter d'une contrée à l'autre ce qui est propre à chacune d'elles, ou luttent contre les flots et les tempètes sous les feux des tropiques comme au milieu des glaces polaires, soit pour augmenter par la pêche la masse commune des subsistances, soit pour arracher à l'Océan une multitude de productions utiles à la vie humaine. Ce sont encore des hommes du peuple.

Et qui prend les armes pour la patrie, qui la défend, qui donne pour elle ses plus belles années, et ses veilles et son sang? qui se dévoue et meurt pour la sécurité des autres, pour leur assurer les tranquilles jouissances du foyer domestique, si ce n'est les enfants du peuple?

Quelques-uns d'eux aussi, à travers mille obstacles, poussés, soutenus par leur génie, développent et perfectionnent les arts, les lettres, les sciences, qui adoucissent les mœurs, civilisent les nations, les environnent de cette splendeur éclatante qu'on appelle la gloire, forment enfin une des sources, et la plus féconde, de la prospérité publique.

Ainsi, en chaque pays, tous ceux qui fatiguent et qui peinent pour produire et répandre les productions, tous ceux dont l'action tourne au profit de la communauté entière, les classes les plus utiles à son bien-être, les plus indispensables à sa conservation, voilà le peuple. Otez un petit nombre de privilégiés ensevelis dans la pure jouissance, le peuple c'est le genre humain.

Sans le peuple nulle prospérité, nul développement, nulle vie; car point de vie sans travail, et le travail est partout la destinée du peuple.

Qu'il disparut soudain, que deviendrait la société? Elle disparaîtrait avec lui. Il ne resterait que quelques rares individus dispersés sur le sol, qu'alors il leur faudrait bien cultiver de leurs mains. Pour vivre, ils seraient immédiatement obligés de se faire peuple.

du fruit de ses travaux ; elle le traite comme le laboureur traite son cheval et son bœuf, et souvent moins bien; elle crée, sous des noms divers, une servitude sans terme et une misère sans espé

rance.

III.

Si l'on comptait toutes les souffrances que, depuis des siècles et des siècles, le peuple a endurées sur la surface du globe, non par une suite des lois de la nature, mais des vices de la société, le nombre en` égalerait celui des brins d'herbe qui couvrent la terre humectée de ses pleurs.

En sera-t-il donc toujours ainsi?

Cette multitude est-elle destinée à parcourir perpétuellement le cercle des mèmes douleurs? N'at-elle rien à attendre de l'avenir? Sur tous les points de la route tracée pour elle à travers le temps, ne sortira-t-il jamais de ses entrailles qu'un lamentable cri de détresse? Y a-t-il en elle ou hors d'elle quelque nécessité fatale qui doive jusqu'à la fin lui interdire un état meilleur? Le Père céleste l'a-t-il condamnée à souffrir également toujours?

Ne le pensez pas; ce serait blasphemer en vous

même.

Les voies de Dieu sont des voies d'amour. Ce qui vient de lui, ce ne sont pas les maux qui affligent ses pauvres créatures, mais les biens qu'il répand autour d'elles avec profusion.

Le vent doux et tiède qui les ranime au printemps est son souffle, et la rosée qui les rafraîchit durant les feux de l'été est sa moite haleine.

Quelques-uns disent: Vous êtes, en naissant, destinés au supplice; ici-bas, votre vie n'est que cela et ne doit être que cela. Mais le supplice, ce sont eux qui le font; et, parce qu'ils ont fondé leur bien à eux sur le mal des autres, ils voudraient persuader à ceux-ci que leur misère est irrémédiable, et qu'essayer seulement d'en sortir serait une tentative aussi criminelle qu'insensée.

N'écoutez pas cette parole menteuse. La félicité parfaite, à laquelle tout être humain aspire, n'est pas, il est vrai, de ce monde. Vous y passez pour atteindre un but, pour remplir des devoirs, pour accomplir une œuvre ; le repos est au delà, et c'est maintenant le temps du travail. Ce travail néanmoins, selon le dessein de celui qui l'impose, n'est

Or, dans cette société presque uniquement composée du peuple, et qui ne subsiste que par le peu-point un châtiment continuel à subir; mais, autant ple, quelle est la condition du peuple? que fait-elle pour lui?

Elle le condamne à lutter sans cesse contre des multitudes d'obstacles de tout genre qu'elle oppose à l'amélioration de son sort, au soulagement de ses maux; elle lui laisse à peine une petite portion

que le permet l'effort qu'il nécessite, un bien réel quoique mélangé, un commencement de la joie qui, dans sa plénitude, en est le terme.

Nous ressemblons au laboureur ; il sème à l'entrée de l'hiver et ne recueille qu'en automne. Toutefois sa fatigue est-elle sans douceur, et le con

tentement ne germe-t-il pas avec l'espérance dans ses sillons?

La misère, qu'on vous dit être irrémédiable, vous avez, au contraire, à y remédier. Et, puisque l'obstacle n'est pas dans la nature, mais dans les hommes, vous le pourrez sitôt que vous le voudrez; car ceux dont l'intérêt, tel qu'ils le comprennent faussement, serait de vous en empêcher, que sontils près de vous? quelle est leur force? Vous êtes cent contre chacun d'eux.

Si jusqu'ici vous n'avez recueilli que si peu de fruit de vos efforts, comment s'en étonner? Vous aviez en main ce qui renverse, vous n'aviez pas dans le cœur ce qui fonde. La justice vous a manqué quelquefois ; la charité, toujours.

Vous aviez à défendre votre droit vous avez ou l'on a souvent attaqué en votre nom le droit d'autrui. Vous aviez à établir la fraternité sur la terre, le règne de Dieu et le règne de l'amour: au lieu de cela, chacun n'a pensé qu'à soi, chacun n'a eu en vue que son intérêt propre. La haine et l'envie vous ont animés. Sondez votre âme, et presque tous vous y trouverez cette pensée secrète : «Je travaille et je souffre, celui-là est oisif et regorge de jouissances. Pourquoi lui plutôt que moi?» Et le désir que vous nourrissez serait d'ètre à sa place, pour vivre comme lui et agir comme lui.

Or, ce ne serait pas là détruire le mal, mais le perpétuer. Le mal est dans l'injustice, et non en ce que ce soit celui-ci plutôt que celui-là qui profite de l'injustice.

Voulez-vous réussir? faites ce qui est bon par de bons moyens. Ne confondez pas la force que dirigent la justice et la charité avec la violence brutale et féroce.

Voulez-vous réussir? pensez à vos frères autant qu'à vous. Que leur cause soit votre cause, leur bien votre bien, leur mal votre mal. Ne vous voyez vous-mêmes et ne vous sentez qu'en eux. Que votre insouciance se transforme en sympathie profonde, et votre égoïsme en dévouement. Alors vous ne serez plus des individus dispersés dont quelques-uns, mieux unis, font tout ce qu'ils veulent. Vous serez un, et, quand vous serez un, vous serez tout; et qui, désormais, s'interposera entre vous et le but que vous voulez atteindre? Isolés à présent parce que chacun ne s'occupe que de soi, de ses fins personnelles, on vous oppose les uns aux autres, on vous maîtrise les uns par les autres: quand vous n'aurez qu'un intérêt, une volonté, une action commune, où est la force qui vous vaincra?

Mais comprenez bien quelle tâche est la vôtre, sans quoi vous échouericz toujours.

Ce n'est point de vous faire individuellement un sort meilleur, car la masse resterait également

souffrante, et rien ne serait changé dans le monde. Le bien et le mal y subsisteraient en mème proportion; ils y seraient seulement, quant aux personnes, distribués différemment. L'un monterait, l'autre descendrait, et ce serait tout.

Ce n'est point de substituer une domination à une autre domination. Qu'importe qui domine? Toute domination implique des classes distinctes, par conséquent des priviléges, par conséquent un assemblage d'intérêts qui se combattent, et, en vertu des lois faites par les classes élevées pour s'assurer les avantages de leur position supérieure, le sacrifice de tous ou de presque tous à quelquesuns. Le peuple est comme l'engrais de la terre où elles prennent racine.

Votre tâche, la voici ; elle est grande. Vous avez à former la famille universelle, à construire la Cité de Dieu, à réaliser progressivement, par un travail ininterrompu, son œuvre dans l'humanité.

Lorsque, vous aimant les uns les autres comme des frères, vous vous traiterez mutuellement en frères; que chacun, cherchant son bien dans le bien de tous, unira sa vie à la vie de tous, ses intérêts à l'intérêt de tous, prèt sans cesse à se dévouer pour tous les membres de la commune famille, également prèts eux-mêmes à se dévouer pour lui, la plupart des maux sous le poids desquels gémit la race humaine disparaîtront, comme les vapeurs qui chargent l'horizon se dissipent au lever du soleil; et ce que Dieu veut s'accomplira, car sa volonté est que l'amour unissant peu à peu, d'une manière toujours plus intime, les éléments épars de l'humanité, et les organisant en un seul corps, elle soit une comme lui-même est un,

IV.

Vous connaissez maintenant le but où vous devez tendre. La nature vous dirige vers lui, vous presse incessamment de l'atteindre, en vous inspirant le désir invincible d'ètre délivrés des maux qui de toutes parts vous assiégent, le désir d'un état meil leur, et qui ne peut être meilleur pour vous qu'il ne le soit aussi pour vos frères. Ainsi, en travaillant pour eux, vous travaillerez pour vous; et vous ne pouvez travailler avec fruit pour vous, qu'en travaillant pour eux avec un amour que rien ne lasse.

Ce n'est pas tout, cependant, de connaître le but que vous a marqué le Créateur; il est nécessaire de savoir encore par quels moyens vous y parviendrez, sans quoi vos efforts seraient stériles. Pauvres voyageurs fatigués, vous aspirez au gite du soir; apprenez-en la route.

Je vous dirai toute la vérité, parce que c'est elle

« PreviousContinue »