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gloire, à l'exemple de votre patrie et de la mienne, ne former d'autres vœux que celui d'être libres et heureuses, et de n'a

voir pour voisins que des peuples libres et heureux!...,

CIVIQUE DE GASTINE.

DE LA LIBERTÉ

DES PEUPLES,

ET DES DROITS DES MONARQUES

APPELÉS A LES GOUVERNER.

CHAPITRE I.

Un peuple est en tout comparable à un individu.

Les lois de la nature sont immuables et éternelles, et inconnues seulement de ceux qui ne s'appliquent pas à les observer.

Un peuple, grand ou petit, est en tout comparable à un individu, au physique comme au moral.

Comme lui, il a sa naissance, son enfance, sa jeunesse, sa virilité, sa vieillesse, sa décadence, et sa mort.

De même que les individus different entre eux, de caractère, de moeurs, de tempéra

ment et de physionomie; l'on remarque la même différence entre les nations de la terre.

La durée de l'existence d'un individu est moindre que celle d'une famille, et la durée de l'existence d'une famille est moins longue que la vie d'un peuple ou d'une nation.

Le maximum de l'existence d'un individu, d'une famille et d'une nation, est fixé par la nature suivant la force de ses constitutions physiques et morales. Celui qui ne l'atteint pas est victime de son imprévoyance, ou, d'un accident, s'il n'a pas été en son pouvoir de l'empêcher.

La nature, en donnant aux individus l'instinct de se gouverner suivant leurs tempéramens et leurs caractères, indique aux peuples qu'ils doivent observer les mêmes choses dans leurs gouvernemens. En prenant toute autre règle pour base, l'ordre et la tranquillité publique seront continuellement troublés par des révoltes, des émeutes et des factions, qui sont, relativement à un état, ce qu'une maladie violente est à un individu, et peut après de plus ou moins longues souffrances lui faire trouver une mort prématurée, au temps marqué par la nature, pour sa plus grande force physique et morale.

Par la raison incontestable qu'il serait absurde, et même très-nuisible, qu'un individu prit, pour modèle de sa conduite et de sa manière de diriger ses actions, un particulier, son voisin, d'un caractère, d'un tempérament, d'une éducation et d'une constitution morale différente de la sienne, il serait également absurde et pernicieux à un peuple d'emprunter d'une nation voisine, d'un caractère, d'une physionomie et d'un moral essentiellement différent, des lois pour le gouverner.

CHAPITRE II.

Un père est à sa famille ce qu'un roi est à son peuple, et vice versa.

L'IDÉE que le premier des rois fut un soldat heureux, est plus brillante que vraisemblable; et il fallait qu'elle fût enfantée par l'immortel auteur de Mérope, au milieu d'un peuple aussi courageux et avide de gloire que les Français, non-seulement pour échapper à la critique, mais pour être devenue une espèce de maxime. Ne pouvant, sans sortir du cercle dans lequel je me suis renfermé dans cet ouvrage, démontrer tout ce que peut avoir de pernicieux la morale que renferme cette idée, qui, en légitimant l'action des soldats assez heureux pour s'emparer alternativement du gouvernement d'une nation et des droits des citoyens, en s'abandonnant ainsi à leur ambition, déchireraient le cœur de l'Etat, et deviendraient un obstacle éternel à la prospérité et à la tranquillité publiques.

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