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Byzance, Pline et vingt autres, sont corroborés par des traditions trop imposantes, des monuments trop irrécusables, pour que nous hésitions à adopter comme vrai le fond de cette histoire que l'imagination des poètes grecs a enveloppée d'ornements, et, disons le mot, de mensonges. Il serait absurde de supposer que les Amazones aient vécu en république sans hommes; il l'est sans doute aussi de croire qu'elles se mutilaient le sein pour être plus propres à manier les armes. Ces fables, résultat inévitable d'une époque où l'ignorance des procédés typographiques laissait toute latitude aux exagérations du récit oral, comme à l'essor d'une imagination poétique, ont été signalées avec affectation par des esprits paresseux qui ont trouvé plus facile de nier que d'approfondir. Pour d'autres il n'est pas difficile d'y démêler la vérité sur l'existence de cette colonie de Scythes belliqueux, qui émigra du pays des Mootes, traversa le Caucase, et s'établit dans les plaines de Thémiscyre. Les principaux guerriers de cette armée furent taillés en pièces par les peuples voisins, ou réduits à l'esclavage, et leurs femmes, conservant dans le malheur le souvenir des mœurs natales, prirent les armes pour défendre leurs enfants et leurs propriétés; car toute l'antiquité s'accorde, dans ses écrits et dans ses monuments, à nous représenter les femmes des Scythes comme habituées à combattre journellement à côté de leurs époux, et aussi habiles qu'eux à manier l'arc, la hache et la lance. Elles n'entreprirent pas les guerres lointaines qu'on a mises sur leur compte; mais, aidées par des hommes de basse condition, ou des esclaves, et alliées à des étrangers, elles firent quelques expéditions dans l'une desquelles Marpésie éleva sur le Caucase des fortifications qui rappelèrent long-temps son nom à la postérité.

Les deux passages dont nous avons fait mention plus haut, les seuls indiqués par la nature, sont ceux qui, depuis une haute antiquité, sont connus sous le nom de Portes Caucasiennes, Sar

matiques, Caspiennes, Porte des Portes, et autres dénominations.

Le premier, appelé communément aujourd'hui défilé de Dariel (Pylæ Caucasia de Pline), se trouve sur la route de Mosdok à Tiflis, et divise l'isthme caucasien en deux parties à peu près égales. L'encaissement d'une double chaîne de montagnes escarpées qui court du sud au nord forme une gorge étroite, sillonnée par le fleuve Térek et par ses affluents. Cette position est naturellement si redoutable. que les plus simples fortifications suffiraient à une poignée de combattants pour y arrêter une armée formidable.

La distance qui sépare Mosdok de Tiflis est d'environ 240 werstes (60 lieues). A moitié chemin, et à 30 werstes du Mqinwari, on voit sur les bords du Térek les ruines de l'ancien château de Dariéla. On ne sait rien de bien positif sur l'étymologie de ce mot. Selon une tradition montagnarde, une princesse du nom de Daria fit élever cette forteresse, à une époque absolument inconnue. Elle y fixa sa rẻsidence pour y détrousser les passants; et lorsqu'un voyageur avait le malheur de lui plaire, elle le gardait auprès d'elle, le comblait de dons et de caresses, s'abandonnait à lui, et le faisait ensuite précipiter dans les eaux du Térek. Mais M. Klaproth, qui s'est livré avec tant de succès à d'importantes recherches sur l'histoire du Caucase, pense que Dariéla doit se lire Dariol, et que ce mot vient du tatare, et signifie défilé (de dar, étroit, et jol, route). Le fort aurait été construit par un ro de Géorgie, du nom de Mirwan, qui régna de l'an 167 à 123 avant notre ère. Là était aussi la forteresse Cumania des anciens.

Plusieurs historiens d'Alexandre ont écrit que ce conquérant avait fait fermer ce passage par une porte de fer. Nous avons déja dit qu'il ne visita jamais le Caucase, et il ne paraît pas que, de son vivant du moins, ses lieutenants aient fortifié la porte caucasienne.

Dans le moyen âge, lorsque le pays était occupé par les Huns, les monar

ques byzantins payaient a ces barbares un fort tribut pour la garde de cette porte. L'histoire géorgienne dit aussi que Cabades, roi de Perse, contemporain de l'empereur Justinien, s'empara du passage, et qu'il y fit élever un mur à l'effet d'y arrêter les incursions des Scythes dans les domaines de la Perse et de l'empire romain. On y voit, en effet, des débris de murailles et des fortifications ruinées qui attestent les précautions prises anciennement contre les populations turbulentes qui habitaient vers le nord de la contrée. Aujourd'hui les Russes ont élevé une forteresse à peu de distance de l'ancien Dariéla. Elle est encaissée entre des rochers granitiques, tellement élevés et rapprochés les uns des autres, qu'on s'y croirait dans un puits. De Laars à Dariel, la vallée, dont la longueur est de 7 werstes, est si étroite que le soleil y pénètre à peine quelques heures pendant les plus longs jours de l'été. Vers les mois de juillet et d'août, la chute des avalanches y cause souvent de grands dégâts par la rupture des ponts du Térek et le débordement du fleuve. A quelques werstes du Térek, on trouve l'Aragwi, qui coule en sens inverse dans ce même passage.

Le second défilé est celui qui doit son nom à la ville de Derbent, sur les bords de la mer Caspienne, dans le Daghestan. La fondation de cette ville est encore attribuée à Alexandre-leGrand; supposition que rien ne justifie, mais que peut expliquer une vanité commune à tant de villes. Une forte muraille qui s'étendait de la cité à la mer, défendait la Perse contre les agressions des Scythes. Des portes de fer de quinze pieds de largeur donnaient passage aux voyageurs inoffensifs; on prétend qu'elles ont été déposées au monastère de Gelaeth, près Khoutaïssi (*). Des vestiges de l'anti

(*) Le no 1 de la planche première est un dessin du monastère de Gelaeth, situé à deux lieues de Khoutaïssi, sur la déclivité d'une montagne couverte d'arbres. Cette maison, habitée par des moines iméréthiens du rite grec, est placée sous l'invocation de

que rempart se voient encore auprès de la ville, et même sur la crête de la montagne voisine. Il était construit en grandes pierres coquillières superposées à la manière des Romains, sans ciment et sans fer. S'il faut en croire une version fort accréditée, cette muraille se prolongeait sur toute la chaîne des monts du Thabasseran, et elle était due à Kosroës-Nourchivan, qui avait voulu par-là se préserver des incursions des Khazars.

Le passage de Derbent est sans contredit le plus important pour la sûreté de la Perse, car il offre, dans toute sa longueur, une steppe (*) sans aucune élévation, et pressée d'un côté par les eaux de la mer Caspienne, et de l'autre par des montagnes élevées et des rochers coupés à pic. Une partie de l'ancien mur se trouve aujourd'hui plongée dans la mer. Le géographe Abd-our-Raschid écrivait, au commencement du XVe siècle, que Bakou, sa ville natale, était déja en partie submergée par les eaux qui menaçaient d'atteindre la grande mosquée.

Derbend signifie, en persan, barrière; et cette ville est aussi appelée, par figure, la Porte des portes, ou la Porte de fer.

Là étaient véritablement les portes caspiennes, ainsi nommées du voisinage de cette mer; mais l'erreur de Strabon, qui les place dans le défilé de Dariéla, n'est pas aussi grave qu'on a voulu le supposer, s'il est vrai, ainsi que plusieurs critiques l'ont pensé, que les deux dénominations de la monta

saint Grégoire; son architecture est à la fois remarquable par sa simplicité et sa pureté. On croit que ce monument date du XIe siècle de l'ère chrétienne. Le no 3 est la représentation d'un antique battant de porte ayant quatorze pieds de hauteur sur sept à peu près de largeur, et tout bardé de fer. Selon la tradition, ce seraient là les restes de la porte caucasienne, l'autre battant ayant été enlevé par les Turcs on y voit les vestiges d'une inscription arabe, gravée sans doute par les conquérants à une époque d'invasion.

(*) On peut dire aussi un step.

gne et de la mer ont une étymologie

commune.

Le mot Caucase ou Kaukas est peu usité parmi les habitants de cette région; il y est même à peine connu du vulgaire. Selon une tradition géorgienne, l'antique nom de Cavcas est celui de l'un des huit fils du patriarche Thargamos, à qui les Arméniens, et généralement tous les peuples de la même contrée, attribuent leur origine. Les Arabes donnent à cette chaîne de montagnes, le nom de Cabokh; les anciens Perses disaient Couh-caf, et les Persans de notre époque Koh-kaf, ou mont Kâf, ce qui paraît équivaloir à mont des monts, montagne par excellence. Dans une haute antiquité, les hommes croyaient que le Caucase faisait le tour du monde; aussi appelaient-ils ainsi toutes les grandes chaînes de montagnes. Il est resté à l'isthme seul qui fait l'objet de cette notice. Nous allons maintenant entrer dans quelques détails d'histoire naturelle, dont nous croyons devoir faire précéder la partie politique.

HISTOIRE NATURELLE. La cime des montagnes de neige est formée de porphyre basaltique, de granit et de syénite. Parmi les porphyres on en distingue de belles espèces, bleu tacheté de jaune, ou de rouge et de blanc, rouge oriental et vert. Dans les granits, on trouve le rose, le gris, le noir et le bleu.

Les montagnes Noires sont entremêlées de calcaire, de grès marneux, et de schiste tabulaire sillonné par des veines de spath et de quartz.

On disait autrefois que le Caucase, et notamment la Colchide, renfermaient des mines d'or. Cependant, la conquête de la toison d'or, ou, en d'autres termes, une spéculation mercantile, ne fut pas le seul but de l'expédition de Jason; nous verrons plus tard que ce voyage eut encore un but politique. Strabon parle avec complaisance des mines de ce pays, et il ajoute que dans la partie occupée par les Souanes (Mingrélie ), les ruisseaux eharriaient de l'or et de l'argent que ces barbares recueillaient dans des al

véoles et surdes peaux garnies de poils; ce qui donna lieu à la fable de la fameuse toison.

Ces mines ont-elles existé? C'est ce qu'il serait peut-être téméraire de nier positivement; mais il est du moins certain que les traces en ont été perdues, et que toutes les tentatives qu'on a pu faire jusqu'ici pour les découvrir n'ont amené aucun résultat. Ce n'est pas que les métaux manquent dans la région caucasienne; mais il ne paraît pas que leur abondance puisse offrir un large dédommagement aux frais de l'exploitation. Une inscription en langue géorgienne qu'on lit encore sur l'église de Nouzala, dans l'Osséthi, parle de métaux précieux abondants comme la poussière dans cette région (*)

Le haut territoire du bassin de l'Ourouk et toute l'Abasie sont fort riches en mines. On dit qu'il en existe une d'or et plusieurs d'argent près du village de Soouksou, à peu de distance de Soukoum-kalé, sur les bords de la mer Noire. Ce qui est plus authentique, c'est que les Mingréliens prétendent que le Phase et la Tzkhénistsqali charriaient encore, il y a à peine un demi-siècle, des paillettes et même des morceaux d'or, dont le lavage formait un des principaux revenus des rois de Mingrélie.

à

L'ignorance des Iméréthiens est, cet égard, un double obstacle à la connaissance de la vérité; ils prennent les substances brillantes pour des métaux précieux, et sans doute aussi les métaux précieux pour de viles productions, car il est fort à présumer que leurs montagnes possèdent une partie des richesses que la tradition leur attribue. Il est positif du moins qu'on y trouve en diverses localités des mines de fer, de plomb, de cuivre, d'aimant, de sel gemme et d'alun.

Après les minéraux, il nous reste à parler de la substance bitumineuse connue sous le nom de naphte; et comme elle se rattache à l'histoire des Guèbres

(*) Journal Asiatique, octobre 1830, pag. 310.

ou Parsis, nous lui consacrerons quelques détails.

La naphte est une huile de pierre (pétrole), légère, transparente et inflammable. On peut s'en servir pour l'éclairage, pour le chauffage même, la cuisson des aliments, et divers autres objets d'économie domestique, où elle remplace l'huile et le bois. Cette combustion ne se fait pas, à la vérité, sans répandre une odeur fort désagréable et une fumée épaisse, ce qui ne rend son usage vraiment utile que pour les peuples qui n'ont jamais connu les ressources que se procure notre civilisation. On s'en sert encore pour graisser les roues des chariots, pour enduire les outres qui servent à transporter le vin, et, enfin, elle entre dans la préparation d'un ciment fort estimé dans le pays. On croit qu'elle avait été employée dans la construction de Babylone et de Ninive.

Cette substance paraît être le résultat de la décomposition des bitumes solides, opérée par les feux souterrains dans le sein de la terre. Elle se récolte sur plusieurs points du globe; mais l'espèce la plus pure abonde sur la côte ouest de la mer Caspienne, depuis Derbent jusqu'à Bakoù, dans le Daghestan et le Chirvan, provinces qui appartiennent à l'isthme caucasien. A peu de distance de la mer, aux environs de Bakou, on a creusé des puits dont la profondeur varie de dix à soixante pieds, sur un terrain de marne argileuse imbibée de naphte. On en compte plus de cent pour la naphte noire, et quinze seulement pour la blanche. Celle-ci n'est qu'une purification de la première, opérée par l'infiltration naturelle au travers d'une couche de grès. Ce bitume se rassemble peu à peu dans les puits, qu'on vide au fur et à mesure des besoins. Il s'en exporte annuellement, de Bakou, de soixante à quatre-vingt mille quintaux métriques, la plus grande partie pour la Perse, le reste pour Astrakan. Le produit en est d'environ deux cent cinquante mille francs.

C'est auprès de Bakou que se trouve le sanctuaire du feu, Artech-gah,

l'un des plus célèbres sectateurs de Zoroastre.

Artech-gah est situé dans un pays aride et infecté par l'odeur de la naphte. Un édifice carré, où sont comprises une vingtaine de cellules, sert de monastère aux adeptes du ZendAvesta. Dans la cour du milieu s'élève un autel flanqué de quatre cheminées quadrangulaires; au centre est un foyer que la piété des Parsis alimente perpétuellement au moyen de la naphte. En vain les années ont succédé aux années; en vain les conquérants ont porté la persécution au sein de la patrie des Mages; le culte de Mithra, sanctionné par Zoroastre, a résisté à toutes les attaques, et les descendants des Guebres ont entretenu le feu sacré dans la longue série des siècles. Fuyant devant leurs persécuteurs, ils l'ont emporté dans l'exil, et se sont établis à Surate, à Bombay, sur les bords du Gange, dans le midi de la Perse et sur les rives de la mer Caspienne. Un de leurs principaux articles de foi, est de.croire que le feu qu'ils conservent avec tant de soin est le même que celui qui brûlait du temps de Zoroastre.

Les mœurs douces et honnêtes des Parsis, auxquels se sont réunis quelques Hindous, les rendent dignes de la tolérance qu'on leur accorde aujourd'hui. Ceux d'Artech-gah paraissent satisfaits de leur sort. Dans chacune des cellules de leur monastère, les reclus ont pratiqué plusieurs tuyaux d'où s'exhale le gaz inflammable; à certaines heures du jour et dela nuit ils en approchent une lumière, et la flamme se manifeste aussitôt. Le matin, ils épient le lever du soleil avec un sentiment d'impatience mêlé d'anxiété, et à peine aperçoivent-ils, sur les bornes de l'horizon, ce point lumineux qui, le premier, s'élance dans l'espace, qu'ils le saluent par des cris; ils s'embrassent en se félicitant mutuellement sur le retour du dieu. Le soir, ils s'affligent en le voyant disparaître, et rien ne peut les consoler de son absence que l'espoir de le revoir bientôt.

La direction des chaînes de montagnes et leur étendue, le nombre et la profondeur des vallées, l'élévation des plateaux et la nature des bas-fonds, sont autant de circonstances qui font varier ici les climats physiques, excepté sur le sommet des grandes montagnes où règne un éternel hiver.

A Tiflis, le ciel est constamment serein; à peine y pleut-il trente ou quarante jours de l'année. L'hiver, qui ne commence qu'en décembre, y finit en février, et les étrangers peuvent s'y préserver aisément, avec de la sobriété, des fièvres intermittentes qui se manifestent à l'époque des fortes chaleurs. Le thermomètre s'y soutient habituellement, en été, entre 24 et 28 degrés, et, sur les hauteurs environnantes, où les riches vont se retirer dans leurs maisons de campagne, il ne varie qu'entre 18 et 22 degrés.

A Ananour et dans le pays occupé par les Lesghis, l'air est extrêmement sain; mais dans les autres localités, et notamment dans l'ancienne Colchide et le pays des Abases sur la mer Noire, le climat est chaud et pluvieux outre mesure. Les pluies forment des lacs où viennent pourrir les végétaux que leur âge ou les accidents ont renversés. Devenues alors des marais pestilentiels, ces nappes d'eau répandent_au loin leurs miasmes morbifiques. Les fièvres y règnent ordinairement du 15 juillet au 15 octobre, et on y voit un grand nombre d'hydropiques.

Le voisinage de l'empire ottoman ajoute souvent aussi le fléau de la peste à celui du climat, et pour que rien ne manque à ces graves causes de dépopulation, le choléra-morbus y est arrivé plusieurs fois de l'Inde par la

Perse.

En résumé, la température des provinces occidentales et de la majeure partie de l'isthme caucasien est quelquefois glaciale, souvent très-chaude, toujours excessivement humide.

Les neiges et les glaciers incessamment entretenus sur les sommités de cette région montagneuse donnent naissance à une innombrable quantité de courants d'eau qui descendent en

minces filets, se grossissent par leur réunion, deviennent torrents sur les parois de la montagne, ruisseaux dans la vallée, et fleuves dans la plaine. Il serait également difficile et superflu de les énumérer tous: beaucoup n'ont qu'une faible importance locale, et quelques-uns même disparaissent momentanément dans la saison des chaleurs; aussi nous bornerons-nous à citer ici le petit nombre de ceux qui offrent quelque intérêt historique.

Le Kouban et le Térek forment la limite septentrionale de l'isthme caucasien. Au sud, le Cyrus et l'Araxe remplissent le même objet.

Le Kouban prend sa source sur le versant de l'Elbrouz, traverse la petite Abasie, embrasse toute la Circassie, et se jette dans la mer Noire audessous de l'île de Taman. Hérodote et Strabon font mention de ce fleuve et lui donnent le nom d'Hypanis; Ptolémée l'appelle Vardanus, d'autres géographes l'ont désigné sous le nom de Mæotis, et en font la limite de l'Asie et de l'Europe. Les Tatares, qui, dans le treizième siècle de notre ère, envahirent la Scythie, l'appelèrent Kouban, ou Kouman, et les Russes ont adopté cette dénomination dont l'étymologie est encore un problème.

Le Térek sort d'une étroite vallée, au pied du mont Khokhi et du Mqinwari; il coule dans le fameux défilé de Dariel, traverse le pays des Tcherkesses, baigne successivement Vladikaukas, Mosdok et Kislar, et se jette dans la mer Caspienne. De tous les courants d'eau de l'isthme, il n'en est point de plus rapide que le Térek, et il en est peu d'aussi turbulent. Pendant l'hiver, il charrie des glaces, obstrue son passage, brise les ponts et bouleverse la route; pendant l'été, il se grossit de la fonte des neiges, inonde la vallée jusqu'à une hauteur quelquefois considérable, entasse dans son ancien lit le sable, les pierres et les arbres, et va porter ailleurs ses flots capricieux. Au nord du Térek, la Kouma traverse la steppe du Caucase, baigne Georgiewsk, et se rend également dans la Caspienne.

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