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M. le chevalier Gamba, dans son Voyage au delà du Caucase, nous dépeint ainsi les Arméniens, dont il a trouvé de nombreuses colonies, soit à Tiflis, soit dans les environs : « L'Arménien, dit-il, est un peu moins grand, mais plus gros que le Géorgien; il a les traits aussi réguliers, le nez plus droit, le regard sérieux, l'air réfléchi et soumis; il réunit deux choses qui semblent opposées, les mœurs des patriarches et les défauts attachés au long état de dépendance sous lequel il a vécu. Comme au temps d'Abraham et de Jacob, le premier né est, après le père, le maître, le chef héréditaire de la maison; ses frères puînés lui sont soumis; ses sœurs sont presque ses servantes. Les uns et les autres sont pleins de respect pour leur père; rarement ils s'asseyent devant lui et se mettent à table. Ils sont ses serviteurs les plus dévoués; et c'est l'aîné des fils, chez ce peuple hospitalier, qui sert les étrangers admis à la table de son père, ou qui offre la collation dans le cas où une visite arriverait à l'heure du repas. J'avais été recommandé à un négociant arménien de Nackchivan. A mon arrivée, il vint m'embrasser comme une ancienne connaissance, me conduisit dans la chambre qui m'était destinée, me fit préparer le bain, fit tuer un mouton, et invita tous ses amis au festin. Je me rappelais alors les usages des peuples pasteurs, ceux de cette époque voisine du berceau du monde, où on s'accueillait d'autant plus qu'on se croyait plus rapproché d'une tige commune. Et peut-être n'y aurait-il nul contraste à leur opposer, si, nation indépendante, ils avaient vécu dans une situation tranquille et n'avaient eu à obéir qu'à leurs lois. »

Les femmes arméniennes sont célèbres en Orient par leur beauté; elles ont à la fois quelque chose du type grec et juif. Leur taille svelte et élancée, la vivacité de leurs larges yeux noirs couronnés de longs cils arqués, l'épaisseur de leur chevelure d'ébène, que relève un teint pâle et mat, en font des modèles de grâce et de perfection qui rappellent les statues antiques.

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A cette beauté extérieure se mêlent les charmes et les agréments de l'esprit que leur donne l'éducation de famille, bien supérieure à celle des femmes turques ou persanes au milieu desquelles elles vivent. On reconnaît en elles la vérité de ce principe, que le christiadignité et d'honneur qu'elle occupe nisme seul a élevé la femme au rang de dans. les sociétés modernes. Voyez à séquestrées et agglomérées dans un leurs côtés les femmes de musulmans harem, foyer d'intrigues, de corruption et de jalousie, où elles sont considérées comme un simple meuble de luxe ou d'agrément. Quelle différence où elles languissent et la liberté des entre l'esclavage et l'abjection morale femmes chrétiennes! C'est que dans le christianisme le dogme divinise pour ainsi dire la femme, en la regardant Rédempteur. Tous les peuples qui ne comme mère de l'homme-Dieu, notre font point partie de la grande famille chrétienne la tiennent encore dans un état de sujétion humiliante. Lejudaïsme gion qui n'est que le christianisme, en est une preuve visible; cette relimoins les développements apportés par celui qui est venu accomplir la loi et jours la femme comme un être moranon pas la détruire, considere toulement inférieur à l'homme, et l'astreint à mille pratiques gênantes.

méniennes est plutôt intérieure et doToutefois la liberté des femmes armestique qu'extérieure et publique. La législation et la coutume des Turcs les obligent, à Constantinople et dans le reste de l'empire ottoman, de se soumettre aux règles de bienséance établies pour leur sexe. Ainsi elles sortent voilées et couvertes; mais dans la dans un harem, et elles se tiennent maison elles ne sont point reléguées les hommes (*). Elles reçoivent et font les ordinairement dans la même salle que honneurs de la maison aux étrangers. tantinople, les jeunes filles commenDans plusieurs familles riches de Conscent à adopter certaines modes européennes, et actuellement plusieurs mo

(*) Voy. la figure no 32.

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distes de Paris ont à Péra (*), faubourg habité par les Arméniens et les Francs, d'élégantes boutiques. Les jeunes filles se permettent une gaieté simple et innocente qu'elles perdent étant mariées. Alors elles ne cherchent plus à plaire qu'à celui qu'elles ont choisi pour époux; elles se renferment exclusivement dans les soins minutieux de la famille et du ménage, sans songer à attirer les regards des étrangers. L'intérieur d'une famille arménienne a quelque chose de l'organisation patriarcale: l'épouse ose à peine lever les yeux sur son époux; elle rougirait d'adresser la parole à tout autre qu'à lui, et la fille ne s'assied jamais en présence de son père. Leur dévotion et leur fidélité conjugale ne peuvent donner prise aux amères censures de la médisance. Elles parlent, ou plutôt chantent avec une douce harmonie la langue turque, si flexible et si mélodieuse.

A Constantinople, les femmes arméniennes se distinguent des femmes turques à la couleur des brodequins, lorsqu'elles sortent dans les rues. Leur vêtement est semblable à celui des hommes en beaucoup de choses. Elles portent un caleçon tombant sur la cheville du pied; et, comme elles ne font pas usage de bas, elles ont les jambes moins fines que les Européennes. Leur chemise ouverte sur le devant laisse à découvert la gorge qu'elles ornent de fleurs et de riches colliers (**). Sur les épaules, pend une espèce de long manteau flottant jusqu'aux talons. Quand elles veulent se dérober à la vue d'un étranger, elles se couvrent d'un voile qui enveloppe les épaules et le sein; et si elles sortent, elles ajoutent un grand voile blanc qui les couvre de la tête aux pieds. A Julfa, les femmes portent quatre voiles, deux qu'elles mettent au logis, et deux autres qu'elles réservent pour leurs sorties. A la maison, elles ont le bas du visage voilé; et, si elles sont mariées, elles se cachent même le nez, afin que leurs parents ou les prêtres qui les visitent ne

() Voy. la planche no 16. (**) Voy. la figure no 31.

puissent distinguer les traits de leur visage. Les jeunes filles ne portent ce voile que jusqu'à la bouche, afin qu'on puisse juger de leur beauté, et en faire le récit aux jeunes gens.

Les Arméniennes de la Perse ont aussi emprunté dans leurs costumes la riche variété de la mode persane. Les habits des femmes riches sont en étoffes de soie d'or. Le corps de l'habit s'attache par-devant jusqu'à la ceinture, avec des rubans au bout desquels on suspend un gland d'or ou une perle; il se rétrécit vers le contour, et il est plissé pour relever la finesse de la taille. La jupe qui descend jusqu'aux talons n'est point séparée du corps de l'habit. Elles se servent de souliers plats, couverts d'écarlate, avec quelques fleurs d'or en broderie. Elles les quittent aisément et toujours, lorsqu'elles entrent dans leurs appartements qui sont couverts de beaux tapis. Elles sont coiffées en cheveux d'une manière fort variée, tantôt en pyramide, tantôt en triangle ou en croissant; d'autres fois, en roses, en tulipes, ou autres figures de fleurs qu'elles imitent en assujettissant leurs cheveux au moyen de boucles d'or garnies de diamants. Plus communément, elles divisent leurs cheveux en tresses pendantes sur les épaules, et y attachent de petites plaques d'or et des pierreries. C'est un des secrets de la coquetterie que de savoir faire alors certains mouvements de tête propres à faire paraître la beauté et le brillant de leur chevelure.

Dans leurs chambres, il n'y a d'autre tapisserie que celle sur laquelle on marche. Elles sont ornées de grands miroirs, de canapés, d'enfoncements dans les murailles en forme de niches, où elles rangent des vases de cristal, d'or et d'argent, pour conserver leurs parfums, leurs confitures, et les petits meubles de leur toilette. L'usage des chaises y est inconnu. Il y a de petits tabourets sur lesquels elles peuvent s'asseoir; mais elles en font rarement usage elles préfèrent s'asseoir sur leurs riches tapis, les jambes croisées. Derrière elles est un grand coussin

de brocart, sur lequel elles s'appuient, et qu'elles ramènent et changent à volonté.

Leur occupation se borne à de petits ouvrages à l'aiguille. Souvent elles réunissent leurs amies; et, pendant l'été, on apporte de la limonade pour se rafraîchir; on mange des fruits, des confitures, et une espèce de gâteau fait avec la farine de froment, délayée dans du jus de canne à sucre, auquel on mêle du lait et de l'eau de rose (*).

(*) M. Lamartine dans son Voyage d'Orient fait une peinture ravissante des femmes arméniennes de Damas, de leur habitation et de leur vie douce et paisible. « Nous avons, dit-il, circulé d'abord pendant assez longtemps dans les rues sombres, sales et tortucuses du quartier arménien. On dirait un des plus misérables villages de nos provinces. Les maisons sont construites de boue; elles sont percées, sur la rue, de quelques petites et rares fenêtres grillées dont les volets sont peints en rouge. Elles sont basses, et les portes surbaissées ressemblent à des portes d'étables. Un tas d'immondices et une mare d'eau et de fange règnent presque partout autour des portes. Nous sommes entrés cependant dans quelques-unes de ces maisons des principaux négociants arméniens, et j'ai été frappé de la richesse et de l'élégance de ces habitations à l'intérieur.

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Après avoir passé la porte et franchi un corridor obscur, on se trouve dans une cour ornée de superbes fontaines jaillissantes en marbre, et ombragées d'un ou deux sycomores ou de saules de Perse. Cette cour est pavée en larges dalles de pierre polie ou de marbre; des vignes tapissent les murs. Ces murs sont revêtus de marbre blanc et moir; cinq ou six portes, dont les montants sont de marbre aussi, et sculptées en arabesques, introduisent dans autant de salles ou de salons où se tiennent les hommes et les femmes de la famille. Ces salons sont vastes et voûtés. Ils sont percés d'un grand nombre de petites fenêtres élevées, pour laisser sans cesse jouer librement l'air extérieur. Presque tous sont composés de deux plans: un premier plan inférieur où se tiennent les serviteurs et les esclaves; un second plan élevé de quelques marches, et séparé du premier par une balustrade en marbre ou en bois de cèdre merveilleusement dé

Quand une femme perd son mari, elle revêt sur-le-champ les habits de

coupée. En général, une ou deux fontaines en jet d'eau, murmurent dans le milieu ou dans les angles du salon. Les bords sont garnis de vases de fleurs; des hirondelles ou des colombes privées viennent librement y boire et se poser sur les bords des bassins. Les parois de la pièce sont en marbre jusqu'à une certaine hauteur. Plus haut elles sont revêtues de stuc et peintes en arabesques de mille couleurs, et souvent avec des moulures d'or extrêmement chargées. L'ameublement consiste en de magnifiques tapis de Perse ou de Bagdad qui couvrent partout le plancher de marbre ou de cèdre, et une grande quantité de coussins et de matelas de soie épars au milieu de l'appartement, et qui servent de siége ou de dossiers aux personnes de la famille. Un divan recouvert d'étoffes précieuses et de tapis infiniment plus fins, règne au fond et sur les contours de la chambre.

« Les femmes et les enfants y sont ordinairement accroupis ou étendus, occupés des différents travaux du ménage. Les berceaux des petits enfants sont sur le plancher, parmi ces tapis et ces coussins; le maître de la maison a toujours un de ces salons pour lui seul; c'est là qu'il reçoit les étrangers: on le trouve ordinairement assis sur son divan, son écritoire à long manche posée à terre à côté de lui; une feuille de papier appuyée sur son genou ou sur sa main gau che, et écrivant ou calculant tout le jour, car le commerce est l'occupation et le génie unique des habitants de Damas. Partout où nous sommes allés rendre des visites qu'on nous avait faites la veille, le propriétaire de la maison nous a reçus avec grâce et cordialité; il nous a fait apporter les pipes, le café, les sorbets, et nous a conduits dans le salon où se tienuent les femmes.

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Quelque idée que j'eusse de la beauté des Syriennes, quelque image que m'ait laissée dans l'esprit la beauté des femmes de Rome et d'Athènes, la vue des femmes et des jeunes filles arméniennes de Damas a tout surpassé. Presque partout nous avons trouvé des figures que le pinceau européen n'a jamais tracées, des yeux où la lumiere sereine de l'âme prend une couleur de sombre azur, et jette des rayons de velours humides que je n'avais jamais vu briller dans des yeux de femme; des traits d'une finesse et d'une pureté si exquises, que la main

deuil, et elle ne sort qu'au bout de quarante jours. Quelques-unes même la plus legère et la plus suave ne pourrait les imiter, et une peau si transparente et en même temps si colorée de teintes vivantes, que les teintes les plus délicates de la feuille de rose ne pourraient en rendre la pâle fraîcheur; les dents, le sourire, le naturel moelleux des formes et des mouvements, le timbre clair, sonore, argentin de la voix,

tout est en harmonie avec ces admirables apparitions; elles causent avec grâce et une modeste retenue, mais sans embarras et comme accoutumées à l'admiration qu'elles inspirent; elles paraissent conserver longtemps leur beauté dans ce climat, et dans une vie d'intérieur et de loisir paisible, où les passions factives de la société n'usent ni l'âme, ni le corps. Dans presque toutes les maisons où j'ai été admis, j'ai trouvé la mère aussi belle que ses filles, quoique les filles parussent avoir déjà quinze à seize ans; elles se marient à douze ou treize ans.

Les costumes de ces femmes sont les plus élégants et les plus nobles que nous ayons encore admirés en Orient: la tête nue et chargée de cheveux dont les tresses, mêlées de fleurs, font plusieurs tours sur le front, et retombent en longues nattes des deux côtés du cou et sur les épaules nues; des festons de pièces d'or et de rangées de perles mêlées dans la chevelure; une petite calotte d'or ciselé au sommet des cheveux; une petite veste à manches larges et couvertes d'une étoffe de soie brochée d'argent ou d'or; un large pantalon blanc descendant à plis jusqu'à la cheville du pied; le pied nu chaussé d'une pantoufle de maroquin jaune; une longue robe de soie d'une couleur éclatante, descendant des épaules, ouverte sur le sein et sur le devant du pantalon, et retenue seulement autour des hanches par une ceinture dont les bouts touchent à terre. Je ne pouvais détacher mes yeux de ces ravissantes femmes; nos visites et nos conversations se sont prolongées partout, et je les ai trouvées aussi aimables que belles; les usages de l'Europe, les costumes et les habitudes des femmes d'Occident, ont été en général le sujet des entretiens; elles ne semblent rien envier à la vie de nos femmes; et quand on cause avec ces charmantes créatures, quand on trouve dans leurs conversations et dans leurs manières cette grâce, ce naturel parfait, cette bienveillance, cette sérénité, cette paix de l'esprit et du cœur

ne sortent qu'au bout d'un an; et, pendant tout cet intervalle de temps, elles n'entendent pas la messe.

Elles se font un devoir de nourrir elles-mêmes leurs enfants, qu'elles élèvent soigneusement dans la crainte de Dieu, et dans la connaissance de tous les principaux devoirs de la religion. De là vient cet attachement scrupuleux à la tradition de leurs pères, et cet amour persévérant de la religion, qui les distingue. A mesure que le peuple arménien se civilise, il attache toujours un soin nouveau à l'éducation de la jeunesse; outre le collége épiscopal de Calcutta, et celui que les Méchitaristes ont fondé à Venise et à Padoue, on cite l'institut de Moscou, établi, en 1816, par le conseiller d'État Lazarew. Son double but était de former une école d'interprètes des langues orientales, propres à servir la cour de Russie dans ses relations diplomatiques avec l'Asie; et il voulait en même temps que cette maison devînt le séminaire des ecclésiastiques du rite arménien, pour les églises de Russie. Vingt-deux professeurs environ sont attachés à cet établissement, dont la direction générale reste à l'un des membres de la famille Lazarew, nom de son illustre fondateur, qui a laissé un legs considérable pour l'entretien et l'avancement des élèves (*).

qui se conservent si bien dans la vie de famille, on ne sait ce quelles auraient à envier à nos femmes du monde, qui savent tout, excepté ce qui rend heureux dans l'intérieur d'une famille, et qui dilapident en peu d'années, dans le mouvement tumultueux de nos sociétés, leur âme, leur beauté et leur vie. Ces femmes se voient

quelquefois entre elles; elles ne sont même pas entièrement séparées de la société des hommes; mais cette société se borne à quelques jeunes parents ou amis de la maison, parmi lesquels, en consultant leur inclination et les rapports de famille, on leur choisit de très-bonne heure un fiancé. Ce fiancé vient alors de temps en temps, se meler, comme un fils, aux plaisirs de la

maison.

() Voy. la figure no 26.

CÉRÉMONIES DU MARIAGE.

Après avoir parlé des femmes, nous passons, par une transition naturelle, au mariage, l'acte le plus important et le plus solennel de leur vie. La manière de le contracter nous fera connaître aussi une autre face de leur existence.

Les Arméniens ne connaissent point l'art des entremetteurs; ce sont d'ordinaire les parents qui traitent cette affaire. La mère du jeune homme va visiter la personne sur laquelle elle porte ses vues; elle vient plusieurs fois examiner attentivement son caractère, surprendre ses défauts, et elle s'enquiert de son âge, de l'état habituel de sa santé, ce dont elle fait au retour un rapport toujours exact. Si la jeune fille lui convient, elle propose aussitôt son fils aux parents; et dès que sa demande est agréée, on l'apprend à la future, qui, persuadée que ses père et mère ne cherchent que son bien, accepte leur volonté, comme une décision du ciel. Alors les parents du jeune homme lui font connaître le consentement de la jeune fille, qui devient ainsi sa fiancée, bien que souvent il ne l'ait jamais entrevue. Toutefois ceci arrive aujourd'hui fort rarement; et la civilisation européenne, en pénétrant chez les Arméniens, tend à abolir cet usage, reste de la barbarie musulmane, qui isole les femmes de la société et leur interdit les relations les plus innocentes avec les hommes.

Lorsque le consentement des deux partis est obtenu, on s'enquiert soigneusement si quelque cause dirimante n'empêche pas le mariage. Les lois religieuses sont fort sévères à cet égard; les liens de parenté jusqu'au septième degré, ou la parenté spirituelle que confère le titre de parrain et de filleul, sont autant d'empêchements. Si rien ne gêne leur liberté, le fiancé fixe le douaire qu'il apportera à sa femme, suivant l'usage oriental, diamétralement opposé au nôtre. En effet, l'épouse n'apporte à la maison de son mari que ses vêtements, ses joyaux, son or, et l'ameublement de la cham

bre nuptiale, lequel consiste en un lit, un sofa, des chaises, des tables, des chandeliers, et tout ce qui sert à la toilette. Durant tout le temps que se. traite l'affaire du mariage, le jeune homme ne peut voir sa fiancée; jamais on ne déroge à cette règle, sur l'observation de laquelle les Arméniens sont inexorables.

Au jour de la célébration du mariage, un prêtre, accompagné de son diacre, se rend à la maison de la fiancée; il bénit son habit nuptial, et il récite différentes prières, en conjurant le Seigneur de sanctifier leur union, et de répandre sur les jeunes mariés le trésor de ses faveurs. Alors arrive l'époux, en grande pompe, accompagné de ses parents et amis, revêtu de ses plus magnifiques habits et portant un cimeterre à sa ceinture. Il trouve sa fiancée couverte de voiles, sans qu'il puisse encore distinguer ses traits. Celle-ci fait en avant quelques pas, comme pour lui rendre hommage, et le prêtre récite le psaume commençant par ces paroles: « Je chanterai les miséricordes divines dans l'éternité; » il prend la main droite de l'épouse, et, en la mettant dans la droite de l'époux, il dit : « Dieu prit la droite d'Eve, et il la présenta à la droite d'Adam, et Adam s'écria: « Ceci est vraiment les os de mes os, la chair de ma chair; elle s'appellera femme, comme étant tirée de l'homme (*). A cause d'elle, l'homme délaissera son père et sa mère, il s'attachera à son épouse, et ils seront deux en une seule chair. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » Le prêtre rapproche ensuite leurs têtes de manière qu'elles se touchent, puis,

en

y faisant le signe de la croix, il dit : Seigneur, Dieu éternel, qui unis ceux qui sont séparés et désunis, en

reproduire le jeu de mots existant dans l'hé(*) Notre langue ne peut conserver mi breu, où il est dit : elle s'appellera ischa, parce qu'elle a été prise de isch, l'homme. En latin on dirait vocabitur virago quia ex viro sumpta est, bien que le sens de virago ne corresponde pas avec justesse à l'idée de femme.

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