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port, les appréhensions des Arinéniens. Séparés entièrement des Grecs et du reste de la chrétienté, les Arméniens se trouvèrent réduits à leur propre individualité, et cet isolement, causé par un motif religieux, ne leur fut pas moins nuisible sous le rapport intellectuel que politique. Lorsque les dernières lumières de l'Église arménienne, représentées par les deux Nersès, eurent disparu, une nuit longue et triste se fit chez ce peuple. La civilisation diminua à mesure que l'ignorance allait croissant; comme si le génie intellectuel de la nation, desséché tout à coup en ses racines, n'eut plus eu la force de rien produire, il se tourna à l'imitation froide et servile des autres peuples, notamment des Grecs et des Latins. Ce fut le temps des traductions, et pendant quelques siècles les Arméniens ne firent que reproduire des œuvres étrangères, au moyen de leur langue, qui, par sa nature, se prêtait merveilleusement à cette sorte de travail. Deux écoles littéraires se formèrent dans ce but, écoles ennemies et diamétralement opposées, qui perpétuèrent la lutte vive et soutenue que nous avons vue diviser les croyances des fidèles, selon la double disposition qui se manifestait depuis longtemps, ou de se rattacher au centre de la chrétienté ou de s'en séparer définitivement. Il faut avouer que le parti véritablement national était pour le schisme, parce qu'on lui faisait envisager ce moyen comme le seul compatible avec la conservation de l'indépendance et de l'honneur de la nation. Dans la fondation des deux écoles dont nous parlons, la même chose arriva.

La première, véritable association, désignée sous le nom des Frères Unis, fut établie par Jean de Kerni, dans l'espoir de travailler à réunir l'Eglise arménienne et l'Église d'Occident. Cette société avait des ramifications chez les Latins, parmi les dominicains, et leur but, non publiquement avoué, était d'éclairer le peuple, et de combattre les erreurs qui tenaient toujours les esprits divisés. Elle traduisit plusieurs ouvrages, organisa des missionnaires,

et s'étendit sur la face du pays. Comme un faux zèle engagea les frères dans des voies d'opposition à l'esprit public, en tant qu'ils faisaient cause commune avec les Latins, l'attention et la défiance furent éveillées parmi les chefs du parti contraire, et l'école rivale se forma. Elle avait son centre dans le célèbre couvent de Datev, l'un des plus considérables de l'Arménie. Celui qui la fonda était un moine violent et superbe nommé Grégoire, et, comme il était supérieur de ce monastère, il est connu sous le nom de Grégoire de Datev (*). Il engagea une polémique acerbe et passionnée contre les frères unis, attaquant les Églises grecque et latine, et, non content de s'opposer à toute espèce d'accommodement, il mit en œuvre tous les moyens propres à fomenter la division. L'argument principal qu'il faisait valoir contre ses adversaires, était leur attachement à une Église étrangère, qui cherchait, assurait-il, à ravir à l'Eglise d'Arménie et son indépendance et ses vieilles constitutions. Ses paroles trouvèrent un accueil trop facile dans l'esprit de la multitude, et les frères unis ne purent réaliser leurs intentions louables.

Eugène IV, en montant sur le trône pontifical, résolut d'opérer la réunion des Églises d'Orient à la grande communion chrétienne. Vers la moitié du quinzième siècle, il fit un appel aux chefs du clergé, et le lieu de l'assemblée fut fixé à Florence. L'Arménie envoya plusieurs représentants à ce concile, grâce au zèle de son patriarche, qui était alors Constantin V. Les légats se montrèrent empressés de souscrire à tous les actes tendant à renouveler l'union des Églises d'Orient et d'Occident. Le pape, plein d'un con

(*) Il est l'auteur du livre des Demandes et réponses, où il traite des erreurs des Juifs, des Manichéens, des Mahometans et d'autres hérésiarques. Grégoire avait des vues philosophiques étendues, et il traite dans cet ouvrage des questions difficiles, telles que celles relatives à la création, à la fin du monde, etc., etc. Ses œuvres ont été publiées dans un volume in-folio, à Constantinople, en 1729.

tentement inexprimable, salua l'aurore d'une paix universelle dans l'Église. Les Grecs, de leur côté, avaient témoigné le désir d'un accommodement, et tout faisait espérer que la concorde serait durable. Mais, lorsque les légats arméniens furent retournés dans leur pays, la révolution qui s'opéra au sein de leur propre Eglise, détruisit les résultats heureux du concile de Florence. L'occasion des troubles survenus dans l'Église fut le changement du siége patriarcal. A l'origine, les patriarches résidaient dans la ville de Vagharschabad, que les anciens rois avaient choisie pour leur capitale. C'est là que siégeait saint Grégoire l'Illuminateur. Ses successeurs restèrent dans la même ville pendant un siècle et demi, jusqu'à ce qu'ils en fussent chassés par l'épée des conquérants. Ils se réfugie rent, en 452, dans la ville de Tovin, qui devint la capitale du royaume, et, jusqu'à la fin du dixième siècle, ils continuèrent d'y fixer leur résidence. Étant tombée au pouvoir des Turcs Seldjoucides, le roi Aschod III, qui avait transféré sa cour à Ani, ville qui contenait au onzième siècle cent mille maisons et mille églises, il appela les patriarches, qui y demeurèrent jusqu'à l'an 1113. Alors les nécessités des temps obligèrent les patriarches de changer plusieurs fois de séjour et d'errer dans les villes situées sur les bords de l'Euphrate. Le concile tenu à Romcla prouve qu'à cette époque cette cité était devenue le siége patriarcal. Lorsque le sultan d'Égypte se fut emparé de cette place, en 1294, les patriarches suivirent à Sis le roi Léon II, qui y fixa sa résidence, et ils n'eurent pas d'autre siége jusqu'à la mort de Joseph III. Grégoire IX, son successeur, ayant fait quelques innovations dans son Église, quatre évêques de la Cilicie rédigèrent une lettre adressée à tout le clergé arménien, dans laquelle ils se plaignaient et de sa conduite et de l'état déplorable où était réduit le siége de Sis. On résolut de transférer à Eczmiazin le siége patriarcal, et dans ce but une assemblée fort nombreuse, composée d'évêques, de supérieurs de

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monastères, d'ermites et de simples prêtres, fut réunie à Eczmiazin même; et comme Grégoire persistait à rester à Sis, on procéda à l'élection d'un patriarche nouveau et universel. Le sort tomba sur Syriaque, abbé du monastère de Virap. Ayant réuni les voix des quatre premières Églises particulières de l'Arménie, dont l'assentiment était nécessaire pour légitimer son élection, on le regarda comme le véritable et suprême patriarche, décoré du titre de Catholicos. A partir de cette époque, les patriarches d'Eczmiazin exercèrent une pleine juridiction spirituelle, et ceux de Sis ne furent placés qu'au second rang. D'un autre côté, en 1113, David, archevêque d'Agthamar, petite ville située au milieu du lac de Van, dans une île du même nom, se rendit indépendant du patriarche universel, et s'arrogea la même dignité. Ainsi l'Église d'Arménie se trouvait divisée en trois Églises distinctes, ayant chacune ses rivalités, ses intérêts et son rite, funeste source de troubles et de disputes interminables. Chacune de ces Églises a conservé ses patriarches. Sis en compte environ trente-quatre depuis l'érection de son siége. La juridiction de son patriarche est assez vaste; elle s'étend, hors de l'Arménie, sur les Églises de la Cilicie, de la Syrie, de l'Égypte et de la Palestine; l'évêque arménien, résidant à Jérusalem, lui est aussi soumis. L'élection du patriarche est un droit réservé aux douze premiers évêques les plus rapprochés; l'influence du peuple et du gouverneur politique du pays détermine souvent leurs suffrages.

Le patriarche d'Eczmiazin a toujours été généralement considéré, ainsi que nous l'avons dit, comme le Catholicos ou primat universel. On a prétendu que ce qui avait donné à cette Eglise sa prééminence, c'était la translation d'un bras de saint Grégoire dans le reliquaire de la cathédrale. Cette opinion est dénuée de fondement, vu que l'Église de Sis est toujours restée en possession de cette relique, et on doit plutôt attribuer cet avantage à l'établissement primitif du même siége

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dans ce lieu, et à la consécration qu'en fit, pour ainsi dire, la présence de saint Grégoire l'Illuminateur.

Quoi qu'il en soit, la suprématie du siége d'Eczmiazin ne peut être contestée, et nous pouvons regarder ses patriarches comme les seuls vrais successeurs de saint Grégoire. Le Catholicos est nommé par tous les évêques et prélats dépendants de sa juridiction, et, s'ils ne peuvent venir à la réunion où il est choisi, ils envoient leurs légats. Ce mode d'élection a varié dans les temps modernes, et la nomination est actuellement réservée à un nombre déterminé des premiers pasteurs de l'Église. C'est lui qui a le pouvoir exclusif de consacrer le saint chrême pour toutes les Églises dépendantes de sa puissance. Il est préposé à la garde de la foi, au maintien de la discipline et des institutions; en un mot, il est le pape de l'Arménie, et cette dénomination ne lui convient que trop, depuis qu'il s'est soustrait à l'autorité du seul chef visible établi par Jésus-Christ.

La conquête de Constantinople par les Turcs apporta un nouveau changement dans l'état de l'Église arménienne. Mahomet II, pour repeupler la ville qu'il avait dévastée, donna l'ordre à Joachim, archevêque arménien de Boursa, de se transporter avec un grand nombre de familles arméniennes dans la nouvelle capitale de son empire. Il leur concéda dans Galata un lieu vaste et commode pour habiter. Le chef de cette Église reçut le nom de patriarche, et il étendit sa juridiction sur tous les autres Arméniens établis dans la Grèce et dans l'Anatolie. Tel fut l'origine de ce nouveau patriarcat (*), qui a acquis une grande impor

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tance avec l'accroissement de la population arménienne. La tolérance musulmane lui a toujours laissé le plein exercice de ses droits, à condition seulement que lui et son troupeau spirituel respecteraient les lois du vainqueur. La liberté du clergé arménien de Constantinople repose sur un firman que lui octroya Mahomet II. Nous verrons comment, à certaines époques, la partie catholique du clergé eut à se plaindre de la violation de cette promesse solennelle.

L'institution du patriarcat de Constantinople signale la dernière ère de décadence de l'Église arménienne. Depuis la conquête des Turcs, le lien d'unité qui rattachait encore une certaine masse de fidèles à un symbole commun se brisa, et l'anarchie spirituelle n'a fait qu'augmenter. Ce n'est pas que le musulmanisme ait fait des prosélytes dans la nation; la loi de l'alcoran, plagiat incomplet du judaïsme et du christianisme, n'a jamais prévalu parmi tout un peuple déjà converti à l'Évangile, et il nous suffit, pour se convaincre de la justesse de cette remarque, de jeter les yeux sur les divers pays où pénétra la religion de Mahomet. Les Arabes, les Persans, les Tartares, étaient adonnés à l'idolâtrie, au magisme ou au fétichisme, et c'est pour cela qu'ils entrèrent comme naturellement dans les nouvelles voies

vu le gouvernement turc spéculer avidement sur le droit d'installation. Ainsi, durant la dernière moitié du dix-septième siècle, quatorze patriarches se succédèrent, et quelques-uns d'eux furent élus et déposés successivement neuf fois. Le siége était livré au plus offrant, et le mukatta s'éleva de 100,000 à 400,000 aktché ou aspres. Le droit que paye actuellement le patriarche est de 10,000 piastres, somme qu'il prélève sur les diverses Églises de sa juridiction. Angora fournit 1000 piastres, Isnikmid 1000, Césarié 800, Moush 500, Tekirdagh 500, Smyrne 500, Sivas 500, Sis 500, Adreneh 500, Erzeroum 450, Diarbekre 450, Orfah 400, Arabkir 400, Tokat 300, Kutaya 300, Baibourt 250, Amasia 200, Kara-Hisar 200, Trébizonde 150, Terdjan 150, Gumish-Khaneh 100, etc., etc.

religieuses ouvertes devant eux, et qui les conduisaient à un état social et intellectuel véritablement supérieur. Il n'en fut pas de même des peuples chrétiens qui conservèrent généralement leur foi, suivant cette loi première de l'humanité qui ne permet jamais de rétrograder. Sous ce rapport, les Grecs peuvent être assimilés aux Arméniens, et comme eux ils ont eu le courage de défendre et de conserver leur religion. Ainsi, tout en rendant hommage à la constance et à la générosité du peuple arménien, qui, depuis quatre siècles, soumis aux musulmans, préfère la croyance de ses pères à la liberté, et court joyeusement au-devant de la mort et des persécutions pour la maintenir, nous ne pouvons néanmoins nous empêcher de remarquer un fait commun à d'autres peuples, et qui a, en partie, son explication dans la nature de l'esprit humain. La domination musulmane, quelque tolérante qu'on la suppose, fut nuisible au christianisme, qu'elle tint dans une sujétion assez humiliante. Les Arméniens commencèrent à comprendre que les Grecs, avec leur esprit disputeur et jaloux, avaient du moins une foi commune sur les principaux dogmes, et en outre, la rivalité existante entre les deux Églises, qui se trouvaient comme en présence, contribuait à entretenir une certaine activité religieuse. Si ces nombreux conciles et toutes ces discussions théologiques dont nous avons parlé n'amenaient pas d'heureux résultats, on voyait néanmoins en cela un signe de mouvement et de vie. Après la conquête, les Arméniens se rapprochèrent politiquement des Grecs sans se réunir; les trois patriarches d'Eczmiazin, de Sis et d'Aghtamar, se renfermèrent plus strictement dans le cercle de leur juridiction respective. Le patriarche de Constantinople, plus favorablement placé pour surprendre les faveurs du pouvoir, usa de son crédit, souvent dans le but unique d'empiéter sur les droits et les attributs de ses rivaux.

Les émigrations, les guerres, les persécutions et les malheurs de tout genre auxquels la nation arménienne a

été en butte, l'ont fait comparer plusieurs fois à la nation juive. En effet, nous retrouvons quelques-uns de ses enfants dispersés dans toutes les régions, comme ceux du peuple hébreu. Ils s'occupent également de banque, de trafic et d'industrie, et, s'ils ont l'habileté des juifs, ils ont de plus la réputation d'une loyauté parfaite. Ce trait de ressemblance, frappant au premier abord, s'explique historiquement, lorsqu'on considère les nombreuses colonies qui vinrent à diverses reprises de la Palestine s'établir en Arménie. A l'époque des deux transmigrations à Babylone, sous Alexandre le Grand et lors de la grande dispersion, après la ruine du temple de Jérusalem, des bandes de colons vinrent fonder des villages dans les provinces du sud et de l'est. Ce fait explique aussi la ressemblance qui existe dans le type de la physionomie entre les têtes juives et arméniennes, si ce n'est que celles-ci ont généralement plus de noblesse et de beauté. Ce mélange de sang israélite au sang de l'ancienne race de Thorgom nous fait comprendre comment, au sein de cette nation qui semble d'abord exclusivement attachée au sol de son pays par ses goûts agricoles et sédentaires, il se trouve une autre partie de la population entraînée par des goûts aventureux à aller chercher fortune dans des terres lointaines, et à se livrer aux opérations mercantiles et financières. Ainsi les Arméniens sont disséminés dans toutes les villes commerçantes de l'Asie, jusqu'au fond de 'Inde et près des frontières de la Chine; partout ils parviennent en peu de temps à tenir dans leurs mains tout l'argent des fortunes publiques. Comme les juifs, ils demeurent invariablement attachés à leur foi héréditaire, et, à Vienne comme à Madras, ils célèbrent l'office divin selon la liturgie primitive de leur Église.

En Perse, il existe une colonie importante d'Arméniens. Elle réside à Julfa, faubourg d'Ispahan, séparé de la ville par les jardins du roi, qui ont une lieue d'étendue. Elle y fut transférée par Abbas Ier, qui, lors des con

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quêtes qu'il fit en Arménie, ramena avec lui vingt-trois mille familles arméniennes dans le Guilan. L'Église qu'ils ont formée est régie par un patriarche particulier. Étroitement attachés aux principes de leur Église nationale, ils rejettent le concile de Chalcédoine, la distinction des natures, et conservent pour les Grecs une antipathie insurmontable. Leur aversion pour les Latins n'est pas moins grande; les missionnaires envoyés par la Propagande ont presque toujours vu échouer leurs tentatives, à cause des intrigues du clergé arménien qui redoute leur présence. Chardin et Tavernier les accusent de simonie et d'avarice, et l'ignorance qu'ils leur reprochent serait encore plus grande que celle du clergé de l'Arménie même.

Au milieu des disputes théologiques, et malgré les efforts du parti national pour rompre entièrement avec l'Église romaine d'Occident, dont les anciens écrivains ont toujours reconnu plus ou moins expressément la suprématie spirituelle, il s'était conservé un autre parti plus faible à la vérité, mais non moins tenace à ses idées; et ce parti, proprement catholique, correspondrait assez bien à ce que nous appelons chez nous les ultramontains. Leur Église s'était perpétuée au sein de l'autre, ayant son clergé, ses théologiens qui se mettaient en rapport avec l'Église d'Occident aussi souvent qu'ils le pouvaient. On peut dire que cette portion des fidèles représentait la partie la plus intelligente et la plus avancée de la nation, puisqu'elle comprenait mieux le principe de charité et d'union, et qu'elle ne se séquestrait pas dans un froid et sec isolement. C'était ces catholiques qui recevaient les missionnaires latins (*), et qui travaillaient

(*) Depuis quelques années la société des Méthodistes américains s'est éprise d'une tendre sollicitude pour les Églises orientales d'Arménie, de Géorgie et de Perse, et elle a envoyé dans ces contrées des missionnaires. En 1820, MM. Fisk et Parsons firent un tour dans l'Asie Mineure; en 1827, M. Grindley pénétra dans la Cappadoce. Der

toujours à la réunion des Églises dissidentes. Il leur fallait du courage pour

nièrement MM. Smith, Dwight, Dittrich ont visité l'Arménie. Nous louons le but et les efforts de ces hommes, qui abandonnent courageusement leur patrie, et se dévouent aux fatigues et aux périls de ces lointaines excursions. Si leur propagande religieuse est complétement dénuée de succès, du moins ils nous fournissent d'excellentes oblocaux de mœurs et de coutumes propres servations géographiques, et des détails à compléter certaines parties des voyages fait ainsi la part aux éloges qu'ils méritent, de Chardin ou de Tavernier. Après avoir tueuses considérations. D'abord nous n'ap nous leurs soumettrons ici quelques respecdes Arméniens papistes (*), dont ils plaiprouvons pas leur ton de suffisance à l'égard ment au siége romain, bien qu'ils recongnent à chaque instant le servile attachenaissent dans certains passages de leur journal, que les catholiques sont la seule portion véritablement éclairée de ce peuple, et suivant le mouvement progressif de la civilisation. Ils laissent même échapper à regret cet aveu trop favorable à la cause qu'ils attaquent partout ailleurs avec un zèle digne (Ibid., pag. 14). En second lieu, ce que des réformés contemporains d'Henri VIII. plète ignorance des premiers dogmes de la nous ne leur pardonnons pas, c'est leur comreligion chrétienne qu'ils prétendent aller ils s'attendre à être accueillis favorablement prêcher aux Orientaux. Comment pouvaientpar ces hommes dont ils plaignent l'ignorance, lorsque ceux-ci leur entendaient nier la divinité de J. C., l'établissement hiérarchique de la primitive Église, et qu'ils les voyaient rester tout stupéfaits de ce que dans ce pays on baptisât encore les enfants, parce que la pratique de ce sacrement dénote, suivant eux, la superstitieuse croyance au péché originel. (Ibid., p. 222.)

En quoi consistait donc leur mission? Ils nous le disent eux-mêmes. Arrivés dans une ville, ils allaient dans les bazars et sur les places publiques, mettre d'abord en vente, et ensuite, faute d'acheteurs, simplement y déposer quelques exemplaires des traductions des saints Évangiles, faites à grands frais par la société biblique. Ils s'imaginaient que des Turcs ou des Kurdes allaient se convertir à leur foi en em

(*) Missionary researches in Armenia, by F. Smith et G. O. Dwight. London, 1834.

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