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le força de redescendre précipitamment pour échapper à une mort certaine. Il revint au monastère de Saint-Jacques; mais, ne regardant point sa tâche comme accomplie, il se prépara à une seconde ascension; et, le 23 septembre, il se mettait en route avec un jeune diacre du couvent d'Eczmiazin, deux soldats du 41° régiment de chasseurs et deux paysans arméniens. Il suivit la même route que la première fois, et profita des escaliers qu'ils avaient taillés dans la glace. Le 27 septembre à trois heures, il était sur le point culminant de la montagne. Il trouva là une plate-forme unie de deux cents pas de diamètre, laquelle pouvait par conséquent, comme le remarque notre voyageur, fort bien servir de point d'appui à l'arche lorsqu'elle s'y arrêta, puisque le récit de la Genèse ne donne à ce vaisseau de Noë que trois cents coudées de longueur sur cinquante de largeur (*).

De cette élévation, qu'il évalue à 16,200 pieds, l'œil embrassait un horizon immense : toute la vallée de l'Araxe avec les villes d'Érivan et de Sardarabad, qui semblaient comme deux taches noires, se déroulait majestueusement au pied de la montagne; au sud apparaissaient les montagnes sur lesquelles Bayazid est posée comme l'aire de l'aigle; au nord-ouest, le mont Alaghès élevait sa tête resplendissante comme de l'argent poli lors que le soleil dardait sur ses glaciers. Puis à droite et à gauche, les divers lacs apparaissaient comme des oasis scintillantes au milieu de l'uniforme désert de la plaine

Au sud-ouest du mont Ararat, vers les sources de l'Euphrate méridional, est le Niphates (**) des anciens ou le mont Nebad, justement célèbre dans l'histoire arménienne, parce que c'est dans son voisinage que le premier roi chrétien de l'Arménie, Tiridate, fut baptisé par le premier patriarche, saint Grégoire l'Illuminateur.

(*) Voy. la planche no 21.
(**)

.Et potiùs nova
Cantemus Augusti trophæa
Cæsaris; et rigidum Niphaten.

Hor. Carm. lib. 11, od. v1.

Au sud de l'Araxe, en se dirigeant vers l'orient, on trouvait les montagnes Caspiennes qui séparaient les provinces de cette partie de l'Arménie, de la mer Caspienne, du Ghilan et de l'Aderbaïdjan.

Toutes les montagnes qui séparaient au midi les provinces arméniennes de l'Assyrie ne portaient aucun nom particulier. Les Turcs leur en ont assigné plusieurs, parmi lesquels on remarque celui de Karah-Dagh ou montagnes noires, lesquelles servent au pays de limites du côté de la Perse.

FLEUVES ET RIVIÈRES. - Plusieurs savants, qui ont cru voir dans le pays d'Arménie l'ancienne position du paradis terrestre, ont apporté, à l'appui de leur assertion, la preuve de l'existence des quatre grands fleuves mentionnés dans la Genèse. Ils ont retrouvé le Pichon, le Guichon et le Hidekel dans le Gour, l'Araxe et le Tigre. Quant à l'Euphrate, spécialement désigné, il n'y avait pas lieu à contestation, puisqu'il prend effectivement sa source dans le nord, et qu'il sert de limite à l'Arménie même, du côté de l'occident. En effet, il a son origine près de la ville actuelle d'Erzeroum où il sort des monts Bin-gueul, c'està-dire, les mille lacs. Il se forme de la réunion de plusieurs autres rivières plus ou moins considérables, parmi lesquelles on remarque le Kaïl, qui est évidemment le Lycus de Pline, puisque ce mot, dans la langue arménienne, a la signification de loup, comme úxo en grec. Depuis le lieu où toutes les rivières qui contribuent à former l'Euphrate se réunissent, ce fleuve coule, vers le midi, entre la petite et la grande Arménie; il sépare la Mésopotamie de la Syrie, et il entre enfin dans l'Irak arabe, où il se joint au Tigre. Ces deux fleuves se jettent ensemble dans le golfe Persique au-dessous de la ville de Basrah.

Aujourd'hui que l'Angleterre cherche avec tant de persévérance à ouvrir une nouvelle communication plus directe avec l'Inde, par la voie de l'Euphrate, il n'est pas inutile de rappeler, qu'au rapport d'Hérodote, l'Arménie

envoyait autrefois par ce fleuve à Babylone la plupart de ses approvisionnements. Les bâtiments de transport étaient de différentes espèces. Les uns, nommés coracles, consistaient en une sorte de bateau pêcheur de forme ronde, d'un diamètre d'environ dix pieds; ils étaient faits d'osier ou de roseaux, enduits de bitume et dirigés avec une seule rame. Les autres n'étaient que des radeaux, que l'on mettait à flot au moyen d'outres remplies d'air; comme ils ne pouvaient remonter le fleuve à cause de la force du courant, le bois dont ils étaient construits était vendu sur les marchés de Babylone, et les outres étaient renvoyées en Arménie sur des ânes amenés à cet effet. Ce qui rend la navigation de l'Euphrate aussi périlleuse, c'est que sa profondeur n'est jamais proportionnée à sa largeur. Dans la saison des basses eaux, il y a une multitude d'endroits où l'on ne trouve qu'un ou deux pieds d'eau, tandis qu'il se rencontre plus loin des gouffres et des tournants rapides, ou des bas-fonds que les bateaux les plus légers ne sauraient franchir. L'empereur Trajan descendit ce fleuve depuis Kerkisie ou Circesium jusqu'au golfe Persique. Ammien Marcellin nous apprend que Julien, à la tête d'une flottille de onze cents bateaux, fit le même trajet. Dès le seizième siècle, des négociants anglais, imitant l'exemple des marchands vénitiens, allaient par la Méditerranée à Latakia sur la côte de Syrie, et de là ils gagnaient, en passant par Alep, Bir; ils transportaient ensuite à dos de chameaux leurs marchandises, puis ils descendaient jusqu'à Bagdad; et les marchandises que l'on débarquait à Orpha, arrivaient par terre à Carahemit, sur le Tigre, qui était alors un des grands entrepôts de commerce. De là on les envoyait, par le golfe Persique, dans l'océan indien.

Le Tigre prend sa source dans l'ancienne province de Haschdéan, et il sort des montagnes appelées monts des Kurdes. En arménien on l'appelait Tegghath. I coule parallèlement à l'Euphrate, et le pays renfermé entre ces deux fleuves forme la Mésopota

mie. Après avoir reçu sur son passage le tribut d'une infinité de petites rivières, il va se jeter dans le golfe Persique.

Au nord d'Erzeroum et à l'ouest de Baibourt est le fleuve Horokh nomme Tchorok'hi par les Géorgiens, et que l'on croît être l'Acampsis des Grecs. Il coule dans les vallées profondes et presque inabordables de l'ancienne province de Daik'h; il fait la limite du territoire de Trébizonde et de celui de Géorgie. Son embouchure, dans la mer Noire, est près de la ville de Gouniah.

Le Gour (*), ou Cyrus des anciens, a sa source dans la même province de Daik'h. Il sort du mont Barkhar, puis, après avoir coupé les provinces les plus septentrionales de l'Arménie, il entre dans la Géorgie, passe à Gori et à Tiflis, capitale de ce royaume, descend ensuite vers le sud-ouest, rentre en Arménie où il reçoit l'Araxe, avec lequel il se confond, jusqu'à ce qu'ils aillent tous les deux se perdre dans la mer Caspienne. On compte parmi les principales rivières qu'il reçoit, celles de Jori, Aragvi, Alazan, sans parler des nombreux torrents qui descendent du Schirwan et de la Géorgie.

L'Araxe (**), dans lequel tous les voyageurs reconnaissent le Pontem indignatus Araxes des anciens, à cause de la rapidité de ses eaux qu'il roule au fond d'étroites gorges et de vallées sinueuses avec un fracas effrayant, est l'Abos des anciens, le Ras ou Aras des Arabes, des Turcs et des Persans. Il est alimenté par les rivières et torrents sortis des provinces de Siounik'h et de Khapan. Après s'être réuni au Gour, et avant de se jeter dans la mer Caspienne, les marais de l'Aderbaïdjan et les montagnes du Ghilan leur apportent plusieurs cours d'eau considérables.

On voit, par cette énorme quantité de fleuves, de rivières navigables repandues sur la surface de l'Arménie, et qui circulent dans son sein comme des veines bienfaisantes pour porter

(*) Voy. la planche n° 10. (**) Idem.

dans tout ce vaste corps l'abondance et la fécondité, quel parti un peuple civilisé pourrait tirer de cette région où les moyens de transport pour le commerce sont si multipliés, et où il est si facile de remédier à la sécheresse des étés, la principale cause de stérilité des pays orientaux. Les Turcs ni les Arméniens ne savent point profiter de ces richesses naturelles. Ainsi ils laissent en ce moment l'honneur et les bénéfices de l'entreprise de la navigation de l'Euphrate à une compagnie industrielle d'Anglais.

LACS. - L'Arménie renferme en outre plusieurs lacs dont quelques-uns ressemblent à de petites mers méditerranéennes. Tel est le lac de Van, auquel le géographe turc Hadjy-Khalfa assigne environ soixante lieues d'étendue. Les Arméniens lui donnent cent milles de longueur et soixante milles de largeur. Ses eaux sont salées, ce qui fait qu'on le désigne sous le nom de mer salée. Il est aussi connu sous la dénomination de lac d'Aghthamar, à cause d'une île qui s'y trouve, et qui est la résidence d'un patriarche arménien.

« La tranquillité de ce lac, dit M. Jaubert dans l'ouvrage précité, et ses eaux bleuâtres le feraient prendre de loin pour une mer sans orages. Environné de hauteurs couvertes de peu pliers, de tamarins, de myrtes et de lauriers-roses, il contient plusieurs îles verdoyantes qu'habitent de paisibles anachorètes. La pêche du lac donne un revenu de soixante mille piastres; elle commence au 20 mars et finit au 30 avril. Elle est très-abondante, et consiste en un seul poisson nommé tarikh, lequel ressemble assez à la sardine (*).

D

Un fait assez singulier, consigné par le même voyageur, c'est que les eaux du lac empiètent continuellement sur les terres, et, par cette cause, les faubourgs de la ville de Van, située sur ses bords, deviennent de plus en plus

(*) En 1806, il n'existait que sept ou huit bateaux à voile sur ce lac, pour le commerce de la petite ville de Biddlis.

inhabitables. Les anciens auteurs arméniens parlent d'une digue immense qu'aurait construite Sémiramis, sans doute pour protéger la ville contre les inondations. Les vestiges de ce travail gigantesque subsistent encore, et le nom persan de Bend-ma, digue, qu'il porte, concorde à prouver să destination primitive.

A l'orient du lac de Van se trouve un autre lac auquel le géographe arabe Abou'lféda donne cent trente milles de long, sur la moitié environ de large Il porte plusieurs noms; d'abord i est connu sous celui de lac salé, ce qui fait qu'on l'a confondu quelquefois avec le lac de Van. Les Persans et les Turcs l'appellent indifféremment lac de Tebriz ou lac d'Ourmieh. Souvent il est désigné comme lac de Téla, à cause d'une petite île de ce nom située au milieu de ses eaux, et où l'empereur mogol Houlakou avait fait construire une for teresse pour y mettre en dépôt ses trésors. Le surnom de Khabodau, qu'il porte encore, est une épithète arménienne qui signifie bleu, et qui lui a probablement été appliquée à cause de l'azur de ses eaux.

Dans les contrées septentrionales et sur la rive gauche de l'Araxe est situé le troisième grand lac de l'Arménie. I' porte le nom de lac de Sévan, à cause de l'île appelée ainsi qu'il renferme et où se trouvait un monastère de ce même nom, fort célèbre par la sainteté et le savoir de ses religieux. Les Turcs et les Persans l'appellent KouktchukDaria ou Tengiz, ce qui veut dire petite mer. Il se distingue des deux autres grands lacs par la qualité de ses eaux qui sont douces. Outre ces trois lacs. remarquables par leur étendue, il s'en trouve encore dans les différentes provinces une très-grande quantité. On cite celui qui avoisine la ville de Kars. nommé Balagatsis, et tous ceux qui entourent Erzeroum, dont le grand nombre a fait donner aux montagnes au milieu desquelles ils sont semes le nom de Bin-gueul ou les mille lacs. ainsi que nous l'avons dit.

GÉOGRAPHIE DE L'ARMÉNIE; SA DIVISION ANCIENNE. - Il est absolu

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ment nécessaire de faire connaître l'ancienne division de l'Arménie, telle que nous la donnent les écrivains grecs et latins. Elle était partagée en deux à l'orient de l'Euphrate était la grande Arménie, qui s'étendait jusqu'à la mer Caspienne; à l'occident, la petite Arménie, qui se subdivisait en trois autres départements nommés première, seconde et troisième Arménie.

Suivant le patriarche Jean VI, historien fort remarquable, un ancien roi de l'Arménie, nommé Armanéag, ayant soumis après de rudes combats les Cappadociens, appela de son nom, première Arménie, cette province; depuis le Pont jusqu'au territoire de Mélitène, il nomma ce pays seconde Arménie; la troisième Arménie s'étendit depuis Mélitène jusqu'aux frontières de la Sophène; le pays compris entre la Sophène, Martyropolis et l'occident de la province d'Aghdsnik'h, fut nommé quatrième Arménie.

Toutefois ces subdivisions ne furent guère adoptées que par les écrivains byzantins, et les autres géographes se contentaient d'admettre les deux grandes divisions de grande et de petite Arménie, ce que font aussi les modernes.

Au cinquième siècle, la partie qui passa sous la domination des Perses, lors de l'extinction de la race des Arsacides, prit le nom de Persarménie. L'empereur Justinien divisa le pays en cinq provinces distinctes: la grande Arménie, dont les sources de l'Euphrate étaient à peu près le centre, et qui portait aussi le nom d'Arménie intérieure; au midi, restait la partie que les Romains nommaient quatrième Arménie, et qui contenait les cantons d'Anzitène, d'Ingilene, de Belabitène et de Sophène; à l'occident de l'Euphrate, on trouvait la première, la seconde et la troisième Arménie, ou le Pont Polémoniaque avec Trébizonde(*).

(*) L'archevêque de Thessalonique, Eustathe, rapporte dans son Commentaire sur Denys le Périégète, que Justinien opéra une division un peu différente. Il partagea l'Arménie en quatre parties: de la première,

La division proprement nationale de l'Arménie, et celle que suivent ordinairement les auteurs arméniens, partageait le pays en quinze provinces, où étaient enclavées de petites principautés secondaires. Les noms de ces provinces étaient :

1o La haute Arménie,
2o Daik❜h,
3o Koukark❜h,
4o Oudi,

5o Quatrième Arménie,
6o Douroupéran,
7° Ararad,

8° Vasbouragan,
9° Siounik'h,
10° Artsakh,
11° Phaidagaran,
12° Aghdsnik❜h,
13° Mogkh,
14° Gordjaikh,

15° Persarménie.

Il serait assez difficile de désigner avec précision les limites de cette dernière province, qui changeaient à chaPerses et les Arméniens. que nouvelle guerre engagée entre les

Les conquêtes ultérieures des Grecs d'une part, des Persans de l'autre, les

invasions successives des Arabes et des Turcs seldjoukides, changèrent à plusieurs reprises cet ordre de choses.

La totalité du royaume est actuellement partagée entre l'empire turc, le royaume de Perse et l'empire de Russie, sans compter les districts dont se sont emparés quelques princes kurdes

il forma une illustre heptapole, dont le chef-lieu était Bazanis, nommée antérieurement Léontopolis; Théodosiopolis Colonia, Trébizonde et Cérasus du Pont Polémoniaque y étaient comprises. Justinien

forma ensuite la deuxième Arménie, et en fit une pentapole où se trouvait Sébaste. La troisième Arménie, appelée aussi quelquefois seconde, fut constituée en hexapole; sa capitale était Mélitene. On trouvait encore dans cette province Comana, Chryse et Cucusus. Enfin la quatrième Arménie, gouvernée par des satrapes, fut formée de diverses provinces qui portaient les noms de Tzophane, de Balbitène et d'autres semblables dénominations barbares.

qui savent y maintenir leur indépen- rat, et une partie du Vasbouragan sur

dance.

PORTION DE L'ARMÉNIE APPARTENANT A LA TURQUIE. Les Turcs possèdent à l'ouest de l'Euphrate toute l'Arménie mineure, et à l'orient le territoire qui leur est soumis s'étend des montagnes de la Géorgie à celles de la Mésopotamie, en s'avançant du côté de l'orient, jusqu'au delà du mont Masis. Six pachas sont chargés de l'administration de ce pays, et leur gouvernement s'appelle pachalik. Les noms de ces pachaliks sont Erzeroum, Akiska, Khars, Bayazid, Mousch, Diarbekr. Ils renferment une grande quantité de sandjakats ou districts administrés par des espèces de vaivodes, dont plusieurs se sont affranchis du tribut qu'ils doivent payer à la Porte Otto

mane.

POSSESSIONS DE LA RUSSIE. — La Russie marche chaque jour à la conquête de l'Arménie, et il est bien certain qu'elle occupera prochainement tout cet ancien royaume. Érégli-Khan lui a déjà fait entièrement l'abandón de ses domaines, comprenant et la Géorgie et l'Arménie mineure. Depuis ce temps, elle a conquis tout l'espace compris entre le Kur ou ancien Cyrus et l'Araxe, jusqu'au confluent de ces deux fleuves, près de la ville de Berdé et de Djavad. Cette presqu'île contient trois lacs: le Paravan, le Palat et le Sévan. Les deux villes les plus considérables sont Tiflis sur le Kur, et Erivan près de l'Araxe, qui était la résidence du khan persan. On remarque aussi plusieurs autres villes, telles que Chaki, Chirvan, Chamakhi, Nactchavan, Asdabad, Lori, Berdé. Ce pays est défendu par la place forte d'Erivan, et l'imprenable forteresse de Chouchi, où les princes arméniens allaient autrefois chercher un asile contre les incursions des Perses et des Arabes. Les montagnes qui l'entourent forment par leur enceinte une seconde citadelle, que la nature semble avoir fortifiée sans le secours de l'art.

Cette presqu'ile comprenait autrefois les provinces de l'Arménie majeure, de Daïk, de Koukark, d'Ara

l'Araxe. Au confluent du Kur et de l'Araxe se trouve la province d'Oudi, appelée Otène par Pline, et Motène par Ptolémée.

Comme Eczmiazin, résidence du patriarche universel, est enclavé dans ces possessions, il ne faut pas s'étonner si la Russie, pour consolider ses conquêtes, tient beaucoup à maintenir sous sa puissance le siége du chef spirituel, sur l'élection duquel le cabinet de Saint-Pétersbourg influe directement aujourd'hui. Les Russes ont cru que la scission existante entre l'Église d'Arménie et celle de Rome rapprocherait d'eux les Arméniens. Mais ceux-ci ont une profonde antipathie pour leurs nouveaux maîtres, en qui ils retrouvent toutes les erreurs et les pratiques des Grecs, avec lesquels ils se sont disputés des siècles, sans pouvoir jamais s'accorder. En outre, les prétentions du czar, qui veut concentrer dans sa personne toute l'autorité spirituelle de son empire, et qui, par conséquent, tend toujours à affaiblir celle du patriarche arménien, ne fait qu'accroître le mécontentement des fidèles de cette Église.

Les conquêtes des Russes ne se sont pas bornées à cette presqu'île déjà assez vaste; elles s'étendent au midi au delà de l'Araxe, et pénètrent fort avant dans l'Ararat et le Vasbouragan, qui appartenaient au khan d'Érivan. La partie située au delà du confluent du Kur et de l'Araxe, en allant jusqu'à la mier Caspienne, a cédé depuis peu aux armes de la même puissance.

POSSESSIONS DE LA PERSE. - Il y a encore peu de temps que la partie montagneuse de l'Arménie, située à l'occident de Gandjah et de Berdé, était soumise à plusieurs petits princes, tributaires des Persans, qui prenaient le titre de meliik, nom arabe synonyme du mot roi. Mais, dans les dernières guerres contre la Russie, la Perse a perdu ce territoire, et il ne lui reste plus que la portion comprise entre la partie soumise aux Turcs, les montagnes des Kurdes et le lac d'Ourmieh.

Quant aux cantons situés au sud dụ

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