Page images
PDF
EPUB

mesures destinées à assurer l'hygiène des travailleurs; elle prescrit un nettoyage journalier avant l'arrivée des ouvriers ou après leur départ, mais, dans aucun cas, pendant la durée du travail. Dans les ateliers où l'on manipule des matières altérables, les murs et les planchers doivent être imperméables et susceptibles d'être lavés à grande eau. Le cube d'air par ouvrier doit être de 6 mètres cubes au moins. Les ouvriers ne doivent jamais prendre leurs repas dans les locaux affectés au travail. Les ateliers doivent être bien éclairés et les gaz et poussières toxiques ou incommodes doivent être évacués à mesure qu'ils sont produits. Enfin il doit exister un water-closet par cinquante personnes.

La seconde partie de la loi s'occupe de la protection des ouvriers contre les accidents. Elle oblige les industriels à munir les roues et engrenages d'appareils protecteurs, à clôturer les puits et autres ouvertures, etc.

En réalité, le médecin n'intervient pour l'exécution de cette loi, que pour s'assurer que certaines prescriptions indiquées par la loi sont observées.

[merged small][ocr errors]

LES CAMPAGNES. LOI DU 15 JUILLET 1893

Cette loi organise l'assistance médicale gratuite dans les campagnes. En principe, l'assistance est communale, mais les modes d'application varient suivant les départements et il serait par suite très difficile et très long d'exposer les différents types adoptés, de discuter leurs avantages et leurs inconvénients.

Les médecins reprochent à cette loi la manière défectueuse dont sont dressées les listes des personnes devant en bénéficier. Nulle part le corps médical n'est appelé à donner son avis, de sorte que les municipalités dressent des listes de nécessiteux beaucoup trop étendues et que nombre de personnes qui pourraient payer sans aucune gêne les soins médicaux, les reçoivent gratuitement.

7. SOCIÉTÉS DE SECOURS MUTUELS. LOI DU 1er AVRIL 1898

Le but de cette loi est défini

par

l'article pre

mier ainsi conçu :

<< Les sociétés de secours mutuels sont des associations

de prévoyance qui se proposent d'atteindre un ou plusieurs des buts suivants : Assurer à leurs membres participants et à leurs familles des secours en cas de maladie, blessures ou infirmités, leur constituer des pensions de retraite, contracter à leur profit des assurances individuelles ou collectives en cas de vie, de décès ou d'accidents, pourvoir aux frais des funérailles et allouer des secours aux ascendants, aux veufs, veuves ou orphelins des membres participants décédés.

Elles peuvent en outre, accessoirement, créer au profit de leurs membres des cours professionnels, des offices gratuits de placement et accorder des allocations en cas de chômage, à la condition qu'il soit pourvu à ces trois ordres de dépenses, au moyen de cotisations ou de recettes spéciales. >>

Cette loi est certainement bonne pour les travailleurs.

Il est heureux que les personnes peu fortunées puissent se constituer en Sociétés de secours mutuels, c'est une œuvre de solidarité qu'on ne saurait trop encourager. J'ai dit plus haut que la santé des sociétaires en avait tiré grand bénéfice et que, alors que la mortalité annuelle en France est de 22 pour 1000 habitants, celle des mutualistes est de 16.

Le médecin est le pivot de la loi sans lui, sans son concours, elle est inapplicable. Mais dans certaines localités, elle a porté un préjudice

considérable au médecin par les abus mêmes qu'elle a entraînés. Il existe des villes importantes, où depuis la fondation de Sociétés de ce genre il n'y a plus de malades payant leurs médecins. Tout le monde, à commencer par le maire, les conseillers municipaux, les notaires, fait partie soit à titre de membre fondateur, honoraire, ou sociétaire, de la Société de secours mutuels et tous ont droit aux soins médicaux suivant le tarif accepté.

Le médecin, à moins de quitter le pays, est bien obligé d'être le médecin de cette société et cependant la rémunération est absolument dérisoire, puisque la moyenne de ses visites lui est payée 0 fr. 60 centimes.

L'abus était tellement évident que l'autorité a dû aviser, et le Ministère de l'intérieur ne fait plus profiter des avantages financiers accordés aux mutualités que celles dans lesquelles ces abus ne se sont pas produits ou ont cessé d'exister.

Mais quand la société est régulièrement constituée, la pratique pour le médecin n'est pas exempte d'ennuis. Tous ceux qui sont médecins de sociétés de secours mutuels savent combien sont

[graphic]

difficiles à soigner les malades qui ont droit, d'après les statuts, aux soins médicaux; dès que le débours de quelques francs par an leur donne droit au médecin, celui-ci doit être à toute heure à leur entière disposition, et ils sont continuellement poursuivis par la crainte que le médecin, qu'ils savent ne toucher que des honoraires peu élevés pour les visites faites aux membres de la société, ne les délaisse pour des malades qui payent des honoraires plus élevés.

Actuellement, les mutualités ont plus de trois millions de membres; elles possèdent 142,000,000 en caisse et distribuent 5,000,000 francs, à titre de pensions par an.

Je ne quitterai pas cette question sans dire quelques mots de la situation prospère de notre Société de secours mutuels, l'Association des médecins de France, qui possède un capital de plus de 4,000,000 francs et distribue des pensions pouvant atteindre 1,200 francs.

« PreviousContinue »