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et du médecin de la compagnie. Dans certains cas ces confrères doivent être appelés, afin d'obtenir les éclaircissements indispensables à la marche normale de l'expertise.

On présente au médecin les certificats que je conseille de lire à haute voix, avec le plus grand soin et, s'ils présentent des contradictions, il faut commencer par examiner leur date. Quelques jours en effet suffisent à changer l'aspect d'une blessure.

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La simulation vraie, celle d'une blessure ou d'une lésion qui n'existe pas, est assez rare, et quand elle se produit, il n'est pas très difficile de la dépister.

Ce qui est la règle, c'est l'exagération de la douleur ou des infirmités qui existent en réalité. Lasègue disait très justement : « On ne simule bien que ce que l'on a. » Le mobile de cette exagération est facile à comprendre.

Mais l'expert ne doit pas se contenter de la

noter, il peut se trouver en présence d'une exagération faite avec une bonne foi parfaite. Dans la pratique courante, en dehors de tout intérêt pécuniaire, le médecin soigne parfois un malade qui exagère ses souffrances vis-à-vis de son entourage ou vis-à-vis du médecin. Il se les exagère vis-à-vis de lui-même, leur attribue une importance qu'elles n'ont pas. Cet état d'esprit est indépendant de toute idée de simulation.

D'autre part, le malade rapporte tous les phénomènes morbides dont il souffre à l'accident dont il a été victime: Post hoc, ergo propter hoc.

Un commis des postes fut blessé lors d'un accident de chemin de fer. Il eut une entorse d'un genou et diverses contusions; le blessé resta en traitement pendant trois mois, puis il fit une saison à Bourbonne. Il était guéri et reprit son service. Par malheur, ce jour même, il fut victime d'un nouveau tamponnement et eut quelques contusions peu graves. Quelque temps plus tard, cet homme, âgé de 55 ans, fut atteint d'une fistule à l'anus pour laquelle il fut opéré à l'hôpital de la Pitié, il eut également des troubles dus à une affection de la prostate, des douleurs articu

laires et un certain affaiblissement de la vue. De très bonne foi cet homme attribuait au second accident les troubles survenus dans sa santé.

C'est à l'expert qu'il appartient de discerner les lésions dues à l'accident, à la constitution et à l'âge du blessé.

Voici un autre exemple :

Une femme était dans une voiture dont le cheval s'emporta ; elle fut projetée hors du véhicule, mais n'eut que des contusions sans gravité. Peu après, son mari mourut à l'hôpital Beaujon et elle se retira auprès d'une de ses amies habitant Nogent. Le procès suivit son cours devant la juridiction civile. Deux années plus tard, cette femme, au moment de l'expertise, se plaignait de souffrir depuis son accident de troubles gastrointestinaux; ses mains, disait-elle, tremblaient et la nuit elle avait des hallucinations. Il nous fut facile de démontrer que ce tremblement et ces hallucinations ne résultaient pas de l'accident, mais bien des boissons alcooliques absorbées par la malade, dans le but de calmer ses douleurs physiques et morales.

Dans ces deux cas, il n'y avait certainement

pas simulation dans le sens exact du mot, ces malades ressentaient bien les douleurs dont ils se plaignaient, mais les exagéraient et surtout, de bonne foi, les rapportaient à tort à leur accident.

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Beaucoup de blessés ne se soignent pas ou se soignent mal, plutôt par apathie que dans le but de continuer pendant le plus longtemps possible à recevoir sans travailler la moitié de leur salaire habituel.

Comme expert, le médecin doit exposer dans son rapport le résultat de son examen, les allégations du blessé et indiquer si, à son avis, l'état du malade n'aurait pas pu être plus rapidement amélioré s'il avait reçu des soins qui lui ont fait défaut; par exemple, en cas de raideurs articulaires, on notera dans le rapport que le malade aurait récupéré l'intégrité de ses fonctions, si on l'avait soumis à l'électrisation ou à des manœuvres de mécanothérapie.

P. BROUARDEL.

La profession médicale

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Assez fréquemment, le malade, au lieu d'aller trouver un médecin, s'adresse à un rebouteur. Celui-ci ne diagnostique pas l'affection dont le malade est atteint et laisse s'établir des impotences fonctionnelles irrémédiables.

J'ai vu un ouvrier, atteint de fracture de l'extrémité supérieure de l'humérus, qui, après avoir été traité par un rebouteur, présentait une ankylose complète de l'épaule. Dans ce cas, le blessé est dans son tort, il aurait dû aller trouver, au lieu d'un charlatan, un médecin qui lui aurait donné les soins nécessités par son état.

Dans d'autres cas, ce n'est plus l'ouvrier qui, mal conseillé, compromet ses droits à l'indemnité légale, c'est le patron ou la compagnie d'assurances qui engage sa responsabilité. Certaines d'entre elles substituent l'intervention du pharmacien à celle du médecin, et sans ordonnance, illégalement, adressent le blessé directement à un pharmacien (1). Voici un modèle de ces bons de pansement.

(1) Voy. Raymond Marcel, les Accidents du travail et les bons de pansement (Ann. d'hyg., sept. 1902, t. XLVIII, p. 193).

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