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ou deux années, dans une Faculté de médecine étrangère, on leur accordait la dispense d'un ou de deux examens. Les avantages pour eux s'augmentaient encore par ce fait que le Français était obligé d'interrompre ses études pour faire un an de service militaire. Cette facilité trop grande dans les dispenses eut ce résultat qu'en 1894, il y avait à la faculté de Paris un étranger sur quatre étudiants.

Si une fois docteur l'étudiant étranger retourne dans son pays, s'il ne vient en France que pour terminer son éducation scientifique, ou pour conquérir un titre qui lui permettra de briguer certains emplois officiels dans son pays, nous ne pouvons que nous réjouir; ainsi se trouve réalisée la conception de la diffusion de la science et de l'influence française, car en rentrant dans sa patrie, ce jeune docteur n'aura garde d'amoindrir la valeur du diplôme qu'il vient de conquérir.

Mais ce n'était malheureusement pas dans ce but purement scientifique que le plus grand nombre des étrangers venaient en France.

Dans certains pays d'Europe et dans l'Amé

rique du Sud, les divisions politiques et religieuses sont encore plus vives que chez nous et beaucoup de jeunes gens quittaient leur pays, venaient nous demander asile et s'instruire dans nos Facultés sans espoir de retour dans leur patrie.

Ces derniers, avec le bénéfice des dispenses et l'absence de service militaire,ne luttaient pas avec les étudiants français à armes égales, et venaient grossir ensuite le nombre déjà trop grand des médecins praticiens.

Depuis 1897, nous avons pu faire établir, grâce à la loi sur les Universités, une situation que je crois équitable pour les étrangers et les français.

Ceux qui viennent en France compléter leur instruction, pour obtenir un diplôme leur permettant de solliciter dans leur patrie un emploi officiel, ou pour aller ensuite exercer la médecine dans leur pays, peuvent obtenir des dispenses; ils passent les mêmes examens médicaux que les étudiants français, mais le diplôme qui leur est conféré est purement universitaire et ne leur permet pas d'exercer la médecine en France.

Quant aux jeunes gens qui quittent leur patrie sans espoir de retour et ont l'intention d'exercer la médecine en France, ils doivent subir les examens du baccalauréat, comme les étudiants français; on ne leur accorde aucune dispense, et à la fin de leurs études médicales, ils reçoivent le diplôme d'Etat qui leur permet d'exercer la médecine dans les conditions prévues dans l'article I de la loi de 1892 (1).

A la suite de la création du diplôme universitaire, le nombre des étudiants étrangers diminua rapidement; toutefois il y en a plus d'une centaine qui recherche le diplôme universitaire.

J'insiste volontiers sur les résultats que nous avons obtenus, parce que cet arrêt dans le nombre des aspirants au doctorat en médecine n'est malheureusement que temporaire, il est probable qu'il va bientôt cesser.

Jusqu'à maintenant, le baccalauréat classique était nécessaire pour pouvoir prendre les inscriptions d'étudiant en médecine; il n'en va plus être ainsi.

(1) Brouardel, L'Exercice de la médecine et le charlatanisme, 1899, p. 45

En 1885, dès la création du baccalauréat moderne, ses parrains au Conseil supérieur de l'Instruction publique voulurent que ce baccalauréat, dont le programme ne comportait ni latin ni grec, suffit pour les études médicales. Quelques-uns de mes collègues et moi protestèrent énergiquement, et bien que la question soit revenue en discussion, à maintes reprises, bien que parfois les séances aient été présidées par les ministres, venant donner leur appui moral au baccalauréat moderne, nous réussîmes à grouper une majorité hostile à tout changement dans le bagage universitaire exigé du futur étudiant en médecine.

La raison de mon opposition est la suivante : Le corps médical se plaint que le nombre de ses membres augmente dans une proportion qui n'est pas en rapport avec les besoins de la population. Il se plaint également que les jeunes gens à qui on délivre le diplôme de Docteur ne soient pas toujours suffisamment préparés à remplir dans la Société les fonctions qui leur sont

dévolues.

Je ne veux pas, aujourd'hui, apprécier en dé

tail le bien ou le mal fondé de ces plaintes, mais retenir une de leurs causes. Des projets de réforme du baccalauréat ont été soumis aux discussions du Conseil supérieur de l'Instruction publique. Leur adoption aura sur l'avenir de notre profession une grave répercussion.

A la suite d'une longue enquête, la Chambre des Députés a pris parti sur la réforme de l'enseignement secondaire. Quelques-unes des résolutions adoptées sont excellentes, d'autres sont fâcheuses : j'en ferai la critique avec la déférence due aux législateurs, mais avec la liberté d'un homme qui, témoin d'une erreur, cherche à la mettre en évidence, pour empêcher qu'elle n'ait une trop longue durée.

L'erreur, suivant moi, est celle-ci : il est créé quatre types d'études menant à quatre formes de baccalauréat :

A. Latin et grec.

B. Latin et langues vivantes.

C. Latin et sciences.

D. Français et sciences, sans latin.

Malgré leur diversité, ces quatre baccalauréats auront les mêmes sanctions, et ouvri

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